MUTEK 2023 | Nocturne 3 : upsammy & Jonathan Castro, Nick León, Halina Rice, Quan & DBY

par Alain Brunet

L’équipe de PAN M 360 vous offre une couverture exhaustive de MUTEK Montréal 2023. Voilà une sélection des meilleurs sets présentés vendredi soir à la SAT, dans le cadre de la série Nocturne.

Crédits photos : Nina Gibelin-Souchon

upsammy & Jonathan Castro

Posées sur des surfaces végétales, des formes cabalistiques sont projetées sur les écrans. Au milieu de tout ça, une femme, un homme. DJ, productrice et artiste multidisciplinaire, la Néerlandaise  upsammy (Thessa Torsing) aime illustrer les extrêmes: le confort, l’inconfort, la beauté harmonieuse, la désolation. Elle use de différentes couleurs pour peindre ses fresques sonores: voix traitées, rythmes et tempos variés, les sons de l’eau, les sons de la manipulation tactile, fragments mélodico-harmoniques, quelques poussées de beats fiévreux contrastants avec des séquences froides et arythmiques. On dit de cette approche illustrée dans l’espace par l’artiste péruvien Jonathan Castro Alejos, designer graphique de profession et artiste visuel de l’univers numérique, qu’elle serait de la techno expérimentale et de l’IDM. Peut-être… De notre côté, cette approche n’a pas de genre apparent a priori sauf l’usage de rythmes tirés de la techno minimale et de l’ambient cérébrale. On a plutôt ici un langage composite aux fondements électroacoustiques qui peuvent néanmoins accrocher le nuitard  avec quelques électrochocs qui peuvent le rendre agité.

Nick León

Le Floridien Nick León est féru des avancées latines en matière de musique électronique, particulièrement portoricaines et colombiennes. Un galbe psychédélique enveloppe les rythmes et en transforment l’identité originelle. Le psychédélisme et l’électronique, il faut le rappeler, font bon ménage depuis un demi-siècle,  nous en avons ici une version latine. Reggaeton, afrobeats, cumbia, krautrock et ambient se lient en direct. Juste assez groove pour un vendredi, juste assez nourrissant pour un set digne de MUTEK. D’une partenaire présente à ses côtés, des  projections top niveau appuient le tout, motifs de joaillerie en mouvement, scintillements, kaléidoscopes stylisés et plus encore. À l’écoute de ce set tout à fait concluant, on constate avec intérêt que le reggaeton a déjà généré des formes les plus raffinées. À l’évidence, Nick León et sa partenaire de scène font de belles choses.

Halina Rice

Suite d’harmonies et de fragments mélodiques au clavier,  musiques préenregistrées et modulées en direct. Techno cérébrale, électroacoustique, IDM. La Londonienne Halina Rice n’a pas le look de l’emploi, aucune extravagance vestimentaire sur scène, on la verrait fort bien animer un séminaire de doctorat. Les apparences sont trompeuses car Halina Rice crée une excellente musique technoïde,assortie d’une variété probante  d’arrangements consonants, d’une superbe sélection de sons industriels, de techno, de big beat, de chant choral au féminin, de hululements synthétiques non sans rappeler celui des  femmes arabes. Cette succession de climats contrastés, embrumés de glace sèche et de visuels conçus  par la principale intéressée, illustrent l’envergure conceptuelle,  l’intelligence et la sensibilité supérieures de cette femme qui, prédisons-le, marquera sa profession.

Quan & DBY

Au cœur de la nuit, un tandem montréalais de l’étiquette Chez.Kito.Kat fait dans la techno minimale, archi binaire pour les besoins évident du plancher de danse à l’heure qu’il est – de 2h à 3h. Les surimpressions sont relativement discrètes, absolument rien d’ostentatoire à ce programme déployé à la SAT: chuchotements variés, lignes rauques, ébullitions de microbasses et autres borborygmes de synthèse produisent un contrepoint sans l’emporter sur le beat. Plutôt que d’étaler toute la science qu’on leur connaît, breakbeat, deep house, acid, ambient, dub, bass music, dub, le tout produit par une impressionnante lutherie, notamment les synthétiseurs modulaires conçus pour les besoins de l’exercice, Quan et Dog Bless You (d’où l’acronyme D.B.Y., Samuel Ricciuti de son vrai nom) nous feront passer une  heure concluante de petites modulations et de gros beat destiné aux danseurs qui n’ont pas migré au MTELUS où sévit Sync en même temps qu’eux.

MUTEK 2023 | A/Visions 1 : Kyoka & Shohei Fujimoto, Alexis Langevin-Tétreault & Guillaume Côté, Alessandro Cortini & Marco Ciceri

par Laurent Bellemare

Pour le premier volet de sa série A/Visions, le festival MUTEK accueillait son public dans un Théâtre Maisonneuve muni d’un simple écran géant. C’est effectivement par les projections et les haut-parleurs que toute l’action artistique était communiquée à l’auditoire, du moins pour le premier des numéros. Au total, trois duos d’artistes étaient à l’honneur dans ce concert de vidéomusiques expérimentales et immersives.

Crédits photos : Bruno Aiello Destombes

Kyoka & Shohei Fujimoto

Le premier quart de l’œuvre Cinema Blackbox faisait immédiatement croire à un pastiche de Ryoji Ikeda, avec ses sonorités aiguës et sinusoïdales et son visuel désincarné. On y trouvait effectivement plusieurs codes de la sommité japonaise en installations sonores : exclusivité du noir, blanc et rouge, lignes et formes rectangulaires stroboscopiques, esthétique minimaliste et abondance de sons de synthèses. Plus tard, la composition s’est complexifiée, en s’attaquant à des rythmes plus structurés et en décuplant les plans visuels en mosaïques se mouvant à toute allure. Un bref moment de statisme a fait intervenir quelques hauteurs tonales définies, colorant une musique autrement très industrielle, fidèle à la performance de Kyoka présentée la veille au festival. Des échantillons de voix et de gouttes d’eau ont également ramené l’œuvre sur la plaine terrestre. Autrement, Cinema Blackbox semblait volontairement adopter une posture autoréférentielle, où l’art technologique choisit de représenter la technologie elle-même. À l’écran, on voyait effectivement d’innombrables éléments de sonogrammes, d’encéphalogrammes, de quadrants de radars et de codes de programmation.

Alexis Langevin-Tétreault & Guillaume Côté

Pour la seconde partie du spectacle, une table avec dispositifs électroniques a été ajoutée au décor. Cela tombait sous le sen, car la démarche d’Alexis Langevin-Tétreault s’attèle à la « performance électroacoustique », soit le fait de créer en direct une musique habituellement conçue entièrement en studio. Avec son comparse Guillaume Côté, il faisait effectivement évoluer la masse sonore qu’est Aubes en variant les couches timbrales et mélodiques avec un synthétiseur modulaire. La minutie qu’impose le style très académique de l’électroacoustique pouvait se faire entendre, car les textures étaient riches et complexes. Toutefois, l’atmosphère demeurait toujours celle d’une rêverie, voire d’une évasion du monde physique. Le contenu harmonique gardait toujours l’auditoire dans des tonalités majeures, emplissant d’espoir et d’émotion une proposition par ailleurs plutôt cérébrale. Le visuel était lui aussi composé de textures colorées, mais complexes, confirmant une formule équilibrée d’expérimentalisme et d’éléments accrocheurs. On pardonne aisément le son intrusif Macintosh très reconnaissable qui ponctuait drôlement bien un changement abrupt au centre de l’œuvre.

Alessandro Cortini & Marco Ciceri

Le duo italien présentait une performance beaucoup plus lourde. En plus d’un tempo beaucoup plus lent, toute la pièce conservait une tonalité mineure, donc perceptiblement plus mélancolique. Des arpèges joués aux synthétiseurs progressaient lentement, résultant en une trame relativement statique qui s’est densifiée allègrement durant la finale. À ce moment, le spectre harmonique s’approchait tranquillement du bruit blanc, alors qu’on percevait toujours clairement les éléments mélodiques. Visuellement, les projections étaient une sorte d’étude sur les motifs microscopiques d’ailes d’abeilles. Alessandro Cortini impressionne par son synthétiseur inventé et un curriculum vitae rempli de collaborations prestigieuses—de Nine Inch Nails à Merzbow. Toutefois, sa performance à A/V Visions enthousiasmait de façon plus modérée. Sans être soporifique, la musique qui était proposée était loin de sortir de l’ordinaire. Elle était tout de même efficace comme mantra pour réfléchir sur la disparition éventuelle des abeilles pollinisatrices et sur le dérèglement des cycles de fertilisation des plantes.

