Ewart Beckford, Daddy U-Roy, the Godfather, the Originator, pour la planète reggae, s’est éteint à l’âge de 78 ans jeudi dernier.
Il fut à l’origine du style Deejay jamaïcain dès le début des années 60, puis en devint la principale vedette alors qu’il se joint au puissant sound system Hometown Hi-Fi du non moins réputé King Tubby en 1975. Sans être le premier à utiliser ce genre d’animation dans les danses -Count Machuki l’avait d’abord développé à la fin des années 50 sur le sound de Tom The Great Sebastian à la période ska, puis King Stitt, sur le sound system Downbeat de Coxsone Dodd-, U-Roy accompagnait donc les sessions de sound systems en présentant les chansons, puis en les retournant du côté instrumental pour les réinterpréter avec des interjections, des phrases-clés, ainsi que des réponses aux paroles originales. Sans même le savoir, le vétéran jetait les bases de ce qui deviendra le rap américain et du même coup, changea totalement le cours de la musique jamaïcaine !
En 1969, il devint le premier artiste à enregistrer dans ce registre avec Dynamic Fashion Way pour Keith Hudson (« Studio kinda real cloudy, like I say… »). Mais ce n’est que quelques mois plus tard que John Holt, chanteur des Paragons, totalement impressionné par l’une de ses prestations live, lui proposa d’enregistrer une version du succès du moment du trio, Wear You To The Ball et suggéra fortement à son producteur Duke Reid de lui faire signer un contrat exclusif avec sa maison de disques Treasure Isle. Deux autres versions à succès ne tarderont pas : Wake The Town (reprise de Girl, I’ve Got A Date, d’Alton Ellis) et Rule The Nation (reprise de Love Is Not A Gamble des Techniques) viendront compléter ce trio de parutions qui retiendront les trois premières places des palmarès jamaïcains pendant plus de huit semaines consécutives, tellement ce nouveau son fit sensation !
Par le fait même, le style Deejay supplanta carrément le style vocal, au point où il devint impératif pour les chanteurs d’enregistrer des duos avec les Deejays pour se démarquer et certains chanteurs changeront résolument de camp…
À la même époque, U-Roy décida d’investir dans son propre sound system. Il fonde le sound Stur Gav -couramment appelé King Sterograph- d’après les abréviations de son nom et de celui de ses fils (ST pour Stewart, UR pour U-Roy et GAV pour Gavin). Stur Gav fut détruit par la police en 1980, au summum de la violence politique de l’île, puis reconstruit autour d’un nouveau son post-Marley qu’on appellera dorénavant Dancehall, courtoisie des deejays Le Colonel Josey Wales et Charlie Chaplin, et du selector Inspector Willie. Sans vouloir se mettre en valeur, U-Roy comptait sur ses valeureux et créatifs deejays pour improviser des heures durant sur les rythmiques balancées par Willie, ne prenant le microphone qu’occasionnellement.
En décembre 2019, les promoteurs reggae new-yorkais Irish & Chin organisaient au Club Amazura le couronnement officiel de U-Roy en tant que Roi du Dancehall, où Shabba Ranks eut l’insigne honneur de couronner son héros.
L’homme lui-même, humble et affable, a toujours géré sa carrière et sa vie de manière relativement discrète : même avec la reconnaissance et le succès dont il a hérité, il a toujours habité la même maison, dans le même quartier de Jonestown, à Kingston, et a partagé sa vie entre la Jamaïque, le Royaume-Uni et le reste du monde, où il a fait de nombreuses tournées. Le gouvernement jamaïcain lui a remis L’Ordre de la Distinction en 2007, pour son immense contribution à la culture musicale en 58 ans de carrière : en plus du reggae dont il a changé la face, le domaine du hip-hop lui doit effectivement aussi une fière chandelle.
Esprit universel de la culture populaire québécoise et francophone des 75 dernières années, poète et militant d’un pays à faire, musicien et humaniste d’un monde à refaire, Raymond Lévesque s’en est allé.
Il y a presque 92 ans et demi, le 7 octobre 1928, naquit à Montréal Raymond Lévesque. Il grandit près du parc Lafontaine, fut élève du pianiste et compositeur Rodolphe Mathieu ainsi que de Madame Audet, légendaire professeure de phonétique et d’art dramatique. Le jeune Raymond est déjà à pied d’œuvre en 1944, alors que les canons tonnent encore sur l’Europe et le Pacifique. Son parcours d’esprit universel de la culture populaire est en marche. Monsieur Lévesque sera acteur, animateur de télé, auteur-compositeur pour d’autres puis pour lui, compagnon de cabaret de Jacques Normand, cofondateur du collectif de chansonniers Les Bozos avec Clémence Desrochers, Jean-Pierre Ferland, Hervé Brousseau et Claude Léveillée, propriétaire de boîtes à chanson, dramaturge et romancier, entre autres.
Raymond Lévesque fut l’archétype de l’artiste engagé. Comme l’explique éloquemment Bruno Roy dans son essai « Et cette Amérique chante en québécois », Lévesque et Clémence Desrochers furent les premiers « monologuistes sociaux » d’ici. Son monologue pacifiste Kommandantur fut l’un des faits saillants du spectacle « Poèmes et chants de la résistance 2 », qui eut lieu au Gésu en janvier 1971. À titre de chansonnier, Raymond Lévesque fut parolier-porte-parole du peuple et du territoire de son île natale, comme dans À Saint-Henri et Rosemont sous la pluie; parolier-historien comme dans La bataille de Châteauguay; parolier-syndicaliste comme dans son album Raymond Lévesque chante les travailleurs; parolier-amoureux de sa patrie dans Québec mon pays, Mon Québec et Le p’tit Québec de mon cœur; et parolier-chantre de l’indépendance dans Le fond du fleuve et Bozo les culottes.
À ce sujet, le narrateur de sa chanson Séparatisme se fait demander, trois ans avant que Michèle Lalonde n’écrive son emblématique poème, « Why don’t you speak white? ». À l’écoute de Séparatisme, l’auditeur attentif entendra aussi une tirade parallèle à celle que Léo Ferré créera dans Les anarchistes, quelques années plus tard.
En 1956, lors d’un séjour en France qui dura cinq ans, Raymond Lévesque écrivit Quand les hommes vivront d’amour, sur fond de guerre d’Algérie. Cet hymne humaniste, créé 15 ans avant l’Imagine de Lennon, fut d’abord un succès pour le chanteur-acteur Eddie Constantine. Au cours des décennies suivantes, Quand les hommes vivront d’amour a été reprise par des dizaines d’interprètes, en diverses langues, dont Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois pour la SuperFrancofête de 1974. En 1992, un vote populaire en a fait la « Chanson québécoise du siècle ». D’aucuns la considèrent comme la plus grande chanson de la Francophonie.
En 2016, la maison de disques GSI a publié l’album-hommage Chapeau Monsieur Lévesque, où un aréopage d’artistes comme Koriass, Marie-Pierre Arthur, Emmanuel Bilodeau, Mado Lamotte, Richard Séguin, Nanette Workman, Stéphane Archambault, Luce Dufault, Mélanie Renaud, David Goudreault, Yves Lambert, ainsi que Marie-Marine et Jean-Vivier Lévesque, fille et fils de Monsieur Lévesque et musiciens à part entière, a repris des chansons, des poèmes et des monologues répartis en trois volets qui cernent bien l’homme : L’humaniste, L’engagé et Le fantaisiste.
Chick Corea (1941-2021) : début de la fin d’une époque
par Alain Brunet
La triste disparition du pianiste, claviériste et compositeur de jazz Chick Corea marque le début de la fin d’une époque. Pour illustrer cette époque à travers l’œuvre du jazzman, PAN M 360 vous propose une sélection bien sentie de ses meilleurs enregistrements.
Le célébrissime jazzman Armando Anthony « Chick » Corea est mort « d’une forme rare de cancer découverte très récemment », pour citer à notre tour la formulation de son profil Facebook, évidemment reprise par les agences de presse et leurs clients des médias traditionnels.
Son dernier concert donné à Montréal en octobre 2019, d’ailleurs, ne laissait aucunement présager mort d’homme 15 mois plus tard. La technique était encore impeccable, la cohésion de son trio de superstars (Brian Blade, batterie, Christian McBride, contrebasse) était encore remarquable. Il fait désormais partie de notre passé et de l’histoire de la musique.
Cette maladie fulgurante du pianiste, disparu mardi dernier(le 9 février) à l’âge de 79 ans, marque le début de la fin pour une génération de musiciens emblématiques du jazz-fusion ayant participé aux grandes rencontres du jazz et du rock, du funk, des musiques latines et aussi des musiques classiques.
Chick Corea fut l’un des plus grands techniciens de sa génération, on lui reconnaît des phrasés typiques, une articulation hors du commun pour l’époque à travers laquelle il a évolué, une ouverture à la lutherie de la pop et du rock que les jazzmen s’étaient appropriés à la fin des années 60. Issu d’une famille américaine aux origines italiennes, ce natif du Massachusetts avait joint la tribu élargie de Miles Davis , ce dernier l’ayant convié aux séances fondatrices du jazz fusion. Corea participait ainsi aux enregistrements des albums Water Babies, Filles de Kilimanjaro, In a Silent Way, Bitches Brew, tout en menant des projets acoustiques beaucoup plus proches du free jazz ou teintés par la musique contemporaine de tradition occidentale.
Chick Corea fut sans contredit l’un des jazzmen incarnant la jeunesse des années 70 et fut parmi les artistes déclencheurs pour une entière génération de mélomanes aujourd’hui quinquagénaires et sexagénaires. Comme le dit la pub… ils étaient « les aînés de demain ». Or, voilà, c’est aujourd’hui demain et des jazzmen emblématiques de cette époque passent à une autre dimension.
Après avoir fait preuve de vision et fait avancer substantiellement les formes musicales, Chick Corea a plus ou moins cessé d’évoluer dans les années 80, se contentant de peaufiner ses expressions acoustiques et électriques jusqu’à sa propre fin, en plus d’être un fervent scientologue – choix mystico-idéologique que nous nous abstiendrons de commenter ici.
Début de la fin d’une époque donc… Amochée ou pas, la Terre continuera de tourner sans nous consulter, alors ? Pour celles et ceux qui y passeront encore de multiples décennies, que retenir de Chick Corea? Voici notre sélection maison PAN M 360 :
Now He Sings, Now he Sobs – EMI/Blue Note
Now He Sings, Now He Sobs est le deuxième album de Chick Corea, lancé en décembre 1968 sur Solid State Records. Les droits furent ensuite acquis par EMI/Blue Note. Assorti de titres supplémentaires (tirés de la bande maîtresse), cet album magnifique ressurgit en 2002 avec des titres supplémentaires pour alors son véritable impact auprès des mélomanes parmi lesquels de jeunes musiciens désireux de faire évoluer le concept du trio acoustique – on pense notamment à Phronesis. Pendant que Corea s’initiait au jazz électrique, donc, il faisait également dans le trio acoustique et s’intéressait même à l’improvisation libre qu’il eut tôt fait de laisser de côté. Le Tchèque Miroslav Vitouš officiait à la contrebasse (avant de joindre Weather Report) et le légendaire Roy Haynes, aujourd’hui âgé de 95 ans, y jouait la batterie. Si cet album se conclut par de vivifiantes relectures des standards Pannonica (Thelonious Monk) et My One and Only Love (Guy Wood/Robert Mellin), les compositions originales et l’esthétique mise de l’avant dans cet album sont des pierres de l’édifice musical contemporain incluant l’improvisation en trio acoustique. Rappelons que le label ECM avait réuni ce même ensemble en 1981 pour un enregistrement studio (Trio Music) et un enregistrement public en 1986 (Trio Music, Live in Europe).
Circling in, Circle Quartet, Blue Note
En 1968 et 1971, Chick Corea s’intéresse également au jazz contemporain en formation acoustique. Musiques atonales inspirées du free jazz, du hard bop et jazz modal constituent les fondements stylisituqes de la formation Circle au sein de laquelle Corea enregistre et tourne auprès du grand compositeur, saxophoniste et flûtiste Anthony Braxton, des contrebassistes Dave Holland et Miroslav Vitous, sans compter le batteur Barry Altschul. Cette phase exploratoire fut relativement brève, en témoignent deux albums studio (Circling In et Circulus chez Blue Note) et des enregistrements publics (sous étiquette ECM). Sous l’appellation Circle Quartet, un album compilation témoigne de cette séquence atypique dans la trajectoire du pianiste. Par la suite, Corea renonça au vocabulaire atonal et aux explorations texturales que poursuivit son collègue Braxton, compositeur plus aventureux et dont l’œuvre plus confidentielle a aussi passé l’épreuve du temps. Pour sa part, Chick Corea a préféré les greffes de musiques populaires et abandonna le volet « musique contemporaine » de son art. Erreur conceptuelle? Poser la question…
Light As A Feather, Polydor, Return to Forever, ECM
La mutation du jazz acoustique vers l’électrique fut engendrée par les nombreuses séances dirigées par Miles Davis, lui-même influencé par le funk afro-américain et le psychédélisme rock prévalant à l’époque. Fondée par Chick Corea durant cet âge d’or, la formation Return to Forever connut deux grandes phases, la première étant la meilleure, force est de constater un demi-siècle plus tard. À l’instar de son collègue Herbie Hancock au sein du groupe Headhunters, Chick Corea optait pour le Fender Rhodes, que l’on nommait piano électrique à l’époque de son essor. Autour de lui, le flûtiste et saxophoniste Joe Farrell (décédé prématurément en 1986), le contrebassiste et superbassiste Stanley Clarke, auxquels se joignaient le fameux couple brésilien constitué de la chanteuse Flora Purim et du percussionniste Airto Moreira. Cette formation n’avait pas fait grand tapage à l’époque, plusieurs jazzophiles en découvrirent les enregistrements après la dissolution du noyau : un album homonyme chez ECM et Light as a Feather sont assortis de thèmes mélodiques mémorables (Return to Forever, Spain, 500 Miles High, Crystal Silence, You’re Everything, etc.) et des textes de Neville Potter, très connotés par les allégeances scientologues qu’il partageait avec Corea. Néanmoins, ces deux albums enregistrés en 1972 et 1973 n’ont pas pris une ride.
