MUTEK Montréal 2023 et PAN M 360, voilà une combinaison qui tombe sous le sens ! Voilà pourquoi notre équipe s’y consacre cette semaine. Les férus de musiques électroniques de pointe et de création numérique se retrouvent cette semaine à Montréal, alors suivez la vibrante couverture de notre équipe , et ce jusqu’à dimanche!
Crédits photos : Frédérique Ménard-Aubin
Airhaert
Airhaert foule moins la scène qu’elle la remplit, telle un nuage de fumée. Sa musique, comme elle, trouve sa source dans les profondeurs de la terre, et cherche à nous y ramener. Entre rythmes trip-hop, techno ambient, passages de voix drapées à la Grouper, l’aspect méditatif et spirituel du projet se fait entendre et ressentir. La voix est utilisée comme un courant d’énergie céleste qui traverse l’espace autrement sombre de la musique. Elle fait penser à des fantômes d’une phrase, d’une pensée, oubliées depuis longtemps dans le fond de l’être, déconstruits peut-être en leur forme, mais ayant acquis un tout nouveau sens. Ces voix sont texture, elles sont le cours d’un ruisseau, et il est tentant de les laisser entrer en nous pour ce qu’elles mêlent à nos courants, chauds et froids, incertains et obsédés. Parce qu’après tout, l’eau est un courant sûr, qui aboutit toujours.
Le récent album d’Airhaert, I. I. (pour Intuitive Intelligence) se veut une exploration de l’Être dans ses profondeurs, une expérience hypnotique, méditative, enracinée et introspective qui cherche à explorer la notion de musique thérapeutique. Sur scène, l’album prend quelques tournures spontanées, sans doute au gré du moment et de l’attrait des boutons, roulettes et indicateurs qui entourent l’artiste. Malgré l’improvisation qui engendre parfois des transitions plus brusques, on peut quand même se perdre au fond de la musique, ou de nous-mêmes!
Dawn to Dawn
Dawn to Dawn est ce trio formé de la chanteuse montréalaise Tess Roby, avec Patrick Lee et Adam Ohr. Ensemble, ils possèdent ce son électro vespéral qui caresse les oreilles, son parfait pour s’imaginer une promenade nocturne à haute vitesse dans un paysage urbain futuriste et bourré de néons.
Empruntant aux codes de la pop, leur style est sobre, mais efficace. Les synthés sont ronds et luisants, comme des nuages au crépuscule, alors que la basse et les percussions, aux accents techno et breakbeat, sont prépondérantes. La voix de Tess Roby, elle, est planante, dansant légèrement dans les fines éclaircies du paysage que les trois confectionnent.
Vers la moitié du spectacle, les chansons montent en énergie et en tempo. La voix de Roby, se produisant à l’avant-scène, s’élève avec la musique. Ils ne sont peut-être pas les plus tape-à-l’oeil, mais parfois on aime mieux quand les lumières sont tamisées. La musique de Dawn to Dawn est ainsi: chaude, légère et attirante comme des lumières lointaines lors d’une nuit d’été. Celles qui nous rappellent que nous ne sommes pas seuls.
The Mole
Après plus de 20 ans à Berlin, The Mole, alias Colin de La Plante, est de retour au Canada.
Celui qui s’est fait connaître à Montréal comme DJ dans les années 2000 offre une proposition lourde en échantillons. Des voix découpées, des extraits de breaks instrumentaux, des morceaux de paroles, tout s’enchaîne dans un espace sonore bâti sur mesure avec grand soin. Son projet « Go Wiggle! », qu’il présente sur la scène de l’Esplanade Tranquille, est basé sur les paroles de Parliament/Funkadelic.
À travers sa performance, The Mole tisse les différentes parties de son exposé musical avec des fondus. Des rythmes entrent alors que d’autres partent, une nouvelle mélodie supplante la précédente, et, progressivement, de nouveaux sons s’intègrent, au point où on ne se rappelle plus ce qui sortait des haut-parleurs quelques minutes plus tôt.
Travaillant partiellement avec des vinyles, Colin de La Plante recherche définitivement une esthétique rétro. La proposition reste assez conventionnelle et ne s’avance pas trop dans l’expérimentation. Plutôt, chaque morceau se déploie lentement et minutieusement, dévoilant une sensibilité ainsi qu’un instinct de progression de la part de l’artiste, qui nous laisse le temps de remarquer les changements, fluctuations et perturbations qu’il engendre. En fin de compte, cela devient un spectacle qui a du bon groove, et qui arrive à être agréablement varié et envoûtant.