jazz

Les mardis Big Band avec Benjamin Deschamps au Dièse Onze

par Rédaction PAN M 360

Benjamin Deschamps est un saxophoniste et compositeur reconnu par ses pairs de la scène canadienne de jazz, mais également par l’industrie culturelle. Il a entre autres été nommé « Révélation Radio-Canada Jazz » en 2017-2018, puis a remporté le Grand Prix TD du Festival international de Jazz de Montréal en 2019. Son esprit grégaire l’amène à collaborer avec plusieurs ensembles tels le Rachel Therrien Quintet, Odd Lot (Jacques Kuba Séguin), le Joe Sullivan Big Band, L’Orchestre National de Jazz de Montréal et le JazzLab Orchestra (Effendi) avant de plonger tête première dans ses projets de composition. Du trio au sextet, il joue avec des géométries variables pour donner la couleur plus adéquate à chaque œuvre. Deschamps s’est établi comme un incontournable de la scène jazz canadienne avec ses 3 premiers albums. Il a présenté sa musique avec succès aux quatre coins du Canada, faisant la tournée de plusieurs festivals de jazz au pays et en France.

It was through his classical music background that Benjamin Deschamps discovered jazz to finally make it his own. Although he cumulates artistic mediums (he is a flutist, clarinetist and arranger), it is his talents as a saxophonist and composer that have put him in the spotlight. His gregarious spirit led him to collaborate with several ensembles such as the Rachel Therrien Quintet, Odd Lot (Jacques Kuba Séguin), the Joe Sullivan Big Band, the Orchestre national de jazz de Montréal and JazzLab Orchestra (Effendi) before diving headfirst into his own projects. From trio to sextet, he plays with variable ensemble sizes to give the most fitting touch to each work.Benjamin is recognized by his peers in the Canadian jazz scene, but also by the cultural industry. He was named “Révélation jazz Radio-Canada” in 2017-2018, and won the TD Grand Prize at the Festival international de Jazz de Montréal in 2019.

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jazz

Alex Bellegarde Trio au Dièse Onze

par Rédaction PAN M 360

Les jam sessions avec Alex Bellegarde et son trio sont devenus un pignon hebdo du jazz montréalais. Vous y croisez les grands noms du jazz d’ici et d’ailleurs, ainsi que la relève. La première partie, Bellegarde son trio et invités présentent les pièces qui les inspirent et dans lesquelles l’improvisation a toute sa place. Le jam prend tout son envol dans la deuxième partie et se poursuit des fois tard dans la nuit. Les intrépides viennent se frotter aux démons de la scène ou créativité, spontanéité et générosité sont au menu!

Alex Bellegarde’s dynamic Tuesday jam session has become one of Montreal’s hippest weekly jazz events. The first set fires up with Bellegarde and his trio, playing host to a range of well known talents from the Montreal scene as well as musicians from out of town. The jam opens in the second set, to any jazz musician with the confidence to step up and play… there’s an unspoken rule though: « If you can’t keep up, you shouldn’t be on stage ». A great place to play and chill… the jam continues on into the early hours !

RÉSERVATIONS PAR TÉLÉPHONE AU  514-223-3543

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électronique

Flavien Berger au Studio TD

par Rédaction PAN M 360

Flavien Berger surprend et interpelle pour finalement nous charmer. En jouant avec les mots pour créer des histoires d’amour, en testant des sons tourbillonnants, le compositeur autodidacte s’est fait rapidement un nom en apportant un vent de fraicheur à la scène française. Flavien Berger, a toujours été intéressé par le bidouillage de machines pour en sortir des sons. Sur ce point, c’est assez difficile de définir son style : il va au-delà, mélangeant habilement les passages effrénés et les longues plages de synthétiseurs. En s’affranchissant de toute classification, il propose une musique aux influences aquatiques sur son premier album « Leviathan ». Chaque fois, il débarque avec des dynamiques différentes et celui qui l’écoute passe de montées fulgurantes à de sombres descentes. Écouter toutes ses sorties ou le voir jouer sur scène confirme son génie à emmener le public dans une expérience émotionnelle profonde, pleine d’imagination.