électronique

MUTEK : Métropolis 2

par Rédaction PAN M 360

La série Métropolis se consacre aux formes plus rythmées et envoûtantes de musique électronique avec une scénographie dynamique. Les deux soirées sont les meilleures options pour en profiter jusqu’à l’aube tout en satisfaisant sa curiosité artistique : le vendredi soir est dédié à la musique techno alors que le samedi s’inspire des sonorités électro et house.

The Métropolis series is dedicated to the more rhythmic and spellbinding forms of electronic music, with a dynamic scenography. The two evenings are the best way to enjoy it until dawn while satisfying your artistic curiosity: Friday night is dedicated to techno music, while Saturday is inspired by electro and house sounds.

Rich Aucoin CA — Synthetic

Originaire d’Halifax, le musicien, auteur-compositeur, producteur et interprète Rich Aucoin débute en solo sur scène en 2007 avec l’EP Personal Publication. Il s’est rapidement fait un nom en associant sa musique pop ambitieuse et exploratoire à d’impressionnants exploits d’endurance, notamment une tournée à vélo d’un océan à l’autre et une autre qui impliquait plusieurs marathons de course à pied, chacune de ces prouesses soutenant une œuvre caritative différente. Ainsi, avant même la sortie de We’re All Dying to Live en 2011, son premier album complet (sur lequel figure plus de 500 invité·e·s !), Aucoin jouissait d’une réputation d’artiste de scène hautement captivant. Les albums suivants, comme Ephemeral en 2014 et Release en 2019, n’ont fait que renforcer sa renommée d’auteur indie-pop. En 2020, il continue de défier les attentes, enregistrant United States, un carnet de voyage psychédélique. Cet effort a été suivi en 2022 par Synthetic : Season 1, le premier volume d’un quadruple album tentaculaire composé à partir de la collection de synthétiseurs rares et historiques du Centre national de musique de Calgary, où il était artiste en résidence. Aucoin a livré la suite en 2023, Synthetic – A Synth Odyssey : Season 2, sur laquelle il a de nouveau joué de tous les instruments, y compris 40 synthétiseurs de la collection basée en Alberta.

Halifax-born musician, songwriter, producer and performer Rich Aucoin made his solo live debut in 2007 with the EP Personal Publication. He quickly made a name for himself by combining his ambitious, exploratory pop music with impressive feats of endurance, including a coast-to-coast bike tour and another that involved several running marathons, each in support of a different charity. So, even before the release of 2011’s We’re All Dying to Live, his first full-length album (featuring over 500 guests!), Aucoin enjoyed a reputation as a highly captivating live performer. Subsequent albums, such as 2014’s Ephemeral and 2019’s Release, have only strengthened his reputation as an indie-pop auteur. In 2020, he continued to defy expectations, recording United States, a psychedelic travelogue. This effort was followed in 2022 by Synthetic: Season 1, the first volume of a sprawling quadruple album composed from the collection of rare and historic synthesizers at the National Music Centre in Calgary, where he was artist-in-residence. Aucoin delivered the follow-up in 2023, Synthetic – A Synth Odyssey: Season 2, on which he again played all the instruments, including 40 synthesizers from the Alberta-based collection.

Aux 88 US

AUX 88 a cimenté sa place dans l’histoire pour ses contributions à la techno et à l’électro à Détroit et dans le monde entier. Composé à l’origine du producteur Tommy « Tom Tom » Hamilton et du DJ Keith « K-1 » Tucker, AUX 88 est né de l’engouement des protagonistes pour les rythmes futuristes de Kraftwerk et de Cybotron. Depuis sa formation en 1993, le groupe de Détroit a été le fer de lance d’une réécriture de l’électro-funk breakbeat des débuts de la Motor City. Souvent appelé techno-bass, ce style intègre des éléments de l’électro de Détroit et de New York, de la bass music originaire de Miami et de l’aspect sombre et analogique de la techno de Détroit. Le premier album du groupe, Bass Magnetic (1993), a connu un succès immédiat et les sorties suivantes, comme les EPs My AUX Mind et AUX Quadrant (1995), annoncent une renaissance de l’électro de Détroit. Tucker a quitté AUX 88 en 1995 pour se lancer en solo et le groupe est resté sous la responsabilité de Hamilton qui a continué l’aventure Aux 88 avec l’ancien danseur William « BJ » Smith (alias Posatronix). Le duo sort Is It Man or Machine? en 1996. Après le départ de Smith en 1998, Aux 88 est devenu le projet solo de Hamilton, qui enregistre seul Xeo-Genetic en 1998, véritable succès critique et public. Un an plus tard, la compilation Electro Boogie a suivi sur !K7 Records. Smith a ensuite réintégré le groupe, tout comme Tucker qui est toujours demeuré discrètement dans le giron d’Aux 88, de même qu’Anthony « Blak Tony » Horton. En 2005, la formation sort son troisième album, tout simplement intitulé Aux 88, puis Mad Scientist (2009) et Black Tokyo (2010) suivirent dans la foulée. Dernier en lice, Counterparts est paru en 2020. Moins prolifique sur disque depuis une décennie, AUX 88 se concentre de plus en plus sur les nouveaux talents, le mentorat d’artistes, la sensibilisation et l’éducation de la communauté, tout en inaugurant la prochaine génération d’artistes de Détroit via son propre label, Electrostatic.

AUX 88 has cemented its place in history for its contributions to techno and electro in Detroit and around the world. Originally made up of producer Tommy « Tom Tom » Hamilton and DJ Keith « K-1 » Tucker, AUX 88 grew out of the protagonists’ infatuation with the futuristic rhythms of Kraftwerk and Cybotron. Since its formation in 1993, the Detroit band has spearheaded a rewriting of the breakbeat electro-funk of the Motor City’s early days. Often referred to as techno-bass, this style incorporates elements of Detroit and New York electro, Miami-based bass music and the dark, analog feel of Detroit techno. The group’s debut album, Bass Magnetic (1993), was an immediate success, and subsequent releases, such as the EPs My AUX Mind and AUX Quadrant (1995), heralded a renaissance in Detroit electro. Tucker left AUX 88 in 1995 to go solo, and the band remained under the care of Hamilton, who continued the AUX 88 adventure with former dancer William « BJ » Smith (aka Posatronix). The duo released Is It Man or Machine? in 1996. After Smith’s departure in 1998, Aux 88 became Hamilton’s solo project, and he recorded Xeo-Genetic alone in 1998, a critical and public success. A year later, the Electro Boogie compilation followed on !K7 Records. Smith then rejoined the band, as did Tucker, who remained discreetly in the Aux 88 fold, as did Anthony « Blak Tony » Horton. In 2005, the band released their third album, simply entitled Aux 88, followed by Mad Scientist (2009) and Black Tokyo (2010). The latest, Counterparts, was released in 2020. Less prolific on record over the past decade, AUX 88 is increasingly focusing on new talent, artist mentoring, community outreach and education, while ushering in the next generation of Detroit artists via its own label, Electrostatic.

Eris Drew & Jeisson Drenth US+NL

Eris Drew dirige le label T4T LUV NRG avec sa partenaire b2b Octo Octa depuis une cabane en rondins dans le New Hampshire. Drew enregistre ses productions auprès de son propre label, Interdimensional Transmissions (Détroit) et Naive Records (Lisbonne). Elle dirige également les Psychedelic Rites of the Motherbeat avec son entourage au Hot Mass de Pittsburgh et à Room 4 Resistance à Berlin.
Ses expériences de musicienne et de danseuse lui ont permis d’entrevoir la rave comme un outil puissant pour transformer les vies individuelles et celles des communautés. En plus de présenter des conférences dans le monde entier sur les liens entre la culture de la musique de danse et d’autres traditions extatiques, elle défend la cause des personnes trans/non-binaires/queer et encadre des DJ et des musicien·ne·s électroniques en début de carrière.

Eris Drew runs the T4T LUV NRG label with her b2b partner Octo Octa from a log cabin in New Hampshire. Drew records with her own label, Interdimensional Transmissions (Detroit) and Naive Records (Lisbon). She also runs the Psychedelic Rites of the Motherbeat with her entourage at Hot Mass in Pittsburgh and Room 4 Resistance in Berlin.
Her experiences as a musician and dancer have enabled her to see rave as a powerful tool for transforming individual lives and communities. As well as lecturing around the world on the links between dance music culture and other ecstatic traditions, she is an advocate for trans/non-binary/queer people and mentors emerging DJs and electronic musicians.

Cinthie DE

Propriétaire de la boutique de vinyles Elevate, fondatrice des labels we_r house et 803 Crystal Grooves (et du sous-label Collective Cuts), DJ et productrice : Cinthie compte parmi les personnalités les plus en vue de la scène house berlinoise. Initiée à la musique d’artistes tels que Steve “Silk” Hurley et WestBam dès son enfance, Cinthie se plonge rapidement dans l’univers de la house et de la techno, orchestrant ses premiers DJ sets dans les années 1990 alors qu’elle est adolescente. L’unicité de son approche en tant que DJ et l’étendue de ses connaissances musicales lui vaudront la reconnaissance de nombreuses légendes qu’elle écoute assidûment au cours de sa jeunesse passée à Chicago et à Détroit, tout comme les figures de proue des scènes house et techno actuelles. Traversant une large gamme de genres musicaux, ses productions comme ses DJ sets englobent l’étendue de la musique électronique en s’appuyant largement sur les vinyles qu’elle collectionne avec zèle.

