Le Quatuor Quasar offrait mardi soir un hommage à Claude Vivier. Présenté en octobre à Paris, les Montréalais ont eu la chance de voir ce spectacle fort intéressant et surtout très créatif. Il est certain que le Vivier est fier d’avoir organisé cet hommage à un compositeur qui a inspiré plusieurs, et pas seulement le nom de l’organisme.
Quasar rassemble des virtuoses du saxophone en un noyau serré et impressionnant, tant sur le plan technique qu’expressif. Les explorations de leurs instruments sont fascinantes et l’aisance avec laquelle ils font claquer, vibrer, sauter et crier leurs instruments est un art en soi. Parmi toutes les sonorités atypiques et souvent incongrues qui ont été entendues hier soir, peu semblent avoir réellement donné du fil à retorde aux musiciens.
La mise en scène était particulièrement soignée. Une scène centrale, entourée d’un rideau transparent, occupait l’Espace Orange. Tantôt à l’avant de cette scène, tantôt sur celle-ci, l’éclairage et l’aspect flottant de la disposition contribuaient à créer une atmosphère intime. On regrette un peu que l’éclairage pendant une grande partie du concert ait été si bas, rendant impossible de suivre le programme (très beau) qui aurait été bien de consulter pour situer les œuvres jouées en succession. Heureusement, plusieurs des compositeurs ont pris le temps de présenter les œuvres jouées et on s’est immédiatement senti plus engagé.
Les œuvres au programme étaient quant à elle intéressantes, mais parfois inégales. La pièce de Claude Vivier qui ouvrait le concert, Pulau Dewata, offrait une perspective différente de la musique de Vivier, avec une esthétique presque minimaliste avec les motifs répétés et en évolution. C’est un des seuls points communs avec les autres œuvres présentées au programme. La deuxième pièce, L’instant liquide par Florence M. Tremblay, était fluide et fort agréable. Elle explorait de façon excellente les registres atypiques des instruments et on se sentait emportés par les vagues de la partition. Les autres œuvres de Gilles Tremblay, Paul Méfano et Émilie Girard-Charest semblent tous avoir adopté cette perspective, ce qui eut l’effet d’exacerber l’agressivité de certaines sonorités. Certaines utilisations des techniques se mariaient bien à l’ambiance et à la trame narrative des œuvres, alors qu’à la fin, pour la plupart d’entre-elles, l’effet de nouveauté s’estompait. On avait l’impression de voir un atelier sur les différentes possibilités plutôt qu’une œuvre uniforme.
La dernière pièce, Cinq pièces liquides de Yassen Vodenitcharov, sort de ce moule et l’effet est agréable. À la fois une évocation de la peinture et un hommage à différents artistes disparus, on est surpris par les bruitages ajoutés et une fluidité plaisante qu’on avait perdu depuis la pièce de Florence M. Tremblay.
Les œuvres jouissaient, chacune d’entre-elles, d’une créativité débordante. Les compositeurs ont osé, et on apprécie grandement. On voudrait en avoir plus, mais probablement dans une disposition différente. Dans tous les cas, l’exécution virtuose du Quatuor Quasar a rendu non seulement hommage à Claude Vivier, mais aux compositeurs présents également.
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