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jazz

Gabi Hartmann à la Casa del Popolo

par Rédaction PAN M 360

On pourra discuter à l’infini, mais on ne sait pas forcément très clairement où la voix de Gabi Hartmann nous transporte : un bar jazz en sous-sol, une plage tropicale au crépuscule, une terrasse dans une pente de Lisbonne, le fond d’une brasserie parisienne par une nuit d’hiver ? On ferme les yeux et passent, enlacées, l’ombre d’une légende du jazz, d’une diva de la bossa nova, d’une grande dame en noir de la chanson française ou portugaise, quelque part au carrefour du chic exquis et de la mélancolie vertigineuse, de la douceur consolante et du spleen partagé.

We can talk endlessly, but we don’t necessarily know very clearly where Gabi Hartmann’s voice takes us: a jazz bar in the basement, a tropical beach at dusk, a terrace on a slope in Lisbon, the background of a Parisian brasserie on a winter’s night? We close our eyes and pass, entwined, the shadow of a jazz legend, a bossa nova diva, a great lady in black from French or Portuguese song, somewhere at the crossroads of exquisite chic and vertiginous melancholy, consoling sweetness and shared spleen.

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Métal / noise-rock

Pyrrhon et Couch Slut à la Casa del Popolo

par Rédaction PAN M 360

« Tout ce que fait Pyrrhon émane d’un noyau de death metal obsidional, mais cette musique est bien plus expressive et son impact bien plus inquiétant que presque tout ce qui se fait dans le genre.
-Decibel

Doté d’un cerveau et de muscles, Couch Slut fait de la musique qui frappe les tripes et stimule l’esprit. La version déchirante du rock de l’album Contempt est à l’image de sa ville natale – sale, dangereuse, éblouissante – et assure la place du groupe dans la lignée des grands documentaristes de NYC, de Sonic Youth à Swans, d’Unsane à Pyrrhon.

« Outré as they get, everything Pyrrhon do emanates from an obsidian death metal core – just that this music is that much more expressive, its impact that much more disquieting than almost anything else in the genre. »
-Decibel

Sporting brains and brawn, Couch Slut makes music that punches the gut and stimulates the mind. Contempt’s harrowing version of rock reflects its hometown – dirty, dangerous, dazzling – and secures the band’s place in the line of great NYC documentarians, from Sonic Youth to Swans, from Unsane to Pyrrhon.

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électronique / house

Wax Motif au Théâtre Beanfield

par Rédaction PAN M 360

Daniel Chien, plus connu sous le nom de Wax Motif, est considéré comme l’un des principaux orchestrateurs du développement du son house aux États-Unis. Avec des influences musicales telles que le R&B, le disco et la basse britannique, ce producteur né en Australie et basé à Los Angeles apporte un style unique au studio, ce qui fait de lui un producteur très recherché.

Daniel Chien better known as Wax Motif is regarded as a major orchestrator in developing house sound across the US. With musical influences like R&B, disco and U.K. bass, the Australian-born, LA-based producer brings a unique style to the studio, making him a highly sought-after producer.

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MUTEK 2023 | A/Visions 2 : Hatis Noit, DATUM CUT, SPIME.IM

par Laurent Bellemare

L’équipe de PAN M 360 vous offre une couverture exhaustive de MUTEK Montréal 2023. Voilà une sélection des meilleurs performances samedi soir au Théâtre Maisonneuve, dans le cadre de la série A/Visions.