Where Have I Known You Before, Return to Forever, Polydor
Tout se passait très vite pour Chick Corea en 1973, Return to Forever changeait de personnel sauf son leader et Stanley Clarke, alors LA référence mondiale de la basse électrique. Le leader optait pour une instrumentation prog rock dans un contexte jazz : claviers électriques, synthétiseurs, peu de piano (Corea), guitare électrique (Bill Connors suivi de Al Di Meola), batterie très jazz rock (Lenny White). Exit la contrebasse, le saxo, le chant, les effluves brésiliennes, le lyrisme, la douceur océane. Bienvenue aux polyrythmes nerveux de la batterie, aux lignes frénétiques de la guitare, au groove inédit de la basse, aux épiques solos de Moog et de Fender Rhodes. À l’époque, la seconde mouture de Return to Forever fut beaucoup plus populaire parce que plus frénétique, plus virile, plus rock, cet alignement faisait partie du carré d’as jazz fusion, soit aux côtés des Headhunters de Herbie Hancock, de Weather Report, piloté par Josef Zawinul et Wayne Shorter, ainsi que du Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin. Return To Forever enchaîna une série d’albums avec le même alignement : Hymn of the Seventh Galaxy (1973), Where Have I Known You Before (1974), No Mystery (1975), Romantic Warrior (1976), Musicmagic (1977). Les deux premiers demeurent les plus importants de ce cycle, particulièrement la superbe fresque Song to the Pharoah Kings (14 minutes 23 secondes) dans Where Have I Known You Before et la tournée estivale qui en marqua l’époque.
The Leprechaun, Polydor
En 1976, Chick Corea menait un des projets les plus ambitieux de sa carrière, l’objectif étant de lier ses acquis du jazz fusion à un jazz de chambre impliquant une orchestration plus considérable : The Leprechaun. L’instrumentation impliquait un trio de cordes, anches et cuivres, claviers, basse et batterie, sans compter le chant de son épouse Gayle Moran – qui fut de l’aventure Mahavishnu Orchestra pendant une courte période. Cet enregistrement laissait présager une nouvelle avenue, celle de l’orchestre de chambre. Les motifs acrobatiques du jazz rock fondés sur des polyrythmes de haute volée (Steve Gadd, batterie, Anthony Jackson, basse) , le jazz moderne et le folk psychédélique étaient les variables de cette proposition orchestrale plus riche que plusieurs enregistrements réalisés sous la bannière Return to Forever. Par la suite, Chick Corea a surtout mené des projets adaptés aux exigences des grands festivals, soit en petites formations acoustiques ou électriques. De la fin des années 70 à sa mort, Chick Corea fut davantage apprécié comme interprète et improvisateur, clairement l’un des plus éminents pianistes et claviéristes de l’époque qu’il a traversée. Époque révolue, force est d’admettre…
MFC Records : techno activiste
par Elsa Fortant
Tout est politique, la techno n’y fait pas exception. Cette vision est mise de l’avant par les technoheads engagées du label MFC Records, qui lancent la compilation Stranger In Their Own World.
Avec cette compilation caritative, le jeune label montréalais s’inscrit dans la lignée d’une techno politique, vecteur de progrès social. Tous les bénéfices de cette première sortie sont reversés à la NAACP, soit la National Association for the Advancement of Colored People. Cette compilation implique la participation d’artistes émergents locaux, Aahan, Alexa Borzyk, ottoman.grüw, ainsi qu’Inside Blur et KORVN, deux artistes avec lesquels nous nous sommes entretenus.
PANM 360 : Comment êtes-vous entrés en contact avec la techno ?
KORVN : “ Grâce à ma première relation amoureuse qui m’a initié au monde de la teuf. Elle m’a emmené dans des soirées plus rave, j’avais 17 ans. Elle m’a fait découvrir ça, aller dans des raves, écouter de la hardcore, etc. Puis la house, et je suis revenu à la techno.”
Inside Blur : “C’est à peu près la même chose, c’était mon premier copain, j’avais 16 ans, il m’a fait découvrir pas mal de trucs : Justice, Daft Punk, SebastiAn, Crystal Castles… J’ai commencé avec la scène électro et j’ai naturellement migré vers la techno. J’ai découvert les teufs de campagne dans le Sud-Ouest, j’avais des potes qui mixaient et c’est comme ça que j’ai connu le milieu.”
PANM 360 : Y-a-t-il un événement marquant qui vous a permis de saisir les liens entre techno et luttes sociales ?
Inside Blur : “ Le premier événement qui m’a fait me rendre compte que la techno pouvait aussi être activiste c’était la Fée Croquée à Paris, qui se définit comme une « organisation d’événements culturels comprenant des stands de sensibilisation à l’aide alimentaire à destination de familles et personnes dans le besoin. » Une partie des fonds recueillis par les ventes de billets est également déversée à certaines causes : aide aux enfants démunis et aux sans-abris par exemple.”
KORVN : “L’une des premières fois où j’en ai pris conscience c’était lors du mouvement en Georgie avec les manifestations en 2018 devant le parlement, pour défendre la jeunesse, et où la techno était vraiment mise de l’avant, au service du mouvement de contestation et du message qu’ils voulaient faire passer.”
PANM360 : Quels artistes rattachez-vous à ce courant de techno politique et sociale ?
Inside Blur : “Dans la scène house plus underground, je pense à DJ Stingray, qui se battait beaucoup pour le mouvement noir. Tout le mouvement Underground Resistance qui a fait beaucoup pour la scène de Détroit et donné une voix aux artistes noirs qui manquaient de reconnaissance. Maintenant ce sont les piliers.”
KORVN : “Comme Mylène l’a mentionné, il y a tout le mouvement UR qui est marquant dans l’histoire de la techno politisée et activiste. Sinon, toujours au départ quand je m’initiais à cette culture musicale, j’ai été frappé par l’engagement de Laurent Garnier. Toujours aujourd’hui, il n’hésite pas à s’exprimer sur des sujets comme la montée de l’extrême droite il y a quelques années! J’aime bien sa vision car il se sert de sa reconnaissance en tant qu’artiste pour s’exprimer sur des sujets importants, sans forcément en faire son image de marque. Sinon, plus récemment, j’ai été marqué par la reprise du morceau Silence Is Opression de ØTTA dans les manifestations polonaises courant octobre 2020. Ça m’a montré une fois de plus que la techno pouvait bel et bien être vecteur de messages forts et servir d’hymne pour défendre des idées.”
PANM360 : Pouvez-vous élaborer sur le discours de vos morceaux respectifs, Brain to Body et Street Strangers ?
Inside Blur : “ Quand Camille m’a proposé le thème Strangers In Their Own World, j’ai tout de suite pensé aux violences policières. On est en plein dedans, surtout en France. Je me suis dit que ça collerait bien au projet, j’ai des amis à Toulouse juste parce qu’ils marchaient à côté de manifestants, se sont fait charger par des CRS. Ça fait réfléchir à l’usage de la force. Même au Canada, il y a beaucoup de racisme systémique, du délit de faciès; que tu sois autochtone, ou que tu aies une couleur de peau différente, on va aller te voir en premier. Et ça m’a touchée. Je suis favorable au mouvement de définancement de la police.”
KORVN : “ Ça m’a tout de suite inspiré le thème des personnes en situation d’itinérance, ce sentiment d’être présent dans la société et pourtant ignoré. J’essaye de composer le morceau plus cinématographiquement, avec une intro pour se mettre dans la peau d’une personne en situation d’itinérance, avec beaucoup de mouvements, de personnes. Il est là, il est le centre de la situation mais personne ne le regarde, c’est comme s’il était seul au monde.”
PAN 360 : Strangers In Their Own world sera la quatrième compilation techno sortie en moins d’un an à Montréal… Comment percevez-vous cette tendance ?
Inside Blur : “ Montréal manque de collaborations et de compilations, c’est vraiment cool si on sent que les initiatives se multiplient. Je suis contente d’en faire partie, ça fait toujours plaisir de participer à l’essor de la scène techno montréalaise !” KORVN : “ Ces quatre ou cinq dernières années, la scène techno était en effervescence, avec beaucoup de collectifs, de petits événements. J’avais peur que la COVID mette un frein à tout ça et au contraire, les acteurs qui allaient dans cette direction-là créent des labels et développent des projets. Ce n’est pas près de s’arrêter.”
Qu’ont en commun les familles classiques, jazz et trad ? Elles sont honorées annuellement aux Prix Opus dont c’était la 24e présentation le 7 février.
Pendant que The Weeknd et H.E.R. triomphaient dimanche aux spectacles du Superbowl (à défaut d’un match convaincant), le Conseil québécois de la musique (CQM) remettait à la Salle Bourgie ses 26 prix Opus, à l’occasion d’un gala virtuel animé par le populaire ténor Marc Hervieux ainsi que l’animatrice et claveciniste Catherine Perrin. Depuis 1996, les prix Opus mettent en lumière « l’excellence et la diversité des musiques de concert au Québec, dans différents répertoires musicaux ». On peut visionner le gala des Prix OPUS sur la page Facebook du Conseil ainsi que sur le site de la Fabrique culturelle de Télé-Québec. Directeur musical de l’OSM jusqu’à l’été 2020, maestro Kent Nagano y a été honoré, notamment par le compositeur d’origine montréalaise Samy Moussa, le pianiste québécois Charles Richard-Hamelin, la contralto Marie-Nicole Lemieux et plusieurs interprètes de l’OSM. À 21 minutes et 50 secondes, Marie-Nicole Lemieux, sa collègue soprano Karina Gauvin et le pianiste Olivier Godin interprètent magnifiquement le Duo des fleurs, extrait de l’opéra Lakmé (1883) du compositeur français Léo Delibe. À 63 minutes et 35 secondes, le trio de la pianiste de jazz Emie R Roussel exécute Taniata, une composition du contrebassiste Nicolas Bédard. À 78 minutes et 37 secondes, Le Vent du Nord conclut le gala avec l’exécution d’une chanson tirée du répertoire de George Comeau, Au régiment.
Concert de l’année – Musiques médiévale, de la renaissance, baroque Telemann à Paris, Arion Orchestre Baroque, Mathieu Lussier, chef et basson baroque, Vincent Lauzer, flûte à bec, 18 au 20 octobre 2019
Concert de l’année – Musiques moderne, contemporaine Envoi : Hommage collectif III à Gilles Tremblay, Ensemble contemporain de Montréal (ECM+), Ensemble Paramirabo, Ensemble Magnitude6, Louise Bessette, piano, Véronique Lacroix et Jeffrey Stonehouse, direction artistique, en collaboration avec le Conservatoire de musique de Montréal, 24 janvier 2020.