Owner of the Elevate vinyl store, founder of the we_r house and 803 Crystal Grooves labels (and of the Collective Cuts sub-label), DJ and producer: Cinthie is one of the most prominent figures on the Berlin house scene. Introduced to the music of artists such as Steve « Silk » Hurley and WestBam as a child, Cinthie quickly immersed herself in the world of house and techno, orchestrating her first DJ sets as a teenager in the 1990s. The uniqueness of her approach as a DJ and the breadth of her musical knowledge earned her the recognition of many of the legends she listened to assiduously during her youth spent in Chicago and Detroit, as well as the leading figures of today’s house and techno scenes. Traversing a wide range of musical genres, her productions and DJ sets encompass the breadth of electronic music, relying heavily on the vinyl she zealously collects.

Jennifer Cardini FR/DE

La niçoise Jennifer Cardini s’intéresse à la musique électronique à l’adolescence, influencée d’abord par la new-wave ainsi que par l’émergence des musiques de Chicago et de Detroit. Ayant commencé à mixer dès 1992, elle s’installe à Paris en 1998 et devient DJ résidente du Pulp, avant d’être ensuite sollicitée par le Rex Club, entre autres. Après la parution de quelques 12 pouces, elle sort le maxi Don’t Stay en 2005 avec le producteur Laurent Hô sur Cross Town Rebels. Un second EP, August in Paris, est lancé l’année suivante sur Mobilee. D’autres EP’s paraîtront sur Mobilee ou encore chez Kill The DJ, sous le pseudo Jennygoesdirty. Suite à son déménagement à Cologne, Cardini est devenue la première femme à signer chez Kompakt avec la sortie de Feeling Strange en 2008. En 2011, elle démarre le label CORRESPONDANT (électro, house), puis, une fois installée à Berlin, co-fonde Dischi Autunno (Italo disco, underground techno, électro) en 2017. Færies, son tout nouveau label, se veut ouvert à toute la jeune scène artistique transdisciplinaire et post-genre. Bien qu’elle ait sorti de temps à autre quelques 12 pouces et remixes, ou assuré régulièrement la coordination musicale des défilés de mode pour Ami ou Kenzo, sa réputation s’est surtout forgée grâce à ses talents de DJ. Sa philosophie du dancefloor se reflète non seulement dans ses sets et dans la musique publiée sur ses labels, mais aussi dans son engagement en faveur de la communauté LGBTQIA2S+. Championne de l’électro, de la house, du disco et de la techno minimale, Jennifer Cardini est depuis longtemps associée aux nuits fauves des clubs et festivals les plus prestigieux de la planète.

Jennifer Cardini from Nice became interested in electronic music as a teenager, influenced initially by new-wave and the emergence of Chicago and Detroit music. Having started mixing in 1992, she moved to Paris in 1998 and became resident DJ at Pulp, before being called upon by Rex Club, among others. After releasing a number of 12-inch tracks, she went on to release the Don’t Stay EP in 2005 with producer Laurent Hô on Cross Town Rebels. A second EP, August in Paris, was released the following year on Mobilee. Further EP’s were released on Mobilee and Kill The DJ, under the pseudonym Jennygoesdirty. Following her move to Cologne, Cardini became the first woman to sign to Kompakt with the release of Feeling Strange in 2008. In 2011, she started the CORRESPONDANT label (electro, house), then, once settled in Berlin, co-founded Dischi Autunno (Italo disco, underground techno, electro) in 2017. Færies, her brand-new label, aims to be open to the entire young transdisciplinary and post-genre artistic scene. Although she has released the occasional 12-inch and remix, or regularly provided musical coordination for fashion shows for Ami or Kenzo, her reputation has been forged above all by her talents as a DJ. Her dancefloor philosophy is reflected not only in her sets and the music released on her labels, but also in her commitment to the LGBTQIA2S+ community. A champion of electro, house, disco and minimal techno, Jennifer Cardini has long been associated with the wild nights of the world’s most prestigious clubs and festivals.

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Ce contenu provient de MUTEK et est adapté par PAN M 360.

techno expérimentale

MUTEK : Play 3

par Rédaction PAN M 360

Autre innovation de cette 24e édition, la présentation de trois programmes d’écoute en après-midi dans un cadre intimiste pour apprécier le caractère original et intriguant de performances en direct délicates.

Another innovation of this 24th edition is the presentation of three afternoon listening programs in an intimate setting, to appreciate the original and intriguing character of delicate live performances.

Michael Gary Dean

Détenant une Maîtrise en technologie musicale ainsi qu’une Licence de musique et d’informatique, Michael Gary Dean est un compositeur et un artiste médiatique canadien qui chevauche à la fois les frontières avant-gardistes de l’art numérique et les veines traditionnelles de la musique classique. Ses œuvres ont été présentées à travers le monde dans une variété de formats, y compris le film, la performance et l’installation. En 2015, Dean a commencé à dévoiler son travail lors d’événements tels que MUTEK et le Symposium international d’art électronique. Plusieurs collaborations audiovisuelles ont rapidement suivi, amenant Dean à présenter un peu partout des films entièrement immersifs et des performances audiovisuelles pour les planétariums équipés d’un son surround. En 2017, Liquid Architecture, son premier film, a été suivi de plusieurs nouvelles collaborations avec l’artiste médiatique Cadie Desbiens-Desmeules (aka Push 1 stop), notamment Membrane, une performance audiovisuelle en direct pour des projections volumétriques ; Frozen Music, une installation pour des surfaces de projection massives, et le court métrage expérimental Previz. Alors que ces projets continuent d’être présentés dans des lieux tels que le LEV Festival, le Sónar Festival et la Somerset House de Londres, Dean a plus récemment exploré la musique néoclassique, publiant plusieurs albums pour piano et cordes après une résidence au Banff Centre for Arts and Creativity en 2020.

With a Master’s degree in Music Technology and a Bachelor’s degree in Music and Computer Science, Michael Gary Dean is a Canadian composer and media artist who straddles both the avant-garde frontiers of digital art and the traditional veins of classical music. His works have been presented around the world in a variety of formats, including film, performance and installation. In 2015, Dean began unveiling his work at events such as MUTEK and the International Symposium of Electronic Art. Several audiovisual collaborations soon followed, leading Dean to present fully immersive films and audiovisual performances for planetariums equipped with surround sound all over the place. In 2017, Liquid Architecture, his first film, was followed by several new collaborations with media artist Cadie Desbiens-Desmeules (aka Push 1 stop), including Membrane, a live audiovisual performance for volumetric projections; Frozen Music, an installation for massive projection surfaces, and the experimental short Previz. While these projects continue to be presented at venues such as LEV Festival, Sónar Festival and London’s Somerset House, Dean has more recently been exploring neoclassical music, releasing several albums for piano and strings after a residency at the Banff Centre for Arts and Creativity in 2020.

Ale Hop

Alejandra Cárdenas (aka Ale Hop) est une artiste sonore, une chercheuse et une musicienne expérimentale d’origine péruvienne basée à Berlin. Elle commence sa carrière dans les années 2000 alors qu’elle intègre la scène musicale underground de Lima : période durant laquelle l’artiste se joint à de nombreux groupes dont les styles varient du punk au garage en passant par la musique pop. En 2012, elle entame un projet solo centré autour de la musique électronique expérimentale avec une première performance au Boiler Room pendant sa résidence à la Red Bull Music Academy de New York. L’artiste conjugue depuis de nombreuses productions individuelles et collaboratives, dont la plus récente, Agua Duce, a été réalisée avec la percussionniste et bassiste Laura Robles. Possédant un répertoire complexe de techniques spécifiques à la guitare électrique dont elle module les effets par l’entremise de synthétiseurs, Ale Hop produit des compositions viscérales d’une profonde intensité physique et émotionnelle. Son approche minutieuse envers les sujets qu’elle étudie dans le cadre de sa pratique artistique reflète son parcours d’universitaire et de chercheuse – parcours qui ne cesse de contribuer à ses explorations sonores. Son travail prend la forme de performances, d’albums, d’installations sonores et vidéos, de recherches sur le son et la technologie, ainsi que de compositions musicales pour des productions cinématographiques et de danse.