Crédits photos : Nina Gibelin Souchon

Hatis Noit

« Je n’utilise que ma voix, est-ce que c’est correct de jouer à Mutek? »  C’est la question que Hatis Noit posait lors de sa première adresse à la foule. L’artiste japonaise basée à Londres n’avait effectivement qu’une pédale de boucles et des projections comme matériel technologique, opérant l’essentiel de son art à partir de ses plis vocaux. Du point de vue technique, Noït impressionnait en passant aisément du chant opératique à du yodel très près de ce que les chanteuses est-européennes font en musique traditionnelle. Imitations de cris d’animaux et autres textures étaient également au rendez-vous. Les voix se superposaient ainsi en textures arythmiques, toujours tonales. La compositrice n’avait toutefois pas une approche maximaliste, ses pièces restreignant leur épaisseur à quelques boucles. Les différentes couches mélodiques étaient donc toujours perceptibles pour l’oreille souhaitant décomposer la masse. Avec les déplacements et la présence scénique de l’artiste, celle-ci a livré une performance hors de l’ordinaire et des plus uniques du festival. La communication verbale avec la foule entre les pièces et les projections de Yuma Kishi étaient un bonus. Même uniquement sonore, le spectacle aurait été tout aussi captivant. Oui, Hatis Noit, c’est correct que tu joues à Mutek!

DATUM CUT

Derrière ses écrans et ses synthétiseurs, Maxime Corbeil-Perron composait un drone massif, mais harmoniquement assez simple. On avait l’impression d’être plongé dans un accord durant l’entièreté de la prestation, l’artiste prenant le temps de décortiquer et varier sur toutes ses formes le contenu harmonique. Sur cette trame relativement statique s’ajoutait une séquence complexe de sons plus rugueux. Sans pulsation perceptible, la composition était tout de même très rythmée, avec des attaques percussives rapides et sporadiques. La musique se développait par micro-montage, révélant des événements sonores complexes cachés dans la texture globale. Les aigus semblent avoir été filtrés, ce qui adoucissait nettement l’agressivité des sons plus noise. Esthétiquement, le tout rappelait un groupe comme Yellow Swans, qui développe justement une forme de « noise harmonique ». Visuellement, des photographies de textures métalliques alternaient avec des images de synthèse dans une palette néon. Inex.materia était un bon exemple d’œuvre accessible informée par une pratique académique. Il s’agit là de l’une des manifestations sonores de Corbeil-Perron, qui opère sous plusieurs alias.

SPIME.IM

Décidément, le collectif italien SPIME.IM ne passe pas par quatre chemins pour en mettre plein la gueule. En format duo, les artistes ont débuté la performance de façon assez minimaliste, avec une musique industrielle et noise rythmée, éclairée par des stroboscopes blancs. Rapidement, le tout est devenu beaucoup plus éclectique… et politique. Toutes les abjections de notre monde contemporain y sont passées : culture militaire, individualisme numérique, pollution, surconsommation, matérialisme, obscénités richissimes, destruction du monde naturel, etc. Ces images étaient décomposées et recomposées dans des séquences parfois raffinées et parfois viscérales. Particulièrement percutante était une longue mise en abîme où les pixels de chaque nouvelle image s’agrandissaient pour plonger dans de nouvelles images qui s’agrandissaient à leur tour pour ensuite révéler de nouvelles images. Il y avait quelque chose de thérapeutique à voir toutes ces représentations de violences être réutilisées de manière artistique.

La musique, toujours très expérimentale, devenait de plus en plus intense, martelant des sons très saturés avec quelques échos d’harmonie quand l’effet dramatique souhaité le commandait. Par exemple, une brusque progression d’accords entrecoupée de silences laissait apparaître un à un les mots  « Where are we going then? ». Ce passage, comme bien d’autres durant la performance, aurait très bien pu clôturer le numéro. C’était peut-être le défaut de SPIME.IM: ne pas savoir quand s’arrêter. Les culminations dramatiques étaient si fréquentes que le public les applaudissait telles des fins de soli dans un spectacle de jazz. En somme, le public a eu droit à une critique cinglante des images médiatiques qui tapissent notre quotidien. La trame sonore apocalyptique accompagnant ces clichés déferlants soulignait habilement la brutalité des enjeux auxquels nous faisons face. Captivant du début à la fin.

