renseignements supplémentaires
Montréal-Munich est l’occasion de poursuivre les rencontres internationales du quatuor de saxophones Quasar, dont c’est le dernier concert montréalais de la saison – ce dimanche après-midi à la Salle Bleue de l’édifice Wilder, programme présenté de concert avec le Vivier. De nombreuses résidences de création au Québec et en Bavière ont d’ores et déjà été tenues, elles réunissent cette fois les saxophonistes de Quasar aux compositeurs.trices Francis Battah, Philipp C. Mayer, Maxime McKinley, Florence M. Tremblay, Alexander Strauch et Abigél Varga. Six créations inédites sont prévues à Montréal et seront de nouveau exécutées à Munich cet été, soit au festival A•DEvantgarde. Directrice artistique de Quasar, la saxophoniste Marie-Chantal Leclair répond ici aux questions d’Alain Brunet pour PAN M 360.
PAN M 360: Quasar multiplie les collaborations à l’étranger depuis longtemps. Quelle est la nature spécifique de cette collaboration Montréal-Munich? Pouvez-vous en faire l’historique et nous en rappeler la substance?
Marie-Chantal Leclair : Ce projet est notre collaboration la plus importante à ce jour avec le milieu musical de Munich. Il s’agit d’un partenariat entre Quasar et le Festival A•DEvantgarde avec l’appui du Vivier à Montréal. Le public montréalais pourra assister à la création de 6 œuvres nouvelles composées par 3 compositeurs et compositrices du Québec et 3 de l’Allemagne. C’est un projet basé sur la réciprocité, le dialogue et sur nos passions communes pour la création. Nos collaborations internationales font rayonner les compositeurs et compositrices québécois à l’étranger et cela est une grande motivation pour nous. Mais aussi, et cela est très stimulant, elles nous donnent l’occasion de travailler avec des compositeurs et compositrices d’un peu partout dans le monde, de découvrir d’autres voix, d’autres langages, d’autres pratiques. Avec un projet comme Montréal-Munich, les deux aspects se réalisent et cela nous comble. On parle ici de rencontres artistiques et aussi de rencontres profondément humaines.
Ce qui caractérise ce projet et qui est aussi notre marque de commerce, c’est le travail collaboratif de recherche-création réalisé avec chacun des compositeurs. En juin dernier, nous avons réalisé une résidence de création à Munich avec les compositeurs allemands et, en décembre dernier, nous avons fait la même chose avec les compositeurs québécois.
Cette semaine, tout ce beau monde est réuni pour travailler sur leurs œuvres avec nous mais aussi pour écouter le travail des autres, échanger, partager.
Notre premier concert à Munich remonte à mars 2011 où nous avions joué à l’Académie des Beaux-Arts grâce à une invitation du compositeur Moritz Eggert, rencontré à Montréal. Nous avons aussi par la suite travaillé à quelques reprises avec les classes de composition de l’Université de Munich. Nous avons profité de ces séjours à Munich pour rencontrer les directeurs artistiques du Festival A•DEvantgarde et avonsélaboré ensemble cette collaboration.
PAN M 360: Quelles sont les retombées de cette collaboration?
Marie-Chantal Leclair : Nous serons à Munich le 4 juillet prochain où nous présenterons le concert. Les trois compositeurs.trices du Québec seront du voyage. Donc, c’est une vitrine importante pour le milieu de la musique contemporaine du Québec dans un pays où ce type de musique est très important. Cela positionne aussi Montréal comme un pôle créatif majeur en musique. Car on va se le dire, même si nous n’avons pas toujours de très grands moyens, l’activité en musique nouvelle à Montréal est vraiment impressionnante. Le public montréalais est très choyé de ce côté.
PAN M 360: Concentrons-nous sur le programme de dimanche, c’est-à-dire commenter chacune des œuvres avec leurs caractéristiques propres : leur compositeur.trice, la forme générale de l’œuvre, les enjeux de l’exécution pour le quatuor:
Marie-Chantal Leclair: Six créations en un seul soir, c’est un défi de taille. Chaque pièce a ses propres défis techniques et d’interprétation. Rappelons que le thème du festival aDevantgarde est la beauté, un concept inspirant et déroutant à la fois.
Maxime McKinley : DOLMEN (In memoriam Roland Giguère) , 2025 (14′)
Maxime offre ici une pièce très riche en couleurs inspirée de l’univers poétique de Roland Giguère. La pièce est divisée en sections : appels, ancêtres, volcan, cris, chants, chuchotements, tremblements et rivage, qui chacune explore différents mondes sonores énigmatiques et poignants. Il y a un aspect mélodique fort dans la pièce mais résolument contemporain. Une beauté assez étrange qui fascine.
Francis Battah : Suite , 2025
Avec ce projet, Francis conjugue son amour pour le jazz et la musique contemporaine. C’est une pièce ludique, truffée d’humour et de légèreté, et qui révèle une grande maîtrise de l’écriture. Elle requiert une grande virtuosité autant celle qui caractérise les solos de jazz à la bebop que les partitions contemporaines les plus extrêmes.
Florence M. Tremblay : Vapeurs taillées dans l’air lascif , 2025
Avec cette pièce Florence poursuit son exploration de l’univers fascinant de sons multiphoniques au saxophone. C’est une matière très riche mais qui demande beaucoup de contrôle tant pour l’écriture que pour l’interprétation. Florence a plongé dans ces sons, les a décortiqué, analysé, déconstruit pour pouvoir ensuite tisser sa pièce. Il s’agit de notre deuxième collaboration avec Florence. C’est intéressant pour nous de travailler avec des compositeurs sur plus d’un projet.
Alexander Strauch : Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. – Et je l’ai trouvée amère. – Et je l’ai injuriée. , 2025
Le titre de la pièce est tiré d’un poème de Rimbaud. Elle joue librement avec le concept de la beauté, tantôt mélodique, tantôt frénétique, la pièce révèle une écriture achevée, un geste clair, sûr, et le plaisir pur de l’invention.
Philipp Christoph Mayer : Songs from the Basement (4.40 Symbiosis) , 2025
La pièce de Philip est très dense en énergie, le rythme y tient une place importante. La composante électronique vient transformer, amplifier, appuyer les parties instrumentales de manière sophistiquée et percutante. Elle s’inspire d’une bande-dessinée imaginaire qu’on aimerait bien lire!
Abigél Varga : Four Days, Four Nights , 2025
La pièce d’Abigél mélange les textures des saxophones avec des parties électroniques. D’apparence plus classique, elle est résolument contemporaine par ses recherches de timbres, son propos et son imagination.
Crédit photo: Marie Lassiat