Alejandra Cárdenas (aka Ale Hop) is a sound artist, researcher and experimental musician of Peruvian origin, based in Berlin. She began her career in the 2000s, when she joined Lima’s underground music scene: a period during which the artist joined a number of bands whose styles ranged from punk to garage to pop. In 2012, she embarked on a solo project centered around experimental electronic music, with a first performance at the Boiler Room during her residency at the Red Bull Music Academy in New York. The artist has since combined numerous individual and collaborative productions, the most recent of which, Agua Duce, was produced with percussionist and bassist Laura Robles. Possessing a complex repertoire of techniques specific to the electric guitar, whose effects she modulates via synthesizers, Ale Hop produces visceral compositions of profound physical and emotional intensity. Her meticulous approach to the subjects she studies as part of her artistic practice reflects her background as an academic and researcher – a background that constantly contributes to her sonic explorations. Her work takes the form of performances, albums, sound and video installations, research into sound and technology, and musical compositions for film and dance productions.

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électronique

MUTEK : Expérience 5

par Rédaction PAN M 360

Le point de rassemblement en plein air du festival. Accessible, gratuite et teintée de joie, la scène extérieure accueille les Montréalais·es et les touristes sous le signe de la fête, de l’éclectisme et de la rencontre des styles musicaux. Un excellent point d’entrée dans l’univers MUTEK.

The festival’s outdoor gathering point. Accessible, free and full of joy, the outdoor stage welcomes Montrealers and tourists alike under the banner of celebration, eclecticism and the meeting of musical styles. An excellent point of entry into the MUTEK universe.

Sheenah Ko CA/QC — Future is Now 

Passant son temps entre Montréal et Saguenay, la musicienne Chinoise-Irlandaise Sheenah Ko a eu une dernière année bien occupée, entre le lancement de son nouvel album Future is Now et d’un EP en collaboration avec le musicien Navet Confit, Sheenah Ko X Navet Confit. Loin d’être nouvelle dans la scène musicale canadienne indépendante, elle a joué du synthétiseur pour un grand nombre de projets musicaux dont The Besnard Lakes, Le Couleur et Antoine Corriveau. L’attitude enjouée et positive de Ko se ressent partout dans son projet solo, que ce soit dans les beats très dansants, les visuels colorés ou dans les lignes de synthétiseur et mélodies de voix accrocheuses. Il y a dans sa musique une certaine nostalgie. On sent qu’elle s’inspire du meilleur de la musique pop des années 80s, mais la musique de Ko est également indéniablement unique. Avec sa musique synth-pop sucrée, elle partage son énergie et son optimisme de façon sentie, sincère. Elle travaille en ce moment sur un nouvel album.

Spending her time between Montreal and Saguenay, Chinese-Irish musician Sheenah Ko has had a busy past year, between the launch of her new album Future is Now and a collaborative EP with musician Navet Confit, Sheenah Ko X Navet Confit. Far from being new to the Canadian independent music scene, she has played synthesizer for a number of musical projects, including The Besnard Lakes, Le Couleur and Antoine Corriveau. Ko’s upbeat, positive attitude is evident throughout her solo project, from the danceable beats and colorful visuals to the catchy synth lines and vocal melodies. There’s a certain nostalgia in her music. You can tell she’s inspired by the best of 80s pop, but Ko’s music is also undeniably unique. With her sweet synth-pop music, she shares her energy and optimism in a heartfelt, sincere way. She is currently working on a new album.

Obuxum CA — Interconnectedness 

OBUXUM est une productrice et beatmaker somalienne basée à Toronto, dont le son luxuriant et caractéristique célèbre la narration. Elle a fait connaître sa présence avec des performances remarquables en festival au Wavelength Festival (Toronto), Kazoo! Fest (Guelph, Ontario), Electric Eclectics (Big Head Valley, Ontario) et Venus Fest (Toronto). En 2018, le magazine NOW l’a classée parmi les « musicien·ne·s électroniques à surveiller ». Récemment, le projet Re-Birth d’OBUXUM a été sélectionné pour le Prix Polaris 2020. Le live set d’OBUXUM se déroule en extérieur comme une occasion d’explorer sa pratique artistique en musique électronique In situ. Elle explore les configurations afrofuturistes de la musique électronique en réaction aux parallèles entre le passé et les environnements post-pandémiques récents. L’examen des paysages sonores par OBUXUM, sur ces outils électroniques « privilégiés », a une histoire profondément ancrée dans les écarts socio-économiques entre le privilège des rêves capitalistes et les réalités des ressources inaccessibles des communautés noires. Dans cet examen visuel et sonore, la juxtaposition des explorations électro d’OBUXUM avec des images d’archives sur les graffitis, la naissance du hip-hop, les innovations électro des musiciens noirs, des Black Panthers et des activistes, et le pillage des magasins, révèle un modèle systémique de batailles mutuellement assurées pour les consommations cosmopolites en matière d’accessibilité, de liberté et de ressources socio-économiques.

OBUXUM is a Toronto-based Somali producer and beatmaker whose lush, distinctive sound celebrates storytelling. She has made her presence known with notable festival performances at Wavelength Festival (Toronto), Kazoo! Fest (Guelph, Ontario), Electric Eclectics (Big Head Valley, Ontario) and Venus Fest (Toronto). In 2018, NOW magazine named her one of the « Electronic Musicians to Watch ». Recently, OBUXUM’s Re-Birth project was shortlisted for the 2020 Polaris Prize. OBUXUM’s live set takes place outdoors as an opportunity to explore her artistic practice in In situ electronic music. It explores Afrofuturist configurations of electronic music in response to parallels between the past and recent post-pandemic environments. OBUXUM’s examination of soundscapes on these « privileged » electronic tools has a history deeply rooted in the socio-economic gaps between the privilege of capitalist dreams and the realities of inaccessible resources in black communities. In this visual and sonic examination, the juxtaposition of OBUXUM’s electro explorations with archival footage of graffiti, the birth of hip-hop, the electro innovations of black musicians, Black Panthers and activists, and the looting of stores, reveals a systemic pattern of mutually assured battles over cosmopolitan consumptions of accessibility, freedom and socio-economic resources.

Sara BertsIT 

La pratique de la compositrice et artiste sonore italienne Sara Berts fait penser à une recherche expérimentale qu’on pourrait faire sur les propriétés sonores d’un monde parallèle. Décrivant sa propre musique comme un « espace d’échange actif entre deux bandes passantes de réalité », il nous est facile d’expériencer ses compositions ainsi. En utilisant plusieurs synthétiseurs (tel que le fameux et envoûtant synthétiseur Buchla) ainsi que des enregistrements de field recording modifiés, la compositrice sculpte sons naturels et textures afin de créer des moments qui sonnent étranges, comme une trame sonore subtile et enveloppante pour imaginer la vie différemment. Berts a gradué en tant qu’ingénieure sonore au SAE Institute, à Milan, et a collaboré avec la Scuola Holden en tant que designer sonore. Elle a travaillé avec plusieurs organisations et festivals tels que le Club2Club Festival, Primavera Sound et Elementi.

The practice of Italian composer and sound artist Sara Berts is reminiscent of experimental research into the sonic properties of a parallel world. Describing her own music as a « space of active exchange between two bandwidths of reality », it’s easy for us to experience her compositions in this way. Using several synthesizers (such as the famous and bewitching Buchla synthesizer) as well as modified field recordings, the composer sculpts natural sounds and textures to create strange-sounding moments, like a subtle, enveloping soundtrack for imagining life differently. Berts graduated as a sound engineer from the SAE Institute, Milan, and collaborated with Scuola Holden as a sound designer. She has worked with a number of organizations and festivals including Club2Club Festival, Primavera Sound and Elementi.

ROSINA CA 

ROSINA est né de la misère du monde afin d’évoquer la joie et la bienveillance avec une sensualité affranchie et une approche espiègle. ROSINA cherche à libérer nos esprits dans l’univers et nous reconnecter au divin. ROSINA, ce sont des amoureux·ses des océans, des rivières, des forêts, des paysages naturels et de la technologie, qui honorent nos ancêtres vivants et non vivants, humains et non humains, bien qu’iels soient originaires de la ville.

ROSINA was born out of the misery of the world, to evoke joy and benevolence with an emancipated sensuality and mischievous approach. ROSINA seeks to free our spirits in the universe and reconnect us to the divine. ROSINA are lovers of oceans, rivers, forests, natural landscapes and technology, who honor our living and non-living ancestors, human and non-human, albeit from the city.

