EDM / Électronique / IDM / space-rock

PAN M 360 au FIJM 2024 | L’Éclair helvète

par Alain Brunet

L’Éclair donc s’est donc abattu sur le Studio TD pendant que le show d’Apashe avec grand orchestre était entrain de marquer les esprits sur la Place des Festivals. Devant un auditoire de conquis et de badauds puisque l’entrée est gratuites au Studio TD pendant le FIJM.

L’Éclair est un band suisse basé à Genève, dont on peut voir la progression sur les réseaux depuis quelques années. L’Eclair est un groupe « instrumental cosmique » qui ne s’en tient pas qu’à des références instrumentales.

«  Le groupe a créé un son unique, mêlant des clins d’œil à CAN, Piero Umiliani et Tangerine Dream à d’autres influences comme les grooves house de Madchester des années 80, Aphex Twin ou Boards of Canada. »

Et c’est pas mal ça sur scène, force fut de constater jusqu’à 23h.

Il y avait des synthés, des claviers, des guitares, des percus. Les grooves étaient généralement fondés sur des rythmiques EDM, IDM ou krautrock plutôt que sur le funk et la soul… bien qu’on ai ressenti une esthétique jazz. Les percussions étaient généreuses sur scène, la batterie était solide, les lignes de basse étaient d’esthétique électro (protobass), les guitares étaient présentes dans le tissage (avec wah wah souvent) , les claviers incontournables (Mellotron, etc).

Au croisement du space rock et de l’électro-jazz, L’Éclair produit des grooves contagieux et une musique sans paroles bien d’aujourd’hui. L’Éclair gagne à toucher vos antennes et paratonnerres.

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PAN M 360 au FIJM 2024 | Melanie Charles, Bushwick pur jus

par Alain Brunet

Melanie Charles a des origines haïtiennes, ce qui rejaillit peu dans son art. Dimanche dernier au Studio TD, cette native de Bushwick, un secteur de Brooklyn, exhalait une culture essentiellement new-yorkaise. Plus afro-américaine qu’afro-caribéenne, l’artiste sur scène en cette fin de soirée dominicale du 30 juin fait dans le jazz et la soul. Elle est parmi ces musiciens de l’époque actuelle selon qui le jazz doit revenir une musique qui fait se remuer le popotin, danser, s’exalter, se divertir comme c’était le cas il y a un siècle dans les quartiers noirs des grandes villes états-uniennes, puis partout sur le territoire américain.

Après ses études à la New School de New York, Melanie Charles a commencé dans la soul/R&B avant de se ranger davantage côté jazz et poursuivre dans la voix de ses aïeules, à commencer par Nina Simone et Betty Carter. Ce langage évolue depuis un premier album sorti en 2017.

Pour parvenir à ses fins, la musicienne, compositrice, improvisatrice et leader d’orchestre maintient la palette harmonique du jazz moderne et lui confère du groove, de la sensualité, du plaisir. Excellente chanteuse, elle joue très bien la flûte traversière et dispose d’un équipement électronique lui permettant de déclencher des sons électroniques ou des échantillons de voix (Betty Carter, par exemple) avec lesquels son orchestre peut interagir en temps réel. Saxos, flûte, batterie, piano, basse, tous d’excellents instrumentistes afro-descendants incrustés dans le filon black du jazz moderne au début des années 90, surtout la mouvance John Coltrane, Pharoah Sanders et autres McCoyTyner. Très bon set !

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jazz moderne

PAN M 360 au FIJM 2024 | Benny Green à l’Upstairs, le grand luxe !

par Alain Brunet

Benny Green est en début de soixantaine, le temps file… On se souvient encore de son émergence sur la planète jazz au tournant des années 90. je me souviens personnellement que le grand Oscar Peterson le voyait parmi ses dignes successeurs, et pour cause.

