On l’avait constaté au Festival de jazz de Montréal en 2023 : le batteur canadien Curtis Nowosad navigue dans l’excellence. Cet album est son plus récent et ce ‘’Best’’ qu’il dit tenter d’accomplir est probablement inatteignable pour plusieurs autres. Nowosad insuffle une énergie propulsive continue à ses compositions (huit), dans un langage rythmique complexe mais pas obtus, ou inutilement dense. Sa musique respire, et les échanges entre les élans mélodiques, eux-aussi plutôt élaborés, et la batterie se font dans un contrepoint étoffé qui sent bon la spontanéité, même si on devine une pensée rigoureuse derrière.
Des références à l’afro-beat, et même un peu de mbalax, sont distillées savamment (We Do We). La présence de la Canado-Zimbabwéenne Joanna Majoko ailleurs sur l’album y est sûrement pour quelque chose. Elle chante sur plusieurs titres d’une voix qui commande, et qui s’impose dans un registre timbral pop mais clairement bien ferrée dans les inflexions harmoniques complexes du vrai jazz. Une très belle participation. S’ajoutent deux guitaristes, le double récipiendaire de prix JUNO Joey Landreth (qui pousse aussi de la voix occasionnellement), et Andrew Renfroe (exceptionnel dans We Do We, entre autres). Pas de saxo, pas de piano. Si l’architecture et la pensée sont résolument jazz, les textures et le panorama général penchent plutôt vers la pop sophistiquée.
On aime aussi, beaucoup, la lumière qui se dégage des harmonies changeantes. Je l’ai dit, la musique respire, et n’invite jamais à se prendre la tête pour apprécier aux forceps une sapience hermétique.
Un album d’été pour les mélomanes qui en demandent un peu plus que la moyenne.