Électrisante performance, ce jeudi 14 novembre au Club Soda, de la part du power trio rock zouz, qui conforte sa place au rang des groupes québécois les plus prometteurs et pertinents de l’heure.
« On s’est dit que c’était pas grave si ça passe pas à la radio, que c’était pas grave si ça ne plaît pas à tout le monde. C’est pas notre but », dit David Marchand, meneur de la formation, quelques secondes avant d’interpréter la pièce-titre de Jours de cendre. Il est vrai que zouz ne semble pas destiné à donner un jour un spectacle d’envergure sur la Place des festivals pendant les Francos. Seul Karkwa, dans le même genre, a réussi cet exploit dans ces dernières années. Parce que Karkwa, c’est Karkwa.
zouz pourra toujours pourtant compter au gré des années sur une niche fidèle, une niche passionnée. Si quelques néophytes curieux de l’univers zouzien se trouvent ce soir dans la salle, sans doute rejoindront-ils les yeux fermés ce culte délirant. Impossible de ne pas se laisser prendre par les riffs mordants et techniques de Profiteur, dur de ne pas se faire charmer par l’air sinistre d’Une main lave l’autre.
Avant pratiquement chaque morceau interprété, zouz laisse l’angoisse planer en musique, il repousse sans cesse la secousse. Les lignes de guitare et de basse se font d’abord discrètes, les coups de batterie également, mais le public sait ultimement ce qui l’attend. On tourne autour du pot, et puis, enfin, ça explose. Le mosh pit prend et reprend. Ça pousse, ça saute, ça gesticule sur le plancher. La chanson se termine, le temps qu’on reprenne notre souffle, mais zouz ne nous laisse pas de répit, zouz recommence. Encore, encore et encore. Une performance particulièrement constante, donc.
Si zouz est bel et bien un trio (Marchand, Dupré & Ledoux), une quatrième membre, Shaina Hayes, parvient à faufiler sur scène sa voix au milieu de toute cette ardeur et brutalité masculine. Un bel ajout. David Marchant appelle également Charles-David Dubé, ingénieur son du groupe, le « cinquième membre de zouz ». Une reconnaissance pour ces indispensables techniciens qui se fait plutôt rare dans le milieu, et que l’on accueille avec plaisir.
Philippe Renaud, du Devoir, écrivait en octobre dernier que le rock québécois « se porte bien ». Force est de constater qu’il a raison. Avec des groupes comme zouz et Population II, on ne devrait pas trop s’en faire pour les prochaines années.
Après une (première) première partie de René Lussier, la formation montréalaise La Sécurité prenait place sur les planches du Club Soda, une quinzaine de minutes avant 21h. Malheureusement, comme bien souvent avec de la musique qui rapproche du spectre punk : toutes les chansons se ressemblent. Ce n’est pas forcément désagréable à l’écoute, mais ça ne vole pas très haut non plus. La chanteuse, Éliane Viens-Synnott, est énergique, on note quelques jams sympathiques, mais sans plus.
Dans le même registre de super groupe québécois, on apprécie ici d’autant plus Bon Enfant.
Crédits photo : Charles-Antoine Marcotte