Natif de New York et transplanté en Californie du Nord, Benny Green est un traditionaliste s’exprimant dans la lignée du piano swing et bebop avec une réelle inclination au blues, musiques ayant été conçue par les pianistes virtuoses des générations antérieures à la sienne, des années 30 aux années 50, d’Art Tatum à Oscar Peterson en passant par Teddy Wilson, Thelonious Monk, Phineas Newborn Jr, Bud Powell, Hank Jones et Ahmad Jamal.

Sur ce territoire, Benny Green est certes un esprit conservateur, il est néanmoins un authentique porteur de tradition comme il en faut pour toutes les traditions. Cet excellent musicien américain maîtrise parfaitement cette esthétique du piano jazz pré-contemporain, qui plus est sa très haute virtuosité a été bonifiée par la vie, soit plus de quatre décennies de vie professionnelle sur les scènes du monde entier.

C’était donc du grand luxe que de pouvoir assister à un set de Benny Green à l’Upstairs, évidemment rempli à capacité. On a eu droit à des ballades jazzistiques profondément américaines, à des standards revisités dont Ruby My Dear de Monk, interprétée en toute fluidité. En fin de set, ses improvisations véloces sur des thèmes et progressions harmoniques de feu Hank Jones auront confondus tous les sceptiques.

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classique / électro / hip-hop

PAN M 360 au FIJM 2024 | Apashe avec grand orchestre, tout simplement grandiose

par Jacob Langlois-Pelletier

21h30 tapant, les lumières s’allument sur la grande scène du FIJM, jeudi soir. Comme promis, un orchestre de 30 musiciens apparaît, mais le chef n’y est pas. Après quelques notes de King, introduction de son dernier opus Antagonist, le DJ et phénomène électro-classique Apashe fera une entrée triomphale au milieu du plateau devant ses nombreux contrôleurs.

Entouré de trompettistes, violonistes, violoncellistes, contrebassistes et autres, l’artiste belge et montréalais d’adoption a transformé la rue Jeanne-Mance en une véritable piste de danse, l’instant d’un set endiablé de 90 minutes.

Tous vêtus de noir avec capuche couvrant la tête, les musiciens ont soutenu avec brio les différentes pulsions du producteur, donnant vie à un assemblage de sonorités électroniques, d’enregistrements de chorales et de compositions classiques.

À un certain moment, Apashe a brandi une épée; il n’en fallait pas plus pour que la Place des Festivals se croie dans l’univers de Game of Thrones.

Premier invité de la soirée: la Montréalaise Cherry Lena fait son entrée sur une petite plateforme située au milieu de la foule et offre une version revisitée de Feeling Good de Nina Simone.

La connexion Belgique-Montréal se fera présente tout au long du spectacle, notamment grâce à l’apport vocal de Geoffroy sur la captivante Lost In Mumbaï, KROY pour RAIN ainsi que les nombreuses apparitions du rappeur Wasiu. Ce dernier aura d’ailleurs assuré l’un des moments phares de la soirée lors de Majesty, titre le plus populaire d’Apashe, en baisser de rideau; la synergie entre les différents flows du MC et la prestation orchestrale était sublime.

À mi-chemin, le chanteur YMIR s’est amené pour un moment piano-voix, le seul instant d’accalmie de l’heure et demie, tant sur scène que dans la foule. Parlant des milliers d’amateurs amassés au Quartier des Spectacles, rarement a-t-on vu une armée de gens aussi captivés et engagés. « Je ne m’attendais pas à une telle énergie, surtout un jeudi soir. C’est incroyable! », a lâché Apashe en fin de parcours.

Grâce à un jeu de lumière impressionnant, des visuels dystopiques et une tonne de pyrotechnie, les festivaliers auront eu droit à un spectacle sublime, autant visuellement que musicalement. Il n’y a pas de doute, cette soirée marquera l’imaginaire des amateurs et amatrices du FIJM pour longtemps.