Concert de l’année – Jazz Rémi Bolduc Jazz Ensemble avec invitée spéciale : Funky Princess, Rémi Bolduc et Chantal De Villiers alias Funky Princess, saxophones, Taurey Butler, piano, Fraser Hollins, basse, Dave Laing, batterie, Productions Art and Soul, 20 février 2020
Concert de l’année – Répertoires multiples Pastorale, Benjamin Morency, flûte, Hugues Cloutier, piano, Société musicale FernandLindsay – Opus 130, Centre culturel Desjardins, 9 février 2020
Création de l’année : Onze super (petits) totems: Jean Derome, SuperTotem, Productions Totem Contemporain, Productions SuperMusique, 24 octobre 2019
Production de l’année – Jeune Public : Jean-Sébastien et la marche à pied, Les P’tits Mélomanes du Dimanche, Maurice Laforest, directeur artistique, 29 septembre 2019
LES ENREGISTREMENTS
Album de l’année – Musiques médiévale, de la Renaissance, baroque Marin Marais : Badinages, Mélisande Corriveau, Eric Milnes, ATMA Classique
Album de l’année – Musiques classique, romantique, postromantique ou impressionniste Chopin : Ballades et impromptus, Charles Richard-Hamelin, Analekta
Album de l’année – Musiques moderne, contemporaine Henryk Górecki : Intégrale des quatuors à cordes, Quatuor Molinari, ATMA Classique
Album de l’année – Musiques actuelle, électroacoustique L’inaudible, Stéphane Roy, empreintes DIGITALes
Album de l’année – Jazz MachiNations, Yannick Rieu, Productions Yari
Album de l’année – Musiques du monde et musique traditionnelle québécoise Levantine Rhapsody, Didem Başar, Patrick Graham, Noémy Braun, Guy Pelletier, Brigitte Dajczer, Centre des musiciens du monde, Analekta
LES PRIX SPÉCIAUX
Prix Hommage Kent Nagano
Inclusion et diversité Montréal Prix remis conjointement avec le Conseil des arts de Montréal qui a offert 10 000$ à la lauréate. Djely Tapa
Prix Opus Québec La Fabrique culturelle a offert au lauréat l’enregistrement d’une capsule à diffuser sur la plateforme culturelle web de Télé-Québec. Palais Montcalm – Maison de la musique – Concerto for Group and Orchestra de Jon Lord, Orchestre symphonique de Québec, Paul DesLauriers Band
Prix Opus Régions La Fabrique culturelle a offert au lauréat l’enregistrement d’une capsule à diffuser sur la plateforme culturelle web de Télé-Québec. Orchestre symphonique de l’Estuaire – Réalisations Jeune Public 2019-2020
Compositeur de l’année Le Conseil des arts et des lettres a remis 10 000$ au lauréat. James O’Callaghan
Découverte de l’année Ariane Brisson
Directeur artistique de l’année Yannick Nézet-Séguin, Orchestre Métropolitain
Interprète de l’année Le Conseil des arts du Canada a remis 5000$ à la lauréate. Elinor Frey
Diffuseur pluridisciplinaire de l’année Ville d’Alma SPECTACLES
Diffuseur spécialisé de l’année Festival des Arts de Saint-Sauveur
Événement musical de l’année Mini-Concerts Santé – Ensemble Caprice, Ensemble vocal Arts-Québec, juin à septembre 2020
Rayonnement à l’étranger CINARS a remis au lauréat 2000$. QUASAR quatuor de saxophones – Tournée Colombie-Britannique, Europe et Amérique
LE TEXTE
Article de l’année « De l’intention musicale au jeu instrumental. Développement d’un protocole de recherche pour l’analyse qualitative et quantitative de trois styles d’interprétation d’une œuvre de J.- S. Bach au piano », Viktor Lazarov, Simon Rennotte, Caroline Traube, Revue musicale de l’OICRM, 2019
La SAT au Forum IRCAM: révolution de l’immersion sonore
par Alain Brunet
Pour sa 7e présentation par la Société des arts technologiques (SAT) le Symposium iX se consacre au son et à Immersion, en partenariat avec le Forum Ircam et l’Université McGill.
Voilà l’occasion d’explorer les technologies audio immersives mises au point par les chercheurs du Métalab, soit le secteur recherche & développement de la SAT. Consacré au vaste concept de l’immersion et audiovisuelle, des conditions et des lieux où elle peut s’y déployer (dômes, réalité virtuelle, réalité augmentée, réalités mixtes) , le Symposium iX invite le public à faire l’expérience d’une nouvelle forme de conférences dans un espace virtuel en 3D : le Hub SATELLITE, soit la plateforme web immersive développée par la SAT en collaboration avec Mozilla Hubs. Présentation de contenus et interaction sont à l’ordre du jour de ce 7e Symposium iX.
Au programme notamment : une simulation acoustique dans une reconstitution virtuelle d’un quartier de Paris au 18ème siècle et un prototype de navigation sonore au coeur de l’Orchestre symphonique de Montréal. Les présentations seront suivies d’expérimentations et discussions avec le public. En deuxième portion de la journée, trois œuvres et projets sélectionnés et présentées en mode expérimentation déambulatoire dans l’espace virtuel.
« De Paris, l’IRCAM (l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique), a invité la SAT pour une journée complète de présentations. Plus précisément, l’IRCAM réunit annuellement sa communauté pour faire le point sur les avancées de leurs logiciels, de leurs métodes de composition etc. Il existe dans ce contexte un forum IRCAM hors les murs; on y choisit une ville autre que Paris et cette année la ville de Montréal qui a été sélectionnée pour faire différentes présentations, dont celle notamment de Robert Hasegawa, prof de composition à McGill » explique Nicolas Bouillot, un des chercheurs du Métalab de la SAT, qui fait ici équipe avec Emmanuel Durand (son partenaire de recherche), les compositeurs Michal Seta, Zack Settel, Émile Ouellet-Delorme.
« Nous proposons une journée complète sur nos travaux consistant à explorer la spatialisation du son mais pas dans le sens traditionnel. Habituellement la spatialisation consiste en un système de haut-parleurs ou un casque d’écoute qui fournissent l’information de localisation des sons. Alors que nous nous intéressons à localiser des sons en fonction de la géométrie des lieux dans lesquels les sons sont diffusés, en tenant compte par exemple de la situation des murs, des matériaux (vitre, moquette, etc.) , de la réverbération, des illusions possibles, etc. On veut donc explorer la spatialisation en temps réel pour les arts de la scène, dans le contexte de performances. »
Parmi les exemples proposés par le Métalab , il y a ce projet en partenariat avec avec Mylène Pardoen, chercheure du CNRS qui a fait une maquette de Paris au 18e siècle et a tenté d’en reproduire les sons ambiants. De l’archéologie sonore, en quelque sorte.
« Elle positionne les son dans l’espace, soit dans l’architecture des lieux. On peut ainsi entendre le Paris de cette époque-là. Pour y parvenir, il fallait résoudre problèmes de spatialisation traditionnelle, en tenant compte de la nature des lieux, des matériaux des bâtiments, etc. »
Un autre terrain de recherche implique l’Orchestre symphonique de Montréal, l’expérience ayant été menée plusieurs mois avant la pandémie, soit lorsque Maestro Kent Nagano était le directeur musical. Le compositeur et chercheur du Métalab Zach Settel avait été associé de près à cette expérience de spatialisation.
« Nous avions enregistré les sons au coeur de l’orchestre. Nous pouvions isoler les instruments, les sections et aussi les sons de la salle, soit récolter un maximum d’informations afin de pouvoir recréer quelque chose de différent », rappelle Nicolas Bouillot.
Or, l’une des tâches fondamentales du chef d’orchestre est celle spatialiser le son avec chacune des sections et donc en en contrôlant le volume. Avec cette nouvelle technologie mise au point par le Métalab, le rendu de l’oeuvre peut être radicalement transformé… et fort probablement différent des consignes d’intensité sonore prescrites par la partition du compositeur et , par voie de conséquence, du chef d’orchestre.
Qu’en dit notre interviewé?
« Kent Nagano avait refusé de mettre un casque pour réaliser sa position dans l’espace avec notre concept de spatialisation. Il arguait que depuis des centaines d’années, on disposait l’orchestre sur la scène avec, par exemple, les instruments les plus forts au fond, afin d’équilibrer le point d’écoute. Or, même avec cette approche traditionnelle, le son n’est pas diffusé uniformément dans la salle. Du point de vue de la personne qui vit l’exécution, il y a des positions qui sont optimisées. L’ingénieur du son Carl Talbot nous disait alors que la meilleure position de la Maison symphonique se trouvait au milieu de la cinquième rangée du premier balcon. Or, si tu es collé sur l’orchestre dans les premières rangées du parterre, le son est très différent. »
Deux logiciels de spatialisation du son ont été développés par le Métalab.
« Le premier permet de spatialiser le son des orchestres, il permet de faire de la localisaton de son en temps réel et d’offrir un rendu binaural différent pour un casque d’écoute – le rendu binaural est une technique permettant restitution sonore de la prise de son dans le casque. Le deuxième logiciel fait la même chose en localisation des sons, mais évalue aussi la géométrie de l’espace et la propriété des matériaux de l’espace dans lequel les sons sont émis. Il nous permet de comprendre la réverbération des lieux et de mieux localiser les sons en temps réel. On travaille donc aussi sans casque d’écoute, mais bien en socio-immersif, par exemple dans le dôme de la Satosphère où il n’existe pas de sweet spot, soit un espace optimal pour percevoir les sons. »
Rafael Payare, nouveau directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Montréal
par Alain Brunet
L’orchestre symphonique de Montréal a finalement arrêté son choix sur Rafael Payare, qui aura 41 ans en février prochain, donc de trois décennies plus jeune que le chef sortant, Kent Nagano. De prime abord, ce choix semble tout à fait pertinent.
Payare est jeune, doué, éduqué, expérimenté, latino-américain, métis, non occidental. Déjà, on imagine des légions de vieux croutons s’en étonner ou, pire, s’en formaliser. Or, ce choix tient davantage du réalisme contemporain que de l’audace. Bien sûr, on peut parler d’audace dans le cas montréalais qui nous occupe, mais de tels choix s’inscriront dans une normalité admise sur la planète entière au cours des décennies à venir. Enfin… les populations qui résisteront à cette irrépressible tendance seront encore là mais… vouées au déclin.
L’homogénéité raciale et la supériorité blanche ne sont-elles pas en voie d’appartenir (enfin) au passé dans toutes les sphères de la culture ? Poser la question… Chose certaine, la musique classique n’y échappe pas.
Est-il besoin d’ajouter que la direction de l’OSM en est parfaitement consciente.Pour l’orchestre montréalais, tout chef caucasien dans la plus que quarantaine ne pouvait rivaliser d’aucune façon au Québécois Yannick Nézet-Séguin, qui fait désormais partie de l’élite des maestros sur la planète classique. L’OSM devait impérativement se positionner avec une offre très différente de celle de l’Orchestre Métropolitain dont YNS est le chef nommé à vie. Il fallait donc un artiste représentatif du cosmopolitisme prévalant dans la plupart des capitales internationales. La nomination d’une femme aurait été tout autant souhaitée mais bon, on nous expliquera peut-être pourquoi cela ne s’est pas encore produit.
Né à Puerto la Cruz, au Venezuela, Rafael Payare provient d’une famille de professionnels, soit une mère enseignante à l’école primaire, et un père cartographe à l’emploi de sa ville natale – ses deux parents sont décédés. Musicalement, fut formé à l’adolescence, soit à 14 ans, un âge tardif pour accéder aux plus hautes sphères classiques. Corniste de formation, il est diplômé de l’Universidad Nacional Experimental de Las Artes. À l’instar du célèbre maestro et compatriote Gustavo Dudamel, Rafael Payare est un autre produit de El Sistema, une organisation vénézuélienne progressiste dont l’objet était d’offrir une formation de haut niveau aux jeunes issus de tous milieux et non de l’élite – comme c’est souvent le cas dans les pays qui ne font pas partie du G 20. Son talent, sa détermination et le soutien académique dont il put jouir l’ont mené à obtenir une première chaise à l’orchestre symphonique Simón Bolívar.
À partir de 2004, Payare s’est mis à la direction d’orchestre et a rapidement gravi les échelons de la maestrosphère, appuyé par l’éminent José Antonio Abreu. Moins d’une décennie plus tard, il fut chef d’orchestre assistant des célébrissimes Claudio Abbado et Daniel Barenboim. Il fut aussi l’ assistant de Lorin Maazel au Festival de Castleton (aux États-Unis) et en devint chef principal après la mort de Maazel. Par ailleurs, il fut chef invité de l’Ulster Orchestra avant d’en devenir le chef principal jusqu’en 2019. En janvier 2018, Payare était invité à diriger l’Orchestre symphonique de San Diego, pour en devenir le directeur musical un an et demi plus tard. Un autre défi considérable l’attend, soit diriger l’orchestre d’une deuxième grande ville nord-américaine: Montréal. Il y fut invité en septembre 2018, tout s’était très bien passé côté Beethoven, Mozart, Schoenberg. Il dirigea aussi l’OSM à Lanaudière à l’été 2019. À l’évidence, ces passages ont été on ne peut plus concluants pour qu’on lui offre la direction artistique de l’OSM.
On aura tôt fait d’observer , scruter, ressentir la direction de Rafael Payare. Vivement le prochain cycle de l’OSM !
Tour d’horizon de quelques créations contemporaines influencées par Beethoven et sa musique qui sont nées en 2020, année du 250e anniversaire du compositeur (et, accessoirement, d’une pandémie profondément dérangeante).
Peut-être ne le saviez-vous pas, mais 2020 était l’année Beethoven. Oui, si un certain virus n’avait pas pris toute la place, c’est Beethoven qui aurait probablement dominé (ou du moins occupé une importante place dans) l’actualité. Qu’à cela ne tienne, malgré le virus, Beethoven a néanmoins exercé une influence majeure non seulement en musique, mais dans d’autres arts également. J’aurais pu vous proposer une énième biographie du maître, mais ça aurait été redondant vu la quantité et la qualité de dossiers semblables disponibles ailleurs. J’ai donc plutôt opté pour un tour d’horizon, forcément incomplet et totalement subjectif, des créations contemporaines inspirées par Beethoven, ce qui devrait intéresser le public habituel de PAN M 360.
Une danseuse chorégraphe de hip-hop atteinte de surdité réinvente le concept d’épanchements sur la Cinquième symphonie!
La superstar de la musique contemporaine « accessible », Max Richter, s’approprie Beethoven un peu comme il l’avait fait avec Vivaldi en 2012.
La Sixième symphoniede Beethoven, la Pastorale, devient le point d’ancrage d’un vaste mouvement mondial à la fois créatif et environnemental, le Beethoven Pastoral Project.
#bebeethoven est un événement multimédia dans lequel douze artistes musicaux et conceptuels utilisent Beethoven comme tremplin pour des créations contemporaines.
