classique

Virée classique 2024 – 10/10 au quiz musical

par Alexis Desrosiers-Michaud

La journée de samedi 17 août débute par un quiz musical animé par Katherine Verebely de Radio-Canada à l’Espace Georges-Émile Lapalme. Cette activité ludique est faite pour amuser, redécouvrir et se cultiver sur les grands classiques de la musique classique. On ne compte pas les points, mais trois participants sont invités sur scène pour avoir le privilège de répondre en premier par rapport au reste du public. Le quiz comporte plusieurs catégories : Qui suis-je ? De quelle œuvre s’agit-il ? ou encore trouver l’intrus, avec et sans choix de réponses.

Si, du propre aveu de l’animatrice, la plupart des questions sont faciles et réussies par la majorité des participants, quelques-unes sont plus corsées, et une seule participante identifie correctement que c’est Mozart qui a composé le Trio des quilles, écrit après une partie de quilles entre le compositeur et ses amis. Car oui, les quilles existaient à son époque, ayant été inventées « il y a plus de 5000 ans », dixit la maitresse de jeu.

La valeur ajoutée de ce quiz est le fait que Katherine Verebely ajoute des blagues et donne des compléments sur les différents éléments de réponse. Par exemple, il est intéressant de savoir que le cor anglais s’appelle ainsi non pas par sa nationalité, mais plutôt parce qu’il est anglé, et que l’appellation cor français est erronée et que l’on devrait l’appeler juste cor. Ou encore de savoir que l’Aquarium de Camille Saint-Saëns est joué systématiquement avant chaque projection du Festival de Cannes.

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classique

Virée classique 2024 – OSM et Miloš : Entre classiques et raretés

par Alexis Desrosiers-Michaud

Samedi soir avait lieu le concert avec l’OSM du guitariste Miloš dans le Concierto de Aranjuez de Rodrigo, précédé d’extraits de Carmen de Bizet et d’œuvres de Rossini, Ravel et Mel Bonis.

Passons outre l’ouverture L’italiana in Algeri qui n’apporta rien de magistral et qui était de trop dans ce concert. Les Cinq mélodies populaires grecques de Ravel est un court recueil brillamment orchestré. La mezzo-soprano Emily Sierra l’interprète malheureusement presque sans différence de nuances, n’exagérant les consonnes que dans les mélodies rapides. À l’inverse, dans Carmen, elle joue le jeu du rôle. Avec une voix suave, coquine et résonnante, ajoutant quelques inflexions vocales, le rendu de ce classique est réussi, malgré des accélérations mal coordonnées avec l’orchestre dans la Chanson Bohème.

Avant le Aranjuez, nous avons eu droit à une courte œuvre de quatre minutes de Mel Bonis, Salomé. Nous en aurions pris davantage car cette compositrice, élève de Franck, sait orchestrer. On retiendra la portion centrale de l’œuvre à cinq temps.

Puis, vint Miloš. Il joue avec une très grande précision et une sensibilité aux nuances qui nous amène dans un autre monde. Son dialogue avec le cor anglais reste mémorable et l’orchestre s’ajuste dans son accompagnement, trop présent dans le premier mouvement.

Hélas!, ce moment de grâce fut gâché par une (autre) sonnerie de cellulaire. À ce titre, à travers les toux et les multiples programmes échappés, nous en avons entendu trois hier soir, dont une entre la fin du message d’avertissement et l’entrée du violon solo, ce qui ne manqua pas de soulever un rire généralisé.

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Afrique / jazz contemporain / Maghreb

Virée classique de l’OSM | Le ney virtuose au service d’une fusion jazzo-marocaine

par Alain Brunet

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Fondé par le violoniste lillois Marwan Fakir, le trio Fakir nous mène au confluent des traditions marocaines, surtout gnawas, hmadchas, soufies et du jazz contemporain. L’improvisation autour de thèmes composés en s’inspirant de musiques traditionnelles, classiques arabes ou musique sacrées de l’Islam. Nous n’en sommes certes pas à nos premières expériences de pollinisation croisée entre le jazz et le Maghreb, mais il demeure toujours intéressant d’en découvrir de nouvelles déclinaisons.

