électronique / house progressive

Elderbrook au MTelus

par Rédaction PAN M 360

L’alter ego du producteur électronique anglais Alexander Kotz, Elderbrook propose une musique dance entraînante portée par des synthés avant-gardistes. Il connaît un grand succès en 2017 avec sa collaboration sur le titre Cola de CamelPhat, qui le propulse sur la scène internationale. Par la suite, il collabore avec Gorgon City, Clean Bandit, Kx5 et bien d’autres. En plus de plusieurs EPs, Kotz sort son premier album officiel, Why Do We Shake in the Cold?, en 2020, suivi de Little Love en 2023.

The alter ego of English electronic producer Alexander Kotz, Elderbrook delivers upbeat, synth-forward dance music. Making his big breakthrough with the 2017 hit collaboration with CamelPhat, « Cola, » he went on to collaborate with the likes of Gorgon City, Clean Bandit, Kx5, and many more. In addition to a handful of EPs, Kotz released his official full-length debut, Why Do We Shake in the Cold?, in 2020, following it with Little Love in 2023.

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musique contemporaine / période romantique

Ensemble Obiora : âmes soeurs musicales

par Frédéric Cardin

Concert féminin et féministe, doublé d’un exemple de diversité culturelle en musique contemporaine, Sororité de l’ensemble Obiora a rassemblé un public nombreux à la salle Pierre-Mercure hier après-midi. Un programme dirigé avec vivacité par Janna Sailor et au cours duquel nous avons pu entendre pour une trop rare fois à Montréal la musique de Reena Ismaïl, une des voix les plus réjouissantes en musique d’aujourd’hui. Après une composition assez scolaire qui tenait lieu d’ouverture (When Enchantment Comes de Rachel McFarlane, inspirée d’Oscar Peterson mais assez peu représentative), c’est en effet l’univers de fusion indo-occidentale de Ismaïl, une compositrice d’origine indienne vivant aux États-Unis, qui a offert le moment le plus coloré de l’après-midi. Meri Sakhi ki Avaaz (My Sister’s Voice), pour orchestre de chambre, soprano et chanteuse hindoustanie (le style vocal classique de l’Inde du Nord) a offert une envoûtante rencontre entre deux styles vocaux très différents, sur fond d’orchestre romantico-impressionniste (debussyste pour être précis, mais avec d’évidentes couleurs indiennes) sans aspérités harmoniques contemporaines, mais expertement détaillé. L’oeuvre qui s’amorce sur un extrait sur bande du fameux duo des fleurs de l’opéra Lakmé de Léo Delibes (dont le synopsis se situe en Inde) enchaîne une version plus ‘’authentique’’ de cette mélodie, entonnée par la soliste Anuja Panditrao (excellente). 

La soprano lyrique Suzanne Taffot se joint plus tard et les deux femmes se parlent d’amitié et de sororité dans un effet d’écho du plus que célèbre air d’opéra (repris tellement souvent dans des publicités). La rencontre entre les deux types de chant est très bien équilibrée et habilement construite par Ismaïl. La finale exige même une belle part de virtuosité de la part de Taffot, qui imite les envolées saccadées typiques du chant hindoustani avec une grande précision. Bravo.

La finale du concert était assurée par la Symphonie gaélique de Amy Beach, une œuvre longtemps négligée mais presque en passe de devenir un morceau de répertoire. La lecture de Sailor invitait une grande précision, généralement offerte par Obiora, si ce n’est quelques imprécisions rythmiques occasionnelles. L’orchestre a surtout offert une belle et ample sonorité d’ensemble, transcendant son caractère de ‘’grand orchestre de chambre’’ plutôt que véritable orchestre symphonique. 

L’ensemble Obiora s’avère être un ajout d’importance dans le paysage musical montréalais et québécois, car si l’on se fie au public présent, nombreux, très diversifié, familial et surtout très attentif, il réussit à fidéliser un nouveau public à qui il fait découvrir du répertoire méconnu et inspirant. Un succès signé ‘’diversité’’ qu’il faut célébrer!