La danse et la musique de Beethoven, encore réunies dans une démarche expressive d’avant-garde.
https://www.youtube.com/watch?v=xI2UXmDfty0
Labor Beethoven 2020 est un laboratoire de création qui offrent les moyens et le temps nécessaires à des musiciens de partout dans le monde pour explorer toutes les possibilités sonores contemporaines. Aucune obligation d’utiliser la musique de Beethoven comme base de réflexion, c’est plutôt son esprit d’innovation qui transcende toute l’expérience.
Beethoven est sur Twitter ! Jour après jour, suivez les réflexions du compositeur sur notre monde moderne, dans les mots exacts de ses propres écrits, lettres et correspondances.
Ce n’est pas de la création d’avant-garde, mais c’est sacrément essentiel ! LE coffret que vous devez avoir si vous aimez Beethoven.
Fazil Say est un pianiste turc hyperinventif et original. Il s’amuse ici avec son illustre prédécesseur.
Beethoven peut aussi jeter sa lumière sur la créativité jazz !
Je ne suis pas convaincu, et j’utiliserais cet exemple comme celui à ne pas suivre, mais elle a du succès auprès du public. La violoniste hip-hop Ezinma reprend la Cinquième. N’y avait-il pas une certaine Vanessa Mae qui faisait ce genre de boisson gazeuse sonore il y a, genre, 25 ans ?
La pianiste Susanne Kessel a eu l’idée de demander à 250 compositeur.trice.s d’écrire 250 pièces pour piano inspirées de Beethoven pour son 250e anniversaire. Elle les a toutes apprises et jouées. Un tour de force.
Une pianiste franco-monégasque d’origine sri-lankaise a trouvé les points communs entre Beethoven et les Upanishad indiens. Le résultat est une rencontre inédite entre deux univers sonores apparemment opposés, mais finalement capables de dialoguer avec intelligence et originalité. Superbe.
Un artiste 2020, son choix 2020 (partie 3)
par Rédaction PAN M 360
Pour clore l’inénarrable année 2020, PAN M 360 vous propose une fois de plus l’éclectisme extrême. Pour votre plus grand plaisir, voici plus de 60 points de vue d’artistes de la musique de tous genres, de toutes générations et de toutes langues, d’origines locales, nationales et internationales.
Nous avons déployé nos antennes et lancé un appel rapide et plus d’une soixantaine d’artistes ont répondu ! Sans prétendre qu’il s’agit de leur album numéro 1 de 2020, leur choix a assurément marqué leur année.
Est-il besoin d’ajouter que nous respectons et apprécions les goûts des artistes mis en ligne sur cette plateforme. Nous savons pertinemment que leurs fans seront ravis qu’ils les expriment sur PAN M 360, aussi sommes-nous d’autant plus honorés de cette généreuse collaboration. De surcroît, ces choix sont tout à fait complémentaires aux sélections de notre communauté !
En vous souhaitant une bonne année 2021, voici trois pavés de plaisir, soit trois parties d’un même concept : un artiste 2020, son choix 2020 ! – Alain Brunet
Tire le coyote est un authentique fleuron de la tendance kebamericana, auteur accompli, compositeur, interprète et aussi mélomane fervent, preuves à l’appui !
Adrianne Lenker, Songs and Instrumentals
« La leader du groupe Big Thief présente ici un magnifique deuxième album solo. Enregistré simplement dans une cabane du Massachusetts,cet opus offre onze chansons douces et mélancoliques en phase parfaite avec l’automne et l’incertitude pandémique. »
Jeff Tweedy, Love Is The King
« Ce 3e album solo de chansons originales en trois ans est son meilleur à mon humble avis, ce qui demeure extraordinaire pour un artiste aussi prolifique ayant quelque 30 années de songwriting derrière la cravate. Pour cet opus, le leader du groupe Wilco oscille entre la légèreté du country plus traditionnel et la profondeur de ballades folk, comme lui seul sait les construire. »
Nicolas Boulericevient de lancer l’album Maison de pierres, projet parallèle au Vent du Nord, vaisseau amiral du trad keb dont il est un incontournable, voire un de ses artistes les plus influents.
Artús, Cerc
Ciac Boum, L’homme sans tête
«Les uns font du rock expérimental avec du trad, les autres font du trad, avec du voisinage. Selon le pif du jongleur, ces deux disques vous aideront à faire valser 2020 loin derrière vous. »
Mong Tongest le projet des frères Hom Yu et Jiun Chi, qui proposent un parcours psychédélique dans le folklore taïwanais d’inspiration occulte où nostalgie, tradition, humour et profonde singularité se mêlent au « côté oriental du rêve ».
Voyage Futur, Inner Sphere
« Un album ambient élégant ! La texture des sons chauds des synthés, des percussions et des arrangements en font l’album que nous avons le plus écouté. »
Robert Nelson, nom d’emprunt inspiré du fameux chirurgien révolutionnaire et patriote indépendantiste du Bas-Canada à l’époque de la rébellion (1837-38), est une véritable force du rap keb, tant en solo qu’au sein d’Alaclair Ensemble.
KNLO, Club Mixtape 2020
« Parce que ça donne la bougeotte ! »
Lisandre Bourdages et Sarah Dion font partie deNobro, furieux combo hard-rock montréalais exclusivement féminin et donc sans « bro » comme son nom l’indique. Sick Hustle, lancé le 17 avril dernier, a remporté le prix du meilleur EP rock de l’année au récent gala Gamiq 2020.
Haim, Women in music part III
« Étrangement, il a fallu au moins 3 ou 4 écoutes complètes de l’album avant de vraiment l’apprécier. Nous étions déjà fans de leur musique mais avec ce nouvel album, nous trouvons qu’elles sont allées encore plus loin, ont pris plus de risque avec des arrangements et prises de son auxquels on se s’attendait pas nécessairement d’elles. Un gros 10/10 pour Haim en 2020 ! »
Thomas Le Duc-Moreau est chef assistant à l’Orchestre symphonique de Montréal, le plus jeune de l’histoire de l’OSM. C’est dire son potentiel ! Il a occupé ce poste aux orchestres symphoniques de Québec et de Trois-Rivières Il est aussi directeur artistique de l’ensemble Volte.
La 2e symphonie de Sibelius par l’Orchestre symphonique de Göteborg dirigé par Santtu-Matias Rouvali
« L’interprétation de la symphonie est d’une grande profondeur artistique et humaine. À l’écoute, on y ressent personnellement une grande connexion avec la musique, mais aussi à quel point les musiciens se sont dévoués à nous la faire sentir. »
Mara Tremblay est une des plus grandes artistes de la mouvance kebamericana et son récent opus Uniquement pour toi est sans conteste l’un des meilleurs albums québécois de 2020.
Marie Nadeau-Tremblay, La peste
« La sensibilité, la profondeur et la justesse de jeu de cette grande violoniste viennent m’apaiser et me permettent de m’envoler avec elle. »
Poiriera tenté un virage vers la chanson pop métissée avec l’album Soft Power paru au cours de l’été 2020, un pied toujours bien ancré sur la piste de danse. Son coup de cœur de cette année, ce n’est pas un album, mais un single !
Kabza De Small & DJ Maphorisa, eMcimbini feat. Samthing Soweto, Aymos, Mas Musiq & Myztro (New Money Gang)
« Kabza De Small et DJ Maphorisa sont sans conteste les maîtres – très prolifiques – de l’amapiano, genre hypnotique et envoûtant à souhait qui flirte avec la house mais dont le tempo est plus lent. Cette chanson, tirée de l’album Scorpio Kings Live de Kabza De Small & DJ Maphorisa, peut jouer cinq fois de suite et j’en redemande encore. Assurément le single de l’année. »
Nicolas Basqueest multi-instrumentiste, compositeur et réalisateur studio. Membre fondateur de Plants and Animals, il accompagne d’autres artistes, compose pour la danse et le théâtre.
Antoine Corriveau, Pissenlit
« Parce que je l’aime beaucoup et surtout parce que c’est un album sensible où l’instinct est à l’avant-plan. »
Jake Ingalls est guitariste et claviériste chez les Flaming Lips, mais aussi guitariste et chanteur de Spaceface, formation de Memphis connue pour son pop-rock psychédélique planant et ses jeux de lumières hallucinants. La dernière proposition se veut un album des Fêtes bien lysergique : Holydaze.
Petit Prince, Les plus beaux matins
« Ce disque de Petit Prince est mon préféré de l’année. C’est notre claviériste, Katie, qui me l’a fait découvrir il y a quelque temps. J’attendais avec impatience un album complet et je n’ai pas été déçu. C’est un super mélange de pop française psychédélique à synthés et de bizarreries expérimentales. On se sent téléporté par leurs paysages sonores. J’apprendrais le français si ce type collaborait avec nous. »
Jason Williamson (Sleaford Mods) : Après la sortie d’une compilation retraçant les sept dernières années du duo punk-rap britannique parue en mai dernier, le charismatique chanteur s’apprête à lancer le sixième album des Sleaford Mods, Spare Ribs, le 15 janvier 2021.
Billy Nomates, Billy Nomates
« C’est son premier album et c’est brillant ! Je fais une chanson avec elle sur ce disque et j’en suis vraiment fier (Sleaford Mods lui ont d’ailleurs rendu la politesse sur leur prochain album). Elle a un accent qui pourrait être américain ou canadien mais elle britannique. Je trouve ça intéressant comment elle chante et parle, c’est comme un gros fuck-off à la culture britannique, la preuve que t’es pas obligé de chanter avec un accent comme le nôtre. C’est franchement vraiment bon, écoutez ça! »
Totalement Sublime, c’est Marc-Antoine Barbier (Choses Sauvages) et Élie Raymond (Foreign Diplomats). C’est chanté en français, ça se veut contemplatif, ça sonne comme de la synth-pop et de l’avant-pop avec des saveurs progs ou même asiatiques, ça traite de sujets comme la fatigue, la chaleur, la nostalgie.
Nicolas Jaar, Cenizas
« On aime vraiment le côté assez sombre de cet album presque instrumental qui tire même par moments sur la musique concrète (il est allé pas mal plus dans cette direction avec son deuxième album de 2020, Telas). Cenizas est un album assez immersif qui reste toujours dans une ambiance renfermée et on a beaucoup aimé quand c’est sorti. Élie se souvient très bien que Marc-Antoine est la première personne à qui il a écrit : “Maaaaaaan, t’as écouté ça ?!” »
Manu Militari est rappeur keb, auteur, compositeur, avec cinq albums derrière la cravate. Relativement discret depuis un moment, il réapparaît dans le paysage sonore local, on le soupçonne de mijoter quelque chose…
David Goudreault, Le nouveau matériel
« Mon album préféré de 2020 est un album franc, original et pur, c’est aussi l’oeuvre d’un artiste que j’aime autant que je l’admire »
Pierre Guérineau : Artiste complet, compositeur, multi-instrumentiste, producteur, chanteur, parolier, il fait équipe avec Marie Davidson dans des projets communs dont Essaie Pas, L’Oeil Nu et attise les braises de son projet solo : Feu Saint-Antoine.
Grischa Lichtenberger, Kamilhan, il y a péril en la demeure
« Musicien et artiste visuel sous-estimé, Grischa Lichtenberger m’a complètement désarmé cette année avec son album, résolument le plus “pop” de sa série. De par son utilisation émotive des voix synthétiques (v carg 1br, syn resr), son sens du groove et des textures, à la fois intime et complètement alien, il a été l’un des seuls LP de 2020 à rester sur mon disque dur. »
Aurélien Tomasi est clarinettiste et saxophoniste pour la formation multiculturelle Gypsy Kumbia Orchestra, de surcroît compositeur et arrangeur.
El Balcón, La Bruja
« En s’inspirant du son jarocho mexicain et de la musique grecque, El Balcón présente une esthétique musicale unique et inusitée, riche tout en restant accessible. De la même façon que le Gypsy Kumbia Orchestra le fait avec les musiques afro-colombiennes et balkaniques, El Balcón propose un métissage original, particulièrement représentatif de la richesse cosmopolite du Montréal actuel. Avec l’album La Bruja, El Balcón propose des arrangements intéressants de son traditionnel, ainsi que quelques pièces originales. »
Scott Feltham a joué plusieurs instruments avant de choisir définitivement la contrebasse et d’acquérir le niveau nécessaire à l’obtention d’un poste au sein de l’OSM.
William Prince, Reliever
« Cet artiste a l’une des voix les plus chaleureuses que je connaisse. Ses chansons sont d’une grande douceur et me touchent droit au cœur. Dans ses textes, il est souvent question d’espoir et d’optimisme face aux défis et aux luttes. Des propos tout à fait actuels. »
Gab Bouchard est issu d’une famille d’éminents Bleuets de l’indie rock, son album Triste pareil a attiré l’attention de plusieurs au début de 2020.
Mara Tremblay, Uniquement pour toi
« Je trouve que c’est tellement abouti, tellement bien ficelé. J’ai toujours aimé Mara, et là, j’étais content qu’elle revienne avec un disque aussi solide. Je sais pas si c’est parce que j’aime tout le monde qui a participé à cet album, mais selon moi, c’est pas mal dans les top de 2020 au Québec. »
Lou Canon lançait au printemps son dernier album, Automatic Body, très beau travail dans les boisés torontois de la dream pop, de la synth-pop ou de l’avant-pop.
