MUTEK 2024 – Utopie ou oubli

par Elsa Fortant

Le 19 août 2024, le Sommet Future Festivals a lancé la 10e édition du Forum MUTEK « Utopie ou oubli » à la Société des arts technologiques (SAT). L’objectif de cette journée était de réunir les créateurs de festivals, les artistes et les publics pour explorer des idées et des projets innovants pour l’avenir des festivals. PAN M 360 a assisté à la conférence d’ouverture et voici ce qu’il faut savoir à ce sujet.

La conférence d’ouverture du Sommet Future Festivals, intitulée « Du festival comme laboratoire vers la culture d’utopies temporaires », a commencé par Drew Hemment qui a posé deux questions simples mais complexes : « Pourquoi faisons-nous des festivals ? Pourquoi ont-ils de l’importance ? »

Drew Hemment est un universitaire, artiste et commissaire d’exposition britannique connu pour son travail de pionnier à l’intersection de la technologie, de la culture et de la société. Les travaux de Drew Hemment couvrent des domaines tels que la science des données, l’IA et le design. Il est actuellement associé à l’université d’Édimbourg, où il contribue à des projets tels que les festivals du futur à l’Edinburgh Futures Institute et travaille avec l’Alan Turing Institute. 

Au cours de sa présentation, Drew Hemment a exploré l’évolution des festivals en tant que plateformes d’innovation et de changement social. Il a commencé par retracer son parcours, de DJ à la fin des années 80 à la fondation de FutureEverything en 1995, en soulignant comment ses propres pratiques sont intégrées dans les projets de recherche qu’il dirige actuellement, notamment The New Real, un centre pour l’IA, la recherche créative et la recherche sur l’avenir, géré comme un festival. 

S’appuyant sur son expérience avec le FutureEverything, Hemment a discuté de l’éthique qui sous-tend les festivals, soulignant le besoin de méthodologies de prototypage et de création d’outils à la croisée de la création de festivals, de la théorie critique et des méthodes de conception. La boîte à outils The Festival As Lab, le FutureEverything Manual ou le Future Festival Field Guide sont de parfaits exemples de ce qui peut être partagé.

L’universitaire britannique a ensuite mis en lumière six trajectoires clés (et non des prédictions !) pour les festivals à venir : 

  1. Paratonnerres pour les signaux faibles
  2. Faciliter les découvertes fortuites
  3. Créateurs de nouveaux sens et de nouvelles formes
  4. Favoriser les connexions et les communautés au-delà de la bulle de filtre 
  5. Infrastructures culturelles additives et régénératives
  6. Catalyseurs de l’intelligence planétaire

Vous pouvez trouver les détails de ces trajectoires, chacune accompagnée d’une recommandation, dans un article (très accessible) écrit par Hemment à https://www.holo.mg/dossiers/future-festivals-field-guide/#68760

L’engagement de Drew Hemment à partager ses connaissances sur les festivals interdisciplinaires et socialement engagés montre qu’il croit en leur rôle essentiel pour façonner l’avenir. Toutefois, pour assurer leur pérennité, il faudra relever les défis infrastructurels grâce à un effort collectif, à l’attention et à la détermination.

Crédit photo: Maryse Boyce

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ambient / classique occidental / électronique / Experimental

Virée classique de l’OSM | Fin de soirée transcendante

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

La soirée du 17 août à la Virée classique de l’OSM s’est conclue par une performance live ou la musique classique rencontrait la musique électronique.  Sur la grande scène extérieure de l’Esplanade Tranquille, un trio de cordistes de l’OSM, constitué de la violoniste Abby Walsh, de l’altiste Scott Chancey et du violoncelliste Julien Siino, s’était greffé au claviériste Nicolas Boucher et à la VJ Line Katcho, pour interpréter la pièce Les Empires de Guillaume Coutu Dumont. Puisant son inspiration dans la nostalgie de l’enfance, notamment les souvenirs de dessins animés et les bandes sonores de films, la performance a attiré une honorable foule, peut-être plus qu’anticipé, car des bénévoles de la Virée ont dû s’affairer à installer des rangers supplémentaires de chaises. Si les référents nous ont échappé, le matériau musical dans son ensemble et l’interaction avec les musiciens, dont les motifs circulaires et les lignes mélodiques étaient un des moteurs qui alimentait les échantillonnages sonores contrôlés par Dumont Coutu. L’adéquation vidéo-musique était agréable sans être agressive, pour une musique qui se veut complexe dans son traitement, mais volontairement accessible : une musique par laquelle on se laisse emporter et transporter facilement.

