jazz contemporain / jazz moderne

PAN M 360 au FIJM 2024 | Joey fait tout simplement ce qu’il a à faire

par Varun Swarup


Aucun média montréalais ne compte autant de ressources humaines pour une couverture experte du Festival international de jazz de Montréal. Nous sommes plusieurs à parcourir le site extérieur et les salles de concerts : Jacob Langlois-Pelletier, Frédéric Cardin, Stephan Boissonneault, Michel Labrecque, Varun Swarup, Vitta Morales et Alain Brunet vous offrent leurs recensions d’albums, compte-rendus de concerts et quelques intrerviews. Bonne lecture et bonne écoute!

Accompagné de son trio incluant Kris Fine à la contrebasse et Jonathan Barber à la batterie, Joey Alexander a gratifié les spectateurs du Théâtre Duceppe, vendredi soir dernier, d’un spectacle chaleureux et intime, composé de pièces originales. De l’avis général, la soirée a été un succès, mais compte tenu de la barre que Joey Alexander s’est fixée, il en a peut-être déçu certains. Notamment ceux qui s’attendaient à être éblouis par un jeune prodige d’une vingtaine d’années portant le jazz à un niveau supérieur, car Joey fait tout simplement ce qu’il a à faire.

En fait, on ne pourrait même pas supposer, en l’écoutant, qu’à l’âge de sept ans, il était déjà aussi accompli qu’un pianiste peut l’être. Le jeu de Joey est empreint d’une modestie, d’une retenue et d’une maturité réelles, et il semble avoir trouvé sa voie en écrivant une sorte de répertoire hymnique accessible et plein d’âme. Sans être trop réducteur, la meilleure façon de décrire le jeu d’Alexander serait de dire que c’est comme entendre Bill Evans jouer les bandes originales du Studio Ghibli. La profondeur de la technique et l’émotion sont là. Bien que subtile, on peut l’entendre dans la luxuriance de ses harmonisations et de ses ornementations, mais les dissonances ont disparu, remplacées par des intervalles plus ouverts et des harmonies à la Studio Ghibli ou à la Keith Jarrett.

La partie la plus fascinante de la soirée a été d’entendre Joey Alexander jouer de son mellotron, qui figure en bonne place sur son dernier album Continuance (lire la critique de notre collègue Vitta ici). Il s’agit certainement d’une nouvelle direction pour Joey, mais comme Bill Evans lui-même, qui a brièvement flirté avec le Fender Rhodes, il semble que le mellotron sera toujours un auxiliaire du piano, jamais un remplaçant digne de ce nom. Cela dit, toute occasion de voir ce maître subtil à l’œuvre est bonne à prendre.

Crédit photo: Joey Alexander page Facebook /Jazz Forum

americana / blues / funk / soul/R&B

PAN M 360 au FIJM 2024 | Stephen Barry, 50 ans de blues au Gesù

par Alain Brunet


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À la barre de son Blues Band depuis 50 ans, Stephen Barry n’a jamais eu la voix d’un grand soliste de blues mais… son chant laid back arrive toujours à bon port, non sans rappeler le ton d’un JJ Cale. Stephen Barry n’a jamais été un bassiste hors-pair, il arrive néanmoins à garder le tempo et produire ses motifs sans trébucher. Capable de nous faire oublier ses propres limites, Stephen Barry a toujours été un artiste excitant.

Et c’est encore le cas après un demi-siècle de blues, en témoigne son album commémoratif sous la bannière Only A Dream. N’allez pas chercher de contradiction, il faut plutôt voir ici un contraste : la pensée et l’imagination créative l’emportent régulièrement dans de telles formes, le vécu et la subtilité peuvent l’emporter sur la technique, c’est assurément le cas de ce leader et disons-le bien fort, un penseur du blues qui sait se vêtir pour les grandes occasions (calotte, veston et baskets cuivrés!) et qui sait fort bien s’entourer pour servir son inspiration : Andrew Cowan, guitare, chant, et combinaison rouge vif, Jody Golick, saxophones ténor et soprano et fringues de croisière, Martin Boodman, harmonica diatonique et chant, Gordie Adamson, batterie et chant. Tous des pros d’expérience, fidèles à Stephen Barry depuis des lustres, et que dire des interventions chorales de Sylvie Choquette et Suzanne Lamontagne, invitées à étoffer ce passage au FIJM 2024.

Artiste intello fasciné par le blues et autres souches musicales nord-américaines, Stephen Barry a toujours abordé la note bleue avec respect, circonspection, de surcroît avec un humour autodérisoire. Sa musique repousse l’orthodoxie et le purisme, son blues est émaillé de brillantes appropriations stylisitques, comme par exemple la reprise de Freedom Jazz Dance, superbe standard d’Eddie Harris assorti d’un thème d’enfer pour le saxo, servi cette fois sur un rythme boogaloo! Ou bien la country Si j’avais un char de Stephen Cassonade Faulkner, seule chanson interprétée en français par notre bien-aimé Montréalais. Ou encore encore la funky soul Inner City Blues (Make Me Wanna Holler) de Marvin Gaye.