Jennifer Castle, Monarch Season
« Jennifer Castle a quelque chose de surnaturel. Quand elle chante, c’est comme si je me retrouvais dans les bras tendres et apaisants d’une mère. Elle fait taire le bruit dans ma tête. »
Mirabelle est le nouveau pseudo de Laurence Hélie, qui faisait dans le kebamericana au tournant de la précédente décennie, des années avant de ressurgir avec un projet totalement différent, cette fois bilingue : Late Bloomer.
Helena Deland, Someone New
« J’avais été happée par le talent de cette fille lorsqu’elle avait assuré la première partie de Matt Holubowski, il y a quelques années. Cet album est d’une beauté rare et je pourrais écouter en boucle et pour toujours la première minute de la première chanson sans jamais m’en lasser ! »
Taylor Swift, Folklore
« Ce n’est pas très en marge comme choix, j’en conviens, mais j’assume. Comme tout le monde, je ne m’attendais pas à cet album. Je ne savais pas non plus à quel point j’en avais besoin et à quel point il me ferait du bien. La douceur et la sobriété des arrangements… les textes ! Les choses auraient sûrement été différentes si on enlevait 2020 de l’équation, mais ce retour aux sources était franchement tout ce que je pouvais encaisser cette année. »
Arlo Parks, EP Black Dog
« J’aime tout tout tout de cet EP… la poésie, sa voix, l’instrumentation respire, on s’accroche à chacune de ses paroles. J’attends avec grande impatience son prochain album en 2021. »
Joseph Edgar a sorti cet automne l’EP indie folk-rock Peut-être un rêve, pur jus de l’Acadie contemporaine dont il est l’un des éminents créateurs de chansons.
Klô Pelgag, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs
Antoine Corriveau, Pissenlit
Les Hay Babies, Boîte aux lettres
« Difficile de choisir un album en particulier, car chacun m’a fait planer à tour de rôle, en boucle d’accompagnement de mes marches quotidiennes et de mes soirées autour de la table tournante. Alors, je déclare ex-aequo ces trois quasi chefs-d’œuvre. Pourquoi eux, malgré quelques autres qui les talonnent de près ? De un, parce que j’ai décidé de rester dans la francophonie (désolé Dylan). De deux, car ces artistes ont su m’emporter dans un monde musical complètement libre, sans toutefois délaisser la maîtrise mélodique et le travail des textes. De trois, parce que depuis leur début y’a rien qui sonne comme eux, et avec ces disques, on ressent vraiment qu’elles et il plantent chacun leur drapeau en plein dans le cœur noir de 2020, me permettant de voyager loin, sans bouger si loin que ça, à ma plus grande joie. »
Marie-Hélène Landry, chanteuse du groupe montréalais Obsolete Mankind, roule sa bosse depuis belle lurette dans les savanes où ça hurle le métal.
Fuck the Facts, Pleine noirceur
« Parce que les artistes de ce groupe se sont vraiment réinventés pour cet album. »
Alexandre Lapointe est un bassiste extrêmement sollicité et leader de la formation The Brooks.
King Krule, Man Alive
« Cet album aborde encore une fois les recoins sombres de la vie en société et trouve un moyen de la traduire en perle poétique et mélodique. Archy Ivan Marshall a une très belle manière à lui de mélanger tout style de musique confondue avec agilité ce qui rend ce projet vraiment intéressant peu importe l’album qu’on écoute de King Krule. Qu’il s’agisse de jazz, de hip-hop à la J Dilla ou encore de rock, tout est fait avec brio. »
« Ça n’aura pas été facile, mais je vais opter pour Devouring Ruin de Wake. À la base un groupe purement grindcore, Devouring Ruin, le 5e album du groupe, se démarque par la qualité et la lourdeur de ses compos et nous démontre à quel point le band a évolué musicalement. »
Population II, trio de rock franco expérimental, a lancé l’album À la Ô Terre cet automne chez Castle Face et suscite de plus en plus d’intérêt auprès des amateurs.
Brigid Dawson & The Mothers Network, Ballet Of Apes
« Un premier album solo de l’ex-chanteuse/claviériste du groupe Thee Oh Sees/OCS. On y retrouve des chansons envoûtantes, une production remarquable et des collaborations avec d’incroyables musiciens situés un peu partout sur ce globe : Sunwatchers, Mikey Young (Total Control/Eddy Curre).
Alex Henry Foster est une figure de proue du post-rock montréalais, son offrande la plus récente s’intitule Snowflakes in July.
Gunn-Truscinski Duo, Soundkeeper
« En cette année faite de confusion et d’improbables, je me suis réfugié dans l’univers atmosphérique, drone, expérimental et méditatif du magnifique album instrumental Soundkeeper qu’a lancé le duo de créateurs jazz/psych et bruitistes Steve Gunn et John Truscinski en guise de 4e album. Il m’a offert l’immersion nécessaire à me perdre à travers l’écho de mes réflexions, tout en me permettant de ne jamais totalement sombrer dans l’obscurité de mon environnement oscillant entre chaos et catharsis. »
Un artiste 2020, son choix 2020 (partie 2)
par Rédaction PAN M 360
Pour clore l’inénarrable année 2020, PAN M 360 vous propose une fois de plus l’éclectisme extrême. Pour votre plus grand plaisir, voici plus de 60 points de vue d’artistes de la musique de tous genres, de toutes générations et de toutes langues, d’origines locales, nationales et internationales.
Nous avons déployé nos antennes et lancé un appel rapide et plus d’une soixantaine d’artistes ont répondu ! Sans prétendre qu’il s’agit de leur album numéro 1 de 2020, leur choix a assurément marqué leur année.
Est-il besoin d’ajouter que nous respectons et apprécions les goûts des artistes mis en ligne sur cette plateforme. Nous savons pertinemment que leurs fans seront ravis qu’ils les expriment sur PAN M 360, aussi sommes-nous d’autant plus honorés de cette généreuse collaboration. De surcroît, ces choix sont tout à fait complémentaires aux sélections de notre communauté !
En vous souhaitant une bonne année 2021, voici trois pavés de plaisir, soit trois parties d’un même concept : un artiste 2020, son choix 2020 !– Alain Brunet
Rosie Valland, autrice, compositrice, chanteuse, a coréalisé en 2020 l’album cathartique Blue, aux côtés de de Jesse Mac Cormack. Cette production de grande qualité fut suivie par l’EP automnal Bleu, enregistrement intimiste pour piano, voix et sédiments électroniques.
Adrianne Lenker, Songs & Instrumentals
« Adrianne est une artiste qui me touche beaucoup et que j’écoute en boucle depuis le début de la pandémie. C’est le genre de musique qui remplit instantanément une pièce. »
Marie Davidson : Compositrice, beatmaker, réalisatrice, poétesse, performer, elle a acquis une renommée internationale grâce au tandem Essaie pas et à sa carrière solo, dont le dernier chapitre s’intitule Renegade Breakdown, offrande méta-pop qui contraste avec ses propensions à l’électro.
Sarah Davachi, Cantus, Descant
« Cet album contient de belles compositions discrètes et élégantes qui laissent place à l’introspection. De plus, il est très bien enregistré et entièrement produit par l’autrice. »
Salomé Leclercest une femme-orchestre, autrice, compositrice, chanteuse et réalisatrice ayant connu une éclosion lente et sûre, marquée il y a deux ans par le superbe album Les choses extérieures. Voilà une grande étape dont on attend la suite!
Helena Deland, Someone New
« Cet album joue dans mes oreilles tous les jours depuis sa sortie. Une profondeur immense autant dans sa voix que dans les arrangements. C’est incarné, inspiré (et inspirant), j’oserais dire que ça touche à la perfection. »
Stefie Shock, musicien polyvalent et chanteur montréalais, a sorti une compilation sur vinyle en novembre dernier, Presque tout Vol. 1. Le DJ en lui n’est jamais bien loin et pour ce disque, Stefie a tout compilé, avec des retouches de mixes ici et là, un remix qu’il a fait lui-même, une version alternative, un mix inédit, et surtout des versions originales.
Mara Tremblay, Uniquement pour toi
« Cet album m’a charmé par ses mélodies simplement belles, ses émotions fines et par la musicalité de tous ceux et celles qui y participent. »
Jordan Officer fut le musicien central de Susie Arioli avant de voler de ses propres ailes et de s’imposer comme un incontournable guitariste rétro-nuovo sur le territoire canadien, alliant jazz, blues et country, faisant preuve d’une grande rigueur musicologique dans ses choix artistiques..
The Mike Rud Trio Invites Peter Bernstein, Salome’s Dance
« Mike était un de mes profs à McGill lorsque j’y étais en Jazz Performance, il y a une vingtaine d’années. C’est un guitariste qui m’a toujours inspiré, il a été un mentor, un éducateur incroyable. Vous l’avez peut-être vu aussi comme accompagnateur principal dans la tournée d’Andrea Lindsay pour l’album Entre le jazz et la java, album que j’ai réalisé. Ce nouvel album de Mike Rud avec Peter Bernstein a été un coup de cœur pour moi. C’est un grand album de guitare jazz, et aussi cet album m’a fait découvrir Peter Bernstein, guitariste new-yorkais, et je suis vite allé découvrir sa discographie, qui est magnifique. »
Michel Away Langevin, artiste visuel et batteur de la légendaire formation métal Voïvod. En plus d’exceller en tant qu’instrumentiste, il fait preuve d’une grande ouverture d’esprit et demeure un musicien influent après tant d’années de service.
Public Enemy, What You Gonna Do When The Grid Goes Down?
« Cet album m’a charmé par ses mélodies simplement belles, ses émotions fines et par la musicalité de tous ceux et celles qui y participent. »
Peter Peteratteignait la maturité avec Noir Éden il y a trois ans, on savait désormais l’envergure de cet auteur, compositeur, multi-instrumentiste, producteur, très solide créateur pop. Il s’est surpassé en 2020 avec Super Comédie, pop de création enregistrée et réalisée sur deux continents.
Khotin, Finds You Well
« C’est un album que j’écoute pour fuir la réalité. Les textures sont parfois hors de ce monde et l’ambiance très onirique. Je ressens souvent le besoin de l’écouter. »
Marie Nadeau-Tremblayest violoniste et leader de la formation Les Barocudas. Elle est assurément l’une des nouvelles sensations de la scène baroque canadienne, tant pour la qualité de son jeu que de sa direction artistique et son leadership.
Andrew Wan et Charles Richard-Hamelin, Sonates 1, 2, 3 et 5 de Beethoven
« Pour l’anniversaire des 250 ans de naissance de Beethoven, Andrew Wan et Charles Richard-Hamelin nous offrent ces sonates avec un mélange équilibré de fougue et de tendresse. »
Mélisande Corriveau et Eric Milnes, Badinages
« Tout le génie de Marin Marais, élevé par le jeu d’une exquise beauté de Mélisande Corriveau à la viole, accompagnée avec sensibilité par Eric Milnes au clavecin. »
Jacob Collier, Djesse Vol. 3
« Qualifié par beaucoup de ses contemporains de « Mozart des temps modernes », Jacob Collier compose ses propres chansons et revisite des classiques en étirant de tous bords tous côtés les possibilités harmoniques. Multi-instrumentiste à la voix d’ange, au charisme étincelant et à la créativité débridée, nous n’avons pas fini d’entendre parler de Jacob, cet homme-musique. Son album Djesse Vol. 3 est sorti cette année, mais ne manquez pas de visiter également ses albums antérieurs, dont In My Room, album solo créé entièrement dans sa chambre et sorti en 2016. »
Leticia Trandafir alias Softcoresoftest à la fois musicienne, DJ, productrice, beatmaker et directrice musicale du collectif Never Apart. Assurément, cette artiste visionnaire s’avère une authentique leader esthétique de sa génération.
Dinamarca & La Flavi, Is It Real
« Dinamarca, producteur suédois d’origine chilienne, s’est associé à l’auteure-compositrice-interprète indépendante de R&B et reggaeton La Flavi pour créer cet album de sept pistes sorti sur son propre label Staycore en octobre 2020. Déjà le titre résume bien 2020 : Is It Real, est-ce réel ? Alors qu’on se serait peut-être attendu de ma part à ce que je choisisse de la techno, je n’en ai pas tellement écouté en 2020, lorsque le monde de la nuit s’est effondré en raison de la Covid-19. J’ai eu besoin de musique qui accompagne un moment d’introspection, où j’ai eu à naviguer un nouveau rapport à mes émotions, à l’amour, à l’appartenance. Cet album a résonné avec tout cela dès la première écoute. On pourrait le décrire comme du reggaeton mélodique de la nouvelle école, avec un brin d’influences de « musique club déconstruite ». Le ton est résolument mélancolique, mais l’album fait un peu danser aussi (dans son salon) par moments, avec la track Peces. Celle qui ressort le plus, c’est Sana Sana, dont les paroles m’ont bercée : » sana sana, colita de rana, si no sana hoy sanará mañana « , une expression courante en espagnol que les adultes disent à un.e enfant lorsqu’il/elle/iel se blesse : « guéris, guéris, queue de grenouille. Si tu ne guéris pas aujourd’hui, tu guériras demain ». Je pense qu’on avait besoin d’entendre ça en 2020. »
André Moisanoccupe le pupitre de saxophone solo et de clarinette basse au sein de l’OSM. Il est soliste dans maints contextes, il dirige, il conceptualise, il enseigne. Voilà un de nos remarquables virtuoses dont l’univers classique est une porte ouverte à plusieurs autres genres musicaux, qu’il pratique aussi avec ferveur.