Ce concert, présenté en partenariat avec le festival MUTEK, qui commencera le 20 août, était une présentation et une introduction toute en douceur à la musique électronique et à ses potentielles collaborations avec d’autres genres musicaux, dont la musique orchestrale.

crédit photo: Antoine Saito

classique occidental / musique de chambre / période romantique

Virée classique de l’OSM | Virtuosité, élégance et écoute de Fauré à Chausson

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Après avoir interprété avec l’OSM le Concerto no 5 de Saint-Saëns, le pianiste Cédric Tiberghien remontait sur scène quelques heures pour un deuxième concert. Comme l’a présenté Marianne Dugal, deuxième violon solo associé de l’OSM, l’interprète mériterait une médaille pour son endurance tant les deux œuvres sont complexes et virtuoses, notamment le Concert op. 21 d’Ernest Chausson qui est de facture pianistique titanesque. Œuvre centrale de ce concert programmé dans l’intimé de la Cinquième salle, cette œuvre se distingue par son effectif peu commun : un piano, un violon et un quatuor à cordes. À mi-chemin entre la pièce de musique de chambre et le concerto, la forme ne paraît pas disproportionnée ou disparate à l’oreille, tant l’écriture de Chausson est fine, donnant la part belle à chacun des intervenants. Ce qui frappe et captive également, c’est le langage musical qui est déployé par le compositeur. Empruntant tant à l’esthétique française qu’au langage wagnérien, l’œuvre est d’une étonnante organicité dans des mouvements où apparaissent des thèmes folkloriques et un chromatisme dramatique. Dans le plus pur esprit d’une œuvre de Wagner, on est sur le bout de notre siège pour voir – et entendre – où l’harmonie va s’en aller. Tiberghien se démarque encore par son jeu clair et précis, son doigté raffiné et énergique et l’écoute attentive de ses partenaires de jeu, Dugal, (violon solo), Alexander Read et Richard Zheng (violons), Victor Fournelle-Blain (alto) et Anna Burden (violoncelle) qui ont tous offert une performance solide.

L’œuvre était précédée de la Sonate pour violoncelle et piano de Debussy et de l’Élégie de Fauré, interprétée par Anna Burden avec beaucoup d’élégance et d’intensité. Seul petit bémol, la balance provenant de l’amplification des micros n’était pas égale en fonction de la zone investie par les cordistes sur scène, de sorte que dans les passages solos, le son de Marianne Dugal et Anna Burden, semblait par moment étouffé.

classique occidental

Virée classique de l’OSM | Une Harmonie éclatante

par Alexandre Villemaire

Après leurs collègues de l’OSJM, c’était au tour des membres de l’Harmonie des jeunes de la Virée de venir remplir l’espace au Complexe Desjardins. Habitué de l’événement, ce grand ensemble à vent, composé d’élèves provenant de plusieurs écoles secondaires de Montréal, a rempli l’atrium du centre commercial avec un son homogène, équilibré, clair et mordant pour offrir une performance des plus éclatante. Solide et dirigé de manière énergique par Éric Levasseur, l’ensemble a enchaîné des morceaux aux couleurs orientales et méditerranéennes qui cadraient parfaitement avec la thématique de cette Virée. Il était impossible de ne pas taper du pied ou d’esquisser un petit pas de danse à l’écoute de la Polka italienne de Rachmaninov ou encore de la fameuse España d’Emmanuel Chabrier. Pour en témoigner, un père et ses deux jeunes filles qui prenaient plaisir à se déhancher sur les différents rythmes et mélodies!