Nick León US (DJ set)

Marqué par une approche dystopique à la musique de club et inspiré de l’écosystème diversifié de la Floride, le style musical du DJ, producteur et artiste sonore Nick León a évolué audacieusement au fil des années. Son intérêt pour la scène musicale se développe dès son jeune âge, alors qu’il plonge dans l’univers du rap : passion qui le mènera à collaborer avec certains des plus importants rappeurs de la scène underground du sud de la Floride. Musicien autodidacte, León multiplie les explorations et s’intéresse très tôt aux sonorités latines provenant de Porto Rico et de la Colombie pour éventuellement se concentrer sur la création de son propre travail en tant que DJ et producteur. Suivant une période de recherche texturale et de compositions stratifiées, León réalise plusieurs projets, dont le EP Aguacero, produit par le célèbre label mexicain NAAFI. L’album transmet l’anxiété croissante d’une génération grandissant dans une ville menacée par cela même qui en fait la beauté : une invitation à danser malgré la précarité et les catastrophes imminentes provoquées par les changements climatiques.

Marked by a dystopian approach to club music and inspired by Florida’s diverse ecosystem, DJ, producer and sound artist Nick León’s musical style has evolved boldly over the years. His interest in the music scene began at an early age, when he immersed himself in the world of rap: a passion that led him to collaborate with some of the most important rappers on the South Florida underground scene. A self-taught musician, León’s early interest in Latin sounds from Puerto Rico and Colombia led him to focus on creating his own work as a DJ and producer.
Following a period of textural research and layered compositions, León completed several projects, including the Aguacero EP, produced by the renowned Mexican label NAAFI. The album conveys the growing anxiety of a generation growing up in a city threatened by the very thing that makes it beautiful: an invitation to dance despite the precariousness and impending catastrophes caused by climate change.

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électronique

MUTEK : A/Visions 2

par Rédaction PAN M 360

Les œuvres audiovisuelles sensorielles et de grande envergure qui fusionnent l’image, le son et la technologie sont au cœur des deux programmes A/Visions. Intelligence artificielle, neuroscience, synthétiseurs modulaires et paysages visuels analogiques rencontrent l’art lyrique et les vibrations électroniques pour une expérience organique et transformative.

Large-scale, sensory audiovisual works that fuse image, sound and technology are at the heart of both A/Visions programs. Artificial intelligence, neuroscience, modular synthesizers and analog visual landscapes meet lyrical art and electronic vibrations for an organic, transformative experience.

Hatis Noit & Yuma Kishi JP — Aura

Hatis Noit est une chanteuse japonaise basée à Londres, dont l’apprentissage autodidacte ne cesse de surprendre. Elle s’inspire de tous les styles, du gagaku (musique classique japonaise) à l’opéra, en passant par les chants bulgares et grégoriens, la musique d’avant-garde et la musique pop. C’est à l’âge de 16 ans, lors d’un périple au Népal pour visiter le lieu de naissance de Bouddha, qu’elle entrevoit sa vocation pour la première fois. Au cours d’une promenade matinale alors qu’elle séjourne dans un temple pour femmes à Lumbini, elle entend un chant presque imperceptible. Après un examen plus approfondi, elle constate que la mélodie provient d’une femme moine qui entonne, en solitaire, des chants bouddhistes. L’harmonie émeut Hatis Noit si profondément qu’elle est instantanément traversée par le pouvoir viscéral de la voix humaine ; un instrument primitif et instinctif qui nous relie à l’essence même de l’humanité, de la nature et de notre univers.

Hatis Noit is a London-based Japanese singer whose self-taught training never ceases to amaze. She draws inspiration from all styles, from gagaku (Japanese classical music) to opera, Bulgarian and Gregorian chant, avant-garde and pop music. It was at the age of 16, during a trip to Nepal to visit the birthplace of Buddha, that she first glimpsed her vocation. During a morning walk while staying at a women’s temple in Lumbini, she heard an almost imperceptible chant. On closer examination, she realized that the melody came from a female monk who was chanting Buddhist songs in solitude. The harmony moves Hatis Noit so deeply that she is instantly moved by the visceral power of the human voice; a primitive, instinctive instrument that connects us to the very essence of humanity, nature and our universe.

DATUM CUT CA/QC — inex.materia

DATUM CUT (Maxime Corbeil-Perron) est un artiste basé à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, dont la pratique se déploie à travers une multiplicité de médiums : performance audiovisuelle, cinéma expérimental, composition électroacoustique, improvisation, art sonore et installation. Adoptant une approche liée à l’archéologie médiatique, ses œuvres récentes s’intéressent aux rapports possibles entre des médias désormais obsolescents et les technologies contemporaines d’où peuvent émerger de nouvelles esthétiques.

DATUM CUT (Maxime Corbeil-Perron) is an artist based in Tiohtià:ke/Mooniyang/Montreal, whose practice unfolds through a multiplicity of media: audiovisual performance, experimental cinema, electroacoustic composition, improvisation, sound art and installation. Adopting an approach linked to media archaeology, his recent works explore the possible relationships between now-obsolete media and contemporary technologies, from which new aesthetics can emerge.

SPIME.IM IT — Grey Line

SPIME.IM est un collectif artistique basé à Turin (IT) dont les projets transdisciplinaires sondent les approches esthétiques et les langages dérivés de réalités numériques désormais omniprésentes. Le collectif associe les nouvelles technologies, les rendus artistiques 3D et la musique électronique afin de créer des expériences audiovisuelles immersives qui explorent les limites de l’identité, du corps et de la perception. La majorité de leurs performances sont réalisées à l’aide du Remidi T8, un contrôleur MIDI portatif sur mesure introduit pour la première fois à Sónar +D (ES) en 2016. Leur travail a été présenté à de nombreux festivals d’art numérique internationaux, tels que Ars Electronica, Club to Club, L.E.V., Lunchmeat, Rhizom et Lost Music Festival. Récemment, ils ont réalisé une production multimédia intitulée The End of the World en collaboration avec le pianiste et compositeur Lubomyr Melnyk et la violoncelliste Julia Kent. Fidèle aux performances et aux albums précédents, le projet réfléchit à l’urgence de certains enjeux contemporains dont la non-résolution menace l’équilibre délicat de la planète et de ses habitants. SPIME.IM réunit les artistes Davide Tomat, Gabriele Ottino, Matteo Marson et Marco Casolati.

SPIME.IM is an artistic collective based in Turin (IT) whose transdisciplinary projects probe aesthetic approaches and languages derived from now ubiquitous digital realities. The collective combines new technologies, 3D artistic renderings and electronic music to create immersive audiovisual experiences that explore the limits of identity, the body and perception. The majority of their performances are realized using the Remidi T8, a custom-built handheld MIDI controller first introduced at Sónar +D (ES) in 2016. Their work has been presented at numerous international digital art festivals, such as Ars Electronica, Club to Club, L.E.V., Lunchmeat, Rhizom and Lost Music Festival. Recently, they produced a multimedia production entitled The End of the World in collaboration with pianist and composer Lubomyr Melnyk and cellist Julia Kent. Faithful to their previous performances and albums, the project reflects on the urgency of certain contemporary issues, whose non-resolution threatens the delicate balance of the planet and its inhabitants. SPIME.IM brings together artists Davide Tomat, Gabriele Ottino, Matteo Marson and Marco Casolati.

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électronique

MUTEK : Nocturne 4

par Rédaction PAN M 360

La série Nocturne se déroule exclusivement à la SAT cette année avec une expérience augmentée le jeudi et le dimanche puisque les performances seront présentées sur deux étages, à la fois à l’espace SAT et sous le dôme de la Satosphère. Au programme, des créations novatrices qui réinventent les musiques électroniques, que ce soit avec des technologies avant-gardistes ou avec des instruments atypiques, le tout accompagné d’images fascinantes.

The Nocturne series takes place exclusively at the SAT this year, with an enhanced experience on Thursday and Sunday as performances are presented on two floors, both in the SAT space and under the Satosphère dome. The program features innovative creations that reinvent electronic music, whether with avant-garde technologies or atypical instruments, all accompanied by fascinating images.

Les artistes présents: SUFYVN SD/CA— Pseudan Rhythm & Kaminska | Deadbeat presents Ark Welders Guild CA/DE | Honeydrip CA/QC— Psychotropical | µ-Ziq & ID:Mora UK+CZ | dBridge UK— Black Electric & Line Katcho

SUFYVN 

SUFYVN est un producteur de musique électronique basé à Toronto et originaire de Khartoum reconnu pour son emploi d’instruments soudanais et son approche unique à la percussion. Inspiré par la scène hip-hop qu’il découvre pour la première fois à l’adolescence grâce au programme MTV, SUFYVN s’intéresse d’abord au beat making comme outil pour écrire des chansons de rap. Au fil des découvertes musicales et d’artistes comme Flying Lotus, il incorpore des éléments de musique électronique dans sa pratique. Depuis, ses compositions se sont inspirées d’une grande variété de genres musicaux, entremêlant de la musique et des rythmes soudanais traditionnels aux synthétiseurs et au beat making. À la rencontre de l’ancien et du moderne, ses EP tels que Ascension (2017) et Pseudarhythm Vol. 3 (2021) illustrent brillamment les techniques de percussion propres aux villages nubiens situés dans le nord du Soudan. Ses productions ont été présentées à de multiples festivals internationaux, parmi lesquels Sled Island à Calgary (Canada), Arab Film à Rotterdam (Pays-Bas), et Clandestino à Göteborg (Suède).