Crédit photo: Productions Novak

électro / synth-pop / trip-hop

PAN M 360 au FIJM 2024 | Retour sur scène réussi pour KROY

par Jacob Langlois-Pelletier

Pour une première fois en six ans au FIJM jeudi, Camille Poliquin, la moitié du duo électro-pop Milk & Bone, montait sur scène sous son alias solo, KROY. Lors de son passage sur la Place des Festivals, la musicienne, auteure-compositrice et chanteuse aura fait vibrer les amateurs présents au rythme de son excellente trip-pop infusée de synthés et de basse bien pesante.

Debout au milieu du plateau devant différentes boîtes à rythmes, l’artiste québécoise construit morceau par morceau la trame sonore de sa première composition. Sur scène, KROY est accompagnée d’un claviériste, d’un batteur puis de différentes projections visuelles qui défilent derrière elle.

Pour la plupart des chansons, le titre apparait sur les grands écrans; c’est d’ailleurs de cette manière qu’on découvre que « Milk » joue SATIN SATAN et TWELVE WHEELER TRUCK, deux extraits de son deuxième album à venir en août prochain. Croyez-moi sur parole, les huit années d’attente avant d’obtenir un nouveau long jeu de la part de KROY en auront valu le coup.

Sur ses enregistrements, KROY installe une atmosphère glauque et lugubre. En spectacle, l’ambiance est plus lumineuse et sa voix est moins modifiée, ce qui laisse place à un résultat plus pur et authentique.

Entre les pièces, Camille Poliquin ricane et reprend son souffle, un court repos nécessaire vu l’intensité avec laquelle elle vit les différentes pulsions de chaque titre. KROY s’est particulièrement éclaté lors de l’interprétation de Cold tiré de son opus Scavenger, un hymne dance qui aura fait bouger la foule.

Si cette prestation avait l’intention de nous faire languir quant à la parution de MILITIA dans un peu plus d’un mois, mission accomplie.

Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin

Jazz Pop

PAN M 360 au FIJM 2024 | Ça danse dans la Wilfrid avec Pink Martini

par Claude André

La salle Wilfrid-Pelletier a dansé hier et ce tour de force est signé Pink Martini. Dans une salle comble, les 12 musiciens de la formation née en Oregon, il y a 30 ans cette année, ont franchi les frontières musicales et langagières pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Multipliant les langues et les styles musicaux, la formation de Portland nous a offert pendant plus de deux heures une pétarade de morceaux en technicolor, allant du lounge au rétro, en passant par le jazz, le ladino, la salsa, le cha-cha-cha et autres genres, le tout entrecoupé de solos à couper le souffle.

Dès son arrivée sur scène, la bande menée par la chanteuse China Forbes et son complice de toujours, le pianiste Thomas Lauderdale, sorte d’archéologue musical, nous auront ragaillardis par leur énergie enthousiaste et des rythmes endiablés qui n’auraient pas déplu aux vénérables disparus du Buena Vista Social Club.

Notamment en raison de la section de cuivre, composée de la trompette envoûtante de Tom Barber et d’un trombone à coulisse pas piqué des vers manipulé par Antonis Andreou (responsable du solo qui déchire dans la pièce « Pata Pata » de l’album Je dis oui).

Ajoutez à cela une guitare Benedetto 16-B tenue par le maestro Dan Faehnle (picking hypnotique), un jeu de balais exquis signé Brian Davis et vous avez là de quoi décoller vers des nirvanas musicaux (on peut d’ailleurs les voir à l’œuvre en tapant The Flying Squirrel – Pink Martini | Live from San Francisco, 2022, sur YouTube).

Bien évidemment, la bande de joyeux exaltés a débouché « Sympathique », le tube, inspiré jadis par un court poème de Guillaume Apollinaire (qui aurait valu quelques soucis avec la succession, tout comme la reprise du « Boléro » de Ravel, d’ailleurs), en guise de troisième chanson. Il semblerait que le titre de l’album éponyme qui les aura fait connaître à travers le monde a été choisi parce qu’il n’existe pas d’équivalent du mot sympathique en anglais.