Le leader du trio est d’origine marocaine et ses collègues sont Français de souche – le contrebassiste Pierre-Antoine Despatures et le guitariste Louis Desseigne. La formation des trois interprètes et improvisateurs est sans conteste jazzistique. Leur angle d’attaque l’est moins, car ils évoluent en temps réel via des évocations mélodiques typiquement marocaines qu’ils intègrent dans l’environnement d’un trio de jazz. Voilà une excellente piste pour des musiciens de très bon niveau qui doivent se démarquer dans un monde musical difficile où la croissance de l’offre est inversement proportionnelle au marché qui la fait vivre. Dans ce contexte, ils doivent imposer leur esthétique plutôt que d’épater la galerie de leur technique. Car des musiciens de ce niveau, il s’en trouve beaucoup plus qu’avant.

La Cinquième salle de la PdA était bien garnie en ce samedi PM, un mélange de mélomanes issus de l’immigration et d’autres férus de telles fusions entre cultures.

La première partie a été consacrée aux œuvres du Fakir Trio, après quoi un deuxième trio s’est joint pour ainsi transformer l’ensemble en sextuor – le violoncelliste Anwar Saidi et le percussionniste Bertil Schuralbe, dont la caisse claire et le tom de sa batterie singulière sont remplacés par deux derboukas (tambours maghrébins), le tout joué avec les mains plutôt que les baguettes.

Réputé virtuose du ney, flûte de roseau emblématique de la musique marocaine, Rachid Zeroual nous a semblé tout aussi intéressé par la fusion entre musiques marocaines et jazz. On a même amorcé la rencontre par un rythme néo-funky, non sans rappeler Jean-Pierre de Miles Davis, rythme à travers lequel s’est exprimé le soliste principal et aussi ses collègues. La sonorité ensablée du ney était envoûtante, plusieurs exemplaires étaient d’ailleurs nécessaires à l’exécution car un seul ney ne couvre pas tous les intervalles des gammes modales explorées dans cette expression. Magnifique interprète!

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classique / classique arabe / classique occidental / classique persan

Virée classique de l’OSM | Nouveau public et nouvelle approche chez Obiora

par Alain Brunet

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

La suite espagnole no 1, op.47 : V. Asturias, d’Isaac Albeniz, œuvre pour piano souvent adaptée pour la guitare classique et cette fois transformée en musique de chambre, était le premier des Paysages méditerranéens au programme. L’exécution très correcte nous a mis au parfum d’Obiora qui se produisait à la Virée classique pour une 3eannée consécutive, cette fois sous le thème de la Méditerranée.

Lamentation pour orchestre à cordes et percussion, la pièce Luctus Profugis a été composée par le Persan Karim Al-Zand et se voulait une véritable rencontre entre l’Occident et l’Asie centrale, berceau des musiques orientales. Opération réussie.

Les trois pièces suivantes étaient consacrées au soliste Joseph Tawadros. Œuvres conçues pour oud et ensemble à cordes, elles s’inscrivent dans cette approche d’hybridation de la musique classique arabo-égyptienne et de la musique classique occidentale. Les qualités de ces musiques se trouvent dans l’élan de l’accompagnement orchestral et dans la relation entre le soliste et l’ensemble. On aura observé que les défis techniques étaient particulièrement relevés dans la 3e pièce de Tawadros, Sleight of Hand.

Seul problème au programme jusqu’alors, un bébé et un enfant en très bas âge se sont mis à babiller et nous inciter à réfléchir de nouveau à leur admissibilité dans le contexte d’un concert classique en salle où le silence absolu est requis. Pour ajouter aux irritants, des sonneries de téléphone, ce qui a mené l’oudiste virtuose à nous dire de nous la fermer. Avec raison.

On nous avait prévenus que l’Ensemble Obiora évoluerait sans chef, sauf pour Souvenirs de Florence, à l’origine un sextuor à cordes en 4 mouvements composé par Tchaïkovski entre 1890 et 1892. Rafael Payare s’est ainsi amené sur scène pour nous rappeler son soutien fervent l’évolution du seul orchestre de chambre de ce niveau à représenter la diversité culturelle montréalaise.

Les applaudissements entre les mouvements sont toujours un indice de méconnaissance de certains auditoires, c’était le cas samedi à la Maison symphonique, voilà néanmoins la preuve qu’Obiora attire de nouveaux auditoires avec de tels répertoires hybrides. Qui s’en plaindra?

