classique occidental

Prix du violon d’or 2024-2025 | Les finalistes dévoilés

par Alexandre Villemaire

Alors que la pluie, le vent et le froid s’abattaient dans la soirée du 11 décembre, une petite foule s’était amassée, bravant les intempéries pour venir entendre et voir se déployer le jeu instrumental des six demi-finalistes de cette édition du Prix du violon d’or.

Au terme de la ronde de demi-finale, ce sont les violonistes Jueun Lee, Joey Manchin et Justin Saulnier qui ont été recommandés par le jury pour passer à l’ultime ronde qui se déroulera le vendredi 13 décembre.

Leurs performances ont respectivement mis en relief des qualités de jeu, d’interprétation et de maîtrise technique dans des programmes diversifiés aux dynamiques contrastantes. Originaire de la Corée du Sud, Jueun Lee, accompagnée au piano par Itamar Prag, a entraîné l’auditoire dans l’univers étincelant de Mozart avec la Sonate pour violon et piano n22 et dans le monde folklorique d’Edvard Grieg avec la Sonate pour violon no 2 en sol majeur. En plus d’un son clair et d’une articulation précise, c’est la présence scénique et l’énergie de la jeune interprète de même que la complicité apparente avec son pianiste qui a capté l’attention.

Joey Manchin a offert une interprétation sentie et soignée du deuxième mouvement de la Sonate pour piano n2 en la majeur de Beethoven, de la Sonate pour violon seul n2 de Paul Hindemith et des deux premiers mouvements de la Sonate en la majeur de César Franck. Le dialogue intimiste entre le piano et le violon dans l’œuvre de Beethoven a mis en valeur une pureté de son et une clarté des lignes que s’échangent les deux instrumentistes. Plongeant l’auditoire dans une esthétique complètement différente, la sonate de Hindemith était truffée de lignes chromatiques et de différentes techniques de jeu dont Manchin a su faire la démonstration. Dans la sonate de Franck, accompagnée par Veola Sun, il a exprimé dans les sonorités vaporeuses de l’œuvre un contrôle franc des différentes dynamiques, passant de lignes langoureuses à des passages animés et vifs.

Justin Saulnier a quant à lui brillé en mettant de l’avant des lignes pures et un discours musical limpide dans la Sonatine en ré majeur de Schubert, alors que le court Caprice no 17 en mi bémol majeur de Paganini, avec ses traits violonistiques véloces, a mis en valeur sa maîtrise technique. Il a par ailleurs été le seul des demi-finalistes qui proposait dans son programme deux pièces de compositeur·ices contemporain, soit la pièce Chant d’Ana Sokolovic et le troisième de la Sonate pour violon et piano du compositeur et chef d’orchestre Dinuk Wijeratne. La présentation de ce type de répertoire, aux antipodes de la majorité des œuvres que nous avons entendues durant la soirée, a apporté une dose de variété bienvenue en plus de démontrer les capacités de Saulnier dans ce type de langage et de discours musical où il était appuyé par Gaspard Tanguay-Labrosse.

Les trois compétiteurs qui n’ont pas été retenus n’ont pas à rougir de leur performance. L’altiste Alexander Beggs nous a fait forte impression avec un son chaleureux, boisé et d’une grande stabilité. Son programme, composé du Divertimento en ré majeur de Franz Joseph Haydn – dans un arrangement de Gregor Piatigorsky –, et de la Sonate pour alto et piano de Rebecca Clarke, est celui qui était esthétiquement le plus introspectif. Cela a permis de mettre en valeur sa musicalité, mais lui a peut-être desservi au niveau de la virtuosité et des contrastes. La violoniste américano-japonaise Satoka Abo a misé sur un programme où primait la virtuosité technique. Ses prestations de la Sonatensatz de Brahms et de la Carmen-Fantaisie de Franz Waxman ont été des moments de hautes voltiges, mais qui à quelques endroits manquaient de précision. Le pétillant premier mouvement de la Sonate en si bémol majeur de Mozart et la chaleureuse Romance d’Amy Beach ont apporté contrastes et apaisement à son programme explosif. Finalement, le violoncelliste François Lamontagne a offert une performance contrastante avec un extrait de la Sonate pour violoncelle n3 de Beethoven et de la Suite pour violoncelle seul de Gaspar Cassado, qui était d’une belle intensité, mais qui aurait pu être davantage dansante.

La finale du Prix du violon d’or 2024-2025 aura lieu le vendredi 13 décembre à 19h à la salle Tanna Schulich.

ENTRÉE LIBRE

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art-rock / garage-rock / Indie

Taverne Tour : The Wesleys, Alex Walton et The Nikolas L. B. Brigade

par Rédaction PAN M 360

The Wesleys

Formé en 2022, The Wesleys réunit des membres venus de divers horizons. Leur premier EP de quatre chansons, sorti en 2022, a permis au groupe de faire son entrée sur la scène locale et au-delà du Québec. En septembre dernier, The Wesleys est retourné en studio, cette fois en collaboration avec Scott « Monty » Muro du groupe canadien Préoccupations, pour travailler sur son prochain album, prévu pour mars 2025.

Formed in early 2022, Montreal The Wesleys are a rock band known for their electrifying blend of heart and adrenaline. Following the release of their debut EP Outside Voices, the band quickly made a name for themselves in the Montreal music scene with their distinctive sound, thoughtful rock ‘n’ roll meditations on the human condition. In 2025, they’ll release, their anticipated follow-up on Petit Village Records.

