Aucun média montréalais ne compte autant de ressources humaines pour une couverture experte du Festival international de jazz de Montréal. Nous sommes plusieurs à parcourir le site extérieur et les salles de concerts : Jacob Langlois-Pelletier, Frédéric Cardin, Stephan Boissonneault, Michel Labrecque, Varun Swarup, Vitta Morales et Alain Brunet vous offrent leurs recensions d’albums, compte-rendus de concerts et quelques interviews. Bonne lecture et bonne écoute!
La Place des Festivals débordait sur la rue Sainte-Catherine pour un groupe ayant eu peu ou pas d’impact à Montréal jusqu’à cette soirée d’ouverture du FIJM 2024. Pour les connaisseurs en petite minorité sur les lieux, Hiatus Kaiyote est un groupe phare au chapitre des croisements soul/R&B, hip-hop, jazz, space rock ou punk attitude. Pour la majorité sur place ? Peu probable mais… c’était tout à l’honneur de la formation australienne que d’avoir franchi la grande porte du grand festival montréalais en en occupant la Scène TD pour le plus important concert gratuit de sa soirée d’ouverture.
Exemplaire, la foule a manifesté une écoute respectueuse à l’endroit de cette performance des plus impressionnantes, malheureusement émaillée de deux arrêts inopportuns lorsque des festivaliers sont tombés dans les pommes au pied de la scène, pendant que la chanteuse réclamait l’intervention du service d’ordre… On a ainsi perdu au moins 10 des 90 minutes prévues à la prestation et le rythme du spectacle en fut affecté, deux chansons prévues au programmes furent amputées.
Ce ne fut donc pas une soirée parfaite, néanmoins l’occasion de découvrir un des bands les plus puissants sur la planète groove, au même titre que le furent Outkast. Childish Gambino (avec band), Janelle Monae, Kendrick Lamar (avec band) ou Anderson.Paak, ayant tous marqué les fans montréalais ces dernières années. La chanteuse et guitariste Nai Palm est une créature surnaturelle, ses vocalises, son timbre et sa puissance sont tout simplement incomparables, la soliste pilote un engin huilé au quart de tour, qui sait alterner entre la mélodie soyeuse et la haute complexité instrumentale, le tout assisté de deux choristes dont le représentant masculin est aussi un fort bon saxophoniste (soprano).
Hiatus Kaiyote se produisait la veille de la sortie d’un nouvel album studio, Love Heart Cheat Code dont 4 titres ont été interprétés le 27 juin: la pièce titre de l’opus, la très aérienne Dream Boat en intro, la tout aussi space neo soul Telescope au 9e rang et la très jazzy-soul-funk Make Friends en conclusion hâtive.
De l’album Mood Valiant (2021), on a eu droit à la part congrue du concert: la chanson mid-tempo And We Go Gentle, la très chargée rythmiquement All The Words We Dont Say, l’up tempo Chivalry Is Not Dead, traversée par des ponts instrumentaux hallucinants comme c’est le cas de plusieurs pièce au répertoire tel Get Sun, puis la très jazzy Rose Water et la ballade jazzy Sip Into Something Soft ou encore le groove lent, sûr, sale de Red Room (interrompue par un premier incident mal géré).
De l’album Tawk Tomahawk, le groupe a repris la ballade downtempo Nakamarra. De lexcellent opus Choose Your Weapon (2015), Hiatus Kaiyote a choisi d’enchaîner Molasses, By Fire et Building A Ladder, précédée d’un joli solo de piano signé Simon Marvin avant de conclure hâtivement.
Grosso modo, fort belle prestation d’un point de vue strictement musical mais dont la mise en scène aurait dû être peaufinée dans le contexte d’un événement de masse.
crédit photo: @rousseaufoto pour le FIJM