Très sympathique fut la rencontre du Stephen Barry Band et son auditoire ayant rempli le Gesù à capacité, ce jeudi 27 juin 2024, soit un demi-siècle depuis le début de cette croisière.

crédit photo : Victor Diaz Lamich pour le FIJM

jazz

PAN M 360 au FIJM 2024 |  Ambrose Akinmusire soliloque

par Michel Labrecque

Vendredi a été mon baptême du 44ᵉ Festival de Jazz de Montréal. S’y replonger est toujours une bénédiction, spécialement quand il fait beau. En coup de vent, j’ai pu regarder des extraits de performances de Sunny War, qui réinvente le blues, en plein air, puis de la poétesse jazz Aja Monet, à l’intérieur. Ces deux concerts étaient gratuits, c’était plus que du bonbon. 

Entre-temps, je pouvais apercevoir des enfants qui se baignaient dans les fontaines du Quartier des Spectacles et des gens de toutes origines qui se dandinaient, discutaient, souriaient. La grande scène extérieure était remplie pour écouter le jazz fusion de Cory Wong. Ce n’est pas ma tasse de thé, mais la foule semblait éprouver du plaisir. L’éclectisme du festival est très fédérateur. 

Ma destination privilégiée de cette soirée était le Gésu, pour y entendre le trompettiste Ambrose Akinmusire performer en solo. Le trompettiste prodige de 42 ans est seul sur scène, presque complètement dans l’ombre. Seule sa trompette parle, parfois accompagnée de bruits de voix.

Mais quelle trompette mes amis ! Un son plein, qui habite tout l’espace. Où la virtuosité alterne avec des longues notes… et des silences parlants. Nous sommes dans la veine de son album Beauty is enough (2023), performé aussi en solo. Ambrose Akinmusire explore tous les orifices de son instrument. Il arrive à faire sonner la trompette de mille façons : parfois, c’est un long souffle de vent; parfois, le son de sa voix semble harmoniser avec le cuivre. Cette trompette éructe, argumente, berce, crie, miaule, calme, rugit, chante. Elle explore tous les demi-tons et quarts de tons possibles et impossibles. Tous ces glissements de notes qui nous font voyager dans nos têtes. Avec juste un peu de réverbération. 

Je ne suis pas toujours un grand fan de la trompette. Mais celle d’Ambrose est flottante, poétique, savante, émotive, dénudée. Le monsieur est aussi un grand compositeur, comme l’ont démontré ses autres albums en groupe. À la fin du concert, il a fini par nous adresser la parole, nous expliquant que ce récital est, en partie, un dialogue imaginaire avec d’autres trompettistes décédés, notamment Roy Hargrove et Wallace Rooney. Pour ma part, au fil de l’écoute, j’ai imaginé une méditation infinie, une session de thérapie, une guerre atroce, des gens qui déblatèrent dans des manifestations et des moments de tendresse absolue. Mes voisin-e-s de siège ont sans doute entendu tout autre chose. 

On entendait parfois des claquements étranges durant la prestation. Était-ce un problème de sonorisation ou des effets souhaités par le trompettiste ? Le débat entre spectateurs après le concert est resté ouvert. 

Aujourd’hui, Ambrose récidivera au Gésu en compagnie du vétéran contrebassiste britannique David Holland. Plusieurs d’entre nous y retourneront.

crédit photo: David Becker pour Wiki

folk de chambre / jazz / jazz contemporain

PAN M 360 au FIJM 2024 | Killer show sous la gouverne de Julian Lage

par Vitta Morales


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Julian Lage, Dave King et Jorge Roeder ont offert un spectacle exceptionnel jeudi soir au Théâtre Duceppe. Le trio a notamment montré à quoi ressemble l’interaction entre les instruments lorsqu’elle est réalisée à un très haut niveau. Pendant les quinze premières minutes, en effet, King a joué presque entièrement de manière linéaire, modelant son jeu de batterie sur les mélodies et les passages de cadence de Lage. À un autre moment, Roeder et Lage ont consacré une partie d’un morceau à jouer d’impressionnantes inventions ioniennes de haut en bas de leurs instruments en contrepoint. Il est parfois difficile de dire si ces moments sont improvisés ou bien répétés, mais dans tous les cas, ils montrent clairement l’alchimie entre les musiciens et peuvent donner lieu à des moments mémorables. 

Lorsque le trio joue de manière plus conventionnelle (avec la walking bass et le feeling typique de la batterie), il ne brille pas moins. Leurs solos sur des changements d’accords avec des formes strictes les ont obligés à concentrer leur créativité sur la mélodie. Lorsqu’ils en ont eu assez, le groupe entier a même joué une section ou deux de free-jazz dense qu’ils ont ensuite juxtaposé avec des moments de ballades chatoyantes et des sélections de blues, y compris Northern Shuffle du dernier album de Lage. 

