L’avant dernier concert du Festival de musique de chambre de Montréal, samedi dernier, soulignait deux journées associées au 21 juin : le 40e anniversaire de l’Ordre national du Québec et la Journée nationale des Peuples autochtones. Après une bénédiction du leader spirituel Kevin Deer, le thème ‘’officiel’’ de l’Ordre, une miniature neo-romantique composée par Steve Barakatt, a été jouée par un quatuor à cordes, ce qui a été suivi de quelques airs chantés par Elisabeth S-t-Gelais, en grande forme. Deux mélodies de Ian Cusson, compositeur d’origine Métis, baignaient dans une écriture post-mélodie française, et ont été logiquement suivies par deux exemples (mélodiquement supérieurs) de Cécile Chaminade, Villanelle et Infini, que la soprano innue a d’ailleurs enregistrées sur son album paru l’an dernier (un bijou, dont vous pouvez LIRE LA CRITIQUE ici). Une courte pièce pour violon et piano de Andrew Balfour enchaînait (Karakett Nitotem) avant de passer au répertoire ‘’classique’’ de la soirée : la Sonate pour violon et piano en sol mineur, L. 140 de Debussy et la Sérénade pour cordes de Dvorak. La violoniste mohawk Tara-Louise Montour a offert une prestation caractérisée du Debussy, et les cordes du Festival ont joué le Dvorak avec élan.
C’était un joli concert, même si la cohérence du programme laissait dubitatif. Votre humble serviteur a eu l’impression qu’on avait ‘’collé de l’autochtone’’ artificiellement, comme pour cocher l’élément sur une ‘’to-do list’’. Mais ce concert baignait surtout dans un sentiment de tristesse infinie car le public de la salle Bourgie était famélique, et je pèse le mot. Environ 50 personnes étaient présentes (et combien d’entre elles avaient reçu des entrées gratuites?). Bourgie peut en accueillir 450. C’est 10% de la salle. 10%. Je me suis renseigné : la saison 2025 a été ‘’difficile’’, question fréquentation. Pas autant que ce 10%, qui était la pire performance, mais des moyennes autour de 50%, ce qui est décevant. Le concert final du lendemain à la Maison symphonique a fait mieux, le violoniste Kerson Leong exerçant son fort tirant bien sûr, mais dans une jauge particulière et réduite (public sur scène et dans les gradins arrière).
Que se passe-t-il avec le Festival de musique de chambre de Montréal? Mise en marché? Marque de commerce de l’événement? Personnalité? Programmation? Si l’on compare avec le Festival Montréal Baroque, qui se déroulait (et se terminait, car beaucoup plus court) le même week-end, la différence est frappante : ce dernier donne une impression de dynamisme, de jeunesse et d’incarnation dans la communauté. Plusieurs concerts font salle comble (mais dans des salles plus petites, certes), la plupart sont remplis à des niveaux appréciables (LISEZ MES CRITIQUES DE DEUX CONCERT DE MONTRÉAL BAROQUE ICI et ICI). L’un a de l’énergie, l’autre semble en panne.
Bref, un travail de réflexion s’impose pour assurer l’avenir du Festival de musique de chambre. Une ville comme Montréal ne peut pas ne pas avoir un événement d’envergure et rassembleur lié à cette musique, ce serait une honte. Or en ce moment, on se demande combien de temps cela pourra durer.