On aurait souhaité davantage de pièces dans la langue de Brel, car généralement la formation reprend à sa sauce « Ne me quitte pas », dans ses spectacles.

On se rabattra sur l’album Non ouais! The French Songs of Pink Martini, sur lequel on retrouve notamment « Le premier bonheur du jour » de la regrettée Françoise Hardy.

Qu’à cela ne tienne, la très dynamique formation nous a offert un cocktail de chansons puisées dans le répertoire de ses 11 albums, composé de pièces originales et de reprises comme « Bésame Mucho », entendue hier.

Moments exaltants? « Donde Estas Yolanda? », tirée de l’album Sympathique. Toute l’assistance s’est levée comme un seul homme pour se dandiner dès les premières notes jouées et dansées par le charismatique chanteur et percussionniste Timothy Nishimoto. La Mexicaine Edna Vazquez, également choriste, a pour sa part interprété le classique « Bésame Mucho » ainsi qu’une chanson en rappel qui faisait penser au répertoire de Yasmin Lévy. 

Enfin, si la vedette principale de la soirée, China Forbes, vêtue d’une seyante robe noire et rouge, a été contrainte dans le passé de se faire remplacer en raison d’une opération aux cordes vocales, il n’en paraissait rien hier. Son grain si familier pour le grand public depuis « Je ne veux pas travailler » (Sympathique) était intact, tout comme son goût des langues étrangères qui s’est encore manifesté lors de l’interprétation d’un vieux succès… en coréen!

Autres moments de grâce : une chanson au piano évoquant Lady Gaga (« Always Remember Us This Way »), l’interprétation de « Hang On Little Tomatoe » ainsi que la très jolie « Hey Eugene! », tirée de l’album du même nom. « Une chanson écrite pour un type qui m’a un jour demandé mon numéro de téléphone sans jamais me rappeler! », dixit China Forbes. 

Parions qu’aujourd’hui Eugène s’en mord les doigts!

crédit photo : Victor Diaz Lamich

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PAN M 360 au FIJM 2024 | Le cérémonial haïtien de Jowee Omicil

par Alain Brunet

Ayiti… Kiskeya… 509. Que se passe-t-il donc dans le 509, soit l’indicatif téléphonique d’Haïti, Ayiti, Kiskeya ? On en diffuse toutes les tragédies, on en souligne tout le bordel, on sait encore trop peu la magie, la culture, l’intelligence. En cette fin de mercredi soir, en tout cas, le 509 était en symbiose avec le 514. Le Gesù était rempli aux deux tiers, mais l’auditoire présent était plus que ravi! Plus de 90 minutes passées avec d’excellents musiciens majoritairement haïtiens, résidants ou de passage.

Jowee Omicil était le houngan, le prêtre, le sorcier de cette cérémonie vitaminée. Il a bellement présidé ce concert de musique improvisée non sans rappeler le sacré dans la culture créole haïtienne. Pour l’avoir vu, écouté, et avoir conversé avec lui à quelques reprises, je puis dire qu’il est d’abord un leader, un entremetteur, un catalyseur de la vibe. Il sait construire une ambiance de feu et convier le public à une réelle communion.

Jowee Omicil a grandi à Montréal mais évolue essentiellement en Europe et aussi dans la créolophonie.

Son dernier passage important sur scène ici avait eu lieu avant la pandémie, c’est dire. Perso, je l’ai vu jouer aussi en France il y a quelques années, dans un New Morning archi plein, avec un effet idem sur les gens présents.

Alors je ne me suis pas étonné lorsque The Guardian a encensé son dernier album à la fin 2003, Spritual Healing : Bwa Kayiman Freedom Suite, un album d’improvisation libre à saveur vaudoue, longue séance de free jazz propice aux meilleurs résultats artistiques. L’évocation est claire pour tout Haïtien qui connaît son histoire: dans la nuit du 14 août 1791, une réunion d’esclaves marrons avait précédé la révolte du Bois-Caïman (Bwa Kayiman en créole), soit le début de la révolution et de la guerre d’indépendance gagnée par les Haïtiens contre la France à l’ère coloniale.