En fin de compte, Lage, avec l’aide de ses musiciens et de sa telecaster, a offert au public une nouvelle nuit de musique éclectique et passionnante, comme il en a l’habitude.

photo credit by @victordiazlamich for FIJM

cumbia / rock

PAN M 360 au FIJM 2024 | La Lom live, visite réussie à MTL

par Vitta Morales


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Si vous étiez à portée de voix de la scène du Rio Tinto jeudi soir dernier, entre 8 et 11 heures, vous avez pu entendre le style très dansant de LA LOM. Après avoir écouté leur musique enregistrée plus tôt dans la semaine, j’étais curieux de voir comment l’expérience en direct se comparait. La soirée s’est avérée très animée, les membres du public dansant, se balançant et s’embrassant même tendrement lors des sélections plus lestes. Le tout pendant près de trois heures. Je qualifierais probablement cette première visite à Montréal du trio de Los Angeles de réussie. 

Ce succès est certainement dû à la qualité du mixage des tambours et à la façon dont Nicholas Baker réussit à créer une section entière de percussions à lui tout seul. Baker utilise intelligemment une conga, une cloche de vache et une maraca en plus des pièces plus conventionnelles d’une batterie pour créer des rythmes intéressants, stylisés et pleins de sonorités. En outre, ses solos sont très dynamiques.

En ce qui concerne la dynamique, le reste du groupe n’est pas en reste, le mixage étant très percutant. (Une fois que la basse droite de Jake Faulkner s’est mise à fonctionner correctement). Il est primordial de sonner « gros » lorsqu’on joue en trio, et c’est peut-être encore plus important lorsqu’une grande partie du set repose sur de la musique de danse. Inutile de dire que je suis heureux qu’ils aient réussi cet aspect. 

En outre, l’ordre des chansons était généralement efficace. Pour ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas danser, plusieurs chansons de cumbia de tempo et de tonalité similaires pourraient s’avérer ennuyeuses, et je suis donc heureux que quelques ballades et sélections de rock aient été intercalées stratégiquement. C’est à LA LOM qu’il appartient de déterminer la part de chaque élément qu’ils souhaitent ajouter, mais ils feraient bien de s’appuyer davantage sur l’aspect rock de leur musique. Zack Sokolow est un guitariste très compétent et lorsqu’il a eu l’occasion de se déchaîner, j’ai eu l’impression d’entendre un jeune Carlos Santana. (Un exploit que même le Santana actuel aimerait pouvoir réaliser davantage, je suppose). Sinon, il pourrait être intéressant de faire chanter Zack, qui a joué une nouvelle ballade dont la mélodie est jouée à la guitare, en l’absence de la chanteuse qui a prêté sa voix sur l’enregistrement. 

Je pense que de telles stratégies ne serviraient qu’à les protéger de la critique selon laquelle leur musique est répétitive. Je ne nie pas cette critique, mais je ne vais pas non plus dans les boîtes de nuit pour me plaindre qu’il n’y a pas assez de chansons en 5/4. LA LOM est un groupe pour danser et parfois s’amuser, les auditeurs doivent donc s’attendre à ce que la musique serve cet objectif.

Cela dit, après le concert d’hier soir, je peux confirmer que LA LOM a donné un excellent spectacle et je pense que nous entendrons parler d’eux dans un avenir proche avec leur premier album qui sortira le 9 août. D’ici là, les voir sur la route et regarder leurs vidéos live stylisées devra nous tenir en haleine.

hip-hop instrumental / jazz groove / punk / space rock

PAN M 360 au FIJM 2024 | Hiatus Kaiyote, ou la complexité qui séduit les foules

par Alain Brunet

Aucun média montréalais ne compte autant de ressources humaines pour une couverture experte du Festival international de jazz de Montréal. Nous sommes plusieurs à parcourir le site extérieur et les salles de concerts : Jacob Langlois-Pelletier, Frédéric Cardin, Stephan Boissonneault, Michel Labrecque, Varun Swarup, Vitta Morales et Alain Brunet vous offrent leurs recensions d’albums, compte-rendus de concerts et quelques interviews. Bonne lecture et bonne écoute!

La Place des Festivals débordait sur la rue Sainte-Catherine pour un groupe ayant eu peu ou pas d’impact à Montréal jusqu’à cette soirée d’ouverture du FIJM 2024. Pour les connaisseurs en petite minorité sur les lieux, Hiatus Kaiyote est un groupe phare au chapitre des croisements soul/R&B, hip-hop, jazz, space rock ou punk attitude. Pour la majorité sur place ? Peu probable mais… c’était tout à l’honneur de la formation australienne que d’avoir franchi la grande porte du grand festival montréalais en en occupant la Scène TD pour le plus important concert gratuit de sa soirée d’ouverture. 

Exemplaire, la foule a manifesté une écoute respectueuse à l’endroit de cette performance des plus impressionnantes, malheureusement émaillée de deux arrêts inopportuns lorsque des festivaliers sont tombés dans les pommes au pied de la scène, pendant que la chanteuse réclamait l’intervention du service d’ordre… On a ainsi perdu au moins 10 des 90 minutes prévues à la prestation et le rythme du spectacle en fut affecté, deux chansons prévues au programmes furent amputées.

