Brian Eno a un jour dit que même si très peu de gens s’étaient procuré le premier album du Velvet Underground dans les années qui ont suivi sa sortie, ces personnes avaient probablement toutes fondé leurs propres groupes. Afin de recréer intégralement la matière du célèbre disque à la banane, quelques héritiers de la formation new-yorkaise ont été rassemblés pas les bons soins de Hal Willner, dont il s’agit de l’ultime projet. Emporté par le satané coronavirus l’an dernier, Willner était un homme de goût ayant organisé de divines rencontres musicales pour l’émission Night Music, dans les années quatre-vingts, et orchestré plusieurs concerts et albums hommage dont le mémorable September Songs dédié à l’œuvre de Kurt Weill.
Cette collection qu’il n’aura pas eu la chance d’entendre est une autre preuve de son savoir-faire. Nous y retrouvons des descendants directs de la bande à Lou Reed (Michael Stipe, Thurston Moore, Bobby Gillespie), un de ses contemporains légendaires (l’increvable Iggy Pop) et surtout des artistes faisant partie d’une génération de plus jeunes légataires velvétiens. Comme c’est souvent le cas avec les exercices de ce type, les relectures que l’on remarque le plus au premier abord sont celles qui s’éloignent le plus de leurs modèles. À ce titre, la palme de l’originalité va à St. Vincent qui, en compagnie du pianiste Doveman a rémaginé All Tomorrow’s Parties en lui conférant de nouveaux habits avant-gardistes évoquant davantage Laurie Anderson que Reed qui, comme on le sait, était son compagnon de vie. À côté de quelques reprises plus dispensables – une Venus in Furs rendue trop lisse par Andrew Bird, Fontaines D.C. anecdotiques sur The Black Angel’s Death Song, King Princess trop fidèle à la version originale de There She Goes Again – brillent quelques réussites éclatantes. Sans nécessairement réinventer la roue, les artistes qui se démarquent le plus sont ceux qui ont su teinter les compositions originales de Reed des leurs propres couleurs distinctives. Ainsi, la candeur de Courtney Barnett (I’ll Be your Mirror), la nonchalance de Kurt Vile (Run Run Run), la grâce de Sharon Von Etten (Femme Fatale) et la folie furieuse d’Iggy Pop (European Son) sont toutes d’excellentes raisons de jeter une oreille attentive à cet autre très beau florilège assemblé par l’essentiel Hal Willner.
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