Quant à l’oeuvre elle-même, on dira que sa saveur méditerranéenne est assez discrète pour ne pas dire ténue, à peine perceptible aux 3e et 4e mouvements. Nous sommes plutôt en Russie avec quelques effluves venues du sud! Ce qui, visiblement, a été bien assimilé par les musiciens d’Obiora et du maestro Payare venu de nouveau à leur rencontre dans le contexte de la Virée classique.

arabo-andalou / Maghreb

Virée classique de l’OSM | Un orchestre arabo-andalou de MTL

par Alain Brunet

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

L’orchestre Mezghena de Montréal réunit plus de cinquante instrumentistes, dont une majorité de musiciennes et solistes de sexe féminin.

Étonnant ? Pour la mère d’une des instrumentistes, il semble que ce soit une pratique répandue. Wow ! Chose certaine, la déclinaison montréalaise de l’idée d’un orchestre de musique arabo-andalouse de type algérois, sous-genre d’un genre mis au point à l’époque où l’Afrique du Nord et la péninsule ibérique étaient liées politiquement et culturellement, implique la participation plus que paritaire des femmes au sein de l’orchestre – oudistes, bouzoukistes, violonistes, percussionnistes, chanteuses, etc. vendredi au Complexe Desjardins, on devinait que les interprètes n’étaient pas tous professionnels, le niveau d’exécution n’en était pas moins acceptable, voire étonnamment bon. Chanteuses et chanteur se sont tour à tour exprimés avec cet orchestre de grande taille, rien de moins. Sous la direction de Sid Ali Mohand Arab, éduqué musicalement à Alger et donc spécialiste de musique classique arabe et arabo-andalouse, l’orchestre Mezghena de Montréal est un bijou de l’immigration maghrébine au Québec. De prime abord, il attire la population maghrébine locale mais aussi tous les mélomanes venus explorer gratuitement la Virée classique de l’OSM 2024. C’est ainsi qu’une ville inclusive s’enrichit de sa culture locale venue d’ailleurs. Belle découverte !

POUR EN SAVOIR DAVANTAGE SUR L’ENSEMBLE MEZGHENA , C’EST ICI

classique / jazz

Virée classique de l’OSM | 5 cuivres, 5 styles

par Alexis Desrosiers-Michaud

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Il fallait arriver tôt au concert du quintette de cuivres et percussions de musiciens de l’OSM; même 10 minutes d’avance, il n’y avait plus de places assises dans l’enceinte installée à l’Espace Georges-Émile Lapalme. C’est un concert varié qui s’annonce, avec des œuvres allant de la Renaissance au jazz, en passant par le folklore.

Dans le Canzon de Giovanni Gabrieli, on a eu droit à un son résonnant, profitant de l’endroit vaste. Le tuba est plutôt fort et lourd, mais ça s’ajustera. Belle hégémonie de son des trompettes. Dans la suite de Isaac Albéniz, Austin Howle nous démontre une belle agilité au tuba et on remarque les cadences de Rob Weymouth à la trompette et de Florence Rousseau au cor, qui ont fait étalage d’un son clair.

Le morceau le plus connu était sans doute le célébrissime Nessun Dorma. Nous avons eu droit à un touchant solo du tromboniste Charles Benaroya, au lyrisme vibrant, et ce malgré quelques écarts de justesse.

La fin du concert s’annonçait dynamique. Plus en retrait, le percussionniste Corey Rae a eu son moment de gloire, alors qu’il donnait du rythme à la pièce festive et folklorique Samanta Cocek et au standard A Night in Tunisia de Dizzy Gillespie.

Tour à tour, les musiciens se sont adressés au public et ont présenté leur instrument, ce qui donna droit à un malaise. Lorsqu’il s’adressa au public en anglais, l’Ontarien Weymouth a subi les doléances de spectateurs réclamant une intervention/traduction en français.

Crédi Photo: Gabriel Fournier

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classique

Virée classique de l’OSM | Un Requiem de contrastes

par Alexis Desrosiers-Michaud

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

L’Orchestre symphonique de Montréal et son chœur étaient en pleine forme pour le premier concert de la fin de semaine de cette Virée classique, dans le Requiem de Guiseppe Verdi.

Ce qui frappe dès le début est le respect et la justesse des nuances, tel qu’indiqué dans la partition; les indications « très doux » sont quasi imperceptibles et les « très forts » défoncent le plafond, au point de faire littéralement vibrer les plexiglass sur scène. Par contre, quand on chante piano, il faut exagérer les consonnes, et tant chez les solistes qu’avec le chœur, on perd les premières consonnes des mots. À l’inverse, celles terminant lesdits mots sont plus sonores.