MUTEK 2023 | Piknic Elektronic mutékien

par Rédaction PAN M 360

Scène Fizz

DJ Stingray 313 B2B Helena Hauff US+DE

OJPB FR/QC

SIM CA/QC

Scène du Boisé

Eli Goldstein (Soul Clap) US

G L O W Z i CA/QC

Les détenteur·trice·s d’un Passeport ou d’une Passe Weekend MUTEK accèdent gratuitement au Piknic Électronik MTL #12 sur présentation de leur bracelet à l’entrée de l’événement.

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MUTEK 2023 | Nocturne 4 : SUFYVN, Deadbeats present Ark Welders Guild, Honeydrip, µ-Ziq & ID :Mora, dBridge

par Laurent Bellemare

L’équipe de PAN M 360 vous offre une couverture exhaustive de MUTEK Montréal 2023. Voilà une sélection des meilleurs sets présentés samedi soir à la SAT, dans le cadre de la série Nocturne.

Crédits photos : Vivien Gaumand

SUFYVN

Dès son entrée sur scène, SUFYVN a installé une ambiance de club dans la salle, avec une musique électronique puissante et accrocheuse. Ce style s’est toutefois nuancé dès le second morceau, plongeant plutôt l’auditoire dans un langage IDM équilibrant bien les sonorités familières avec un traitement varié du rythme et du timbre. Il est dit que l’artiste s’inspire de sonorités et de rythmes soudanais, ce qui n’est pas immédiatement accessible comme référence pour la majorité des auditeurs. Quoi qu’il en soit, SUFYVN produisait sans équivoque une musique pour faire danser. La performance parcourait une variété de tempi, alourdissant ou précipitant l’énergie du parterre aux moments opportuns. Les projections de Kaminska faisaient défiler des formes ondulées dans des teintes multicolores. Si ces formes étaient apparemment puisées dans les graphiques économiques, leur résultat produisait une esthétique psychédélique bien connue dans le milieu de la musique électronique. Une performance variée, quoiqu’un peu générique, qui fonctionnait bien comme avant-goût, à une heure où le public entrait toujours au compte-goutte.

Deadbeats present Ark Welders Guild

Ark Welders Guild, c’est le nom d’une collaboration entre le producteur canadien Scott Monteith (Deadbeats) et la chanteuse italienne Leitizia Trussi. Avec ce duo, c’est une ambiance plus sombre qui se développait. Les pièces lourdes et planantes avaient notamment des échos de trip-hop par leur tempi plus lents. La voix noyée dans la réverbération y était également pour beaucoup, tout à fait dans le style. Le registre grave était très chargé, faisant onduler des basses qui supplantaient souvent les autres éléments du mix. Le reste du spectre harmonique était flottant, suffisamment libre pour y ajouter toute sorte d’interventions sonores. Des moments plus agressifs contrastaient l’occasion avec cette direction musicale. Par ailleurs, un mélange de sépia et de noir prédominait sur le plan visuel. Des images granuleuses de paysages désertiques ont graduellement laissé place à des formes sphériques évoquant une cartographie céleste imaginaire, puis à des alvéoles de matière spongieuse. Ces éléments s’arrimaient plutôt bien avec la nostalgie générale se dégageant de la musique.

Honeydrip

Artiste très attendue de la soirée, la Montréalaise Honeydrip s’est emparée de la scène avec son Bass/Dub énergique. Dans cette musique, la mélodie et l’harmonie ne font plus partie des paramètres. Plutôt, on a affaire à des boucles rythmiques aux subdivisions de « hi-hat » bien marquées et aux basses fréquences grondantes. L’élément le plus distinctif de cette performance était la participation du chanteur reggae King Shadrock. Cette collaboration ajoutait un élément performatif supplémentaire, en plus de créer une esthétique originale. La performance présentait le matériel d’un album au titre très approprié de Psychotropical. Dépourvu de ses accords de guitares et de son accentuation des contretemps, le reggae était ici recontextualisé dans une musique électronique inharmonique et aux downbeats bien lourds. Le tout était accompagné d’un visuel constitué d’archives vidéos filtrées de diverses façons, voulu comme une représentation de l’expérience vécue sous les drogues psychotropes. Signée par Emma Forgues, cette conception visuelle complémentait bien la présence scénique et les costumes des artistes.