Ce ne fut donc pas une soirée parfaite, néanmoins l’occasion de découvrir un des  bands les plus puissants sur la planète groove, au  même titre que le furent Outkast. Childish Gambino (avec band), Janelle Monae, Kendrick Lamar (avec band) ou Anderson.Paak, ayant tous marqué les fans montréalais ces dernières années. La chanteuse et guitariste Nai Palm est une créature surnaturelle, ses vocalises, son timbre et sa puissance sont tout simplement incomparables, la soliste pilote un engin huilé au quart de tour, qui sait alterner entre la mélodie soyeuse et la haute complexité instrumentale, le tout assisté de deux choristes dont le représentant masculin est aussi un fort bon saxophoniste (soprano).

Hiatus Kaiyote se produisait la veille de la sortie d’un nouvel album studio, Love Heart Cheat Code dont 4 titres ont été interprétés le 27 juin: la pièce titre de l’opus, la très aérienne Dream Boat en intro, la tout aussi space neo soul Telescope au 9e rang et la très jazzy-soul-funk Make Friends en conclusion hâtive.

De l’album Mood Valiant (2021), on a eu droit à la part congrue du concert: la chanson mid-tempo And We Go Gentle, la très chargée rythmiquement All The Words We Dont Say, l’up tempo Chivalry Is Not Dead, traversée par des ponts instrumentaux hallucinants comme c’est le cas de plusieurs pièce au répertoire tel Get Sun, puis la très jazzy Rose Water et la ballade jazzy Sip Into Something Soft ou encore le groove lent, sûr, sale de Red Room (interrompue par un premier incident mal géré).  

De l’album Tawk Tomahawk, le groupe a repris la ballade downtempo Nakamarra. De lexcellent opus Choose Your Weapon (2015), Hiatus Kaiyote a choisi d’enchaîner Molasses, By Fire et Building A Ladder, précédée d’un joli solo de piano signé Simon Marvin  avant de conclure hâtivement.

Grosso modo, fort belle prestation d’un point de vue strictement musical mais dont la mise en scène aurait dû être peaufinée dans le contexte d’un événement de masse.

crédit photo: @rousseaufoto pour le FIJM

chanson keb franco

Un 24 juin à MTL… un brin ce que nous sommes devenus

par Alain Brunet

Ce lundi  24 juin 2024, celles et ceux qui se sont fait aller sur planches de la scène érigée au Parc Maisonneuve, toustes avaient le désir d’une approche rassembleuse, inclusive. On voulait ainsi offrir un échantillonnage probant de diverses communautés peuplant le Québec dans le cas qui nous occupe. C’était probablement, selon les concepteurs de la soirée, le mélange le plus rassembleur disponible un 24 juin 2024. 

Voyez la distribution : 

PY Lord à l’animation. Des aînés bien en voix, à quelques détails près : Judy Richards resplendissante, en forme Toulouse, Patsy Gallant toujours cette pétillante funky-disco queen, Claude Dubois, toujours la plus belle voix brute au pays, Daniel Lavoie qui ne donne pas sa place non plus. Des vedettes consacrées de la génération « au pouvoir » : FouKi, Roxane Bruneau, Le Vent du Nord. Des artistes émergents triés sur le volet : la douée songwriter innue Kanen, l’excellente chanteuse afro-descendante Queenie, la nouvelle bombe pop franco Éléonore Lagacé. 

Voyez le programme :

Un brin de rap-keb, un fort bon spécial disco-funk nostalgie époque Boule Noire et Toulouse, deux hommages aux deux grands disparus de la chanson keb, JP Ferland et Karl Tremblay  de toutes manières disponibles sur scène, des relectures incontournables de Daniel Lavoie et Claude Dubois avec Daniel Lavoie et Claude Dubois une station consacrée à Michel Rivard et une conclusion collective autour d’Harmonium.

Voyez les relectures réussies : 

Le Labrador de Dubois, chantée de concert avec l’Innue Kanen, wow. Une chance qu’on s’a de Ferland par Queenie, wow. Aimes-tu la vie de Boule Noire chantée par Kanen, très cool. Chasse-Galerie de Dubois avec le Vent du Nord et renforcement rock, puissant. Et ainsi de suite.

Ce soir de 24 juin au Parc Maisonneuve, c’était donc cet échantillon de que nous sommes aujourd’hui en chanson, locuteurs de la langue française en Amérique: Autochtones vivant sur le territoire depuis des millénaires, Francophones venus d’Europe depuis des siècles, Anglophones de bonne volonté et de bon voisinage, Européens, Orientaux, Créoles, Maghrébins, Amazighs, Africains sub-sahariens, Latino-Américains et autres Asiatiques du Sud-Est venus s’y établir depuis des décennies.

Cette terre n’est pas parfaite, on y trouve son lot d’absurdités ou d’inégalités mais… malgré tous les agacements, il y a lieu d’y poursuivre l’aventure sur ce territoire quand même béni.

Inutile d’ajouter que cette  impression était ressentie à ce spectacle de la Saint-Jean, d’ailleurs fort bien mené,  sous la direction artistique de Twenty Nine que forment la claviériste Julie Lamontagne et le batteur Tony Albino.

Chanson francophone / électronique / krautrock

Zaho de Sagazan achève sa conquête de l’Amérique franco

par Claude André

Dans une ambiance oscillant de Barbara à Kraftwerk, la nouvelle égérie des cœurs sensibles est venue sceller un pacte d’amour/passion, samedi soir au MTelus de Montréal.