Alex Walton

Lex Walton est une musicienne de 24 ans, cinéaste, poétesse en prose, menuisière amateur, troubadour névrosée du cœur, survivante de l’âme du rock and roll, et autrice de The Sound Rocker’s Prayer. Elle a sorti 7 singles, 3 EPs et 4 albums complets au cours des deux dernières années (y compris une collaboration avec Ezra Furman), tous musicalement disparates mais empreints de la même frénésie amoureuse, pleine d’accroches, et d’une hyperconfessionnalité effrontée. Aussi étonnamment beaux qu’ils sont déchirants, ses disques témoignent d’une tension viscérale. Ils ont été décrits comme étant « juste trop », tandis que ses performances live sont qualifiées de « terrifiantes ». On ressent un désespoir palpable, où tout semble mis en jeu, comme si seule la grâce de Dieu pouvait empêcher cet avion de s’écraser.

Lex Walton is a 24 year old musician, filmmaker, prose poet, amateur carpenter, neurotic troubadour of the heart, rock and roll soul survivor, and author of « the sound rocker’s prayer. » It/she has released 7 singles, 3 EPs, and 4 full length albums in the last 2 years (including a collaboration with Ezra Furman), all musically disparate but charged with the same kind of hook-laden lovestruck mania and brazen hyperconfessionality, as stunningly beautiful as they are acts of bitter teeth gnashing. Its/her records have been described as « just too much » and her live performance as « terrifying, » one gets the feeling of desperation, that everything is put on the line and only the grace of god can keep this plane from crashing.

The Nikolas L. B. Brigade

The Nikolas L. B. Brigade est le groupe de scène itinérant du chanteur et multi-instrumentiste montréalais Nikolas L. B. Animée par une passion pour l’exploration lyrique, l’écriture de L. B. fait preuve d’une musicalité inventive et distinctive – que ce soit à travers le prisme de chansons folk teintées de post-punk ou de ballades dites de « hack-jazz » au style crooner.

The Nikolas L. B. Brigade is the traveling stage band of Montreal-based singer and multi-instrumentalist Nikolas L. B. Rooted in a passion for lyrical exploration, L. B.’s writing consistently demonstrates an inventive and distinctive musicality – whether through the lens of post-punk-inflected folk songs or so-called ‘hack-jazz’ crooner ballads.

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Ce contenu provient du Taverne Tour et est adapté par PAN M 360

électro-pop / hyperpop / indie pop

Taverne Tour : Ura Star & Fireball Kid, Los3r, Franki et Public Appeal

par Rédaction PAN M 360

Ura Star & Fireball Kid

Parmi une boucane trempée de sueur, est retrouvée un mélange de synth-pop accrochant et esprit de fête de cuisine emblématique à Ura Star & Fireball Kid. Chaud à l’élan de leur trilogie d’albums Emotional Bros Hotline, Gas Station, et Heartracer, les boys sont près à mettre le feu à la grange puis de faire l’faire blazer d’une manière plus explosive que jamais auparavant.

Ura Star & Fireball Kid blur hooky synth-pop and DIY kitchen party sensibilities into a rowdy, sweat-soaked haze that’s all their own. Coming hot off the release of their trilogy of records Emotional Bros Hotline, Gas Station, and Heartracer, they’re barn-burner ready and primed to light ‘er up in a bigger way than ever before.

Los3r

Los3r est un groupe de pop expérimentale composé de trois membres, originaire d’Ottawa. Il se consacre à repousser les limites sonores, à proposer des paroles mélancoliques et émouvantes, tout en maintenant une énergie débordante.

Los3r is a three piece experimental pop band from Ottawa, focusing on pushing sonic boundaries, establishing heartfelt melancholic lyrics, while maintaining a high energy.

Franki

Franki est une artiste émergente de pop indie et une productrice autodidacte. Élevée en Angleterre au son de la musique dance des années 2000, elle a déménagé à Montréal, attirée par la scène pop florissante et l’énergie unique de la ville. Ses inspirations musicales incluent des icônes comme Grimes, Björk et Lily Allen, mais aussi l’atmosphère des espaces liminaux et le rythme trépidant de la vie urbaine. Franki a débuté en produisant dans sa chambre et a passé un long hiver à perfectionner son art avant de présenter son nouveau matériel à des publics de Montréal et d’Ottawa, testant ses morceaux pour façonner son premier EP, All The Things I Try to Say. Dans cet opus, elle explore des thèmes comme la découverte de soi, la navigation dans la vie avec un lobe frontal fraîchement développé, et le chaos extatique qui existe en elle.

Franki is an emerging indie pop artist and self-taught producer. Raised in England on 00s dance music, she moved to Montreal, where she was drawn to the city’s blossoming pop scene and unique energy. Her music is inspired by icons like Grimes, Björk, and Lily Allen, as well as the feeling of wandering through liminal spaces and the pulse of city life.  Starting out producing in her bedroom, Franki spent a long winter honing her craft before taking her new material to crowds around Montreal and Ottawa, testing out new songs and shaping her debut EP, “All The Things I Try to Say.” On her release, she explores themes of self-discovery, navigating life with a newly developed frontal lobe, and the blissed out chaos that exists within her.

Public Appeal

Public Appeal est une artiste pop avant-gardiste basée à Montréal. En juillet 2023, elle a sorti son premier EP, Mind Your Business, et travaille actuellement sur son prochain album, Hello My Name Is Public Appeal, prévu pour 2025 sous le label Arbutus Records.

Public Appeal is a cutting-edge pop artist based in Montreal. She released her first EP, « Mind Your Business, » in July of 2023 and is working on her next album, « Hello My Name Is Public Appeal, » which is set to be released via Arbutus Records in 2025.

