Le festival Nuits d’Afrique démarre en fanfare!

par Stephan Boissonneault

J’arrive à la première soirée de Nuits d’Afrique, à 20 h 40 au Club Balattou; Lindigo, un groupe de percussions maloya de huit musiciens, a déjà entraîné l’auditoire dans une danse frénétique et moite. Dirigé par le charismatique Olivier Arasta, impec dans sa veste dorée à motifs géométriques, Lindigo met la foule en ébullition, sautant, virevoltant et chantant en créole.

On ne croirait pas qu’il s’agit d’un mardi soir, vu la salle bondée, mais Lindigo a manifestement des fans ici, ou alors s’ils n’en avaient pas, ils en ont désormais. Le mélange des tambours conga, du kamelengoni et du balafon (le xylophone ouest-africain) est un véritable spectacle.

« Êtes-vous prêts à aller à Madagascar? » crie Olivier. La foule perd la tête et applaudit.

Je me sens mal pour les serveurs qui doivent se faufiler dans la foule, car tout le monde essaie de faire des mouvements de danse complexes, en essayant de suivre le rythme des percussions. Or, les serveurs ont eux aussi le sourire aux lèvres!

Lindigo au Balattou

Lindigo

Le maloya est un genre musical né avec les esclaves amenés pour travailler dans les plantations de cannes à sucre. Il est devenu une arme de résistance culturelle, qui a été interdite jusque dans les années 1980. Lindigo s’est donné pour mission de préserver ces sons et de les transmettre de génération en génération.

Toujours sur Saint-Laurent mais au sud du Balattou, un autre homme – également vêtu d’une veste dorée à motifs géométriques – monte sur la scène du Ministère. Il annonce avec anticipation la première partie, un DJ québécois qui se fait appeler Oonga. La foule est prête et bientôt une vague de drum and bass funky et lourde envahit la salle. C’est bruyant, on transpirant une fois de plus, et une partie du public plus âgé ne sait pas comment réagir!

Oonga joue une quarantaine de minutes, jusqu’à ce que la tête d’affiche de la soirée, un trio colombien de Bogota qui s’appelle Ghetto Kumbé monte sur scène. Celle-ci est sombre, éclairée seulement par les masques phosphorescents de Ghetto Kumbé, reliés à des dreads phosphorescents. Cela me rappelle le laser tag, mais mené par des monstres prêts à ensorceler, dans un rituel musical, l’esprit de leurs adeptes… -et c’est exactement ce qu’ils font. Il y a deux batteurs qui martèlent des rythmes afro-colombiens, soutenus par une autre « créature » qui produit de la house colombienne gargantuesque.

Ghetto Kumbé au Ministère

Si vous êtes déjà retrouvés dans une discothèque d’Amérique du Sud, dites-vous que c’était comme ça hier soir, mais avec le volume à 11. Toute la salle tremble, un homme court pour rattraper son verre de bière qui se dirige vers le bord de la table. Ghetto Kumbé rappe aussi, assez bien, tandis que les deux MC alternent entre la batterie et le micro. Armé de mon espagnol rouillé, je crois entendre un appel à la révolution contre les gouvernements corrompus de la planète, une cause qui a l’assentiment de tous. Je baigne dans le futurisme afro-colombien. Pas mal pour un mardi soir.

Photos : Stephan Boissonneault

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