Keyon Harrold occupe beaucoup de place à ce festival, on l’aura vu à l’oeuvre trois fois, c ‘est dire l’importance qu’il occupe selon la direction artistique du FIJM. D’entrée de jeu au Gesù, il se produisait avec son noyau : Harrold (trompette et chant), Shedrick Mitchell (piano), Randy Runyon (guitare) Burniss Travis (basse électrique), sans compter Charles Haynes (batterie).
Sauf quelques rares moments plus conceptuels, la musique de Keyon Harold est aussi proche de la soul et du R&B que du jazz, bien que les harmonies jazz soient perceptibles davantage dans les transitions (ponts) entre intro, chorus et conclusion. Et aussi dans les solos : Charles Haynes est dans la lignée des Gene Lake, Chris Dave, Justin Brown et autres Kendrick Scott, bref un virtuose du jazz contemporain et du jazz groove ayant intégré plusieurs patterns rythmiques du hip-hop dont certains mis au point par le génial (et regretté) beatmaker J-Dilla.
La basse est droite, la guitare circonspecte et les claviers sont axés surtout sur l’harmonie et le soutien rythmique. Côté show, Keyon Harold est un fort sympathique communicateur, son physique en impose et, comme tant de gros bonhommes, le le ton de sa voix est doux et placide, qu’il soit chanté ou parlé. Sa résidence de trois jours à Montréal lui a permis aisni d’inviter sa propre « sister », une authentique chanteuse de puissance, mais aussi Laya, une recrue parfaitement inconnue dont il ne tarit pas d’éloges, et pour cause : phrasés lascifs et sensuels, montées circonspectes en puissance, vocalises de très bon goût, magnifique expressivité.
Entre soul/R&B et jazz groove, Keyon Harrold a accompagné plusieurs pointures de ces catégories stylistiques aux USA. Il est sans conteste parmi les nouvelles vedettes de cette zone tant prisée par le FIJM en 2024. Il est clair qu’on y cherche à remettre le plaisir brut , sans prise de tête, aux goûts des nouvelles générations jazzophiles. Keyon Harrold en est l’illustration parfaite.