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électronique / house

Dômesicle – Paurro et invité

par Rédaction PAN M 360

On démarre fort la série Dômesicle hivernale avec une soirée explosive entre house et breaks en compagnie de la DJ et productrice mexicaine PAURRO. ¡Vamos!
Fière ambassadrice de la musique électronique mexicaine, PAURRO s’est imposée comme une figure de proue sur la scène internationale, enchantant le public par ses performances dynamiques. Ancrée dans la house, elle trace une ligne fine entre sons organiques et énergétiques, fournis d’inspirations diverses, pour des sets inoubliables.
Un guest spécial sera annoncé plus proche de la date, stay tuned!

We kick off the Dômesicle winter series with an explosive evening of house and breaks with Mexican DJ and producer PAURRO. ¡Vamos!
A proud ambassador of Mexican electronic music, PAURRO has established herself as a leading figure on the international scene, delighting audiences with her dynamic performances. Rooted in house music, she draws a fine line between organic and energetic sounds, drawing on diverse inspirations for unforgettable sets.
A special guest will be announced closer to the date, so stay tuned!

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alt-pop / post-punk / synthwave

Taverne Tour : We Are Wolves, Void Republic, Rosario Caméléon et DJ Uñas

par Rédaction PAN M 360

We Are Wolves

Le monde prend feu… Tout part en ruine…
Pardon pour le retard : We Are Wolves construisait un bunker. Nous vous fournirons un code de réduction pour votre séjour. Retirez les piles du détecteur de fumée. Le dossier de spams est désormais votre boîte de réception. Il y a des microplastiques au bout de l’arc-en-ciel. Le monde prend feu. We Are Wolves a pris le contrôle du bunker. Entrez.
On entend toujours le même refrain : on vit à une époque de changements profonds, de conflits et de chaos. Mais qu’est-ce qui mérite vraiment notre attention? La plupart d’entre nous avons l’impression d’être prisonniers d’un monde sens dessus dessous. Sur son sixième opus, le groupe montréalais We Are Wolves tente d’imaginer un avenir où l’on peut danser malgré l’enfer qui nous entoure. Sur cet album de dance-rock dystopique, les musiciens présentent une formule envoûtante qui nous pousse à revoir la finalité des choses et à accueillir le changement. Oubliez le chaos et laissez-vous porter par ce divertissement. Le bunker s’effondre, mais tout va bien se passer. Entrez.

The world goes up in flames… Everything falls apart…
Sorry for the delay: We Are Wolves were building a bunker. We’ll provide you with a discount code for your stay. Remove the batteries from the smoke detector. The spam folder is now your inbox. There are microplastics at the end of the rainbow. The world is on fire. We Are Wolves has taken over the bunker. Enter.
We keep hearing the same refrain: we live in a time of profound change, conflict and chaos. But what really deserves our attention? Most of us feel like we’re trapped in a world turned upside down. On their sixth opus, Montreal band We Are Wolves try to imagine a future where we can dance despite the hell that surrounds us. On this dystopian dance-rock album, the musicians present a spellbinding formula that urges us to reconsider the finality of things and welcome change. Forget the chaos and let yourself be carried away by this entertainment. The bunker’s collapsing, but everything’s going to be okay. Come on in.

Void Republic

Void Republic est un artiste de synthé énigmatique connu pour ses paysages sonores atmosphériques qui mélangent des mélodies glaciales avec des rythmes pulsés. Avec des sonorités analogiques distinctives et un style minimaliste, leur musique se caractérise par des pulsations de synthé staccato classiques, élégamment superposées à des sons sous-jacents inquiétants.

Void Republic is an enigmatic synth artist known for atmospheric soundscapes that blend icy melodies with pulsing rhythms. With distinctive analog tones and a minimalistic style, their music features classic staccato synth pulses elegantly layered over brooding undertones.

Rosario Caméléon

Yann Villeneuve alias, Rosario Caméléon est un artiste non-binaire (il) de Maniwaki, habitant à Montréal. Artiste multidisciplinaire, c’est à travers différents personnages aux couleurs excentriques que Rosario se dévoile. Artiste aux intentions humaines et optimistes, il est une étrange créature qui a pour but de nuancer les opposés. Une recherche constante d’équilibre entre plusieurs paradoxes. La musique de Rosario en est une difficile à classer et c’est pourquoi il aime l’ appeler, la Popcoït. Un mélange entre les référents d’une culture pop 2000 et d’un déjanté théâtral expérimental à la Laurie Anderson. Un son digital mélangeant le électroclash, le pop, l’underground et le house. Un heureux mix qui offre une identité unique, intrigante et sexu.

Yann Villeneuve, aka Rosario Caméléon, is a non-binary (he) artist from Maniwaki, who lives in Montreal. A multidisciplinary artist, Rosario reveals himself through a variety of eccentrically colored characters. An artist with human and optimistic intentions, he is a strange creature whose aim is to balance opposites. A constant search for balance between many paradoxes. Rosario’s music is difficult to classify, which is why he likes to call it Popcoït. A blend of 2000s pop culture referents and Laurie Anderson-style experimental theatrical wackiness. A digital sound blending electroclash, pop, underground and house. A happy mix that offers a unique, intriguing and sexy identity.