SUFYVN is a Toronto-based electronic music producer from Khartoum, renowned for his use of Sudanese instruments and his unique approach to percussion. Inspired by the hip-hop scene, which he first discovered as a teenager through the MTV program, SUFYVN first became interested in beat making as a tool for writing rap songs. As he discovered new music and artists such as Flying Lotus, he incorporated elements of electronic music into his practice. Since then, his compositions have been inspired by a wide variety of musical genres, blending traditional Sudanese music and rhythms with synthesizers and beat making. Where ancient meets modern, his EPs such as Ascension (2017) and Pseudarhythm Vol. 3 (2021) brilliantly illustrate the percussion techniques specific to Nubian villages in northern Sudan. His productions have been presented at numerous international festivals, including Sled Island in Calgary (Canada), Arab Film in Rotterdam (Netherlands), and Clandestino in Göteborg (Sweden).

Honeydrip

Si la DJ Honeydrip a atteint une réputation indéniable sur la scène underground montréalaise au cours des sept dernières années, elle bénéficie désormais d’une portée internationale grâce à ses premières réalisations à titre de productrice. Reconnue pour ses assemblages créatifs, sa vitalité et ses sélections lourdes de basses, elle juxtapose des sons aussi variés que le UK bass et la techno d’avant-garde, en passant par tous les genres intermédiaires. Son premier EP, Anti-Ego, témoigne de sa compréhension impeccable des rythmes hypercinétiques ainsi que de ses origines caribéennes et de son parcours en électroacoustique.

If DJ Honeydrip has achieved an undeniable reputation on the Montreal underground scene over the past seven years, she is now enjoying an international reach thanks to her first achievements as a producer. Known for her creative assemblages, vitality and bass-heavy selections, she juxtaposes sounds as varied as UK bass and avant-garde techno, and everything in between. Her debut EP, Anti-Ego, testifies to her impeccable understanding of hyperkinetic rhythms as well as her Caribbean origins and electroacoustic background.

dBridge

Véritable légende de la Drum and Bass, Darren White aka dBridge explore ce courant musical depuis le début des années 90. Dès lors, il n’a eu de cesse d’en repousser les frontières, multipliant les aliases et les collaborations éclectiques. De Future Forces aux côtés de Jason Maldini, à Bad Company avec Fresh et Vegas, en passant par Club Autonomic et plus récemment Heart Drive, White détient à son actif certains des morceaux qui orneront à jamais les chapitres de l’histoire de la DnB. Avec la fondation de son label Exit Records en 2003, il s’émancipe d’une Drum and Bass trop technologique à son goût et revient à des productions qu’il juge plus authentiques, usant de techniques old school et de matériel analogique. Son dernier album M|E est la continuité de la trajectoire ambient que White a opéré en 2020 avec son LP Inhibited, un ensemble de paysages sonores sans rythmiques dominantes, propice à l’observation de panoramas spatiaux. Loin du rythme syncopé de la Drum&Bass qu’il a distillé depuis ses débuts, dBridge prend le temps d‘observer et se livre sans concession dans son dernier opus, Black Electric, où des bandes sonores de science fiction se mêlent aux synthétiseurs, samples et pédales de guitares arrangés intuitivement.

A true Drum and Bass legend, Darren White aka dBridge has been exploring this musical trend since the early 90s. Since then, he has constantly pushed back the frontiers, multiplying aliases and eclectic collaborations. From Future Forces with Jason Maldini, to Bad Company with Fresh and Vegas, Club Autonomic and more recently Heart Drive, White has produced some of the tracks that will forever adorn the chapters of DnB history. With the founding of his label Exit Records in 2003, he emancipated himself from a Drum and Bass scene that was too technological for his taste, and returned to productions he considered more authentic, using old-school techniques and analog equipment. His latest album, M|E, is a continuation of the ambient trajectory White embarked on in 2020 with his LP Inhibited, a set of soundscapes without dominant rhythms, conducive to the observation of spatial panoramas. Far from the syncopated Drum&Bass rhythm he’s distilled since his debut, dBridge takes the time to observe and gives himself away without concession in his latest opus, Black Electric, where science fiction soundtracks mingle with intuitively arranged synthesizers, samples and guitar pedals.

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indie pop

Yoke Lore au Studio TD

par Rédaction PAN M 360

Le projet indie pop new-yorkais Yoke Lore est le projet musical solo d’Adrian Galvin, anciennement membre de Yellerkin et de Walk the Moon. Yoke Lore superpose les harmonies de Panda Bear, les rythmes soul de M83 et la pop moderne de Blackbird pour raconter « l’histoire de nos liens ». Les chansons de Galvin combinent des vagues de banjo, de voix et de percussions pour créer une musique pop saisissante, avec une candeur et une conviction tactiles.

New York indie pop project Yoke Lore is the solo musical venture of Adrian Galvin, previously of Yellerkin and Walk the Moon. Yoke Lore layers the harmonies of Panda Bear, the soulful beats of M83, and the modern pop of Blackbird to tell “the stories of how we are bound.” Galvin’s songs combine echoing waves of banjo, vocals, and percussion to create arresting pop music with tactile candor and conviction.

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rock

Rival Sons au Théâtre Beanfield

par Rédaction PAN M 360

Rival Sons joue du rock ‘n’ roll dans sa forme la plus pure, sans excuses ni prétention. En chemin, ils ont construit un catalogue acclamé par la critique, dont FERAL ROOTS [2019], qui a représenté un point d’orgue créatif et critique, obtenant deux nominations aux GRAMMY® pour le « Meilleur album rock » et la « Meilleure performance rock » pour le single « Too Bad ». Élevant le groupe à un autre niveau, « Do Your Worst » s’est hissé à la première place des radios rock et a été le plus grand succès du groupe à ce jour, avec plus de 60 millions de streams. En plus d’avoir partagé la scène avec Black Sabbath, les Rolling Stones, AC/DC et Guns N’ Roses, le groupe a enflammé des émissions de télévision telles que The Late Late Show with James Corden. En fin de compte, les Rival Sons ne sont pas là pour vous dire exactement ce qu’il faut penser ou ressentir, mais ils vous feront vivre une sacrée aventure si vous les laissez faire. Ce tour de manège se transforme comme jamais auparavant sur leur album complet de 2023, DARKFIGHTER, dont le coup d’envoi est donné par le single « Nobody Wants to Die ».

Rival Sons play rock ‘n’ roll in its purest form without apology or pretense. Along the way, they’ve architected a critically acclaimed catalog, including FERAL ROOTS [2019], which represented a creative and critical high watermark, scoring a pair of GRAMMY® nominations for “Best Rock Album” and “Best Rock Performance” for the single “Too Bad.” Elevating the band to another level, “Do Your Worst” vaulted to #1 at Rock Radio as their biggest hit to date, tallying north of 60 million streams. Beyond sharing stages with everyone from Black Sabbath, The Rolling Stones, AC/DC to Guns N’ Roses, they’ve ignited television shows such as The Late Late Show with James Corden. Ultimately, Rival Sons aren’t here to tell you exactly what to think or what to feel, but they’ll give you one hell of a ride if you let them. That ride twists and turns like never before on their 2023 full-length LP, DARKFIGHTER, kickstarted by the single “Nobody Wants to Die.”

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MUTEK 2023 | Nocturne 2: SAT – Twin Rising, Efe Ce Ele, Paraadiso, Animistic Belief, et plus…

par Laurent Bellemare

Opening Photo By: Frédérique Ménard-Aubin

Pour une seconde nuit, la Société des Arts Technologiques ouvrait ses portes à MUTEK 2023 pour l’événement Nocturne 2, présentant une palette d’artistes électroniques nichés. Avec ses deux espaces de prestations ouverts, les performances se sont enchaînées sans interruption, de sorte qu’il fallait parfois faire des choix déchirants entre l’une et l’autre des salles.

Twin Rising (VJ Isotone)

// Frédérique Ménard-Aubin

À travers son masque orné de chaînes, Twin Rising laissait entendre une voix douce et aiguë, dont la vulnérabilité faisait contraste avec les sonorités souvent rugueuses du registre grave. En effet, malgré une trame toujours harmonique, les basses fréquences onduleuses marquaient un tempo lent et pesant. Dans les moments les plus lourds, on se serait cru devant une performance de dubstep tel que le définissaient les années 2000. Une oreille attentive pouvait également déceler des « caisses claires » synthétiques volontairement asynchrones, créant un effet d’anticipation très efficace. Un équilibre entre pulsation accrocheuse et déconstruction rythmique gardait ainsi le public en haleine, tout comme le visuel hétéroclite projeté par Isotone sur le dôme de la satosphère. Entre déferlements aquatiques et géométrie granuleuse, il n’y avait que la palette multicolore pour s’accrocher à un fil conducteur. Quoi qu’il en soit, ces formes se mariaient très bien avec la musique de Twin Rising, créant une ambiance vaguement mélancolique. Une excellente façon de démarrer la soirée.