Les quatre solistes, dont le ténor, Oreste Cosimo (oublié dans le programme), chantent non pas avec la partition en mains mais déposées sur un lutrin. Ce faisant, ils peuvent « jouer » leur texte. La mezzo-soprano Rihab Chaieb se démarque à ce chapitre en se détachant de la partition pour interagir avec ses homologues ou encore en regardant fixement le public pour transmettre l’émotion.

Le chœur est solide, juste et équilibré. Il chante assez fort pour se faire une place dans le tintamarre du Dies Irae et du Tuba Mirum. Cependant, dans le Sanctus, l’orchestre et le chœur sont sur deux paliers différents. L’orchestre est fort et festif tandis que le chœur se retient, angélique. Cette partie, à 8 voix, devrait ressortir davantage pour percevoir les diverses entrées et éviter de se faire engloutir.

Crédit photo: Antoine Saito

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classique occidental / période romantique

Virée classique de l’OSM | Une balade en sol méditerranéen réussi pour l’OSJM

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Le Complexe Desjardins a vibré aux sons de la Méditerranée avec un Orchestre symphonique des jeunes de Montréal solide et plein de vivacité dans un programme ensoleillé qui a fait mouche. L’orchestre, fondé en 1976 et dirigé depuis 1986 par Louis Lavigueur, en était à sa quatrième participation à la Virée classique de l’OSM, une belle symbolique et une participation que nous souhaitons voir se maintenir entre l’ensemble montréalais et les jeunes de l’orchestre, des jeunes qui, comme l’a fait remarquer très justement maestro Lavigueur, compteront sûrement dans un avenir rapproché parmi les nouveaux membres de l’OSM ou de l’OM. Le programme qu’il avait concocté a permis d’être témoin de la qualité du jeu des musiciens. Débutant le concert avec la pétillante « Ouverture » de l’opéra L’Italienne à Alger de Rossini, l’orchestre a par la suite accueilli le violoniste Justin Saulnier, lauréat du 2e prix du Concours de l’OSM en 2023, pour interpréter le cinquième mouvement de la Symphonie espagnole d’Édouard Lalo. Saulnier a démontré une belle agilité technique avec un son clair et mordant, malgré quelques petits défis de communication avec le chef, notamment pour quelques ralentis. Rien cependant de majeur pour venir gâcher la performance. Assurément la pièce la plus complexe du programme, la Suite provençale de Darius Milhaud a offert un jeu de texture et de couleur des plus enlevants. L’orchestre a conclu sa performance d’une heure par une interprétation du Capriccio espagnol de Rimski-Korsakov des plus vivifiantes où plusieurs sections instrumentales de l’orchestre ont pu briller par la maîtrise de leur instrument.

crédit photo: Gabriel Fournier

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classique occidental / période classique

Virée classique de l’OSM | Raconter en musique Madame de Staël

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Intitulé Sur les traces de Madame de Staël, Esther Laforce, bibliothécaire à la BAnQ, proposait un parcours musical à travers une partie de l’œuvre de la femme de lettres française et genevoise accompagnée par le harpiste Antoine Malette-Chénier. C’est le roman Corinne ou l’Italie qui servait de trame de fond au récit. Le public était amené à découvrir le personnage éponyme de l’autrice, une poétesse italienne, et de son histoire d’amour avec Lord Oswald Nelvil, un noble anglais. La recherche soutenue et le récit brossé encore une fois très justement construit par Esther Laforce se présentent comme une forme de déambulatoire où l’on suit l’évolution de la relation entre les deux protagonistes, notamment à travers leur état d’âme et à travers différents lieux mythiques de l’Italie, de Rome en passant par le Royaume de Naples. Commentant musicalement l’action avec des pages tirées essentiellement du répertoire pour harpe du XVIIIe siècle (Krumpholtz, Petrini, Naderman), Antoine Malette-Chénier a joué son rôle à la perfection, incarnant à sa façon le personnage de Corinne dont la lyre était l’instrument de prédilection. Ses interventions étaient tour à tour empreintes de légèreté, de mélancolie et de tourment.

Malgré une bonne prestation musicale, nous avons trouvé plus difficile de connecter avec le récit et ses personnages, comparativement à l’année dernière où la relation épistolaire entre George Sand et Frédéric Chopin offrait des moments plus légers et même humoristiques. Ici, le style du langage et la teneur du propos demandent une concentration un peu plus soutenue et intérieure, que l’emplacement ouvert et semi-achalandé de l’Espace GEL rend plus difficile à apprécier pleinement.