Après le caractère festif de ses pièces, les jeunes musiciens ont aussi démontré l’étendue de leur jeu et de leur palette de couleurs avec la pièce Duat du compositeur Alex Poelman. La pièce évoque le parcours qu’une âme humaine – dans la mythologie égyptienne – devait emprunter dans le monde souterrain de Douât pour espérer accéder à la vie éternelle. À la fin de son périple, celle-ci était pesée sur une balance et pour d’élever ne devait pas excéder le poids d’une plume. La musique évoque parfaitement ce récit avec des grondements au caractère sombre et dramatique dans les graves enrobés de mélismes arabisants. L’œuvre se conclut par une finale lumineuse tenue par les flûtes dans l’aigu. Assurément, le public réparti sur les différents étages du complexe a été conquis.

baroque / classique / classique moderne

Virée classique de l’OSM | Miloš soliloque, des Beatles à Villa Lobos en passant par le baroque

par Alain Brunet

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Pour une deuxième journée consécutive à la Virée classique de l’OSM, on a joé Asturias, du compositeur espagnol Isaac Albeniz, une œuvre pour piano cette fois transcrite pour la guitare classique et que jouent la plupart de ses praticiens. C’est ainsi que Miloš Karadaglić a commencé son récital d’une heure, question de remonter aux sources de sa motivation à devenir ce qu’il est. Il nous confiera avoir entendu Asturias dès l’enfance, sur un enregistrement public d’Andrés Segovia, virtuose espagnol de la guitare classique au siècle précédent. « Cela a vraiment changé ma vie », a-t-il confié ce dimanche 18 août dans la Cinquième salle de la Place des Arts.

Le virtuose du Montenegro, peut-être le plus prisé guitariste classique sur le circuit symphonique ces dernières années, est un être charmant. Un vrai gentil. Sa beauté physique, sa capacité de communiquer et sa grande courtoisie sont certes des atouts majeurs qui militent en sa faveur pour ainsi le maintenir dans le peloton de tête.

Cela ne fait pas de lui le meilleur guitariste classique sur Terre, mais le mec est excellent malgré quelques petits défauts ça et là. Il est extrêmement difficile de maintenir une intelligibilité parfaite côté sonorité des cordes, certaines notes étouffées ne devraient peut-être pas toujours l’être mais bon, il faut écouter très attentivement pour le réaliser, ce qui est tout même un léger détail qui n’affecte en rien la perception d’ensemble.

Il a enchaîné avec une autre pièce écrite originellement pour le clavier durant la période baroque, soit Les heures et les arts de Jean-Philippe Rameau, suivi de la Passacaille de Sylvius Leopold Weiss, célébrissime luthiste allemand du baroque ayant vécu à la même époque de JS Bach et qui avait sans doute influencé le génie que tout le monde caonnaît. La guitare classique n’existait pas alors, des transcriptions étaient forcément de mise et s’adaptent parfaitement au répertoire d’aujourd’hui. L’intérêt de Miloš pour la musique baroque est en hausse, il s’y consacre particulièrement par les temps qui courent, les résultats sont là avec ces magnifiques transcriptions offertes au public.

Le guitariste enchaînera avec la synthèse réussie des Préludes, 1, 3 et 5 du grand compositeur brésilien Heitor Villa Lobos, dont les œuvres pour la guitare sont incontournables dans le répertoire moderne.

Après avoir joué un arrangement de Yesterday (Paul McCartney) par Tōru Takemitsu, évidemment très prisé par le public, Miloš conclura son programme officiel par l’exécution d’Amor Fati, une commande faite au compositeur et guitariste français Mathias Duplessy. L’œuvre est contemporaine mais mélodiquement et harmoniquement consonante sauf de très courts passages, elle sied parfaitement à la guitare et à son interprète qui reviendra sur scène pour un rappel avec l’interprétation de Lacrima, une œuvre du maître guitariste espagnol Francisco Tárrega ayant surtout sévi au 19e siècle, œuvre composée à l’occasion d’un séjour déprimant à Londres où il pleuvaient des corde. Cet état dépressif était similaire à celui de notre interprète alors qu’il venait de débarquer dans la capitale britannique, alors âgé de 17 ans. Il en a aujourd’hui 41, aucun cafard à l’horizon!

classique occidental

Virée classique 2024 | Philharmonia Fantastique : une réelle animation

par Alexis Desrosiers-Michaud

Ce film d’animation de Gary Rydstrom sur une musique de Mason Bates (Anthology of a Zoology, dont on conseille fortement l’écoute) raconte l’histoire de Sprite, petit bonhomme de quatre couleurs qui découvre les instruments de l’orchestre par famille. Le film est conçu pour être projeté en arrière d’un orchestre qui joue en live, mais il est possible de le regarder sans, comme nous l’avons visionné. 