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baroque / classique occidental

Un Noël baroque avec Arion | Quand la vielle à roue réveille l’esprit des fêtes

par Judith Hamel

Dimanche après-midi, l’orchestre baroque Arion se produisait devant une salle bien remplie à la salle Bourgie, proposant un programme consacré aux Noëls français, suisses et allemands. Dans une instrumentation mêlant cordes, clavecin, théorbe et basson, trois solistes — à la flûte, au hautbois et à la vielle à roue — sont venus enrichir ce concert où se succédaient des airs de Noëls baroques, tantôt bien connus, tantôt obscurs.

Le concert s’est ouvert avec l’extrait « Où s’en vont ces gais bergers » de la Simphonie des Noëls de Michel-Richard Delalande, un choix d’air familier qui a donné un ton enjoué au concert. 

Mathieu Lussier a ensuite présenté la première soliste, Tobie Miller, une joueuse de vielle à roue virtuose réputée. Alors qu’il l’annonçait, c’est plutôt le flûtiste Vincent Lauzer qui est entré en scène, déclenchant un rire franc du public. Ce moment léger a été suivi par le Concerto n4 « Noëls suisses » de Michel Corrette, une pièce pour flûte à bec et ensemble qui, dans un mélange d’espièglerie et de virtuosité, a permis à Vincent Lauzer de briller par son expressivité. 

« C’est marrant, ça sonne comme la flûte à bec, la vielle à roue », annonce Mathieu Lussier en référence à sa coquille. Cette fois, Tobie Miller entre véritablement en scène pour interpréter une œuvre de Nicolas Chédeville, le Concerto « Les Plaisirs de la Saint-Martin ». Cette pièce célèbre la Saint-Martin qui autrefois apportait des célébrations presque aussi importantes que la fête du Saint-Nicolas. Bien que l’œuvre soit de Chédeville, celui-ci aurait probablement eu des problèmes de droits d’auteur aujourd’hui puisqu’il emprunte largement ses matériaux de Vivaldi. 

Puis, le troisième soliste, Daniel Lanthier au hautbois, a offert une interprétation du Concerto a 5 con oboe obligato de Bonaventure Gilles. Son jeu habité et expressif donnait envie de se retrouver sur scène à leurs côtés. La musique semblait palpable tant l’énergie du soliste et des musicien·nes était communicative.

Avant l’entracte, l’ensemble a interprété sept airs de Noël de Charpentier, clôturant ainsi la première partie du concert. Mathieu Lussier en a profité pour inviter le public à glisser un disque d’Arion dans leurs bas de Noël cette année. Une suggestion qui donne envie d’opter pour une bande-son baroque pour les festivités de cette année !

Pendant l’entracte, des projections éducatives ont offert des informations sur l’accord des instruments baroques, sur la fabrication des instruments d’époque et sur le répertoire présenté. Un beau moyen pour contextualiser leur démarche artistique et enrichir l’expérience du public.

Au retour, Vincent Lauzer a repris la scène avec le Concerto n° 5 « Noël allemand » de Michel Corrette. Le mouvement lent captait par sa délicatesse, tandis que l’Allegro, avec ses syncopes rythmiques, apportait une touche ludique.

C’est ensuite au tour de Tobie Miller de revenir sur scène. Après nous avoir parlé un peu de l’histoire de la vielle à roue, elle interprète le Concerto « L’Hiver » de Nicolas Chédeville, une œuvre magnifique, notamment pour son Largo, qui place l’instrument soliste à découvert et qui permet d’entendre toutes les subtilités du jeu de la vielle à roue. 

Finalement, l’orchestre a interprété Les Saturnales de François Colin de Blamont, un compositeur peu joué, mais apprécié de l’ensemble. Ce morceau, tiré des Symphonies des Fêtes grecques et romaines, recréait parfaitement l’atmosphère festive de ces célébrations antiques, menant le concert vers sa conclusion. 

Avec un chapeau de Noël sur la volute de la contrebasse et sur la tête de Mathieu Lussier, le concert s’est achevé sur un rappel surprenant : Minuit Chrétien. Ce n’est pas tous les jours qu’un public chante « Peuple debout » accompagné d’une vielle à roue!

alt-folk / électro-minimal / indie pop

Dear Criminals au théâtre Outremont | Rallumer la flamme

par Sami Rixhon

Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu! Comment allez-vous, chers criminels? Le trio électro-minimal Dear Criminals donnait sa première performance d’envergure à Montréal, sa ville d’origine, en cinq ans cette fin de semaine au théâtre Outremont.

C’était au Gesù, en 2019, que Dear Criminals s’était produit pour la dernière fois dans la métropole dans une formule régulière. Il s’est passé beaucoup de choses depuis. On dirait que le monde est devenu un peu plus violent, un peu plus anxiogène. Heureusement qu’il nous reste encore la musique.

Le groupe amorce sa performance avec Visions, Starless et Waste Land, trois morceaux tirés de son album Fatale. Pratiquement tout le projet de 2017 sera interprété ce soir, et ce n’est pas un hasard : les compositions requièrent l’apport d’un quatuor à cordes qui répond présent ce soir (comme un bassiste et un batteur), chose plutôt rare dans les spectacles de Dear Criminals. Pour sa seule performance de l’année à Montréal, autant y aller all in, donc, me disait Frannie en entrevue il y a quelques jours.

Ce qui frappe dans les performances scéniques de Dear Criminals, c’est la capacité du groupe à installer rapidement des ambiances vaporeuses et tendres. Il y a quasiment une tension sensuelle qui flotte dans l’air tant les notes chantées et jouées sont choisies avec soin et parcimonie.