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classique occidental

Virée classique de l’OSM | Amener les instruments de l’orchestre au public

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Pour une autre année, dans le cadre de la Virée classique, l’OSM sort les instruments de la salle de concert et les emmène à la rencontre du public montréalais.

Ayant élu demeure dans le Salon Urbain situé directement en face de l’entrée de la Maison symphonique, ce sont diverses installations présentant des instruments comme le cor, le saxophone, la clarinette, la flûte, le violon, le violoncelle, de multiples percussions et même l’orgue. Animé par des experts, chaque kiosque permet à la fois d’en apprendre sur la famille d’instruments, sur la lutherie ainsi que sur la facture d’orgue, entre autres. On peut même essayer certains instruments !

Lors de notre passage, une petite foule avait commencé à se former autour des différents kiosques où des jeunes et des adultes curieux posaient leur question et testaient les instruments présentés devant eux. Une activité ludique, accessible pour tous, où chacun peut y trouver son compte et, qui sait, être la bougie d’allumage nécessaire à certains pour entreprendre l’apprentissage d’un instrument.

Cette activité se déroule jusqu’au dimanche 18 août pour celles et ceux qui souhaiteraient découvrir ces instruments de l’orchestre. Des ateliers plus complets sur les instruments à cordes, les vents et les percussions sont également au menu de la programmation.

POUR CONSULTER LA PROGRAMMATION COMPLÈTE, C’EST ICI

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Virée classique de l’OSM | Coup d’envoi à l’orée d’un week-end méditerranéen

par Alain Brunet

Sobrement et justement animé par André Robitaille sur l’Esplanade du Parc olympique devant un public de masse, le coup d’envoi de la 11e Virée classique de l’OSM a été une autre occasion de s’ouvrir à une conception planétaire de la musique classique, à tout le moins méditerranéenne. Faire cohabiter dans un même programme Piotr Ilitch Tchaïkovski, Hector Berlioz, Ottorini Respighi avec Joseph Tawadros, grand soliste du oud et compositeur contemporain issu de la musique classique arabe, voilà un autre signe des temps et une illustration supplémentaire de cette mondialisation inclusive de la musique classique selon l’OSM et Rafael Payare.

D’abord, les amours tragiques de Francesca da Rimini, une Italienne du 13e siècle immortalisée dans une œuvre de Dante (La divine comédie) et ayant inspiré le compositeur russe dans une œuvre écrite en 1876. Cette fantaisie symphonique comporte-t-elle des éléments de culture méditerranéenne? Dans l’inspiration romanesque, certes, mais cela ne déroge pas vraiment de la patte tchaïkovskienne dont on apprécie le génie une fois de plus. Cette œuvre vigoureuse, avec ses fusées de cordes et bois, ses pétarades de cuivres et circonvolutions virtuoses des cordes, a été servie avec éclat, passion et haute virtuosité.

Au centre du programme, nous avions l’Ouverture du Carnaval romain (1844), une œuvre vigoureuse, fondée ses thèmes de son opéra Benvenuto Cellini. Si l’impression de génie compositionnel est ici moins forte, mais l’exécution s’avère plus que correcte.

En deuxième et quatrième place au programme, l’oudiste Joseph Tawadros, natif du Caire mais élevé en Australie, nous a donné quelques indices de son hybridation de musique classique arabe en version symphonique occidentale. Originalement fringué ( chemise rose, bonnet oriental, moustache et barbe stylisées), l’instrumentiste virtuose s’est mis en scène dans deux compositions pour oud et orchestre. On sait que l’oud est un instrument à cordes très proche du luth et ancêtre des instruments à cordes pincées, à commencer par la guitare, on sait aussi que cet instrument a gagné en notoriété depuis quelques décennies. Les œuvres symphonique de Tawadros au programme ne sont pas de profonde singularité et complexité harmoniques, elles se veulent davantage une extrapolation de leurs mélodies et parties spécifiques de l’oud. Permission to Evapore évoque la mort des parents du compositeur. Comme son titre l’indique, Constantinople nous mène aux frontières de l’Occident et de l’Orient, encore là les constructions orchestrales sont relativement limitées harmoniquement, car elle sont d’abord au service de la mélodie et du rythme, comme c’est le cas de la musique classique arabe qui a, jusqu’à une période récente, évacué la polyphonie. Pour ces raisons, on peut avoir l’impression d’une pop instrumentale plutôt que de grande musique, mais c’est un leurre, car les qualités de ces œuvres se trouvent ailleurs, notamment dans cette ligne virtuose délicieusement exécutée à l’unisson par Tawadros et Andrew Wan, premier violon de l’OSM.