Après une introduction entièrement animée où la musique est parfaitement synchronisée à l’écran, Sprite commence son voyage de section en section. À partir de là, le film alterne entre images d’instrumentistes réels et animations, alors que le petit lutin est toujours en dessins animés. Chaque famille a une couleur et un style musical distincts. Il est très intéressant de voir Sprite se promener à l’intérieur des instruments, nous permettant ainsi de voir comment ils fonctionnent. Il est ainsi fascinant de constater, par exemple, lors d’une poursuite entre Sprite et un chat, comment l’air est dévié chez les cuivres lorsque les musiciens appuient sur des pistons ou des clés. On rit également lorsqu’il tombe dans les œillères du violoncelle et qu’il subit les effets des énormes vibrations de l’instrument. 

La musique de Mason Bates relève du pur génie. D’un feu roulant, dense et rythmiquement complexe, elle est en soi le moteur même du film, passant du jazz à l’orientale ou à la fanfare sans trop que l’on s’en aperçoive. La fin est digne d’une musique de film hollywoodien. Bref, il s’agit d’un divertissement bien construit, éducatif et ludique, tant pour les jeunes que pour les adultes.

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classique / Moyen-Orient / Levant / Maghreb

Virée classique 2024 | OSM and Constantinople: Colourful Dialogues, a Conversation To Be Continued

par Alexandre Villemaire

The PAN M 360 team is very present at the Virée classique, presented by the OSM. In the field, at free activities and indoor concerts, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud and Alexandre Villemaire report on what they’ve seen and heard at events presented in Montreal until August 18.

On paper, it was a premiere like no other. For the first time in its history, the Orchestre symphonique de Montréal welcomed a traditional music ensemble to the Maison symphonique for a joint concert. And not just any ensemble: Constantinople, a well-known and well-established presence on the Montreal and Quebec musical scene. The choice of Constantinople was an obvious one, since the ensemble’s identity and practice are, as its artistic director Kiya Tabassian reminds us, dialogue and cross-fertilization between musical universes. A vision also shared by Rafael Payare.

If we can say that there was indeed a dialogue, the concert we were treated to showed that the conversation, for its part, deserved to gain in depth. While we expected to hear and see interaction between the orchestra and Constantinople’s musicians, we were treated to a question-and-answer exchange in which Constantinople’s virtuoso interventions of Dimitrie Cantemir’s pieces were interspersed with excerpts from Grieg’s Peer Gynt suite, played with fervor and mastery by the OSM. Peer Gynt makes sense thematically, the eponymous character of Ibsen’s fairy tale embodying the figure of the traveler who, in the course of his tale, settles for a time in North Africa. Unfortunately, the interplay with the music, particularly in the “Anitra Dance” and the “Arabian Dance”, seemed more like a pastiche than an organic element.

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Virée classique 2024 – Des Rugissants qui ne rugissent pas assez fort

par Alexis Desrosiers-Michaud

Dès le début du concert, un constat nous frappe: cet ensemble a été programmé au mauvais endroit. Il n’aurait pas dû être programmé en extérieur à l’Esplanade Tranquille. Les 12 voix et la guitare ont peine à se faire entendre dans les nuances douces, malgré l’amplification. Qu’à cela ne tienne, il y a foule, ce qui est très encourageant pour le seul concert choral gratuit du festival.

Le chœur dirigé de main de maître par Xavier Brossard-Ménard est très dynamique, même si les pupitres d’hommes chantent en majorité plus fort que celui des femmes. Les paroles sont très audibles et les chanteurs font preuve d’une justesse implacable; on assiste à une démonstration magistrale dans El Grito du finnois Einojuhani Rautavaara, pièce truffée des glissandos avec des secondes mineures comme point d’arrivée.