Si, d’emblée, l’auteur de ces lignes se disait en consultant la liste des 13 chansons à venir que la bande à Zaho de Sagazan ne se démarquerait pas par sa générosité, il en fut tout autrement.

Il est vrai que la jeune artiste 24 ans qui a connu un retentissement fulgurant depuis la parution La Symphonie des éclairs en mars 2023 n’a qu’un album à son actif. Mais, se disait-on, elle a commencé ses activités en publiant des relectures sur Insta et n’a-t-elle pas, depuis, offert une reprise transcendante de Viennes de Barbara sur l’album hommage à William Sheller ou, plus récemment, de Modern Love de Bowie résonnant au Festival de Cannes 2024 – précipitez-vous sur YouTube !

Qu’à cela ne tienne, la native de Saint-Nazaire nous aura fait vivre de grandes émotions en première partie de son concert avant de nous transporter dans un club krautrock électro berlinois, histoire de nous faire danser comme si notre vie en dépendait. 

Dès son arrivée sur scène, elle s’installe au piano électrique et attaque, vêtue de son veston violet, qui ajoute à l’effet dramatique, La fontaine de sang

Le charisme est manifeste. La voix est grave et modulée. Lorsqu’elle se lève et se met à danser de façon urbaine et assumée, on sait qu’on a affaire à une grande artiste qui utilise tout ce qu’elle possède avec grâce et subtilité. Qu’il s’agisse de ses regards, d’un index pointé ou, par exemple, de son léger coup de pied dans le vide, on tombe dare-dare sous le charme.

Après Aspiration où dans un éclairage rouge elle fait mine de fumer sa dernière cigarette en dansant, les ballades s’enfilent avec ses deux complices qui s’occupent du bidouillage électro pop et de la section rythmique pour le plus grand bonheur de la foule. Laquelle s’est avérée moins jeune que ce à quoi on pouvait s’attendre. 

Viendra le futur classique La Symphonie des éclairs. Une chanson qui cristallise l’idée que ce qu’elle croyait être son plus grand défaut, sa sensibilité exacerbée, est en fait sa plus grande qualité.  N’est-ce pas parce qu’elle a su la canaliser à bon escient que cela lui permet d’être avec nous à Montréal ce soir, avance-t-elle en substance sans flagornerie, je vous l’assure. 

Après que la foule composée de plus de 2000 personnes ait repris en cœur le désormais célèbre refrain, la Révélation scène 2024 (Victoires)  a chanté Ne te regarde pas. Excellent prélude à ce qui s’en venait. « Finito les ballades, nous allons maintenant danser ». La transe s’est pointée et même votre plus très jeune serviteur a sautillé et bougé comme à la belle époque des raves d’il y a 30 ans. 

Comme si cela ne suffisait pas, la récipiendaire de 4 prix aux Victoires de la musique 2024 nous a balancé le vieux tubes de Nena de 1983, 99 Luftballons dans sa version originale allemande de surcroît. 

Puis, histoire de signer le pacte amoureux symbolique, Zaho a entamé la très belle et Ah que la vie est belle de Brigitte Fontaine et son refrain accrocheur avant de descendre dans la salle pour mieux se fondre parmi les gens. 

En fermeture de rideau, l’émotion était palpable et il faisait bon regarder les deux complices de la chanteuse se serrer dans leurs bras comme s’ils n’avaient jamais ressentis une telle charge d’amour. 

Bref, en ce qui  concerne l’auteur de ces lignes, ce fût le spectacle coup de cœur de cette édition 2024 des Francos.

soul/R&B

Clôture des Francos | La soul/ R&B francophone sous les projecteurs

par Baby Lafrance

Le grand spectacle de clôture des Francos a mis ses projecteurs sur un style musical trop longtemps effacé de la scène musicale keb franco jusqu’à une période récente: la soul / R&B.  Hormis quelques artistes internationaux qui ont foulé la scène sur la Scène Bell en ce samedi 22 juin, c’est surtout la fierté locale francophone qui a brillé pour ce spectacle grandiose.  mélangeant les artistes émergents à aux artistes émérites. Dansant et très divertissant, ce spectacle  se voulait une opportunité en or de ravir le public québécois déjà conquis et aussi de faire connaître à de possibles nouveaux adeptes. 

La soirée a commencé en force avec nul autre que Corneille. L’auteur-compositeur-interprète émérite a interprété cinq de ses chansons les plus populaires, en harmonie avec son public au rendez-vous malgré la pluie. À ses côtés se trouvaient 5 instrumentistes ainsi qu’une dizaine de choristes disposés de part et d’autre de la scène.

La première invitée à monter sur scène était la célèbre artiste algéro-canadienne Zaho qui a interprété son succès C’est chelou, extrait de son premier album studio paru en 2008, Dima. Acclamée par le public, elle a ensuite interprété Je te promets, Tourner la page ainsi que la fameuse chanson Hold My Hand de Sean Paul, sur laquelle l’artiste a chanté un couplet il y a de cela plusieurs années. La performance vocale de la soliste fut méticuleusement renforcée par des chorégraphies  interprétées par deux danseuses que le public a pu apercevoir à plusieurs reprises durant la soirée). 

