Peu de professionnels de la basse électrique ont cette facilité déconcertante à dessiner les tracés mélodiques, construire les charpentes harmoniques appropriées, s’inscrire dans des patrons rythmiques de haute volée… sans que l’effort ne paraisse. Carl Mayotte a les attributs des virtuoses : souplesse, dextérité, rapidité, précision, sens de l’improvisation. Un naturel. Le musicien de 25 ans laboure le sillon de ses prédécesseurs, à commencer par le bassiste absolu du jazz-fusion keb, l’indélogeable Alain Caron. Techniquement très doué, Carl Mayotte s’inscrit dans cette lignée et cette esthétique, il improvise dans des musiques consonantes et convenues, qui exigent néanmoins une connaissance profonde de l’harmonie tonale ou modale, du contrepoint, des figures rythmiques complexes qu’imposent les styles investis. Bref, ce musicien originaire de Québec explore les rencontres entre le jazz et différentes cultures ou genres musicaux, du flamenco gitan à la jazzification de Bozo de Félix. Cette Escale ici proposée fait suite à un projet nettement plus jazz-fusion et groove polyrythmique, soit l’album Pop de ville et l’EP In A Sentimental Mood, dont la pièce titre est une reprise athlétique du standard si délicat de Duke Ellington. Ce samedi au Dièze Onze, Carl Mayotte optera plutôt pour un jazz gracieux, apaisé, plus proche des folklores et traditions, moins chargé de testostérone, plus mature. Il sera entouré de Damien Jade-Cyr, saxophones, Gabriel Cyr, guitare, François Grégoire, piano, Stéphane Chamberland, batterie.
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