Un autre élément marquant des œuvres auxquelles nous assistons est la diversité des sujets des chants espagnols. Au lieu des habituelles chansons à boire ou d’aventure, il y a dans le même recueil de Manuel Oltra, une histoire de la Mort qui entre dans un bar, un gars qui invite une fille à monter à cheval, une fillette qui a peur des mauvais esprits, une autre qui trouve toutes les excuses du monde pour ne pas se lever et un chant de Noël.

Comme avant-dernier numéro, nous avons droit à une pièce pour guitare seule, interprétée par Marc-Étienne Leclerc. Ce Variations sur un thème de Sor par Miguel Llobet est un peu comme le 24e caprice de Paganini, c’est-à-dire que le soliste peut y déployer une très grande virtuosité, mais tombe rapidement dans la redondance.

crédit photo: Gabriel Fournier

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Virée classique 2024 – La Symphonie de la Virée : des amateurs pas si amateurs que ça

par Alexis Desrosiers-Michaud

Devenue une tradition, la Symphonie de la Virée est un concert réunissant des musiciens amateurs de tous âges préalablement choisis. Rafael Payare vient mener l’ensemble pour la dernière œuvre au programme.

Cet évènement est la preuve vivante que les professionnels n’ont pas le monopole du bon produit musical et qu’avec beaucoup de passion et un peu de travail, on arrive à un résultat franchement convaincant. Passons outre les erreurs individuelles et petits débalancements pour regarder le tout dans son ensemble. Ce n’est pas parce que ce sont des amateurs qu’ils ne peuvent pas faire de grande musique.

Il y a une cohésion qui se tient dans cet ensemble. Le chef Adam Johnson insuffle une énergie contagieuse. On sent le travail d’écoute effectué en répétition; les solos de violon, de hautbois ont assez de place pour le lyrisme et l’expression. Le son est homogène et les dynamiques sont respectées à la lettre, tant au niveau des nuances, du phrasé et de l’articulation.

Alors que Payare prend les rênes pour l’ouverture de l’opéra Nabucco, il prouve à quel point il est un grand chef et monte le niveau d’un cran. Comme Johnson avant lui, il ne fait aucun compromis sur rien. Il pousse l’audace de prendre la coda à une vitesse folle et les musiciens répondent présent.

N’hésitez pas à l’avenir à aller assister au concert du voisin qui joue dans l’harmonie du lundi soir. Il y a de fortes chances que, pour une poignée de dollars, vous passiez un agréable moment.

crédit photo: Antoine Saito

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classique occidental / Moyen-Orient / Levant / Maghreb / période romantique

Virée classique 2024 | OSM et Constantinople: Dialogues bigarrés, conversation à poursuivre

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Il s’agissait sur papier d’une première qui n’avait pas son pareil. Pour la première fois dans son histoire, l’Orchestre symphonique de Montréal recevait sur les planches de la Maison symphonique un ensemble de musique traditionnelle pour un concert commun. Et pas n’importe lequel ; Constantinople, ensemble bien connu et implanté dans le paysage musical montréalais et québécois. Le choix de la collaboration avec Constantinople s’imposait, son identité et sa pratique étant, comme l’a rappelé son directeur artistique Kiya Tabassian, le dialogue et le métissage entre les univers musicaux. Une vision que partage aussi Rafael Payare.

Si nous pouvons dire qu’il y a effectivement eu un dialogue, le concert auquel nous avons eu droit a montré que la conversation, elle, mériterait de gagner en profondeur. Alors que l’on s’attendait à voir et entendre une interaction entre l’orchestre et les musiciens de Constantinople, nous avons eu droit à un échange de questions-réponses où les interventions virtuoses de Constantinople des pièces de Dimitrie Cantemir étaient intercalées entre des extraits de la suite Peer Gynt de Grieg, jouées avec ferveur et maîtrise par l’OSM. Peer Gynt est logique thématiquement, le personnage éponyme du conte d’Ibsen incarnant la figure du voyageur qui, au cours de son récit, s’établira pendant un temps en Afrique du Nord. Malheureusement, le maillage avec la musique, notamment dans la « Danse d’Anitra » et la « Danse arabe », nous apparaissait plus comme un pastiche et non comme un élément organique.