Zaho a  ensuite cédé sa place au duo néo-soul belge Yellowstraps qui a également interprété trois de ses morceaux. C’était une première pour l’artiste qui a affirmé entre deux chansons que la scène Bell des Francos était sa plus grande depuis le début de sa carrière. Les chansons sélectionnées montraient une belle variété en termes d’instrumentation et de style, cependant la voix n’était pas toujours au rendez-vous. Rien ne dit si c’était un problème technique ou un léger manque d’articulation, néanmoins le chanteur a donné une performance juste. 

On enchaînait avec le duo Rau Ze qui foulait brièvement la scène, histoire de faire sa chanson L’Habitude. Que dire de la voix de la chanteuse ? Tout simplement magnifique. Le timbre rond et riche de Rose Perron est unique en son genre et ne passe définitivement pas inaperçu. 

Corneille annonce dès lors le prochain invité, Barnev, présent sur la scène musicale depuis 1993 et reconnu entre autres pour son travail remarquable comme choriste pour Céline Dion de 1999 à aujourd’hui. L’artiste exécutera deux chansons, dont une toute récente tirée de son album paru plus tôt cette année puis laisse la place au trio Kanda Gang, dont deux des trois artistes sont des anciens candidats de La Voix 2023 (équipe Corneille).

Par la suite, ce sont les sœurs montréalaises d’origine haïtienne Shah et Naïma Frank qui sont montées sur scène l’une à la suite de l’autre. Pour Shah Frank, c’est la beauté de la voix qui brille par-dessus tout, avec des trémolos bien placés et un falsetto en alternance avec la voix de corps. Naïma Frank a, quant à elle, une belle présence sur scène. Naturelle ! C’est l’énergie et l’occupation dynamique de l’espace qui ressortent de sa performance. La musique groove encore plus et invite le public à se laisser aller à fond.

Vincent Roberge alias Les Louanges,  a ensuite fait son apparition tant attendue. L’artiste qui porte multiples chapeaux a commencé avec Pitou, chanson tirée de son album La nuit est une panthère (2018). Il a ensuite poursuivi avec deux chansons tirées de son dernier album Crash, soit Qu’est-ce que tu m’fais qu’il a interprété avec Yellowstraps et Crash, en duo avec Corneille. Malheureusement pour ce dernier, un problème technique est survenu avec le microphone lors de son entrée, ce qui a amputé son solo de moitié. 

Puis Vacra est  apparu sur scène. Le Parisien a chanté trois de ses gros succès dont la chanson Plan Séquence et Tiki Taka. La voix de l’artiste, unique en son genre, était toutefois un peu trop masquée par l’autotune… ce qui ne semblait pas du tout déranger ses fans qui hurlaient à pleins poumons. Porté par une trame instrumentale  tout particulièrement rythmée et dansante, Vacra est un bon divertissement sur scène malgré tout. 

Dernière invitée, la Montréalaise Naomi a donné un numéro de choix,  haut en couleur. La chanteuse a présenté deux chansons, soit Zéro stress et Phénomène avec une énergie hors pair et a vraiment su charmer le public. L’artiste multidisciplinaire a su garder sa voix brillante et perçante tout en dansant. Les influences pop et R&B étaient plus qu’évidentes! 
Cette soirée R&B en français s’est  conclue par le succès de Corneille Parce qu’on vient de loin, interprété aux côtés de Zaho, Barnev et Les Louanges ainsi que tous les autres invités de la soirée qui ont été invité à remonter sur scène une dernière fois. Bref, ce fut une grande célébration d’un genre qui, encore aujourd’hui, n’est pas assez mis en valeur pour son importance réelle dans notre culture francophone d’Amérique.

crédit photo : @rousseaufoto pour les Francos

Chanson francophone

Francos | Eddy de Pretto, entre douceur et défoulement

par Sandra Gasana

D’abord, une lumière sur Johan Barnoin, le pianiste. Puis une autre sur Eddy de Pretto qui entre sur scène sous des applaudissements incessants. L’art de la mise en scène est maîtrisé par cet artiste qui parvient à changer de décor pour chacune de ses chansons. Il se promène sur scène, il est parfois assis, parfois debout, parfois assis sur le piano même et danse bien. Et il décide de démarrer ce concert avec son hit Love and Tendresse.

Et d’un coup, changement de décor pour Crash Cœur, un écran apparaît. On y voit les musiciens, qu’il présente un après l’autre, mais qui ne sont pas là physiquement. Après Yamê qui est venu en petit comité, voici qu’Eddy de Pretto nous sert la même formule.
Vêtu de son légendaire débardeur blanc, de jeans en patte d’éléphant et des chaussures à semelles, il nous partage une première confidence. « J’ai cherché un costume pour ce soir, vu que je joue dans une grande salle, mais je n’ai rien trouvé. Alors j’ai gardé mon débardeur, j’espère que ça vous va ? » dit-il en rigolant.

Sans transition, il nous sert R+V avec cette fois à l’écran, non pas ses musiciens mais des effets spéciaux pour illuminer la salle et la transformer en véritable piste de danse.

