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Abracadabra! Klô Pelgag est repartie

par Alain Brunet

Le rideau se lève en ce jeudi soir au MTelus, quelques minutes après la puissante décharge punk-prog du binôme Angine de poitrine, tout à fait propice à la fibrillation auriculaire. Dans un clair-obscur des grandes occasions, on pousse des claviers vers la scène. Puis des percussions, puis d’autres cossins. Lorsque la lutherie et ses utilisateurs est bien en place et… abracadabra!

Elle apparaît au centre, créature étrange masquée de blanc, affublée d’un parka surdimensionné tout en haut de l’escalier central, tout au centre de la scène. Elle étend ses membres sous les applaudissements nourris de la la foule. Sous le parka, on découvrira un costume de cosmonaute déjanté. Sous le costume, on découvrira Klô Pelgag.

Cette mise en place est l’occasion de jouer l’instrumentale Le sang des fruits rouges, amorcée par un drone décoré de flûtes aviaires, notes aiguës et papillonnantes, aux limites de l’agacement.

Ça démarre vraiment avec Pythagore, scandée telle un hymne synth-pop garni de claviers, enrubannée de vocalises bien senties, acclamées par les fans.

Pelgag enchaîne avec Coupable, à la fois pop de chambre et dream pop Sur le dernier droit de cette ce récit d’un conflit d’amitié qui pèse lourd pour la narratrice du récit, la chanteuse répète le chorus, dont un « je n’ai pas dormi » dans les hautes fréquences avant de remonter l’escalier de scène en poussant des incantations bien senties.

La vedette québécoise prend alors un bain d’amour, goûte des minutes d’acclamation et s’adresse à son public avant de revendiquer le port d’un très gros veston, parce que devenue professionnelle au fil des années. Est-il besoin de rappeler que cet humour absurde sied bien à l’artiste, qui en fait bon usage depuis ses débuts. 

Nous voilà À l’ombre des cyprès… parfum de muguet….enterrement idéal en perspective, raconte la chanson pendant que 5 T-shirts blancs sautillent sur scène avec leurs instruments devant – claviers, synthés, percus, basse, guitare.  Les fans connaissent la toune par coeur, un immense choeur monodique accompagne la soliste en pleine possession de ses moyens.

« Qu’on me ramène une chanson d’outre-tombe et que ça saute! » commande-t-elle avant d’exécuter Les instants d’équilibre… rappel d’un passé où l’on entre pour ressortir, passé qu’on devine déséquilibré, pour le moins débridé, enflammé, ardent.

Un petit beat afro-antillais s’ensuit, le veston montgolfière est de retour et applaudi pour la Lettre à un jeune poète, une chanson maternelle, baignée de bienveillance et d’inquiétude sincères.

La musicienne s’installe au clavier, propose une chanson d’amour « pour remédier au manque d’amour » dont souffre le monde actuellement : c’est Sans visage, l’évocation d’un cheminement à deux, la proximité étant telle que l’on reconnaîtrait l’autre sans visage. Jolie ballade au tempo lent et appuyé, coiffée de claviers aux harmonies space-pop et de voix célestes.

On s’accorde, il y aura bientôt des sons de flûtes, joués en staccato. Le clavier imite le piano et on reconnaît Le goût des mangues , une pop de chambre évoquant retour des températures clémentes.

Klô Pelgag puise dans son récent opus, Abracadabra, avant quoi elle raconte avoir été « bien dans l’anxiété », c’est-à-dire inspirée pour écrire cette chanson servie cette fois en formule piano-voix, fière d’utiliser ce modèle de clavier dont elle s’était débarrassée avant de le racheter.« Gardez vos vieilles choses et entreposez-les les chez vos  parents! » Elle chante cette œuvre oscillant entre l’espoir et le désarroi que produit la conjoncture, on comprendra que Les puits de lumière « laissent entrer la pluie ».

Un immense carré rouge surplombe la scène, Jim Morrison est une errance, un rêve où l’on traverse des tableaux dont on cherche le sens, où l’on aimerait « tenir ce qu’on touche du bout des doigts. »

Fever Ray aurait fort bien pu composer la chanson quasi électro qui suit : Décembre est assortie de moments paroxystiques, interprétée avec ferveur devant l’immense carré en toile de fond, cette fois noir, autour duquel valsent le rose et le bleu. De retour au faîte de l’escalier central, Klô Pelgag se défoule à gogo. L’intensité vient de monter de quelques crans,

Le carré noir en toile de fond est désormais délimité par des lignes multicolores, s’installe alors un rythme funky, c’est Deux jours et deux nuits, électro-pop et pour nuitards exaltés, deux jours et deux nuits  à danser sur la plage, à suivre le chemin tracé de coquillages.

Le party est vraiment pris dans ce Mtelus rempli à pleine capacité. À l’évidence,la trame dramatique a été soigneusement planifiée, le public très chaud accueille ensuite Mélamine en fondu enchaîné sur un krautrock bien maîtrisé.

La foule a atteint un pinacle d’excitation et la chanson Umami «vient du coeur », on y « passe ses nuits à penser le jour ». Groove guilleret, indie-pop guillerette, voilà un classique de Klô Pelgag et re-krautrock avec Rémora.

Longs remerciements, présentation des collègues, et longue conclusion échelonnée sur trois rappels. Les animaux, Les ferrofluides-fleurs, Comme des rames et… abracadabra nous sommes partis, ravis, rassasiés de cette Klô Pelgag traversant un vaste plateau créatif.

PROGRAMME :

Le sang des fruits rouges

Pythagore

Libre

Coupable

À l’ombre des cyprès

Les instants d’équilibre

Lettre à une jeune poète

Sans visage

Le goût des mangues

Les puits de lumière

Jim Morrison

Décembre

Deux jours et deux nuits

Mélamine

Umami

La maison jaune

Rémora

Rappels

Les animaux

Les ferrofluides-fleurs

Comme des rames

Crédit photo: Marc-Étienne Mongrain

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