La pièce maîtresse du concert était le Concerto pour piano no 5 « Égyptien » de Camille Saint-Saëns. Le soliste Cédric Tiberghien s’est démarqué dans des pages qui sont d’une virtuosité technique certaine, sans pour autant être grandiloquentes. Composé par Saint-Saëns alors qu’il résidait à Louxor, il fait défiler plusieurs thèmes musicaux lyriques et chantants, imbibés d’influence orientale. Le deuxième mouvement, marqué par une inspiration arabo-andalouse, fait écho à la virtuosité vocale que Kiya Tabassian a démontrée dans sa pièce Chavosh.

Bref, on ne peut que souligner et saluer la volonté marquée de l’OSM et de son chef de s’être mouillé et d’avoir initié cette rencontre, mais il faudra l’affiner.

crédit photo: Antoine Saito

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classique

Virée classique 2024 – 10/10 au quiz musical

par Alexis Desrosiers-Michaud

La journée de samedi 17 août débute par un quiz musical animé par Katherine Verebely de Radio-Canada à l’Espace Georges-Émile Lapalme. Cette activité ludique est faite pour amuser, redécouvrir et se cultiver sur les grands classiques de la musique classique. On ne compte pas les points, mais trois participants sont invités sur scène pour avoir le privilège de répondre en premier par rapport au reste du public. Le quiz comporte plusieurs catégories : Qui suis-je ? De quelle œuvre s’agit-il ? ou encore trouver l’intrus, avec et sans choix de réponses.

Si, du propre aveu de l’animatrice, la plupart des questions sont faciles et réussies par la majorité des participants, quelques-unes sont plus corsées, et une seule participante identifie correctement que c’est Mozart qui a composé le Trio des quilles, écrit après une partie de quilles entre le compositeur et ses amis. Car oui, les quilles existaient à son époque, ayant été inventées « il y a plus de 5000 ans », dixit la maitresse de jeu.

La valeur ajoutée de ce quiz est le fait que Katherine Verebely ajoute des blagues et donne des compléments sur les différents éléments de réponse. Par exemple, il est intéressant de savoir que le cor anglais s’appelle ainsi non pas par sa nationalité, mais plutôt parce qu’il est anglé, et que l’appellation cor français est erronée et que l’on devrait l’appeler juste cor. Ou encore de savoir que l’Aquarium de Camille Saint-Saëns est joué systématiquement avant chaque projection du Festival de Cannes.

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classique

Virée classique 2024 – OSM et Miloš : Entre classiques et raretés

par Alexis Desrosiers-Michaud

Samedi soir avait lieu le concert avec l’OSM du guitariste Miloš dans le Concierto de Aranjuez de Rodrigo, précédé d’extraits de Carmen de Bizet et d’œuvres de Rossini, Ravel et Mel Bonis.

Passons outre l’ouverture L’italiana in Algeri qui n’apporta rien de magistral et qui était de trop dans ce concert. Les Cinq mélodies populaires grecques de Ravel est un court recueil brillamment orchestré. La mezzo-soprano Emily Sierra l’interprète malheureusement presque sans différence de nuances, n’exagérant les consonnes que dans les mélodies rapides. À l’inverse, dans Carmen, elle joue le jeu du rôle. Avec une voix suave, coquine et résonnante, ajoutant quelques inflexions vocales, le rendu de ce classique est réussi, malgré des accélérations mal coordonnées avec l’orchestre dans la Chanson Bohème.

Avant le Aranjuez, nous avons eu droit à une courte œuvre de quatre minutes de Mel Bonis, Salomé. Nous en aurions pris davantage car cette compositrice, élève de Franck, sait orchestrer. On retiendra la portion centrale de l’œuvre à cinq temps.

Puis, vint Miloš. Il joue avec une très grande précision et une sensibilité aux nuances qui nous amène dans un autre monde. Son dialogue avec le cor anglais reste mémorable et l’orchestre s’ajuste dans son accompagnement, trop présent dans le premier mouvement.

Hélas!, ce moment de grâce fut gâché par une (autre) sonnerie de cellulaire. À ce titre, à travers les toux et les multiples programmes échappés, nous en avons entendu trois hier soir, dont une entre la fin du message d’avertissement et l’entrée du violon solo, ce qui ne manqua pas de soulever un rire généralisé.

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