Efe Ce Ele

// Nina-Gibelin Souchon

En descendant au rez-de-chaussée, on pouvait tout de suite constater le changement d’atmosphère. Pour la performance de Efe Ce Ele, le ton s’est nettement assombri : pulsation insistante, éclairage stroboscopique, visuel psychédélique et messages politiques explicites. Il y avait des échos de techno et de musique industrielle dans cette trame sonore d’une époque anxiogène. Mélodiquement, la musique évoluait surtout dans le registre grave, avec quelques percées de piano, de percussions et de voix échantillonnées. Le plus souvent, on baignait dans un bourdon complexe où les voix modulaient lentement. Les transitions étaient souvent articulées par superpositions de sections, créant momentanément un passage très dense et dissonant.

Nadia Struiwigh

// Frédérique Ménard-Aubin

De retour dans une Satosphère bondée de monde, l’ambiance créée par Nadia Struiwigh était la première de la soirée à rappeler celle d’un rave. L’expérience était nécessairement plus physique que les autres, la musique de l’artiste hollandaise opérant avec des rythmes toujours en 4/4 et toujours accrocheurs. Des syncopes ajoutaient çà et là de légers échos de drum’n’bass et de breakbeat. Harmoniquement, des accords tenus ou entrants en fondu s’enchaînaient en une progression simple. Ces  dernières étaient couplées avec de courtes cellules mélodiques répétées, créant un contraste de densité rythmique toujours présent. Les textures s’ajoutant à cette base accrocheuse permettaient de maintenir l’intérêt sur le plan sonore, alors que le corps se laissait aisément entraîner par la backbeats continus. Au visuel, les artistes BunBun et Alex Vlair proposaient une composition fort réussie. Motifs spiralés, cercles concentriques et mosaïques circulaires; ces formes s’arrimaient parfaitement avec le dôme de la SAT.


Paraadiso

// Nina-Gibelin Souchon

Composé des artistes TSVI et Seven Orbits, le duo Paraadiso livrait un son beaucoup moins convenu. L’atmosphère était tantôt éthérée et consonante, et tantôt soudainement chaotique et bruitiste. Le  dénominateur commun ici, c’était les rythmes bien calculés pour éviter le prévisible. Les temps forts étaient souvent évités, accentuant plutôt les syncopes. À d’autres moments, des polyrythmies créaient des effets de déphasages très efficaces. Des subdivisions irrégulières venaient à leur tour déstabiliser la construction d’un rythme. De manière générale, les sonorités du duo étaient abstraites, plus près de l’art numérique que de la musique dansante. Cette expérimentation se reflétait également dans les projections, composées d’images microscopiques du monde naturel, lesquelles étaient hautement traitées jusqu’à devenir des textures méconnaissables. Avec une palette sonore riche, le duo Paraadiso offrait une savante performance de « musique pour ne pas danser ».

Amselysen/Racine

// Frédérique Ménard-Aubin

Le duo Amselysen/Racine présentait une musique austère, où tout était rythme et timbre. Pas de mélodie ni repères harmoniques. Qui plus est, la pulsation était noyée dans des syncopes rapides ou des tapis de bass drum rapides. Résolument industriel, ce son rappelait celui d’un Autechre dans ses moments les moins consonants. À l’image de cette musique grise, mais pas moins grisante, le visuel projeté sur le dôme par Diagraf était tout de noir et blanc vêtu. Des stalagmites en origami superposées de poussière d’étoiles se transformaient en nébuleuses de suie. Amselysen et Racine ont su habilement envoûter son public malgré une musique difficile et rigide.

X/O

// Nina-Gibelin Souchon

Déjà passé minuit, x/o montait sur scène pour présenter des morceaux de son excellent album Chaos Butterfly. Cette musique pesante, tout en contraste grâce à un chant rêveur, réinvestissait de nombreux repères musicaux connus. De l’IDM au métal, du dream pop au breakbeat; l’artiste de Vancouver performait de manière convaincante. On regrettait malheureusement une interprétation vocale un peu trop timide, laquelle ne perçait pas dans l’équilibre sonore. Problème technique ou manque d’assurance? Quoi qu’il en soit, la voix n’a pas eu un traitement qui rendait pleinement justice aux compositions, bémol qui s’est quelque peu corrigé vers la fin. Néanmoins, x/o a su captiver son auditoire sans problème, créant une atmosphère sombre augmentée d’un éclairage stroboscopique bleuté et de projections hypnotisantes. On pouvait apprécier des envolées noise presque shoegaze illustrées par des personnages dessinés à la japonaise. En somme, x/o a fait vivre un moment de catharsis aussi lourd qu’apaisant, avec une montée d’intensité bien contrôlée d’une pièce à l’autre.

// Frédérique Ménard-Aubin

D’emblée, Kyoka proposait une musique presque entièrement inharmonique, axée sur la plénitude de ses échantillons sonores et l’insistance de ses rythmes. Le début de la performance n’était pratiquement coloré que par les projections somme toute très cubistes de BunBun et Alex Vlair. Pourtant, dans un moment d’apesanteur soudain, toute trace de rythme s’est estompée pour laisser place à un long passage atmosphérique et harmonique. Il s’agissait là d’un réel vent de fraîcheur, dans une soirée où la pulsation continue était reine. Une musique rythmée, mais plus nuancée et avec de nouveaux éléments mélodique, a ensuite émergé de cette accalmie, bouclant une séquence de variations euphorisantes.

Animistic Beliefs

// Nina-Gibelin Souchon

Que leur apparition sur scène soit programmée aux petites heures importait peu à Animistic Beliefs. Le duo a vraiment transformé la SAT en fête nocturne, enivrant le parterre d’une pulsation incessante et de sonorités psychédéliques empilées les unes sur les autres. Leur musique expérimentale est générée en temps réel par un travail de synthétiseurs modulaires qui ne fait pas dans la dentelle. Le son était dense, le son était fort, et les sifflements rugueux aigus prenaient d’assaut les sens tout autant que les basses fréquences tonitruantes. La musique du duo était parsemée de sonorités intrigantes, des échantillons aux élans vocaux déclamés comme une chanteuse punk s’époumonerait dans un porte-voix. Il est dit qu’Animistic Belief incorpore des influences sud-est asiatiques dans leur son, échantillonnant notamment de la poésie vietnamienne et du totobuang, carillon de gongs des îles Moluques en Indonésie. Ce n’est toutefois pas le genre de nuances qu’on aurait pu percevoir sur le vif tant le duo a cassé la baraque avec son spectacle. Une découverte qui donne envie d’aller écouter leur album MERDEKA (indépendance en indonésien).

Eƨƨe Ran

// Frédérique Ménard-Aubin

Voilà un autre cas où la tonalité était bien peu présente. Alternant une pulsation effrénée à des rythmes syncopés puissants, Eƨƨe Ran avait la tâche ingrate de clôturer une soirée haute en stimulations.  La formule de l’artiste aurait pu rester un peu drabe n’eut-ce été des nombreux écarts de conduite. Le montréalais n’hésitait pas à détourner son tapis rythmique en improvisant un passage bruitiste évoquant des sonorités de vocoder inintelligibles, ou en étirant ou compressant momentanément le tempo. Tout était dans le travail de texture. Autrement, la musique partageait cette froideur industrielle, commune à de nombreux artistes de la soirée, dans laquelle bruit blanc est davantage la norme que note de musique. De manière peut-être un peu aléatoire, les images pointillistes de structures moléculaires et de nébuleuses spatiales s’intercalaient avec des paysages désertiques et rocheux, le tout créant une atmosphère d’abandon presque nihiliste à la danse et aux décibels de trop. La soirée s’est finalement terminée sur un rallentando et un decrescendo vers le néant.

ambient / expérimental / techno

MUTEK : A/Visions 1

par Rédaction PAN M 360

Kyoka & Shohei Fujimoto

Après une première collaboration en 2020 avec le projet density compression, l’artiste sonore et productrice Kyoka et l’artiste médiatique Shohei Fujimoto s’associent à nouveau et livrent une performance hypnotique.

Having first collaborated in 2020 with the project density compression, sound artist and producer Kyoka and media artist Shohei Fujimoto teamed up once more with this hypnotic live set.

Alexis Langevin-Tétrault & Guillaume Côté

L’artiste interdisciplinaire montréalais Alexis Langevin-Tétrault intègre dans sa pratique la composition musicale, les technologies numériques, les arts visuels et la performance. 