« Ok Montréal, est-ce que ça bouge ? Montrez-moi comment ça bouge à Montréal », demande-t-il avant d’inviter la salle à se mettre debout, ce qu’elle fait sans se faire prier. Il enchaîne avec Mendiant de Love et Papa Sucre, pour rester dans l’ambiance discothèque. Certaines des chansons de son nouvel album restent fidèles à sa marque de commerce, à savoir des sujets parfois durs mais abordés avec intelligence et poésie.

Il passe de rythmes dansants à des chansons plus calmes, où sa voix, qui va dans les graves et dans les aiguës, est mise en évidence. C’est le cas lorsque le pianiste revient sur scène pour Pause, sur laquelle il a collaboré avec la grande Yseult (qui n’était pas présente malheureusement) et Parfaitement, qu’il chante assis sur le piano. Encore une fois, on retourne au décor initial minimaliste, deux lumières, un piano, pas d’écran pour distraire. Ce moment était chargé émotionnellement et l’on pouvait le ressentir dans la salle. On pouvait entendre des murmures comme si les spectateurs voulaient chanter avec lui. 

« Si vous avez des verres, c’est le moment de faire quelque chose ensemble : levons nos verres à la chanson Kid, qui est dans les manuels scolaires en France », nous apprend-il, sous des tonnerres d’applaudissements. « C’est grâce à vous alors un énorme merci ! », ajoute-t-il. Le moment fort lors de cette chanson est sans aucun doute lorsque la salle entière chantait à l’unisson : Vi-ri-li-té a-bu-sive !, à plusieurs reprises.

Autre changement de décor qui nous secoue un peu tellement on ne s’y attend : retour à l’ambiance festive, aux lumières stroboscopiques, aux effets spéciaux et aux musiciens sur l’écran pour Créteil Soleil et Être bien, qu’il introduit en abordant un sujet qui lui est cher. « Je vais parler de santé mentale. Pour moi, c’est aussi important d’avoir une bonne santé mentale que physique. Je vais beaucoup chez mon psy et je lui dis : J’ai qu’un but dans la vie, c’est d’être bien avec moi-même ! », tiré de la chanson. La salle était restée debout durant toutes les chansons dansantes, ce qui n’est pas toujours pratique pour les personnes qui souhaitent rester assises. Ils n’y verraient rien de la scène. « C’est le temps de se lâcher », crie-t-il à la salle. « Est-ce-que vous sentez l’énergie ? », demande-t-il aux spectateurs avant de poursuivre avec Fête de trop, sur laquelle il invite le public à chanter avec lui.
Dernier retour au piano avec Johan qui revient sur scène pour Maison, qu’Eddy de Pretto interprète brillamment en émouvant la salle. Il se promène lentement, avec la même lumière du début qui le suit sur la scène.
Pour finir, on retourne dans l’ambiance discothèque avec Urgences 911, avec un décor aux couleurs de sirènes de polices. Il clôture le spectacle avec la même chanson du début, Love and Tenderness, mais cette fois-ci dans une version plus rythmée avec les paroles qui défilent sur l’écran pour que toute la salle puisse chanter. Cela lui a valu des applaudissements, qui se sont transformés en un long standing ovation. Tellement long, qu’il a dû revenir pour un rappel et nous a partagé Heureux, qui figure aussi dans son nouvel opus Crash Cœur. « Montréal, à très très très bientôt j’espère ! ».

Miro Chino a assuré la première partie du concert d’Eddy Pretto, lors de la 35è édition des Francos de Montréal. Ce rappeur québécois, également guitariste, était accompagné de son bassiste, d’un guitariste et d’un batteur. 

Du Miel de montagne, de la Bagarre, du punk manière DVTR

par Baby Lafrance

À la demande de PAN M 360, notre collaboratrice Baby Lafrance s’est retrouvée dans trois salles différentes afin d’y déguster un Miel de Montagne, assister à une Bagarre et conclure sur une virée punk avec DVTR. Tout ça un jeudi soir aux Francos.

La douce synth pop de Miel de Montagne

Miel de Montagne, c’est le projet solo de Milan Kanche-Daudin. L’auteur-compositeur-interprète français propose une synth pop qui touche parfois le R&B, la soul et le funk. Le chanteur, guitare en main, était accompagné de son batteur dans une formule «simple et légère». Miel de Montagne est d’abord apparu sur scène vêtu d’une jupe, d’un chandail rose et des barrettes dans les cheveux, l’optique étant de casser les codes attribués aux genres binaires. Pour ce qui est de la musique, l’artiste a donné une performance dynamique qui alternait entre des interactions avec la foule et des segments musicaux électrisants. Les mélodies sont dansantes et invitent quiconque dans la foule à se déhancher. Lors de la chanson Relax le plexus, Miel de Montagne suggère à la foule de s’allonger pour ensuite venir s’y installer au grand plaisir du public. Le spectacle s’est clôturé avec un mosh pit frénétique, encore là orchestré par l’artiste.  