Pas étonnant que se trouvaient dans la salle du Gesù d’éminents musiciens, dont le saxophoniste Kenny Garrett ou encore le claviériste montréalais Ric’key Pageot qui tourne avec Madonna depuis de nombreuses années, et qui montera jouer sur scène en fin de programme. On retiendra aussi les claviers de Randy Kerber et Jonathan Jurion, les percussions d’Arnaud Dolmen et Yoann Danier, la basse de Jendah Manga. Excellente section rythmique autour de laquel leur leader s’exprime, et puis n’oublions pas le guitariste Harold Faustin qui fut un mentor pour Jowee Omicil, toujours respecté de ses pairs, et invité à piquer quelques solos de son cru ou à strummer passionnément pendant les grooves collectifs.

C’est ça, l’expérience Jowee Omicil, fils de pasteur et aussi capable de grande prêches. Notre hôte tapisse ses concerts de tout ce qui lui passe par la tête et… sachez que le mec a l’imagination fertile! Une antenne pour les lwas de la musique, pour ces esprits de qui chevauchent invariablement les meilleurs artistes. Les citations mélodiques se multiplient au fil de ce concert, le folklore, les airs troubadours, les évocations de rara au sax imitant les vaccines (trompette rudimentaire en Haïti), les grooves uniques de ce jazz sur des rythmes traditionnels ou kompa, les harmonies de jazz afro-américain au tournant des années 60, une ligne de Mozart, de la kora, de la poésie créole et plus encore.

En cette fin de mercredi, cette scène du Gesù était devenue le parvis d’un temple où cette cohorte de l’élite culturelle haïtienne se rencontrait et répondait aux consignes du maître du jeu. Jowee Omicil est un animateur et un entremetteur de choix, doublé d’un doué multi-saxophoniste, multi-clarinettiste, multi-flûtiste, claviériste et plus encore. Souvent la pédale est au fond, ce musicien ne réprouve aucun survoltage, aucun débordement, ça fait partie de son esthétique et c’est un trait fort de sa personnalité.

On ne peut dire cependant qu’il soit un supravirtuose ou un compositeur d’exception, les formes de ses œuvres sont simples et ouvertes, fondées sur des grooves ou des ambiances. La créativité se déploie davantage dans l’improvisation et l’expressivité que dans la structure et la complexité formelle. C’est là qu’excelle Jowee Omicil.

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indie pop / soul-pop

PAN M 360 au FIJM | Charlotte Day Wilson au tableau principal

par Alain Brunet

Charlotte Day Wilson est désormais une artiste chérie des fans montréalais de l’indie pop. Sa voix est singulière, magnifiquement grave et singulièrement texturée. Mercredi soir, son succès de plus en plus considérable l’a menée à la plus grande scène extérieure du FIJM où elle occupait le tableau principal.

Son escale montréalaise était marquée par l’exécution de plusieurs chansons tirées de son nouvel album, Cyan Blue dont elle a interprété les titres New Day, My Way (aucun rapport avec Claude François et Frank Sinatra), Dove Tail, Forever, Do You Still, Forever, Canopy, Money (aucun rapport avec Pink Floyd), Cyan Blue et Walk With Me. Pour le reste de cette heure et demie, elle a repris des titres plus anciens dont Mountains, In Your Eyes (aucun rapport avec Peter Gabriel), IDLY, Take Care of You, Work (aucun rapport avec Rihanna, Falling Apart ou Lovestick Utopia.