µ-Ziq & ID :Mora

Vétéran de la scène britannique µ-Ziq s’est imposé à une SAT bondée de monde avec une musique complètement déjantée. Davantage breakcore qu’IDM, la musique se développait à toute allure, laissant place à peu de répétition. Structures déconstruites et entrées fréquentes de rythmes typiquement drum’n’bass, la performance débutait avec un matériel somme toute assez harmonique, créant même un sentiment de légèreté chez l’auditoire. La partie centrale était, quant à elle, tout à fait atonale et chaotique. Sans jamais décroître en énergie, Muziq a fait évoluer sa trame en la tapissant de progressions majeures à l’effet planant vers la fin. On avait ainsi droit à un mélange intéressant de breakcore sur le plan rythmique et de trance sur le plan mélodique. Visuellement, le spectacle était tout aussi prenant. Les animations 3D de l’artiste tchèque ID:Mora étaient totalement loufoques, passant d’une pluie d’autobus scolaires à des pantins faisant de l’escrime. Les couleurs étaient vives, les personnages étaient enfantins et le traitement graphique rappelait des ébauches d’écrans de veille Windows 1995. Ces éléments visuels enjolivaient nettement l’expérience.

dBridge

Au petit matin, c’était finalement au tour de dBridge de s’emparer de la scène. Cependant, c’est toute la SAT qui vibrait au rythme des basses extrêmes de cet autre vétéran britannique. On pouvait sentir une catharsis générale dans la foule, qui prenait collectivement ces attaques fréquentielles de plein fouet. La musique de dBridge était physique, et mettait surtout en valeur le registre grave. Des percées de courts motifs mélodiques au clavier venaient parfois décorer la trame, à l’instar d’échantillons de voix variés qui intervenaient à d’autres moments. L’artiste livrait une performance entièrement analogue, synthétiseurs modulaires et pédales en guise de matériel. Il y avait dans sa musique une urgence menaçante. Les projections de Line Katcho, très minimalistes, complémentaient bien cette énergie. Un moment Mutek vécu par le corps tout entier.

MUTEK 2023 | Expérience 5: Sara Berts, Sheenah Ko, OBUXUM, ROSINA

par Théo Reinhardt

MUTEK Montréal 2023 et PAN M 360, voilà une combinaison qui tombe sous le sens ! Voilà pourquoi notre équipe s’y consacre cette semaine. Les férus de musiques électroniques de pointe et de création numérique se retrouvent cette semaine à Montréal, alors suivez la vibrante couverture de notre équipe , et ce jusqu’à dimanche!

Crédits photos : Bruno Aiello Destombes

Sara Berts

Sara Berts est une conceptrice de mondes parallèles. Je suis arrivé légèrement après le début de sa performance, et dès les premiers sons qui me parvenaient en sortant de la station Saint-Laurent, je me sentais doucement transporté ailleurs. 

La compositrice et artiste sonore italienne utilise des tons ronds, lisses, et d’autres qui claquent un peu comme un marimba, ainsi que des enregistrements de sons de vagues, de criquets et d’autres bruits nocturnes, le tout de manière très élémentaire. Du petit bonbon pour les oreilles, quoi. Souvent, alors que les mélodies basses se meuvent lentement, d’autres sons plus aigus tournent beaucoup plus vite: accords arpégés, petites bulles de savon synthétisées, cui-cui d’oiseaux électroniques… Les compositions font ressortir leurs couches, du souterrain au sol, du sol aux nuages, des nuages à l’atmosphère.