Ce qui frappe également aux oreilles de l’auditeur, encore plus sur scène qu’en studio, c’est à quel point les trois membres de la formation se complètement à merveille. Frannie Holder a une voix cristalline et fragile, Charles Lavoie tricote plutôt dans une sorte de romantisme arrogant alors que Vincent Legault fait vivre le son Dear Criminals de plus belle entouré de ses claviers. Rien ne ressemble à Dear Criminals à Montréal, et c’est tout à leur avantage.

Si la prestation dans son ensemble était fort agréable, on sent tout de même que le groupe se retrouve ce soir plus près du rodage que de la proposition grandiose à laquelle il habitue son public depuis 10 ans déjà. Dear Criminals s’était, au cours de précédents spectacles, notamment attaché les services d’une chorale d’élèves du secondaire (à l’église Saint-Jean-Baptiste, qui plus est), d’effets 3D ou de danseurs contemporains.

La proposition du jour est plus convenue… et ce n’est pas plus mal comme ça. Le trio a besoin de se retrouver avec ses anciennes chansons, il a besoin de rallumer la flamme avant de revenir sur les planches avec un concept encore plus fou. L’année 2025 signera probablement d’ailleurs une nouvelle production scénique ou studio pour le groupe, encore une fois, de source sûre (l’information vient de Frannie Holder, en fait. Il n’y a pas plus fiable).

Dear Criminals clôture le segment régulier de son spectacle avec Stay Tonight, probablement la plus belle chanson que le groupe ait jamais écrite. J’entretiens un rapport un peu particulier avec ce morceau. Je l’avais entendu en mai 2020, alors que la Covid faisait rage, au cabaret Lion d’Or. Le projet s’appelait Lone Ride. J’étais cloîtré derrière trois murs de plexiglas. J’étais seul sur scène, eux, de l’autre côté, étaient trois à jouer et à me regarder. Drôle d’époque, hein. Ça a l’air loin tout d’un coup. Je n’avais eu droit qu’à une chanson, il fallait que je laisse ma place à une autre personne seule ensuite. Tout ça n’a duré que trois, quatre minutes, et pourtant, c’est resté. Je considère encore cet instant comme étant l’une des expériences musicales les plus fortes vécue ces dernières années.

Je réentendais pour la première fois cette chanson en live. C’était 800 fois moins intime (800 étant le nombre de personnes présentes ce soir), et pourtant, ça m’a fait réaliser le chemin qu’on a tous parcouru depuis.

Ça fait du bien de se retrouver.

LISTE DES CHANSONS AU PROGRAMME

1. Visions
2. Starless
3. Waste Land
4. Little Thief
5. Yet Not the End
6. Mark my Words
7. Nelly
8. Coldwave
9. Gravedigger
10. Song for Elisabeth
11. Lover’s Suicide
12. At Bay
13. Lies in Blue
14. Lala
15. Coco
16. Rose
17. Slowdisco
18. Stay Tonight

Rappel

1. 7
2. Petite mort
3. Where We Started

Crédits photo : @yagubphotography

chanson keb franco / Neo-soul / R&B

Rau_Ze au Club Soda | La voix d’une jeunesse montréalaise

par Sami Rixhon

Braver le froid pour une dose de R&B, une autre de soul. Rau_Ze, projet gravitant autour d’un jeune duo formé par Rose Perron et Félix Paul, s’offrait une supplémentaire du lancement de Virer nos vies au Club Soda, son premier en carrière. En fait, pas vraiment.

Pas vraiment, car la salle de la rue Saint-Laurent avait, il y a un peu plus de deux ans, vu Rau_Ze remporter la 26e édition des Francouvertes. Il y avait en quelque sorte une boucle à boucler là-bas, sur ces planches, avant d’aller atteindre encore de plus hauts sommets.

Talkin’ ’bout my generation

La file devant le Club Soda s’étend sur la moitié du bloc plusieurs dizaines de minutes après l’ouverture des portes. Le vestiaire est plein (littéralement) et on peine à se trouver une place au balcon. La ferveur est bien là, réelle.

Rau_Ze et une demi-douzaine de musiciens accèdent à la scène et ouvrent leur prestation sur la chanson-titre de leur album, Virer nos vies. Tout le monde le répète, tout le monde sait déjà, mais qu’est-ce que Rose Perron a un don pour chanter. Sa personnalité est unique, elle respire l’assurance plus elle se laisse emporter par ses envolées vocales. Perron semble pourtant tout de suite plus timide quand les mots qu’elle prononce ne sont pas agrémentés de notes de musique, quand elle s’adresse d’une manière impromptue à une foule si fidèle entre deux chansons. La musique transforme l’être.

Sumerset, Pas la peine, L’Habitude (surtout L’Habitude) : Rau_Ze peut, à peine six mois après le lancement de son album, déjà s’appuyer sur de vrais hits se trouvant probablement sur nombre de playlists de Montréalais dans le vent. J’ai d’ailleurs vu passer le nom du duo plusieurs fois ces derniers jours dans les rétrospectives Spotify et Apple Music de mes amis. C’est simple : Rau_Ze est le plus grand phénomène musical de la génération Z au Québec depuis Hubert Lenoir, en 2018. Ce n’est pas rien, de remplir complètement le Club Soda après un premier lancement réussi, qui avait eu lieu dans une salle deux fois plus petite, et sans avoir sorti du nouveau matériel depuis.

Rau_Ze joue toutes les pièces de Virer nos vies, s’offre une reprise de Claude Dubois, Femmes de rêve, et clôture le tout avec deux jams déments de free-punk-jazz-psychédélique-expérimental qui laissent place à des pogos au pied du parterre.