Evgeni Koroliov, The Koroliov Series Vol. XXII, Feuilles nocturnes (œuvres pour piano de Chopin)
« Le 22e album de Koroliov, Feuilles nocturnes, est d’une sensibilité rare et d’une limpidité touchante de pureté ! »
Antoine Corriveau, l’un des artistes les plus accomplis de la nouvelle chanson keb franco, a signé l’excellent opus Pissenlit en 2020 et fut le tout premier artiste à enregistrer une SESSION 360. Notre collaboration se poursuit avec ses choix 2020.
Bill Callahan, Gold Record
« J’ai toujours aimé le travail de Bill Callahan depuis Smog, son ancien band, mais je pense que Gold Record est son meilleur disque. C’est tout ce qu’il sait faire, encore mieux qu’avant, et des textes renversants d’efficacité. »
Jarv Is, Beyond the Pale
« Un disque vraiment excitant et surprenant de Jarvis Cocker. Le genre de disque qui commande une écoute active et qui sait récompenser l’auditeur. »
Klô Pelgag, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs
«Un gros morceau qui vient d’un seul bloc et ne nous laisse pas indemnes. J’aime y entendre la douceur et la proximité en même temps que l’agressivité et la noirceur. Je trouve ce disque vraiment touchant. »
Philip Chiu, superbe pianiste classique et nouvelle signature chez ATMA Classique, n’est qu’au début d’une brillante carrière. Il est un chambriste de haut niveau, assurément parmi les plus sollicités au Canada.
Cosmo Sheldrake, Wake Up Calls
« Sheldrake utilise des enregistrements d’oiseaux menacés d’extinction pour dévoiler un cycle jour-nuit tout en musique. Il réussit à nous faire réfléchir autant sur notre monde intérieur que sur celui qui nous entoure. Tendre, vibrant, méditatif et vivifiant, cet album est mon grand favori de 2020. »
Construit autour de l’auteur-compositeur-interprète Emerik St-Cyr Labbé, le groupe keb franco Mon Doux Saigneur pagaie allègrement sur les eaux du lo-fi rock, du folk, de la pop et du country.
Mapache, From Liberty Street
« J’ai depuis renoué avec les harmonies vocales, la guitare sèche et les envolées mélodiques. Ça fait très Californie. Ça me rappelle aussi ma phase Fleet Foxes et aussi un mélange de George Harrison et de Crosby Stills & Nash. »
Jeff Moranest auteur, compositeur, interprète, directeur artistique. On l’apprécie d’abord pour la qualité de sa plume, d’ailleurs mise à contribution pour la majorité des textes du dernier album de sa compagne, Catherine Major.
Phoebe Bridgers, Punisher
« Textes magnifiques, profonds et existentiels – chanteuse pure sans flaflas ni vilain tic – réalisation brillante, textures particulièrement savoureuses dans Garden Song. En n’inventant rien, cet album repropose tout. On est loin des EQ conventionnels pour ce type d’album folk qui serait normalement fait pour aller droit au cœur. Il y va pourtant, mais il ouvre lui-même son propre sentier. »
San Jamesenregistre ses chansons dans les deux langues officielles. Elle traverse actuellement un cycle francophone avec dans sa besace un enregistrement homonyme, lancé le 11 septembre dernier.
Laura Marling, Song for Our Daughter
« J’ai découvert cet album en marchant dans les rues de Montréal, au début de la pandémie. J’ai été profondément touchée, et inspirée, par l’intimité du propos, la voix sensible de l’artiste, le choix des arrangements sobres. Le genre d’album qui te chavire (avec douceur, certes) le cœur à chaque écoute. »
Thomas Carbou est un guitariste de haut niveau. Il use d’un instrument à huit cordes, de pédales d’effets et autres technologies récentes et investit plusieurs styles musicaux, instrumentaux ou électroniques. Son état d’esprit voisine le jazz contemporain, le post-rock et l’ambient.
Jónsi, Shiver
« Un album électro-pop expérimental dont la production est simplement hallucinante, où chaque son est travaillé avec minutie et placé avec un grand souci du détail. C’est juste beau ou plutôt juste et beau. »
Jill Barbervit en Colombie Britannique, ce qui n’est aucunement un frein pour investir l’espace francophone canadien. Entre nous, le plus récent album de la chanteuse anglophone exprimé en français, en est l’éloquente illustration. Cet Entre nous, soit dit en passant, ne doit pas être confondu avec l’opus de Diane Tell qui porte le même titre.
Slow Leaves, Shelf Life
Rufus Wainwright, Unfollow the Rules
« J’adore l’album Shelf Life de l’artiste de Slow Leaves (de Winnipeg). Unfollow the Rules de Rufus Wainwright est spectaculaire. »
Hamza et Annick du groupe Ayrad : chanteur, guitariste, compositeur et leader d’Ayrad, Hamza Abouabdelmajid a grandi à Fès, il s’est installé à Montréal et a fait la rencontre de la hautboïste et bassiste Annick Beauvais pour ensuite fonder Ayrad.
The Brooks, Any Day Now
« The Brooks, ce sont les maîtres dans l’art du groove. Les arrangements et les brass sont incroyables. »
Mike Di Salvo est le chanteur d’Akurion, groupe métal de Montréal ayant lancé en 2020 l’album Come Forth to Me.
Deftones, Ohms
« Je suis un grand fan des Deftones depuis Adrenaline. Les voir en concert à cette époque a été très formateur pour moi, énergiques, groovy et toujours excellents. J’aime tous leurs disques, mais celui-là… bon sang ! L’ajout d’une guitare à 9 cordes donne encore plus de muscle à leurs grooves déjà malades, plus en tout cas que ce à quoi on s’attendait. Chino, comme d’habitude est en voix, et toujours parfaitement au poil. Leur meilleur depuis Diamond Eyes. »
Daniel Mongrainest guitariste de la légendaire formation Voïvod, qui jouit d’un culte important sur l’entière planète des métalleux.
AC/DC, Power Up
« Mon coup de cœur pour 2020 : le dernier AC/DC, Power Up. Parce que ça m’inspire. Ça me permet de croire encore au rock et à sa longévité ! »
Naxx Bitotaest native de la République démocratique du Congo. La chanteuse montréalaise aime les musiques classiques et populaires panafricaines à commencer par la rumba-soukouss de son pays d’origine, qu’elle distille dans ses chansons.
Ilam, Néné
«J’aime cet album pour plusieurs raisons, bien sûr, mais en particulier pour son arrangement musical et surtout pour la voix très puissante et émotive de Ilam. Mon coup de cœur : la chanson Néné, qui est un hommage à sa mère. »
Karo Laurendeau est autrice-compositrice-interprète et récipiendaire du Prix Musique country au dernier Gala de la SOCAN. Elle est sans contredit parmi les forces montantes du renouveau country francophone d’Amérique.
Wild Ouest, EP La loi des plus forts
« Du bon country pour prendre la route ! Phil G. Smith et John-Anthony Gagnon-Robinette sont deux gars hyper talentueux. Ils écrivent des chansons remplies de bonne humeur et de mélodies accrocheuses ! »
Danny Boudreau, La lune et le soleil
« Un grand auteur-compositeur que j’admire beaucoup ! Son dernier album a un son très assumé qui fait du bien à la cowgirl que je suis ! Les bons mots sur les belles mélodies ! »
Cindy Bédard, Après l’orage
« Elle nous offre beaucoup de sensibilité et d’émotions ! Ce parcours country/folk de la femme qu’elle est devenue, ça s’écoute très bien lors de mes promenades dans le bois. »
Un artiste 2020, son choix 2020 (partie 1)
par Rédaction PAN M 360
Pour clore l’inénarrable année 2020, PAN M 360 vous propose une fois de plus l’éclectisme extrême. Pour votre plus grand plaisir, voici plus de 60 points de vue d’artistes de la musique de tous genres, de toutes générations et de toutes langues, d’origines locales, nationales et internationales.
Nous avons déployé nos antennes et lancé un appel rapide et plus d’une soixantaine d’artistes ont répondu ! Sans prétendre qu’il s’agit de leur album numéro 1 de 2020, leur choix a assurément marqué leur année.
Est-il besoin d’ajouter que nous respectons et apprécions les goûts des artistes mis en ligne sur cette plateforme. Nous savons pertinemment que leurs fans seront ravis qu’ils les expriment sur PAN M 360, aussi sommes-nous d’autant plus honorés de cette généreuse collaboration. De surcroît, ces choix sont tout à fait complémentaires aux sélections de notre communauté !
En vous souhaitant une bonne année 2021, voici trois pavés de plaisir : un artiste 2020, son choix 2020 ! – Alain Brunet
Backxwash : Si l’année 2020 a été terrible pour bien des gens, ce ne fut pas le cas pour la rappeuse montréalaise d’origine zambienne qui a raflé le prix Polaris pour son acclamé album hip-hop noise expérimental God Has Nothing To Do With This Leave Him Out Of It.
Black Dresses – Peaceful As Hell (Blacksquares)
Le groupe Black Dresses continue d’être l’un des plus avant-gardistes. Mais pas uniquement, il y a une énorme aura d’amitié même dans les moments les plus sombres et c’est la bande sonore dont 2020 a besoin en ce moment.
Fuzz est un trio de Los Angeles, composé de Ty Segall(batterie, chant), Charles Moothart (guitare, chant) et Chad Ubovich (basse, chant). Fuzz a fait paraître III en octobre dernier sous étiquette In The Red Recording, un album qui prend les ingrédients essentiels de la « musique de guitares » et du « rock and roll power trio » et les met avec brio sur le billot. Voici ce que le leader de la formation Charles Moothart a le plus apprécié cette année.
Run the Jewels – RTJ4(BMG/Jewel Runners/RBC)
« Cet album a été une formidable source de lumière durant cette année particulièrement sombre. J’adore tous les disques de la RTJ, mais celui-ci est une vraie bombe. Les paroles, la production, le flow… tout dans ce disque est incroyable. »
Cold Beat – Mother (DFA)
« Cet album est magnifique. J’ai toujours aimé les chansons d’Hannah (Lew), tant au plan de l’écriture que du chant. L’espace qu’on trouve dans la production est comme une grande bouffée d’air frais. Je me suis toujours senti privilégié de connaître Hannah, et ce disque me permet de poursuivre mon appréciation. »
Gen Pop – Ppm66 (Post Present Medium)
« J’aime beaucoup la production et la qualité d’écriture des chansons de cet album. C’est agréable de voir des disques qui sont si personnels et originaux. On peut y reconnaître de nombreux styles d’écriture et diverses influences esthétiques, mais on ne sent jamais qu’il est copié. »
Eman fut de l’aventure Accrophone avec Claude Bégin, avant que les deux comparses joignent les rangs d’Alaclair Ensemble et poursuivent chacun une carrière solo de rappeur keb en parallèle du vaisseau amiral.
Larry June – Adjust to the Game
« Je place pas les albums en ordre d’importance dans ma vie, je trouve ça trop compliqué. Par contre, j’écoute plusieurs types de musique selon mes moods. Cette année, j’apprécie énormément le travail de Larry June. Commencez par Adjust to the Game. Le genre de vibe que tu veux dans ton radio cassette. »
Dominic Berthiaume de Corridor :2020 aurait dû être l’année de Corridor (l’année de bien des gens en fait) après l’encensé Junior, paru en octobre 2019 sur Sub Pop. Le groupe art-rock montréalais a tout de même réussi à garder le momentum avec des clips, la réédition de l’album Supermercado et toutes sortes de choses reliées au groupe. Grand amateur de musique et journaliste à ses heures, Dominic Berthiaume (basse, voix) nous dévoile son coup de cœur de 2020.
Cindy Lee – What’s Tonight To Eternity (W.25th)
« What’s Tonight To Eternity n’est peut-être pas l’album que j’ai le plus écouté en 2020, mais il est certainement le plus jouissif. Chaque écoute m’amène à découvrir quelque chose de nouveau. Avec What’s Tonight To Eternity, Pat Flegel trouve le juste équilibre entre les expérimentations bruitistes et les mélodies pop/motownesques 60s qui caractérisent son travail des dernières années. Envoûtante, poignante, déroutante, introspective et parfois difficile, l’œuvre méritait, à mon avis, de se retrouver dans la courte liste du prix Polaris cette année. Du grand art ! »
Ellemetue a sorti En pays lointain il y a deux ans. On a fini par être titillé par cette poésie électro-rock et/ou krautrock d’expression française.
Jyoti (aussi connue sous son vrai nom, Georgia Anne Muldrow) – Mama, You Can Bet!
« Nous l’aimons bien pour son côté expérimental et jazz. Nous avions bien aimé aussi l’album Vweto II de cette artiste. »
Ela Minus: Attitude punk, sensibilité pop, allégeance électro, sensuelle rébellion, la jeune Colombienne a lancé en octobre dernier l’album Acts of Rebellion sous étiquette Domino. Composé, interprété en anglais ou en espagnol, arrangé, enregistré et réalisé par elle seule, cette œuvre vivifiante révèle une artiste complète.