Se créent ainsi des espaces sonores qui ressemblent étrangement à des mondes vivants, riches et mûrs pour l’acte de contemplation. Des mondes calmes et étrangement sauvages, mais tout de même en harmonie. « Une conversation entre écosystèmes naturels et synthétiseurs », explique la page de l’artiste sur le site de MUTEK. 

C’est un son qui fait beaucoup penser aux saveurs électro tribales et déjantées que le groupe The Knife a avancées sur leur album Shaking the Habitual, mais en plus relax. Le même monde, peut-être, mais sur un autre continent, à une autre ère, sous d’autres cieux, avec d’autres créatures. Tout aussi enchanteur.

Sheenah Ko

« Je ne suis pas une DJ » dit Sheenah Ko avant de débuter sa performance 100% improvisée. « L’énergie que je vais recevoir de vous, je vais vous la renvoyer ». Un set spontané, donc. 

Le tout commence avec un loop de percussion lente et une basse bourdonnante. Rapidement, l’artiste assombrit le son, usant d’une gamme inhabituelle. Cela ne lui prend pas longtemps pour se mettre à chanter des semblants de paroles, avec beaucoup de réverbération. 

Après des changements progressifs d’effets, des jeux de polyrythmie, un alourdissement des coups de basse, une intensification des chants, nous sommes dans un territoire étrangement céleste. On se demande où la musicienne chinoise-irlandaise pourrait bien aller par la suite. Elle aussi, probablement. 

Les percussions sont ensuite enfouies, et l’allure générale ralentie, pour une nouvelle section. Nouveaux sons de percussion, énervés et métalliques, tempo accéléré, progression d’accords lumineux qui enflent comme des vagues, ajoutant une touche de clarté et d’espoir à l’atmosphère.

15 minutes plus tard, une basse vrombissante et un rythme club prennent le dessus, alors que des accords arpégés à intensité variable voguent au-dessus, leur timbre rappelant surtout les années 80, dont l’artiste utilise souvent l’esthétique dans ses œuvres. 

Le tout se termine sur une éclaircie musicale très cinématique, un zoom-out général au synthétiseur, suivi d’un mouvement panoramique vers le ciel… au synthétiseur aussi. Retour au vrai monde.

Une performance très fluide qui relève certainement d’une préparation rigoureuse de la part de Sheenah Ko, ainsi que d’une maîtrise impressionnante de son arsenal sonore. Surtout, un coup d’œil satisfaisant dans sa créativité atypique.

OBUXUM

Les sons d’OBUXUM sont variés. On passe de ce qui pourrait être un sample de hip-hop à des tambours et des bâtons, à de l’électro cyberpunk rétro, à un groove abstrait industriel, et à plein d’autres de ces sons qui ne semblent pas congrus du tout. Tout de même, et malgré les transitions abruptes, on sent une narrativité à l’expérience. On sent qu’une histoire se construit, que chaque petit morceau rentrera éventuellement dans l’ordre des autres. 

À travers les rythmes déroutants, les virages à 90 degrés, et le caractère généralement kaléidoscopique de son approche, OBUXUM effectue peut-être une œuvre anthologique, un ratissage un peu aléatoire de différentes ère de l’histoire musicale. Ce qu’elle présente est une mosaïque d’échantillons de créativité provenant des quatre coins du monde et de l’esprit, un grand exercice de variété, de bricolage sonore historique qu’une heure peut à peine contenir… ou quelque chose comme ça. On sent qu’une grande démarche se dissimule derrière, et il n’est pas difficile de l’apprécier.

ROSINA

On dit peut-être de ROSINA qu’iels ne sont pas des « people-pleasers ». Pourtant, observons leurs demandes: un monde où n’importe qui peut aimer la personne qui lui plaît, un monde où les gens ont leurs besoins de base comblés, un monde où on peut ressentir de la joie. Ces choses, elles, feraient bien plaisir aux gens, non?