Au début de leur vingtaine, les membres de Rau_Ze sont un vrai exemple de réussite et de rigueur pour quiconque de leur âge qui aspire à se surpasser. L’offre est professionnelle et particulièrement mature, et le plafond, déjà très haut, s’élèvera plus le groupe prendra de l’expérience.

Un MTELUS en leur compagnie dans un an ou deux, ce sera diablement plaisant.

Crédits photo : Camille Gladu-Drouin

afrobeat / konpa

Joé Dwèt Filé a enflammé l’Olympia

par Sandra Gasana

C’est une foule immense qui faisait la file sous les températures hivernales pour venir voir à l’Olympia LA star du konpa de l’heure: Joé Dwèt Filé. Les caméras étaient toutes braquées sur la scène, avant même qu’il fasse son apparition. Casquette noire, lunettes fumées, muscles bien en évidence, et muni d’un micro rouge vif, c’est ainsi qu’il apparaît, accompagné de ses cinq musiciens.

« Montréal, comment ça va ce soir ? » répète-t-il à plusieurs reprises durant le concert. D’ailleurs, il a déjà une date de prévue pour le 12 décembre 2025 au Centre Bell, rien de moins. Avec un public majoritairement féminin et jeune, on pouvait tout de même remarquer plusieurs générations dans la salle, avec une prédominance de la communauté haïtienne. « Y a-t-il des femmes célibataires dans la salle ? », demande-t-il. « Beaucoup de femmes souffrent en ce moment et cette chanson est pour elles », annonce-t-il avant les morceaux tirés de ses albums Goumin Terminé, Calypso : Winter Edition ou encore Daddy9. Plusieurs fois durant le concert, la foule, qui connaissait les paroles par cœur, chantait à sa place. Avec ses musiciens, ils alternaient entre afrobeat à la manière de Tayc, et konpa, ce qui plaisait énormément aux amateurs de ce style de musique. Il rajoutait sa fameuse signature « zigizigizigazi » qui venait ponctuer ses chansons, annonçant l’entrée des claviers synthétiques.

« Y a-t-il des gens mariés dans la salle ? », demande-t-il avant de chanter Oui. Bref, les histoires d’amour sont au cœur des chansons de ce crooner des temps modernes. Certains morceaux étaient plus courts, permettant un enchaînement plus fluide entre eux.

JDF interagissait souvent avec la foule, notamment lorsqu’il a fait monter deux jeunes femmes sur scène pour chanter le morceau Confiance avec lui. « Attention, vous allez représenter Montréal ce soir », leur dit-il, histoire de leur mettre la pression mais elles ont tout de même relevé le défi, alors qu’une d’entre elles a fondu en larmes après l’exercice. Un moment qu’elles chériront longtemps.

Il termine avec un enchainement de tous ses tubes à succès, Kitem Ale, Abimé, ou encore Merci à mon ex et Jolie madame, sur lequel il fait un featuring avec Ronisia. Pour certaines de ses chansons, il suffisait d’entendre la première note pour que le public se mette à hurler. C’était le cas pour Pozysion, un autre de ses hits. Il prend même le temps de faire un petit concours avec quatre personnes du public qui devaient reconnaître les morceaux le plus rapidement possible. 

Il finit par faire un bain de foule en traversant le parterre de l’Olympia, les cellulaires le suivant à chaque pas, accompagné de son garde du corps, avant de terminer la soirée avec les deux plus gros titres de sa carrière Fem Voyé et bien entendu 4 Kampé, qui en est à 15 millions d’écoute sur Spotify et autant de vues sur YouTube depuis sa sortie il y a quelques semaines.
Seul hic de la soirée, le temps que ça a pris pour sortir de l’Olympia à cause de la longue file pour récupérer les manteaux. Après un show de 90 minutes, il nous a pris presque une heure pour sortir des lieux. Une organisation qui aurait pu être mieux gérée à mon avis.

Crédit Photo: Shadia Uwanje


classique / jazz / pop / pop orchestrale / trad québécois

Scintillante magie de Noël, de l’OM… et d’Antoine Gratton!

par Frédéric Cardin

Loin de moi l’idée, par ce titre, de diminuer la qualité des prestations offertes hier par les artistes invités lors du (désormais) classique concert de Noël éclectique de l’Orchestre métropolitain et Yannick Nézet-Séguin. Mélissa Bédard en impose dans Glory Alleluia et le Minuit, chrétiens. Sa voix de contralto ample et très juste, sans fioritures inutiles, s’est agréablement démarquée. Kim Richardson fait de même avec d’autres classiques comme Noël blanc ou I’ll be Home for Christmas. Et puis la sensation lyrique de l’heure, Élizabeth St-Gelais nous a offert les Anges dans nos campagnes et un Sainte Nuit (en innu) plutôt réussis. Un très beau duo avec Michel Rivard aussi, avec un Gens du pays bien senti. Ce dernier a également offert C’est dans la famille, initialement un peu fragile, mais authentique. 