Chanteuse, autrice introspective et compositrice encline à la soul pop indie, la Torontoise frappe dans le mille en ce qui a trait à ses capacités à se démarquer des autres chanteuses du genre qui pullulent sur le web. D’abord pour la singularité de sa voix, mais aussi pour son raffinement dans l’ensemble de son oeuvre. Les pistes de claviers et de violoncelle, gracieuseté de la Montréalaise et « hometown hero » Ouri (aussi une artiste électronique des plus prolifiques comme on le sait), ajoutent à ce raffinement, et une solide section rythmique scelle le tout. Les arrangements choraux, qui plus est, ne sont pas piqués des vers.

S’accompagnant parfois à la guitare ou au clavier, Charlotte Day Wilson n’est pas exactement une bête de scène, mais elle a des ressources. Elle occupe son espace avec une aura assez puissante pour capter l’attention dès les premières notes de sa prestation, la pluie torrentielle qui viendra ne viendra pas à bout de la patience de ses fans massés à la Place des Festivals. Avec Charlotte, ils auront consenti à prendre un « bain mutuel » pour reprendre l’expression de leur hôtesse, on ne peut plus reconnaissante dans les circonstances.

jazz

PAN M 360 au FIJM 2024 | Dominique Poirier, à suivre de près

par Vitta Morales

On peut dire que Dominique Poirier, 29 ans, a connu une année impressionnante. L’accordéoniste de jazz d’Oka a remporté la bourse Oscar Peterson 2024 qui, en plus d’un prix en argent, lui a permis de participer à au FIJM cette année. On peut comprendre que cette occasion rende nerveux n’importe quel artiste émergent. Il faut savoir que Poirier a appris à jouer de l’accordéon en autodidacte il y a seulement quatre ans. Personnellement, j’aurais eu la nausée ou envie de consacrer mon temps à quelque chose d’autre.

Heureusement pour nous, Poirier n’a choisi aucune de ces options et a plutôt impressionné en dirigeant un quatuor dans un spectacle d’une heure composé de standards bien arrangés de Billy Strayhorn et de Charles Mingus, ainsi que de compositions intéressantes de lui-même. Le guitariste Ben Gilbert, le bassiste Oscar Robertson et le batteur Shayne Assouline se sont joints à lui sur la scène du Rio Tinto.

La première chose qui m’a frappé, c’est la sonorité unique que le quatuor a obtenue en doublant l’accordéon et la guitare. Poirier et Gilbert ont joué plus d’une fois des mélodies brûlantes note pour note, et d’autres fois à l’octave. Cela a donné une texture épaisse avec un peu d’éclat. Poirier a eu besoin d’environ la moitié d’une chanson pour régler ses doigts, mais une fois qu’il a retrouvé sa dextérité, le reste des mélodies a été joué tout en douceur. En outre, ses solos contenaient un vocabulaire impressionnant et sa composition s’harmonisait bien avec la guitare. Il a manifestement beaucoup pratiqué en quatre ans.

Le reste du groupe était tout aussi impressionnant. Les (touches) noires de Robertson lorsqu’il marche n’auraient pas pu être mieux jouées, même avec un métronome. Son intonation était également solide comme le roc. Les quelques fois où il a eu droit à un solo, les mélodies étaient certainement de bonne qualité, mais la force de ses notions fondamentales était bien plus impressionnante. Un aspect que trop de bassistes négligent malheureusement. L’autre moitié des tâches rythmiques était bien sûr assurée par Shayne Assouline. Il faut dire qu’Assouline a un bon sens du swing et qu’il s’est bien débrouillé tout au long du spectacle, mais il excelle vraiment lorsqu’il joue de façon plus moderne (ce qui n’est pas surprenant quand on sait qu’il a participé à des centaines de jams au Turbo Haus). Malheureusement, seule une chanson à la fin du spectacle a permis à Assouline de montrer ses talents en matière de hip-hop. Il s’agit là d’un petit reproche par rapport à l’ensemble du spectacle.

