Je recense régulièrement des créations pop latines intelligentes issues de l’autre côté du monde. Cette fois, en voici une d’ici : “notre” Boogat fait paraître Del Horizonte, un album qui affirme son pluralisme musical latin de plus en plus assumé. On jongle ici avec le hip-hop, le reggaeton, la cumbia, la salsa et d’autres sous-genres.
Boogat, alias Daniel Russo Garrido, né à Québec d’un père paraguayen et d’une mère mexicaine, nous revient avec son premier album solo en quatre ans. Entretemps, il a été producteur pour d’autres artistes, dont le rappeur Waahli et l’auteur Ramon Chicharron. La parenthèse en valait sans doute la peine, à en juger par le très solide Del Horizonte.
Cet album approfondit le mélange musical boogatien grâce à la présence d’excellents musiciens, en particulier aux percussions variées et aux cuivres. Son horizon musical s’élargit, un peu dans la veine du rappeur portoricain Residente. Ce qui n’empêche en rien son flow en espagnol de nous appâter.
Boogat a toujours le sens de la fête et cet album est très largement dansant. Mais danser n’interdit pas forcément de réfléchir, comme nous le démontre En Nombre de la Paz (Au nom de la Paix), un duo chanté avec le chanteur irako-torontois Ahmed Moneka, ou encore Illegal, qui aborde la migration et le colonialisme, avec le Dj texan El Dusty.
Dans Del Horizonte, on entend beaucoup d’espagnol, mais aussi du français, du portugais brésilien, du yoruba et de l’arabe. Boogat demeure un vecteur de rencontres pour la diversité d’ici et d’ailleurs.
Del Horizonte accompagnera très bien le début du printemps. Un vent de chaleur et d’espoir dans une époque un brin morose. Vamos a bailar! Sin Olvidar! Allons danser sans oublier!