Taurey Butler, M. Charlie Brown Christmas à Bourgie, avec les excellents Wali Muhammad à la batterie et Morgan Moore à la contrebasse, y est allé de jolies envolées jazz au piano (pas de Charlie Brown, cela dit. C’est réservé pour l’autre salle) dans quelques titres traditionnels du répertoire, et le violoniste trad David Boulanger nous a lancé un très agréable Petit concerto pour Carignan et orchestre d’André Gagnon, avec Oleg Larshin, premier violon de l’OM. Contrastes bien maîtrisés entre les solos ‘’classiques’’ de Larshin et trad de Boulanger, échos modernes de Yehudi Menuhin et de Jean Carignan, pour qui l’œuvre a été composée. Un vrai chef-d’œuvre miniature, qui était accompagné par un autre incontournable de Dédé : un extrait de son album Noël de 1992, la chaleureuse et doucement mélancolique Ronde des bergers. Je n’avais jamais porté attention à ce détail auparavant, mais les solos de cor y sont redoutables! Même le toujours parfait Louis-Philippe Marsolais l’a appris à ses dépens (Oh, à peine un accroc. Mais dans son cas, c’est rarissime). Bien entendu, la finale a été assurée par tout le monde en même temps, communion indispensable qui s’est incarnée par le classique de Beau Dommages/Michel Rivard : 23 décembre. Grande réussite rassembleuse écuménique à l’image du Québec à la fois ‘’de souche’’ et coloré par sa diversité moderne. Bravo. 

Bref, tout le monde était à la hauteur, et plus encore. La bonne humeur régnait, Yannick dirigeait avec son habituel pep, les musiciens de l’OM souriaient amplement, la scène et la Maison symphonique dans son ensemble brillaient de mille couleurs, dans une ambiance molletonnée et invitante. Chapeau bas, donc. Mais, la raison pour laquelle je tenais à inscrire le nom d’Antoine Gratton dans mon titre, c’est que le lien suprême entre tous les morceaux, toutes les prestations, tous les styles musicaux évoqués dans cette messe laïque et musicale, l’unifiant qui a permis de passer presque deux heures, sans entractes et sans véritables longueurs, bien accrochés au déroulement, cet indispensable secret de la réussite, ce sont les arrangements d’Antoine Gratton.

L’auteur-compositeur-interprète qui s’est un temps fait appeler A Star, est également depuis quelques années un très habile arrangeur pour des concerts pop symphoniques. Hier, il a fait flèche de tout bois grâce à l’originalité des partitions qu’il a réalisées pour l’orchestre et le chœur qui accompagnaient ainsi avec brio les prestations ci-haut mentionnées. Peu importe que les airs soient archi connus, Gratton sait parsemer ses arrangements de multiples surprises pour les oreilles, qu’elles soient harmoniques, coloristiques ou rythmiques. Je prends un exemple parmi d’autres : ce contrepoint entre les clochettes de l’orchestre et les clappements de mains des choristes dans un passage de My Favourite Things. Réjouissant. 

L’arrangeur est trop souvent oublié dans ce genre d’événement, mais il ne le faut pas, et surtout pas dans le cas de ce concert qui aurait pu virer à la litanie de mélodies sirupeuses enchaînées interminablement, s’il eut été d’autres plumes moins créatives. Des milliers de soupers de dinde, de tourtière et d’atocas se ressemblent un peu partout au Québec pendant les fêtes. Mais il y a parfois un.e chef.fe en cuisine, caché.e derrière ses chaudrons, qui réussit à réinventer la sauce et unifier le tout de façon assez originale pour qu’on la remarque. Et cela sans tomber dans une témérité exagérée qui laisserait un goût amer à l’expérience. Dans des cas comme celui-là, invitons cette personne à la table et honorons-la (ce qui a d’ailleurs été fait sur scène hier). 

Ne doutons pas un seul instant qu’il y aura une édition 2025.

classique occidental

Schulich | Horatio Quartet remporte le Concours de musique de chambre 2024-2025

par Judith Hamel

Après quatre vibrantes performances des ensembles finalistes, le Horatio Quartet a remporté le grand prix du concours annuel de musique de chambre d’École de musique Schulich. Les musiciens remportent donc une résidence à l’Université Mozarteum à Salzbourg ainsi qu’une performance au Centre canadien d’architecture dans le cadre de la série Bon-Pasteur de Schulich. 

La finale a eu lieu au Tanna Schulich Hall ainsi qu’en diffusion en direct. Le jury de cette étape était constitué de Catherine Cosbey, Sara Laimon, Jacqueline Leclair et David Stewart. 

C’est l’ensemble Trio At Work, composé d’Abigail Sunde au violon, Conrad Sobieraj au violoncelle et Jisu Yeum au piano, qui a ouvert la soirée avec l’Allegro du Trio pour violon, violoncelle et piano no 3 de Mozart. Leur interprétation, d’une belle légèreté, nous a plongée dans l’élégance et la clarté de Mozart. Dans le Trio pour violon, violoncelle et piano no 1 de Mendelssohn qui a suivi, une certaine rigidité se faisait sentir par moments, privant parfois l’interprétation d’une vulnérabilité, mais les points culminants étaient bien maîtrisés musicalement. Les articulations nettes et les nuances justes ont démontré leur grande maîtrise technique. 

Le deuxième ensemble à se produire, le Lyra Quartet, regroupait Lucy Nemeth et Jessica Tovey aux violons, Hudson Maness à l’alto, et Ellamay Mantie au violoncelle. Dès les premières mesures de l’Allegro du Quatuor à cordes n2 en fa majeur, op. 77 de Haydn, leur cohésion s’est présentée avec évidence. Le placement en demi-cercle propre aux quatuors à cordes certes, favorise une communication visuelle et gestuelle fluide. Tout de même, malgré ce certain avantage, chaque mouvement semblait naturellement amplifié par l’autre, nous donnant l’impression qu’iels respiraient d’un même souffle. Puis, leur performance a culminé avec le Quatuor à cordes no 3 en fa majeur, op. 73 de Chostakovitch. Tour à tour porteurs d’innocence et de gravité, iels ont su exploiter tout le potentiel dynamique de cette œuvre. Leurs phrasés impeccables et leur justesse, tant sur le plan de l’intonation que de l’émotion, ont offert un moment d’une intensité rare, à la fois rigoureux et profondément humain.