L’utilisation de partitions sur scène constitue un problème plus important selon moi. Bien qu’elles soient utiles pour rappeler à un musicien la forme d’un morceau ou un passage particulièrement délicat, leur utilisation excessive peut entraîner une rupture entre le public et l’interprète. Le soliste le plus fort du groupe, Ben Gilbert, a présenté des lignes de qualité supérieure qui ont été quelque peu diminuées par le fait que son regard était fermement fixé sur ses feuilles de musique. Poirier a même regardé plusieurs fois dans la direction de Gilbert, sentant clairement la force de ses solos, mais le nez de Gilbert était pratiquement collé à son iPad.

La soirée s’est avérée fructueuse pour Poirier, quoi qu’il en soit, et je suis sûr que cette formation réglera les détails les plus fins si elle continue à jouer ensemble. Poirier s’est révélé être un arrangeur et un compositeur talentueux, en plus d’être un musicien compétent, usant d’un instrument très spécialisé. Je me demande ce dont il sera capable dans quatre ans ! Je suivrai cela de près.

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fado

PAN M 360 au FIJM 2024 | Ana Moura, reine du fado

par Michel Labrecque

Sculpturale, entièrement vêtue de rouge, Ana Moura s’est présentée comme la reine du fado portugais qu’elle est, sous les acclamations de la salle, en grande partie lusophone. 

Qu’on aime ou pas le fado, cette musique traditionnelle portugaise qui est l’équivalent du blues, la dame de 44 ans a une voix puissante, profonde, hors normes, qui laisse émaner des sentiments profonds, souvent de la tristesse, qui est le propre du genre.

Avec son trio de musiciens (batterie, basse, guitare portugaise), elle s’est d’abord lancée dans le fado plus traditionnel, avant de nous faire lentement basculer dans son nouvel univers musical, plus teinté de sons africains et électroniques, avec des tonalités et des rythmes qui rendent la musique plus intéressante.

Après trois chansons, Ana Moura nous a adressé la parole, très longuement, en anglais, langue de compromis, puisqu’elle nous a expliqué en français qu’elle ne parle pas bien français. Il y a des gens qui détestent quand un-e artiste parle trop, parce que ça casse le rythme. Mais Ana voulait vraiment nous faire entrer dans son univers et nous le faire comprendre. 

Elle nous a raconté la genèse de son dernier disque Casa Guilhermina, la maison qui porte le prénom de sa grand-mère, qui est d’origine angolaise, tout comme sa mère. Enfant, elle écoutait sans cesse de la Semba angolaise (pas la Samba brésilienne). Elle nous a raconté que cet album est imprégné de ces rythmes et d’autres musiques régionales du Portugal, très importants pour elle. 

Elle a également dédié une chanson qu’elle a écrite pour Prince, oui celui de Minneapolis, qui lui avait déjà affirmé qu’il voulait produire sa musique.

Durant toute la performance, les trois musiciens étaient accompagnés par des synthés, de l’accordéon, du violon et des voix de soutien enregistrées. C’est comme si nous avions eu droit à la version petit budget du spectacle.

Malgré quelques réserves, il est difficile de douter de l’authenticité de la chanteuse portugaise, qui cherche, avec d’autres compatriotes, à diversifier la musique lusophone actuelle. Et à la partager sur la planète.

Mes deux voisines de siège portugaises avaient des yeux lumineux et bougeaient sans arrêt. À la fin du concert, les acclamations fusaient.

Tout était dit.

crédit photo: @rousseaufoto pour le FIJM

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PAN M 360 au FIJM 2024 I Killer Mike déballe son gospel

par Stephan Boissonneault

Killer Mike, désormais surnommé Michael lorsqu’il se produit seul en concert, est au sommet de son art. La star du rap d’Atlanta, trois fois récompensée aux Grammy Awards, l’a fait savoir mercredi soir en montant sur scène, avec derrière lui un choeur de cinq musiciens appelée The Mighty Midnight Revival et un DJ.

« Vous pensiez qu’il s’agirait d’un spectacle de rap lourd, mais nous avons amené une église entièrement noire ici », a ajouté Michael. « On va avoir des lignes super cool avec des garçons cool, mais ça va devenir spirituel ici ».

