Créé le vendredi 7 juin à la Maison symphonique de Montréal par l’Orchestre Philharmonique et Choeur des Mélomanes sous la direction du jeune maestro Francis Choinière, le Requiem de François Dompierre est l’occasion de réfléchir sur la notion de… requiem.
En Occident, le requiem est une messe du rite catholique que l’on célèbre lors de funérailles ou d’une cérémonie commémorative d’un défunt.
Comme l’a souligné son compositeur à la blague, il est assez inusité qu’on célèbre les funérailles de quelqu’un de son vivant ! Âgé de 80 ans, Dompierre n’est certes pas un catholique pratiquant, il est plutôt tributaire d’une culture religieuse catholique mais on lui suppose une posture agnostique encline à la spiritualité. Le Requiem de Dompierre relève plutôt de l’évocation historique, notamment celle de son enfance et adolescence alors qu’il fut organiste et donc interprète de musiques sacrées, de la mort d’une époque et de la proéminence d’une période trouble de l’humanité.
D’entrée de jeu, donc, son Requiem ne relève plus de la musique sacrée, mais plutôt d’une forme ancienne réaménagée en 2024 afin d’illustrer les sentiments humains qui habitent la fin de quelque chose. À partir de là, toutes les libertés sont possibles. Entre la nécessité d’évoquer la forme ancienne et l’obligation de l’actualiser formellement vu la posture philosophique de son compositeur, l’équilibre n’est pas facile à trouver.
Comment ne pas évoquer le legs du passé si on prétend rester dans la forme Requiem et une écriture tonale? Comment ne pas évoquer les Requiem de Mozart (et ses collaborateurs) , Verdi, Fauré ou Britten, ceux qu’il dit préférer? On en trouve des éléments dans son Requiem, une forme orchestrale fidèle à sa structure originelle mais dont les choix harmoniques se rapprochent forcément de ceux qu’il a faits pour ses musiques de film, tout au long de sa fructueuse carrière.
Il s’agit d’une œuvre composite, utilisant des matériaux et des formes orchestrales du passé et du présent, ces dernières étant souvent associées à des bandes originales, comme celles de Leonard Bernstein, pour leur fusion du post-romantisme et des formes modernes nord-américaines, à commencer par le jazz. Plusieurs passages de ces 12 tableaux sont assurément marqués par la beauté. C’est avant tout ce qu’il faut en retenir , , à condition bien sûr de rester ouvert à la touche Dompierre dans un tel contexte.
Certes, des esthètes du requiem trouveront ici matière à discussion ou à rejet, car tout n’est pas parfaitement respecté dans cette évocation d’une forme portant un texte sacré qui ne peut être autre qu’une évocation si l’on ne croit plus vraiment au christianisme, au catholicisme et à ses croyances mystiques.
Nous aurons l’occasion d’y réfléchir à nouveau lors de la sortie de l’enregistrement du Requiem de Dompierre en septembre.
On peut parler ici d’une œuvre composite, c’est-à-dire utilisant des matériaux et formes orchestrales du passé et du présent, ces dernières souvent associées aux bandes originales, dont celles de Leonard Bernstein pour leur fusion entre post-romantisme et formes nord-américaines modernes à commencer par le jazz.
Assurément, les esthètes du requiem y trouveront matière à discussion ou à rejet, car tout n’est pas parfaitement respecté dans cette évocation d’une forme qui ne peut être autre qu’une évocation si on ne croit plus à la chrétienté, au catholicisme et à ses croyances mystiques. Nous aurons l’occasion d’y réfléchir de nouveau lorsque l’enregistrement de ce Requiem de Dompierre sera rendu public en septembre prochain.
Cette œuvre composite de Dompierre a été ainsi créée par Francis Choinière, celui-là même qui avait suggéré au compositeur de l’écrire. Dans le contexte, le chef a dirigé un orchestre et choeur solides, des solistes bien assortis et performants – Myriam Leblanc, soprano, Andrew Haji, ténor, Geoffroy Salvas, baryton.
En première partie Francis Choinière, son orchestre et son choeur ont interprété le Requiem de Fauré, une œuvre relativement récente dans l’histoire des requiems (composé et réaménagé de 1887 à 1901), une des dernières à avoir vraiment marqué cette forme devenue prétexte à d’autres formes comme celle envisagée par Dompierre.
Assurément, le véhicule de Francis Choinière a trouvé son public et pourra grandir avec lui. La ferveur de ces milliers de mélomanes ayant adopté l’OPCM est un puissant acquis qui permettra au maestro de mener son jeune orchestre à un niveau supérieur à celui atteint, déjà étonnant.