Caribou – Suddenly
« Cet album m’a surprise à tous points de vue. Musicalement, il a repoussé les limites de mes goûts et sur le plan des paroles, à commencer par le titre, c’était on ne peut plus approprié compte tenu de la grande leçon qu’on a tirée de 2020. Nous pouvons tout perdre – ou tout gagner – en un clin d’œil. »
Jasamine White-Gluz, alias No Joy,crée des paysages sonores à la fois mélodiques et écrasants, ponctués de grooves disco, trip-hop, trance, électro et même des charges nu-metal. Motherhood, nouvel album de la formation montréalaise, donne au shoegaze un second souffle dont il avait bien besoin.
Backxwash – God Has Nothing To Do With This Leave Him Out Of It
« Mon artiste préférée de l’année, qui a absolument tout écrasé avec cet album. Chaque fois que je l’écoute, j’entends quelque chose que je n’avais jamais entendu auparavant. J’ai très hâte d’entendre la suite, il n’y a pas de limites à ce qu’elle peut faire. »
Jérôme Minière est un maître de la chanson post-moderne, ses textes, sa vision du monde. Ses choix référentiels l’ont mené très haut, ses réalisations de 2020 le démontrent une fois de plus.
M. Ward – Migration Stories
« M. Ward n’est pas un artiste que je suivais jusqu’ici, je suis tombé sur son album un peu par hasard et en ces temps particuliers. J’y suis revenu souvent et y ai trouvé un vrai réconfort, une chaleur, une élégance, de la délicatesse, une simplicité en surface, de la complexité en dessous. Sinon, ma découverte de l’année est l’artiste anglaise Rozi Plain, mais ses albums ne sont pas de cette année… Mes chansons préférées d’elle, sont Jogalong (2015) et Conditions (2019). Cette année, elle a justement sorti un remix de Conditions par Kieran Hebden (alias Four Tet), mais je préfère l’original ! »
Simon Angell fut un guitariste crucial pour Patrick Watson avant de fonder l’excellent groupe Thus Owls avec sa compagne Erika Angell.
Alabaster DePlume – To Cy & Lee: Instrumentals Vol.1 ; Mr. Bungle – The Raging Wrath of the Easter Bunny Demo ; Brahja – Brahja
« Impossible d’avoir un seul top album pour moi. Comment comparer Kendrick Lamar avec David Bowie ou Tim Hecker ? Alors, je te donne mon top 3… Dans aucun ordre partculier : Alabaster DePlume, To Cy & Lee : Instrumentals Vol.1 ; Mr. Bungle, The Raging Wrath of the Easter Bunny Demo ; Brahja, Brahja (pour être juste, celui-ci est sorti à l’automne 2019, mais compte tenu de cette année de merde, je pense que bien des disques qui sont sortis fin 2019 ont été perdus dans la mêlée et devraient être pris en considération). »
Laroie, c’est l’autrice-compositrice et chanteuse montréalaise Gab Godon, également connue au sein du tandem Heartstreets. Avec ses enregistrements mis au point de concert avec Robert Robert, elle propose un raffinement certain aux domaines de la synth-pop et de la soul-pop.
Emmavie & Alfa Mist – Epoch
« Cet album m’accompagne depuis le début de la pandémie et ne m’a pas quittée depuis. J’ai découvert deux artistes que je ne connaissais pas vraiment et je suis tombée en amour avec la manière nonchalante dont Emmavie raconte ses histoires et partage son énergie. »
Yonatan Gat : Habitué des scènes montréalaises, le guitariste hors-normes de Tel-Aviv, relocalisé depuis plusieurs années à New York, travaille sur un autre album en collaboration avec les Eastern Medicine Singers et d’autres musiciens traditionnels d’Amérique du Nord et du Sud.
Mourning [A] BLKstar – The Cycle (Don Giovanni)
« C’est un super collectif de Cleveland. J’en ai entendu parler par Joe Steindhardt, le type qui dirige leur label, Don Giovanni. Pour moi, c’est le meilleur nouveau disque que j’ai entendu cette année. Il ressemble à de la soul music, mais il saute entre les styles d’une manière que j’aime, de façon totalement libre. Ils font vraiment leur propre truc. »
Marie-Pierre Arthur, bassiste, autrice, compositrice, réalisatrice, mène une carrière solo de plus en plus importante. Des feux pour voir, son plus récent album, sorti au début de 2020, a récolté son lot d’éloges.
Moses Sumney – Græ
« Ce disque ne se définit pas… tout y existe. C’est un album qui n’a pas de limite ni de forme. Ça touche autant le cœur que l’esprit. C’est une musique expérimentale mais il nous y emmène par des chemins connus. Des sensations de soul ou de psychédélique pendant que la pièce est complètement éclatée. Et il peut chanter dans tous les registres. Le genre d’album où il y a tellement de choses qui se passent qu’on peut l’écouter sans cesse et y découvrir toujours du nouveau. C’est du travail de génie ! »
Marie Goldest désormais une figure de proue du rap keb, une des trop rares femmes MC à faire profiter son indéniable talent au hip-hop franco.
Doja Cat – Hot Pink
« Cette artiste qui allie chant et rap, en plus d’avoir un style complètement disjoncté et décomplexé, a vraiment illuminé mon année 2020. »
Lance Phelps (The Spits) : Le batteur a réintégré le groupe de Kalamazoo pour la création d’un court mais intense nouvel effort. Spits VI est sans contredit l’un des meilleurs albums punk des dernières années.
Digital Leather – New Wave Gold ; King Khan – The Infinite Ones
« J’ai toujours aimé les disques de Digital Leather, qui a trouvé la clé pour créer une dance music audacieuse à base de synthés ambient. J’ai aussi beaucoup aimé le jazz de forme libre de notre ami King Khan ! »
Carla Blancest le projet solo de Charles des Dear Criminals, un des groupes les plus intéressants de Montréal et dont chaque membre aménage son univers sonore.
Yussef Dayes & Tom Misch – What Kinda Music
« Parce que c’est l’album que j’ai le plus écouté cette année, mon choix d’instinct s’arrête sur What Kinda Music. Catégorie : aromatique et charnu. Je suis de la génération où aimer un album en entier était “cool » et je me tanne juste pas de celui-là. À chaque écoute un nouveau détail me hook et me donne le feeling de le redécouvrir, comme toujours sur le qui-vive d’une première date. Le côté collectif est perméable; le South London jazz de Dayes (et les succulentes collabs) repousse dans ses confins la pop londonienne parfois convenue de Misch (qui m’a toujours laissé un peu indifférent avant cet album), alors que lui retient habilement les excès du drummer virtuose qui, laissé à lui-même, a tendance à nous noyer vite dans un crémage indigeste. Le tout me remplit à coup sûr d’un mood sexy-élégant parce que riche mais dosé, catchy et deep, jamais consensuel. »
Nikki Belfiglio est la chanteuse de la formation art-punk new-yorkaise Bodega, dont le prochain album sera lancé fin 2021. Un film créé par Nikki et son copain et chanteur-guitariste de Bodega Ben Hozie, PVT CHAT, sortira sur la plupart des plateformes le 5 février prochain.
DEHD – Flowers of Devotion (Fire Talk)
« J’aime les paroles brutales sur fond de musique chaleureuse, un peu comme mon préféré ces dernières années, Purple Mountains. Il n’y a rien de tel que de retrouver le sourire quand on a traversé des épreuves – la joie comme acte de résistance. Écouter cet album, c’est comme flotter paresseusement sur une rivière l’été pendant que, depuis la rive, quelqu’un lance des couteaux en direction de votre radeau gonflable. Séduisant et tendu. »
Mathieu Gaudet est une autre illustration du lien qui unit musique et sciences : pianiste de haut niveau et médecin urgentologue, en plus d’être père de trois enfants. Mathieu Gaudet a une trajectoire atypique.
Quatuor Van Kuijk & Adrien La Marca (alto) – Quintettes de Mozart
« Ce sont des œuvres peu jouées et peu connues, développées et complexes, parmi les plus magistrales de Mozart, et ici superbement jouées ! »
Alan Prater: Chanteur, également trompettiste et tromboniste, le Montréalais d’adoption a fait partie de plusieurs formations d’allégeances funk, R&B et jazz, la mieux connue demeure The Brooks dont il est le frontman.
Childish Gambino – 3•15•20
« Cet album que j’ai découvert tout récemment a retenu mon attention. Childish Gambino n’a pas peur de prendre des risques (sur le plan sonore, mélodique). Et parfois, il aborde le R&B d’un angle différent. Le fait qu’il déjoue les règles est ce que j’aime le plus dans cet album et chez cet artiste. »
Georgette est le char flambant neuf de la chanteuse Emily Skahan, précédemment associée au groupe Motel Raphaël.
Peter Peter – Super Comédie ; Calamine – Boulette Proof
« Paroles sombres, musique tendre et méditative, c’est un vrai chef-d’œuvre ! Une autre belle découverte cette année pour moi, c’est la rappeuse Calamine. Son album Boulette Proof, sorti en novembre, est riche en poésie et rafraîchissant pour le rap keb. Je crois qu’on avait besoin d’elle cette année. »
Franck Camus est le batteur du groupe de métal montréalais Hybrid Chaos.
Napalm Death – Throes of Joy in the Jaws of Defeatism
«J’ai deux coups de cœur, qui viennent en plus de la même ville, Birmingham, mais ce sera Throes of Joy in the Jaws of Defeatism de mon band fétiche Napalm Death, qui sait encore comment nous botter le cul avec un album toujours aussi brutal (l’autre groupe est Anaal Nathrakh). »
Sessa : après son départ du trio de Yonatan Gat, le bassiste brésilien a surpris tout le monde en 2019 avec Grandeza, un album de samba, bossa nova et autres douceurs brésiliennes qui contrastait totalement avec la fureur de son groupe précédent.
Kiko Dinucci – Rastilho
« Mon disque préféré cette année est Rastilho de Kiko Dinucci, sorti au début de l’année 2020, parce que ce sont de bonnes vibrations pour ces temps difficiles. »
Top 20 des vidéos de 2020
par Rédaction PAN M 360
Peu importe la taille du budget de production et les techniques employées, voici la musique qui s’est le mieux illustrée cette année.
Les concerts devant public ayant été suspendus pendant presque toute l’année, l’expérience audiovisuelle en ligne est devenue un substitut essentiel. Confinés à la maison, les mélomanes ont jeté leur dévolu sur ce qu’ils pouvaient trouver en ligne. Les musiciens et leurs amis créatifs ont fait de leur mieux pour que cela en vaille la peine. Malgré les limites de la pandémie en matière de production, et dans de nombreux cas l’éternel manque d’argent, l’équipe de PAN M 360 a pu visionner beaucoup d’excellents vidéoclips cette année. Voici nos coups de cœur.