Le trio ROSINA est dirigé par l’interprète de drag et artiste multidisciplinaire Franny Galore-Wngz et la poétesse, chanteuse et productrice ROSINA. Personnalités excentriques, les deux font semblant, pendant leur performance, d’être Anglaises. Ce n’est qu’un aperçu de l’espièglerie qui irradie de ces deux personnes.

Les membres de ROSINA aiment jouer leur musique lors du crépuscule. Rappel symbolique de leur mantra que rien ne dure pour toujours, que tout est éphémère, autant la joie que la souffrance. « We’re tired. We don’t want to be mad all the f****** time. », dit ROSINA (l’artiste). Face à l’adversité, ces mauvaises herbes qui poussent dans les craques de l’espoir décident de se tourner vers l’amour, vers les autres, d’embrasser la sensuelle bizarrerie de nos mondes extérieur et intérieur. Une reconquête du monde par une reconquête de soi qui, comme iels le disent, peut faire peur. Le tout dans une attitude assumée, affranchie, presque punk, l’esprit DIY à fond, sur un fond de musique dansante, agrémenté par des paroles affirmatives comme « I want to feel joy », et des mantras qui semblent provenir d’un train de conscience pur et inaltéré. Testée, pliée, tordue et grafignée par le monde, peut-être, cette conscience, mais honnête.

Peut-être pas la performance la plus cohérente, ou lisse, ou musicalement impressionnante, mais la force de ROSINA réside définitivement dans l’énergie. Un des meilleurs flux  d’énergie, qui prend sa source dans l’euphorie, la terreur, la montagne russe florissante de la queerness, et qui, en fin de compte, provoque un grand plaisir, et, sans doute, une grande libération à qui en aurait besoin.

MUTEK 2023 | Métropolis 1: .VRIL, E-Saggila, SYNC. (AtomTM & Peter Van Hoesen)

par Salima Bouaraour

Des jambes engourdies par la danse, des yeux plein d’étoiles et des cris de joie: Métropolis 1 a su déployer de l’amour à profusion! Cette première soirée MUTEK consacrée à la Techno fut étonnamment redoutable jusqu’aux premières lueurs du jour. La programmation, finement pensée, a offert au public une formule plus qu’efficace. Résultat : une foule électrisée par des rythmes binaires et fulgurants.

Crédits photos : Bruno Aiello Destombes

.VRIL

.VRIL s’est promené sur des phases break, house et des voix féminines entraînantes qui ont su amener en douceur un set percutant et progressif au kick puissant. Au milieu de la nuit, l’ambiance s’est enrichie de sonorités industrielles, froides et répétitives créant les conditions sine qua non à une expérience digne d’un club underground allemand.

E-Saggila

En utilisant des nappes énergiques, la Canadienne E-Saggila a relancé l’intensité de la soirée, placée sous haute tension. La compositrice a activé le détonateur avec une masse de beats lourds, ronds et massifs. Les basses venaient vous chercher au corps et au cœur. Entrecoupée avec délicatesse par des sons de synthé vaporeux, sa performance nous a plongé dans les abîmes cachées du festival.

SYNC. (AtomTM & Peter Van Hoesen)

Les tant attendus AtomTM & Peter Van Hoesen ont investi la scène avec une longue table de 3 mètres environ où s’entremêlaient un capharnaüm hybride de machines analogiques, de modulaires, de boîtes à rythme, de pédales d’effet, de contrôleurs et d’un CDJ… Bien que tous les sets furent d’une très grande qualité, il faut souligner que la performance hardware était remarquable. Après une introduction teintée de basse groovy, le duo s’est lâché dans un libre dialogue endiablé durant trois heures!

Dans une arborescence de techno pure, le Métropolis, bondé, s’est perdu avec générosité tout en sachant que la course folle de MUTEK se poursuivra de plus belle samedi et dimanche!

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