En dernier lieu, on a eu droit à de la musique composée en 1924, poème symphonique s’inscrivant au deuxième rang d’une trilogie consacrée à Rome. Il y a exactement un siècle, donc Ottorino Respighi exprimait en musique la grandeur de Rome et Pini di Roma en témoigne fort bien. On sent bien la modernité de certaines harmonies orchestrales mises au point au tournant du 20e siècle. Mélange de post-romantisme et de modernité, ce poème symphonique inclut différents éléments de musiques populaires, dont une marche que nous qualifierons de légionnaire en conclusion, précédée par la surimpression de chants d’oiseaux préenregistrés comme l’avait prévu Respighi. Visionnaire de son époque, dites-vous? Tout à fait approprié pour conclure ce Voyage méditerranéen précédant plusieurs autres expériences sonores inspirées de près ou de loin à la culture musicale de Méditerranée.

opéra rock

Starmania : la tentation d’exister

par Claude André

Dans sa toute dernière mouture, l’opéra-rock postmoderne hybride que Michel Berger et Luc Plamondon créèrent en 1978 trouve un souffle nouveau grâce à une relecture du livret et une époustouflante mise en scène.

À l’heure où pleuvent les bombes et que se multiplient dans le monde les attentats terroristes, un personnage façonné par la télé pourrait redevenir « président de l’univers » avec l’aide d’un magnat des réseaux sociaux, la dystopie starmanienne se vérifie plus que jamais.

Ajoutez à cela des zonards désœuvrés et violents, un peuple asservi à coup de fausses nouvelles et des marginaux nihilistes qui se posent des questions existentielles sur le sens de la vie et de l’amour non conventionnel, et vous avez tous les ingrédients qui cristallisent la société actuelle, représentée par le destin croisé de huit personnages dont sept vont mourir dans une métropole faite de gratte-ciels où les gens sont obsédés par la célébrité et la radicalité.

« Proposer une narration lisible, par-delà de la vie autonome que les chansons ont acquises en 40 ans de succès (…). Remettre à jour ce livret, certes visionnaire, mais toujours très parlant aujourd’hui en travaillant sur l’ordre des chansons, les transitions, en faisant réapparaitre un personnage disparu depuis la première version (le gourou)… »

C’est ce qu’a voulu faire le metteur en scène Thomas Joly, celui à qui l’on doit la grandiose et provocante ouverture des JO de Paris, en utilisant, notamment, une approche multimédia inspirée parfois du cinéma direct.
Pour parvenir à capturer la substantifique moelle de l’œuvre sur le plan émotionnel, avant que le succès éclatant des diverses versions ne la dilue, que ce soit pour une note ici ou un tempo-là, cette nouvelle mouture a été inspirée par la partition manuscrite du regretté Michel Bernholc, arrangeur de la version originale.

Du point de vue visuel, grâce à une machinerie ambitieuse, à des costumes flamboyants et à une architecture lumineuse à la fois captivante et sophistiquée, la plupart des chansons qui accompagnent nos vies depuis des décennies en ressortent sublimées.

La plupart? Il faut le dire, certaines pièces nous semblent plus ternes au regard du bouquet d’immortelles que contient l’œuvre et qui peuvent ralentir le rythme.

Aussi, si l’auteur old school de ces lignes cherchait parfois avec une certaine nostalgie la fougue de Balavoine dans Quand on arrive en ville, ou la posture charismatique et moqueuse de Dubois dans le fameux Blues du businessman ou encore la désespérance contagieuse de Fabienne Thibault dans Le monde est stone, il faut se rendre à l’évidence : les interprètes d’aujourd’hui tiennent largement la dragée haute et marqueront fort probablement les jeunes générations à l’image de leurs prédécesseurs, bien que nous aurions pu espérer une plus grande variété de tonalité dans le choix des voix féminines.

Malgré ce bémol et une acoustique qui fit se fracasser certaines rimes dans l’aréna qu’est originellement la Place Bell, ce spectacle généreux qui dure trois bonnes heures, dont vingt minutes d’entracte, et dans lequel se déploie une trentaine de chanteurs, danseurs et musiciens, s’avère à nos yeux l’ultime version de ce désormais cultissime opéra-rock.

Crédit Photo: Anthony Dorfmann

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