Gravez bien ce nom dans vos mémoires : Kee Avil, qui vient de lancer Spine, un second opus sous étiquette Constellation, passe actuellement du statut d’artiste émergent de la scène montréalaise à une fort possible reconnaissance internationale. La performance donnée le jeudi 30 mai au Centre Phi mène à croire que Montréal peut compter sur une nouvelle artiste d’exception.
Pourquoi donc?
Parce qu’elle fusionne singulièrement ses influences et offre une performance unique devant public : avant-rock, post-industriel, électroacoustique, noise, glitch minimal, drone, avant-folk, free-jazz, performance immersive et… on pourrait dire d’esprit rock dans l’ensemble.
Parce qu’elle exprime brillamment le désarroi, la rupture, le chaos, l’errance, la pourriture, la moisissure de nos existences (voir la pochette de Spine!), la pénombre, mais aussi la lumière du talent qui jaillit des craques.
Pendant la quarantaine de minutes que dure son nouvel album et l’heure et demie de son nouveau spectacle, Kee Avil parcourt un vaste éventail de musiques modernes, en varie les couleurs sans jamais abuser des ingrédients, se limitant à quelques sources sonores pour définir l’influx de chacune de ses chansons, poésies sonores ou parties instrumentales.
Guitare en bandoulière, elle est assistée d’un percussionniste équipé de déclencheurs électroniques, Kyle Hutchins, ainsi que d’un sonorisateur avisé, Zachary Scholes, qui sait traiter les informations balancées en temps réel.
Le personnage Kee Avil qu’incarne Vicky Mettler arrive à maturité. Nous sommes ici dans un environnement unique devant public, la musique déjà qu’elle transcende son répertoire déjà enregistré. Les vidéos de la compositrice et artiste multi-disciplinaires Myriam Bleau, mettant à contribution l’IA, contribuent à sceller l’enveloppe dans laquelle se trouve le public.
Kee Avil chante, récite, scande psalmodie une poésie extrêmement personnelle, le tout concocté dans un mystérieux cocon. Devant nous, le superbe papillon de nuit émerge de sa gestation.