Sun Ra Arkestra – Seductive Fantasy
L’automne 2020 a été marqué par la sortie de Swirling, premier album de l’Arkestra en 20 ans. Dirigés par le saxophoniste Marshall Allen depuis la mort de Sun Ra en 1993, les disciples dévoués du roi du jazz cosmique y revisitent notamment la pièce Seductive Fantasy de 1979. La vidéo du morceau, créée par le rocker indie et cinéaste d’animation canadien Chad VanGaalen, est un tour de force hallucinant. – Rupert Bottenberg
Pottery – Take Your Time
Deuxième extrait de Welcome To Bobby’s Motel, l’excellent premier album de la formation montréalaise Pottery paru en avril dernier et réalisé par Jonathan Schenke (Parquet Courts, Snail Mail), Take Your Time est un morceau dance-punk hyperactif qui doit beaucoup à Andy Gill (guitariste de Gang of Four) et Devo, révélant de façon ludique le côté plus sombre de la consommation de drogues récréatives. Le vidéoclip, conçu, illustré, scénarisé et réalisé par le batteur de la formation, Paul Jacobs, reprend l’imagerie de la pochette de l’album, que le multi-instrumentiste a aussi conçu. Un long travail fait minutieusement par Jacobs, qui nous avait déjà admis en entrevue être très heureux de pouvoir marier ses deux passions, le dessin et la musique. Welcome To Bobby’s Motel explore le monde kaléidoscopique et viscéral d’un personnage fictif nommé Bobby et Take Your Time est la vidéo qui donne vie au décor psychédélique et imaginaire de son mystérieux motel. – Patrick Baillargeon
Conception, illustration et storyboard/réalisation : Paul Jacobs Animation et production : Raised by Bears
Circles Around The Sun – On My Mind, Live with Mad Alchemy Liquid Lights
Créé en 1971, Mad Alchemy est le projet d’art visuel analogique de l’artiste Lance Gordon qui s’inspire des liquid light shows de la scène psychédélique de San Francisco dans les années 60. Depuis 2017, il l’adapte dans une version numérique moderne tout en gardant le charme et la magie des projections analogiques. On a pu le voir notamment lors des concerts du festival Desert Daze ou pour différents groupes de la scène néopsychédélique actuelle comme The Brian Jonestown Massacre, Temples, Toy ou Kikagaku Moyo. Ses visuels accompagnent très bien l’atmosphère prog, jazzy et groovy de Circles Around The Sun, à la base un groupe hommage aux Grateful Dead. De quoi vous en mettre plein la vue. – Louise Jaunet
Byg Ben Sukuya, MC Yallah & Jora MC – Money Makes Money
En 2015, le film d’action Who Killed Captain Alex? a fait découvrir au monde ce qui se produit de beau à Wakaliga, le bidonville de Kampala aujourd’hui plus connu sous le nom de Wakaliwood. Le cinéaste ougandais Nabwana IGG et son équipe de production Ramon Film ont prouvé que l’enthousiasme et l’ingéniosité peuvent transcender les contraintes budgétaires, et c’est cet esprit qui triomphe dans leur premier clip vidéo. Money Makes Money est un appel public au financement d’un plan de relance économique pour le village de Bulambuli – et l’occasion de découvrir l’incroyable MC Yallah. – Rupert Bottenberg
Retorunose – Haisen Session
Même si cette année les performances musicales en webdiffusion ont atteint un nombre record, ce jam improvisé du duo de jazzcore japonais Retorunose est inoubliable. La batterie de #STDRUMS est sismique et le saxophone de Ruby Nakamura volcanique. Ensemble, ils sont une force de la nature, captée au vol par le réalisateur Taro Maruyama à l’espace artistique indé Zengyo Z, dans la banlieue de Tokyo. – Rupert Bottenberg
Arca – Nonbinary
Pour imager sa propre transition, l’artiste Arca met en scène la gestation symbolique d’Alejandra dans une salle d’opération tout droit sortie d’un futur de science-fiction dystopique plus ou moins proche. Elle immortalise cette magnifique renaissance artistique en incarnant la Vénus de la prochaine décennie, redéfinissant le concept de la diva pour une nouvelle génération qui s’exprime ouvertement sur son identité de genre. Se définissant non binaire, trans et gay, Arca renverse les clichés misogynes associés au reggaeton et participe au mouvement grandissant d’artistes féminines latines appelées les reggaetoneras, qui se réapproprient les codes du reggaeton non pas pour se plier au désir des hommes mais bien pour s’émanciper. – Louise Jaunet
Backxwash – God Has Nothing To Do With This Leave Him Out Of It | Prix Polaris 2020
Avec l’aide de sa directrice artistique Chachi Revah, Backxwash écrit une lettre ouverte à son père dans ce clip réalisé à l’occasion de sa nomination au prix Polaris 2020. Prise de fièvre démoniaque, elle se laisse guider par l’esprit de ses ancêtres Tumbuka et Chewa. En défaisant les chaînes de son passé, elle réussit à s’affirmer en tant que sorcière, aujourd’hui symbole intemporel de l’archétype de la femme indépendante et insoumise. Effet de mode ou pas, de plus en plus se revendiquent comme telles, pas seulement pour jeter des mauvais sorts au patriarcat, mais également pour développer un nouveau regard introspectif et spirituel. Dans son livre Sorcières : la puissance invaincue des femmes, Mona Chollet résume que ce sont des femmes « qui osent regarder à l’intérieur d’elles-mêmes. » – Louise Jaunet
Sufjan Stevens – Video Game
Montez de niveau avec Video Game ! Réalisé par Nicole Ginelli, le clip met en scène Jalaiah Harmon, qui a chorégraphié sa propre danse sur l’extrait de Sufjan Stevens. L’adolescente a par ailleurs créé Renegade, une autre danse qui est devenue virale sur TikTok. The Ascension, huitième album studio de Sufjan Stevens, serait « un appel à la transformation personnelle et un refus de faire partie des systèmes qui nous entourent ». Un mouvement à la fois, on peut inciter au changement. – Roxane Labonté
Sheenah Ko – Wrap Me Up
Sheenah Ko et sa chorégraphe Brittney Canda ont remporté en octobre dernier le prix de la meilleure chorégraphie lors des UK Music Video Awards, face à nulles autres que Beyoncé et Christine and the Queens. Malgré son petit budget, l’équipe a réussi à créer un clip réaliste, poétique et poignant montrant la réunion d’un groupe de soutien dans un sous-sol d’église. Sans trop d’indications, on suit l’évolution d’un auditoire qui passe de la colère à la bienveillance devant le discours livré par Sheenah Ko. Le clip illustre parfaitement le processus de guérison des blessures intérieures, qui n’est pas toujours qu’un travail individuel. Il peut s’agir également d’un processus collectif qui reste souvent invisible aux yeux de la société. – Louise Jaunet
Shortparis – КоКоКо/Cтруктуры не выходят на улицы
Les structures ne descendent pas dans la rue : ce slogan de Mai 68, peint sur un mur au tout début du vidéo, a donné son titre à cette pièce galvanisante. Le groupe file la métaphore animalière comme illustration de l’exploitation ouvrière. Le coq apparaît tantôt comme chair dont on se repaît, tantôt comme symbole de résistance. Cette association de l’humain avec l’animal donne lieu à des images saisissantes, entre autres celle où les corps font office de carcasses, ou encore l’imitation que fait le chanteur, Nikolai Komyagin, du chant du coq. La seule présence de ce dernier, magnétique et maniéré, suffirait à nous épater. Or, cette théâtralité est mise au service de la dénonciation, la pièce s’achevant sur une libération des travailleurs. – Geneviève Gendreau
Crédits vidéo : Shortparis DOP : Ayrat Ramilov
OBI – Slave We
Tourné sans mise en scène, Slave We témoigne du style de vie hors norme de l’artiste OBI. On le voit qui déambule dans le squat du Collège Maurice Scève à Lyon, où il habite actuellement parmi plusieurs centaines d’autres migrants africains. Sur des rythmes hip-hop, électro, afrotrap et soul, il parle du sentiment d’être enchaîné à la ville, mais aussi de la lumière et de l’espoir qui sont toujours présents. Lui et ses compagnons d’infortune se demandent toutefois s’ils possèdent la liberté fondamentale de circuler. Les paroles affichées dans une fonte jaune criarde ajoutent à l’esthétique du vidéo. – Roxane Labonté
Marzhan Kapsamat – Korugly
Nous devrions être reconnaissants à tous ceux et celles qui ont fait un effort pour arrêter le flot implacable des mauvaises nouvelles en 2020 et nous ont donné à tous de quoi nous rendre heureux, ne serait-ce que quelques instants. Marzhan Kapsamat, une joueuse de dombra de 23 ans, s’est vêtue somptueusement, a saisi son luth à long manche et s’est installée au beau milieu du lac Kobeytuz au Kazakhstan. Le résultat : une minute de pure et sublime beauté qui, sans surprise, est devenue massivement virale. – Rupert Bottenberg
Gojira – Another world
Another world souligne comment Internet peut permettre à quiconque d’apprendre ce qu’il désire. Ici, le groupe décide de construire une fusée ! On suit alors les quatre protagonistes dans leur voyage jusqu’aux confins de l’espace, où ils arrivent devant un symbole leur rappelant d’où ils viennent. Un clip superbement animé par Maxime Tiberghien et Sylvain Favre. – Roxane Labonté
UNI – Debris
Le groupe rock/glam art-pop UNI a présenté cette année Debris, clip captivant réalisé par Kemp Muhl (bassiste du groupe), qui s’est inspirée notamment des films Man Who Fell To Earth, Nam June Paik et Mandy. Le chanteur Jack James y joue un extraterrestre androgyne, jouant sur les rôles des genres un peu à la manière de Marilyn Manson dans The Dope Show. David Strange, le guitariste, incarne un guerrier, et Kemp Muhl, une femme dirigeante glaciale. Les nombreuses télévisions (un mur complet et une contrebasse fabriquée de celles-ci) semblent dénoncer l’abrutissement causé par les écrans. – Roxane Labonté
Richelieu – Camion
L’animation image par image (stop motion) est toujours pour moi une source d’émerveillement, pas tant pour le résultat que pour la somme de travail nécessaire. Et venant d’un groupe indépendant comme Richelieu, avec manifestement peu de moyens, l’exploit est encore plus impressionnant. Non pas que le résultat soit si unique, le procédé a été maintes fois utilisé, mais il vient appuyer de façon quand même originale une chanson qui déjà ressortait par rapport aux autres sur son dernier album et lui donner un peu plus de portée. Difficile à reproduire, mais chaque objectif a été atteint avec ce vidéoclip. 10/10. – Patrice Caron
Terrace Martin – Pig Feet (avec Denzel Curry, Kamasi Washington, G Perico & Daylyt)
Le raz-de-marée de protestations dénonçant la violence faite aux Afro-Américains cet été aura des répercussions pendant longtemps, et cela, bien au-delà des frontières des États-Unis. Démontrant que dans le feu de l’action la chaleur peut être assez puissante pour forger l’acier, le musicien de Los Angeles Terrace Martin et ses amis ont décidé de créer « une œuvre de vérité » qui puisse témoigner de l’époque et ils ont réussi. Chacun des noms défilant à la fin atteste de son caractère essentiel. – Rupert Bottenberg
IC3PEAK – Плак-Плак
Sorti quatre jours après le lancement de l’album До Свидания (Au revoir), en février dernier, ce clip a déjà passé le cap des 19 millions de vues ! Le succès foudroyant d’IC3PEAK n’a d’égal que son immense talent. Les deux complices produisent avec audace à la fois leur musique, leurs albums et leurs clips, léchés et sans merci. Entre chorégraphies réglées au quart de tour et réalisation inventive, Плак-Плак ne présente aucun temps mort. La pièce dénonce la violence conjugale et familiale en adoptant le point de vue de l’enfant, puis de la mère. Cela donne lieu à des images fortes, dont un théâtre de marionnettes de la taille d’une maison de poupées, où la fillette assiste avec effroi au drame se jouant entre ses parents. Des basses viscérales, surmontées de la voix de Nastya Kreslina, angélique dans le refrain, accrocheuse et vociférante dans les couplets, achèvent de nous subjuguer. – Geneviève Gendreau
Réalisation : IC3PEAK (Nastya Kreslina et Nikolay Kostylev) СG / SFX : Studio CG Company Productrice exécutive : Maria Vladimirova
Bronson – Keep Moving
Troisième extrait de l’album homonyme du trio Bronson, qui regroupe en fait le producteur australien Golden Features et le duo américain Odesza, Keep Moving est une représentation visuelle du chaos créé par une société axée sur la carrière, la réussite et la rentabilité au détriment de l’humain. La vidéo de Keep Moving dépeint de manière satirique les employés d’un BRONSON Inc. fictif qui « continuent à se démener » malgré le chaos qui les entoure. Les employés, tous vêtus plus ou moins de la même manière tels ces salarymen japonais, sont jetés dans des escaliers roulants et sont assaillis par une avalanche de matériel de bureau et d’appareils électroniques avant de jaillir à travers un écran d’ordinateur ou de téléphone portable. Les corps sont bousculés de façon dramatique dans le bureau alors que la chanson défile sans entrave au rythme des pulsations mécaniques.
Réalisé par le collectif suédois StyleWar en collaboration avec la société de production Smuggler et le monteur Noah Herzog, le clip est composé de séquences d’archives de vidéos d’entreprises qui sont manipulées et superposées très subtilement avec des images de synthèse pour créer une vision satirique et cauchemardesque de la vie de bureau. Les réalisateurs ont voulu mettre l’accent sur le caractère hypergénérique d’une grande entreprise; les acteurs, les costumes, les accessoires, les décors et surtout le jeu des comédiens, tout est superficiel et paraît faux. Ne manquant pas d’humour, le collectif se fend même d’un petit clin d’œil à la pochette de Wish You Were Here de Pink Floyd. Avec Keep Moving, StyleWar a créé l’un des vidéoclips les plus convaincants et les plus inventifs réalisés durant le confinement. – Patrick Baillargeon
Réalisateur et VFX : StyleWar Producteur exécutif : Elizabeth Doonan Monteur : Noah Herzog Société de production : SMUGGLER
Neon Dreams – Sick Of Feeling Useless
Le duo d’Halifax, composé du chanteur et guitariste Frank Kadillac et du batteur Adrian Morris, a travaillé d’arrache-pied pour réaliser ce vidéoclip en stop motion : ils ont pris précisément 2477 photos ! L’ensemble suinte la nostalgie de la fin des années 90 et du début des années 2000 (lorsqu’il y avait encore des vidéoclips sur les chaînes musicales). Véhicule d’un message important, soit celui que l’on n’est pas seuls à se sentir impuissants, détachés ou blasés en ce moment, la pièce nous accompagne dans de possibles crises identitaires, dans ces moments cruciaux mais libérateurs où l’on se redéfinit. – Roxane Labonté
Solo Ansamblis – Baloje
Cette vidéo produite par l’artiste lituanienne Dr GoraParasit captive par son excentricité bédéesque. Des créatures affublées de combinaisons de vinyle rouge pompier sortent de l’eau pour ensuite, sur fond jaune serin, effectuer des mouvements chorégraphiés on ne peut plus loufoques, singeant des vidéos de spectacles de dauphins en captivité. Le clip intègre également des planches dessinées par l’illustrateur Edvinas Špetas. Issue de l’album OLOS lancé en février, Baloje est tout aussi musicalement décalée, avec sonchaos final de distorsion, de guitares hallucinées, de plaintes et sa rythmique sautillante. Un objet musico-visuel au surréalisme jouissif. – Geneviève Gendreau
Scénario, réalisation et montage : Dr GoraParasit Production : Damn Good / Dr GoraParasit
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