L’artiste sonore Guillaume Côté explore les dynamiques territoriales, linguistiques et sociales du Québec en combinant différents matériaux sonores. Sa recherche artistique se concentre sur la rencontre de l’Autre à travers une musique narrative ou informative, ainsi que sur l’abstraction offerte par les systèmes modulaires. 

Montréal interdisciplinary artist Alexis Langevin-Tétrault‘s practice combines musical composition, digital technologies, visual arts and performance.

Sound artist Guillaume Côté explores Québec’s territorial, linguistic and social dynamics through a mixture of concrete, synthetic and vocal materials. His artistic pursuit focuses not only on the encounter with the Other through narrative or informative music, but also on the abstraction induced by modular systems. 

Alessandro Cortini & Marco Ciceri

Les performances live d’Alessandro Cortini plongent l’auditoire dans un tourbillon de dynamiques émotionnelles au rendu complexe, où il maximise de manière experte les limites de la musique électronique contemporaine et arrive à extraire une émotion humaine du bruit synthétisé. En utilisant des murs d’équipements analogiques, le patchwork sonore de Cortini est tout autant porteur d’espoir que menaçant.

Alessandro Cortini’s live performances propel the audience into a whirlwind of intricately-rendered emotional dynamics, expertly pushing the limits of contemporary electronic music and extracting unabashedly human emotions out of synthesized noises. Born out of walls of analog equipment, Cortini’s sonic patchwork is as hopeful as it is menacing.

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techno expérimentale

MUTEK : Métropolis 1

par Rédaction PAN M 360

La série Métropolis se consacre aux formes plus rythmées et envoûtantes de musique électronique avec une scénographie dynamique. Les deux soirées sont les meilleures options pour en profiter jusqu’à l’aube tout en satisfaisant sa curiosité artistique : le vendredi soir est dédié à la musique techno alors que le samedi s’inspire des sonorités électro et house.

The Métropolis series is dedicated to the more rhythmic and spellbinding forms of electronic music, with a dynamic scenography. The two evenings are the best way to enjoy it until dawn while satisfying your artistic curiosity: Friday night is dedicated to techno music, while Saturday is inspired by electro and house sounds.

SKY H1 & Mika Oki 

L’artiste sonore belge SKY H1 transcende les genres avec ses productions atmosphériques. Elle a rapidement conquis la scène musicale avec ses premiers EPs parus sur Creamcake et Codes, le sous-label de PAN. Son dernier album Azure, sorti sur AD93 en décembre 2021, est un témoignage de sa maîtrise artistique. L’album offre une fusion délicate d’expériences, de formes et de fonctions, donnant vie à un monde musical riche et ambitieux. Chaque piste transporte l’auditeur·trice entre les sphères célestes et la terre ferme, avec des basses puissantes et des mélodies captivantes. Chaque composition est une invitation à explorer les frontières de la musique électronique et à plonger dans un voyage sonore captivant. Son talent et sa créativité inépuisable en font une artiste à part entière dans le paysage musical contemporain.

Belgian sound artist SKY H1 transcends genres with her atmospheric productions. She quickly conquered the music scene with her first EPs released on Creamcake and Codes, PAN’s sub-label. Her latest album Azure, released on AD93 in December 2021, is a testament to her artistic mastery. The album offers a delicate fusion of experience, form and function, giving life to a rich and ambitious musical world. Each track transports the listener between celestial spheres and terra firma, with powerful basses and captivating melodies. Each composition is an invitation to explore the frontiers of electronic music and plunge into a captivating sonic journey. Her talent and inexhaustible creativity make her an artist in her own right on the contemporary music scene.

.VRIL

Les ambiances sonores et visuelles occupent une place centrale dans le travail de .VRIL, qui accorde une importance particulière à l’atmosphère qui en émane. Ses productions, caractérisées par des mélodies envoûtantes et une ligne de basse sombre, offrent des sets indéniablement dansants, qui ont résonné pour la première fois au Berghain en 2011. Sorti en 2014, son album Torus est devenu une référence de la dub techno grâce à la réinterprétation du style avec des notes plus expérimentales et ambient, allant des rythmes de la techno aux nappes musicales produites par un synthétiseur à table d’ondes. Son dernier album solo, Animist, sorti en mars 2023 sur Delsin Records/Amsterdam, est le fruit d’un assemblage précis de textures sonores industrielles et de rythmes répétitifs aux résonances dub. Cette variété de sonorités que .VRIL n’a de cesse de cultiver ainsi que l’attention qu’il porte à ses arrangements constituent son style unique et visionnaire.

Sound and visual ambience play a central role in .VRIL’s work, with a particular emphasis on atmosphere. His productions, characterized by haunting melodies and a dark bass line, offer undeniably danceable sets, which first resonated at the Berghain in 2011. Released in 2014, his album Torus became a dub techno benchmark thanks to its reinterpretation of the style with more experimental and ambient notes, ranging from techno rhythms to musical layers produced by a wavetable synthesizer. His latest solo album, Animist, released in March 2023 on Delsin Records/Amsterdam, is the fruit of a precise assembly of industrial sound textures and repetitive rhythms with dub resonances. VRIL’s unique, visionary style is the result of the variety of sounds he constantly cultivates and the attention he pays to his arrangements.

 E-Saggila

Depuis son studio à Toronto, la DJ et productrice E-Saggila génère des compositions éclatées qui réunissent subrepticement l’intensité rythmique de la musique industrielle et les stratégies explosives de la musique de club. Ces trames profondément émotives, aux tonalités ténébreuses, cherchent à nous éveiller de notre hébétude numérique. Persuadée que les itérations musicales les plus abstraites et extrêmes influencent la culture entourant la musique de danse, E-Saggila en adopte l’éthos DIY qu’elle insuffle au cœur de la techno contemporaine.

From her studio in Toronto, DJ and producer E-Saggila generates splintered compositions that surreptitiously bring together the rhythmic intensity of industrial music and the explosive strategies of club music. These deeply emotive, tenebrously toned frames seek to awaken us from our digital daze. Convinced that the most abstract and extreme musical iterations influence the culture surrounding dance music, E-Saggila adopts the DIY ethos and infuses it into the heart of contemporary techno.

SYNC (AtomTM & Peter Van Hoesen)

Peter van Hoesen est un producteur de musique électronique, artiste de scène et artiste audiovisuel belge basé à Berlin. Ayant grandi à Anvers, il s’est intéressé à l’EBM et au New Beat avant d’explorer d’autres formes de musique en dehors de la techno. Il a créé le collectif Foton et s’est plongé dans la musique expérimentale, sortant son premier album sous le pseudonyme Object en 2001. En 2002, il sort 1025 sous le nom de RM, en collaboration avec Jeroen Baekelandt. Il a ensuite élargi ses intérêts musicaux en explorant la drum and bass et le dubstep, avant de revenir à la techno en 2006 avec l’EP Increments. Tout au long de sa carrière, Van Hoesen a lancé des labels tels que Foton, Time To Express et Center 91, et est cofondateur d’Archives Intérieures. Outre sa collaboration avec Atom™ pour le projet SYNC., il a également collaboré avec Yves De Mey sous le nom de Sendai, produisant de la musique axée sur l’exploration sonore contemporaine. Van Hoesen est connu pour son approche abstraite et basse-heavy de la techno; il a remixé de nombreux artistes et a composé de la musique pour la danse contemporaine. Il a également créé des installations et des festivals multidisciplinaires avec le collectif Foton. Depuis 2020, il a relancé son travail de création audiovisuelle en solo; sa présence artistique s’étend ainsi à différentes plateformes, créant une expérience musicale unique à chaque fois.

Peter van Hoesen is a Berlin-based Belgian electronic music producer, performance artist and audiovisual artist. Growing up in Antwerp, he became interested in EBM and New Beat before exploring other forms of music outside techno. He founded the Foton collective and immersed himself in experimental music, releasing his first album under the pseudonym Object in 2001. In 2002, he released 1025 under the name RM, in collaboration with Jeroen Baekelandt. He then broadened his musical interests by exploring drum and bass and dubstep, before returning to techno in 2006 with the Increments EP. Throughout his career, Van Hoesen has launched labels such as Foton, Time To Express and Center 91, and is co-founder of Archives Intérieures. In addition to his collaboration with Atom™ on the SYNC. project, he has also collaborated with Yves De Mey under the name Sendai, producing music focused on contemporary sound exploration. Van Hoesen is known for his abstract, bass-heavy approach to techno; he has remixed numerous artists and composed music for contemporary dance. He has also created multidisciplinary installations and festivals with the Foton collective. Since 2020, he has relaunched his solo audiovisual creation work; his artistic presence thus extends to different platforms, creating a unique musical experience every time.

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Ce contenu provient de MUTEK et est adapté par PAN M 360.

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