L’interprète et compositrice Erika Angell (de Thus Owls) lançait hier soir au Ausgang Plaza à Montréal son premier album solo, The Obsession With Her Voice (dont il a abondamment été question dans l’entrevue que j’ai réalisée avec l’artiste – entrevue à écouter ici!). Bien remplie, la place a résonné aux ondes parfois planantes, parfois spirituellement incandescentes, de la musique de la Montréalaise d’origine suédoise. La voix, belle et juste, était régulièrement manipulée par un appareillage électronique. À côté d’elle, la batterie de Mili Hong (excellente) donnait parfois l’impression d’avoir une vie indépendante. Mais c’est voulu. Pour étoffer le tout : un trio à cordes favorisant les notes graves, soit deux violoncelles (Audréanne Filion et Jean-Christophe Lizotte) et un alto (Thierry Lavoie-Ladouceur). Le public nombreux a écouté avec une remarquable attention une musique somme toute exigeante, parfois même difficile. C’est que Angell ne fait pas ici de la pop aguichante. Elle explore les possibilités expressives de ses propres capacités vocales à travers des lignes longues, épurées, mais harmoniquement trempées dans un modernisme sophistiqué. Les textes, eux aussi, élèvent le niveau avec un symbolisme réfléchi. Cela dit, sur fond de pulsation en beat box de diverses tendances, de ronronnement de cordes post-romantiques et de batterie souvent arythmique, l’artiste a su gagner avec conviction le le public, qui a fait preuve d’une écoute remarquablement intéressée et respectueuse. Celui-ci était comme en transe devant la belle de scène qui s’est élevée à un niveau de qualité musicale tenu par seulement quelques autres artistes féminines, genre Björk, Joanna Newsom, Kate Bush (même si Erika est totalement différente, stylistiquement).
La soirée se déroulait dans le cadre du festival FIKA(S) consacré à la culture scandinave/nordique. CONSULTEZ LA PROGRAMMATION DU FIKA(S).