La combinaison des vers poétiques et super rapides du rap sudiste de Killer Mike et des rythmes épais et enrobés de lourdes basses, soutenus par un chœur de chanteurs à la tessiture incroyable, était un pur bonheur. Cela ressemblait à un nouveau type de hip-hop, qui ne se limitait pas à de sales rythmes trap, mais qui offrait plutôt des possibilités extraordinaires à l’expression d’ensemble. Killer Mike a même ajouté quelques chansons de (son groupe) Run The Jewels soutenues par la chorale, mais la plus grande partie du set était tirée de l’album MICHAEL , acclamé par la critique. Killer Mike est un artiste né, donnant un contexte à de nombreuses chansons et se montrant réaliste avec la foule lors d’un morceau comme Reagan.

Il y a eu deux grands concerts de rap au FIJM cette année et bien que Freddie Gibbs et The El Michels aient été amusants, c’est Killer Mike qui remporte la palme. Killer Mike a prouvé à maintes reprises qu’il peut s’adapter, capable de faire des mesures de rap incommensurables (même avec son ancien matériel comme le fantastique album R.A.P. Music de 2012) qui le positionnent parmi les plus grands, mais aussi co-MC et produire Run The Jewels avec son partenaire créatif EL-P. Mais ce projet live de MICHAEL est vraiment une merveille à voir et entendre sur scène, et je suis désolé si vous l’ayez manqué.

crédit photo : @frederiquema pour le FIJM

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Neo-soul / soul/R&B

PAN M 360 au FIJM 2024 | Thee Sacred Souls ont conquis de nouvelles âmes

par Guillaume Laberge

L’amour était dans l’air en cette douce soirée du mardi 2 juillet grâce à l’ensemble californien Thee Sacred Souls qui était la tête d’affiche de la scène TD du FIJMl. Plusieurs milliers de Montréalais de tous  âges se sont déplacés en plein centre-ville pour admirer le brio musical de ce groupe en pleine ascension.

Thee Sacred Souls est un nom qui prend de plus en plus de place sur la scène néo-soul / R&B Depuis la sortie de leur première chanson en mars 2020, le groupe compte maintenant plusieurs succès à son actif. La formule est simple : s’inspirer du son des grands noms du R&B/soul de l’époque, tels que Marvin Gaye, Al Green, The O’Jays et compagnie, et y ajouter une touche moderne tout en respectant l’authenticité de la musique d’autrefois. Cette formule géniale offre un type de R&B/soul très nostalgique et romantique, mais aussi très rafraîchissant.

Le groupe entama le spectacle en force avec certaines de ses chansons les plus populaires telles que Love Is The Way, Will I See You Again et Easier Said Than Done. Les performances inspirées du chanteur Josh Lane, accompagné par ses choristes et musiciens tous aussi talentueux, ont captivé la foule dès la première note.

Tout au long du spectacle, l’ambiance était chaleureuse et l’auditoire très réceptif à ce que Thee Sacred Souls proposait musicalement. Il était également très agréable de constater que la plupart des gens connaissaient les chansons, ce qui est plutôt rare lors d’un concert gratuit. Cela a grandement ajouté à l’expérience.

Thee Sacred Souls se prépare également à la sortie de son deuxième album Got a Story to Tell qui verra le jour le 4 octobre prochain. Entre-temps, le groupe a joué certaines chansons qui se retrouveront sur l’album, telles que son plus récent single « Lucid Girl » ainsi que d’autres chansons inédites, toutes très bonnes.

Après une ronde de reprises et d’autres morceaux de sa discographie, le groupe a conclu le spectacle avec la fameuse Can I Call You Rose? qui a ravi les spectateurs et a conclu la performance de belle façon.

Thee Sacred Souls a offert un spectacle de grande qualité, rempli d’amour, et a assurément conquis plusieurs nouveaux fans… de nouvelles âmes.

crédit photo:@productionsnovak

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