Faire danser la foule avec Bagarre

La formation Bagarre se produisait à Montréal pour la première fois en huit ans. Le groupe fait de la musique populaire assortie de parties instrumentales et électroniques, propices à des chorégraphies live.  Les 5 musiciens partagent les différents solos et harmonisent également leur voix. Les textes sont exprimés dans un parlé-chanté s’approchant de certains rap français. 

Une partie de la scène était surélevée, ce qui a permis au groupe de jouer avec la hauteur et de varier leur configuration. Les membres du groupe avaient chacun une touche personnelle, une couleur distincte, une touche personnelle. Quant aux chorégraphies  déployées sur scène, elles étaient bien exécutées, parfaitement synchronisées pour la plupart. Le travail derrière leur spectacle est définitivement senti. Bagarre a repris la chanson Pursuit of Happiness de Kid Cudi et remixé par MGMT, Ratatat ainsi que Steve Aoki – qui est également la fameuse chanson du film Projet X, sorti en 2012. En bref, le groupe a su nous en mettre plein la vue.

DVTR, punk jusqu’au bout

Le nouveau projet de la chanteuse Demi-Lune (Laurence G-Do) et Jean-Divorce (Jean-Cimon Tellier) célèbre tout juste sa première année d’existence. Les deux artistes sont des habitués de la scène musicale francophone avec leurs projets antérieurs, soit le groupe rock Gazoline pour Jean-Cimon Tellier et le groupe plus pop Le Couleur pour Laurence G-Do. 

DVTR (qui signifie D’où vient ton riz?) a amorcé la soirée avec la chanson Crématorium avant de tout déchirer. Le guitariste et chanteur Jean-Divorce a annoncé son fameux «okay là je vais crier» avant de s’exécuter devant une foule ébahie. Le groupe a entrecoupé sa performance avec des covers tel que la chanson  Les Chinois de Mitsou ainsi que Pied de Poule de Geneviève Lapointe (cette dernière qu’ils interprètent à chaque spectacle). La formation interprète avec brio les six chansons qui figurent sur son seul et unique EP. Le groupe était accompagné d’un bassiste, d’un batteur ainsi qu’un caméraman en cagoule, dont l’identité n’a pas été dévoilée.

On s’en doute, DVTR fait lever des foules de par son énergie et son expérience de scène. Pas de répit pour ce public qui se donnait à fond ! Entre mosh pit et  danse punk two-step, ça s’éclatait ! Voilà une performance plus que réussie pour ce jeune groupe qui avait l’énorme défi de mettre le feu pendant une heure avec un enregistrement de  25 minutes.

Chanson francophone / indie rock / krautrock / rock prog

La meilleure version de Karkwa

par Claude André

Malgré un ciel menaçant, des milliers de personnes se sont agglutinées devant la grande scène des Francos pour célébrer, hier soir, le retour de la formation Karkwa qui n’avait pas joué à Montréal depuis 2011.

Dès les premières notes de Ouverture , l’intro musicale envoûtante et hypnotique du dernier album de Karkwa, jumelée aux éclairages particulièrement efficaces signés Loan Rixhon, on a l’impression d’assister à un spectacle prog rock d’envergure internationale des années 1970.

Visiblement plus dans son élément que lors de l’hommage à Ferland, Louis-Jean Cormier a ensuite attaqué avec  Parfaite à l’écran  également enregistré sur le dernier chapitre de la formation, sans doute le meilleur, nommé Dans la seconde. Une œuvre dont la chanson éponyme figurait aussi au programme, avec  Gravité  et Nouvelle vague du même album.

La qualité sonore était telle, que dans la foule, on peut saisir la totalité des paroles, et cela sans effort. Ce qui n‘est pas toujours évident dans ce contexte. Chapeau bas à Mathieu Parisien.

Célébrant cette année leur 25e anniversaire de naissance, les membres du groupe que l’on a souvent comparé à Radiohead à une époque, étaient visiblement heureux de se retrouver.

 « On a quand même changé. On reste des mauvais garçons (!!!), mais on dirait qu’on s’est libéré d’un certain poids. Il y a 12 ans, on était encore en train de développer une carrière et on voulait conquérir le monde. Maintenant, nous sommes en colonie de vacances : on est juste content de se voir et de jouer de la musique. Ce soir, Montréal, profites-en parce que, bien honnêtement, notre plan de match est très éphémère et on retourne se coucher dans notre boîte dans quelques mois. J’aimerais que tu profites du moment présent et de chaque note qui va sortir de cette tête-là », a lancé Cormier. 

On a vu alors que les multiples écrans judicieusement disposés sur place diffusaient le visage ravi du claviériste François Lafontaine. Ce joyeux geek qui est aussi le grand manitou derrière les envolées musicales homériques et (parfois) grandiloquentes de la formation.
Après avoir distillé 14 titres dont Le Coup d’état (sic),  Le Pyromane , Les Chemins de verre  et  L’Épaule froide , ou la très rare,  Marie tu pleures, les cinq artistes ont offert, en guise de rappel,  28 jours  et  Échapper au sort . C’est alors que la marmaille issue des membres de la formation a investi la scène pour interpréter en chœur  Le vrai bonheur. Le temps s’est arrêté. Tout était dit.

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