Après l’entracte, le Horatio Quartet, composé de Justin Saulnier et Joey Machin aux violons, Alex Beggs à l’alto et Gabriel Vincent au violoncelle, a choisi d’interpréter le Quatuor à cordes en ré majeur no 4, op. 20 de Haydn. Dès les premiers traits, leur précision exemplaire et leur solidité se sont imposées. Le premier violon, porté par Justin Saulnier, a brillamment soutenu son rôle prédominant tout au long de l’œuvre, insufflant un dynamisme constant à l’ensemble. Leur interprétation s’est poursuivie avec le premier mouvement du Quatuor à cordes en sol mineur, op. 10 de Debussy où ils ont fait preuve de sensibilité et de contrastes expressifs. 

La soirée s’est conclue avec le Trio Alexa, composé de Joseph Tsao au violon, Alexander Lewis au violoncelle et Chris Peng au piano. Leur prestation a débuté avec le premier mouvement du Trio pour violon, violoncelle et piano no 1 en ré majeur, op. 70 de Beethoven où le piano a su suggérer une douceur à l’ensemble. Ils ont ensuite interprété le Trio pour violon, violoncelle et piano en sol mineur, op.15 de Smetana, qui s’ouvre avec un solo de violon poignant suivi de l’entrée du piano qui apporte profondeur et nuances. Cette œuvre est remarquablement équilibrée : elle offre à chacun·e une voix individuelle permettant de faire briller son instrument et sa musicalité propre. Leur interprétation respirait, exaltant les émotions intenses et vibrantes de cette œuvre.

classique / jazz / jazz vocal

Schulich | Classiques de Noël avec l’Orchestre jazz de McGill

par Vitta Morales

Le fait que l’interprétation de la Nutcracker Suite de Duke Ellington par l’Orchestre de jazz de McGill ait été donnée en même temps que la première véritable soirée enneigée de l’année a été une agréable coïncidence. Ce fait n’a pas échappé à la cheffe d’orchestre Marianne Trudel, qui n’a pas manqué de le souligner à la blague avant que l’orchestre n’entame ses morceaux festifs. « Douillet » n’est pas le premier superlatif que j’emploierais pour qualifier la salle Tanna Schulich , mais dans ces circonstances, on avait l’impression que le public s’était rassemblé dans le but de se réchauffer et de se perdre dans les airs d’un big band classique des années 60. En vérité, il ne nous manquait que des mugs de chocolat chaud.

Le ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski est, bien sûr, l’un des favoris du domaine public et a été (ré)interprété d’innombrables façons par un nombre incalculable de musiciens. Ellington et Strayhorn, cependant, ont réussi à créer quelque chose de vraiment spécial en 1960 avec leur arrangement de ce prolifique ballet russe ; et l’exécution de l’Orchestre de jazz de McGill a été plus que solide. Il était impressionnant, comme toujours, de voir de si jeunes musiciens atteindre un tel niveau de jeu. Certains d’entre eux, je dirais, ont déjà le cran d’abandonner leurs études et de jouer professionnellement (je ne dirai pas qui afin d’éviter la colère potentielle des parents). Cela dit, les concerts d’étudiants comportent presque toujours quelques éléments qui ne sont pas parfaits. Ces éléments sont autant de petits rappels que ces jeunes musiciens sont en fait encore en train d’apprendre.

Ce n’est qu’au troisième mouvement, par exemple, que la basse et la batterie ont finalement imposé un rythme plus assuré et ont cessé d’acquiescer à ceux qui les entouraient. Jouer timidement ne sert en rien le groove, et c’est donc avec soulagement qu’ils ont enfin commencé à se faire confiance. En outre, certains solos des cuivres ont semblé s’égarer par moments. Il convient de mentionner les solistes qui, à l’inverse, ont joué de manière très intentionnelle, notamment Rafael Salazar, Shai Geballe, Maude Fortier et Jeremy Sandfelder (bien que Sandelfer soit un jazzman plus établi à Montréal qui s’est retrouvé remplaçant ce soir-là, ce qui est peut-être un peu injuste pour les étudiants).

Dans la seconde partie du concert, Élizabeth Cormier a interprété une sélection de chansons d’Irving Berlin telles qu’elles ont été arrangées pour Ella Fitzgerald. Ayant récemment assisté à un concert de Caity Gyorgy portant sur un répertoire identique, il était difficile de ne pas avoir une impression de déjà-vu. Je dois dire que Cormier, pour sa part, est une belle chanteuse avec un beau timbre et une excellente présence sur scène ; le seul élément que je qualifierais de perfectible est sa diction en anglais. Un mot gênant ici et là trahit son accent québécois, ce qui n’est peut-être pas idéal pour interpréter le répertoire d’Ella, mais c’est une caractéristique assez inoffensive dans son interprétation.

Dans l’ensemble, je suis d’avis que les membres de l’orchestre peuvent, et doivent, être fiers d’un travail bien fait alors que leur semestre s’achève. Je ne doute pas que, tant que l’envie est là, ces jeunes interprètes continueront à faire des progrès dans leur musicalité. Pour l’instant, ils devraient probablement rattraper un peu de sommeil avant leur session d’hiver. Et peut-être prendre un chocolat chaud…

crédit photo: Tam Lan Truong

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