DJ set / dubstep

Level Up au MTelus

par Rédaction PAN M 360

LEVEL UP, alias Sonya Broner, se sent le plus à l’aise derrière les platines. Ancienne DJ de battle formée par la légende Rob Swift, elle s’est tournée vers la production musicale après avoir découvert le dubstep. Façonner continuellement son son est ce qui la rend la plus heureuse, une forme d’expression authentique. Bien qu’elle soit encore au début de sa carrière, elle a déjà sorti de la musique sur les labels Deadbeats, GRVDNCR et Buygore, avec de nombreux projets en préparation.
Ancienne actrice de théâtre dans sa jeunesse, sa capacité de narration transparaît dans sa musique : des wubs et wobbles d’une lourdeur inouïe, ainsi que des doubles tricks dynamiques qui électrisent le public. LEVEL UP a accompagné Subtronics lors d’une tournée nationale et s’est produite sur des scènes prestigieuses comme Red Rocks, Lost Lands, Beyond Wonderland, Electric Forest et Bass Canyon.

LEVEL UP aka Sonya Broner feels most at home behind the decks. Originally a battle DJ studying under the legendary Rob Swift, LEVEL UP dove into music production after discovering dubstep. Continuously crafting her sound is what makes her feel the happiest and is her truest form of self expression. While at the beginning of her journey, she has already gone on to release music on Deadbeats, GRVDNCR, and Buygore, with much more in the pipeline.
A theatre actress in her youth, her storytelling ability is evident through her music: unfathomably heavy wubs and wobbles, and tricky doubles leave the audience energized and ready for more. She has since gone on a national tour with Subtronics, and graced the stages of Red Rocks, Lost Lands, Beyond Wonderland, Electric Forest, Bass Canyon, and more.

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électronique

Dômesicle à la Satosphère : Laurel Halo, une des plus grandes

par Rédaction PAN M 360

Ce vendredi 28 février nous n’aurons pas droit à un live set de Laurel Halo, originaire de la ville universitaire de Ann Arbour, Michigan. Elle est une des plus brillantes de la planète électronique, elle investit des mondes orchestraux qui vont de la musique moderne symphonique au jazz contemporain en passant par les musiques de création, donc un univers riche, innovant, puisant à la fois dans le corpus instrumental que dans le corpus électronique. Elle sera à la Satosphère dans le contexte des événements Dômesicle. Les artistes locaux kiju, très actifs sur notre scène électronique underground, et Evita des Sunday Service montréalais, partageront le programme avec l’Américaine.Tout amateur de DJisme top niveau a intérêt à s’y pointer !

PLUS D’INFOS SUR LA SOIRÉE ICI

This Friday, February 28, we won’t be treated to a live set from Laurel Halo, who hails from the university town of Ann Arbour, Michigan. She’s one of the brightest talents on the electronic planet, and her orchestral worlds range from symphonic modern music to contemporary jazz and creative music, creating a rich, innovative universe that draws on both instrumental and electronic corpus. She’ll be at the Satosphère in the context of Domesicle. Local artists kiju, very active on our underground electronic scene, and Evita from Montreal’s Sunday Service, will share the program with the American. fan of top-level DJism had better show up!

expérimental / contemporain / improvisation libre / musique contemporaine

M/NM | DigiScores : un éclectisme visuel et sonore

par Alexandre Villemaire

Le cadre bétonné et semi-industriel de l’Agora Hydro-Québec du Cœur des sciences de l’UQAM s’est rempli de couleurs, de formes et de sons dimanche dernier dans ce neuvième concert de la programmation 2025 du Festival Montréal/Nouvelles Musiques qui arrive à la mi-parcours de sa douzième édition.

On ne peut faire autrement que de parler de couleurs, de sons et de formes pour ce concert, car ces éléments étaient à la base du matériel musical du concert, dont le programme s’articulait autour de partitions graphiques animées. Ces dernières étaient projetées sur un grand écran placé derrière les musiciens de l’Ensemble SuperMusique (Olivier St-Pierre, piano ; Jean Derome, saxophones, flûtes, objets, voix ; Corinne René percussions ; Jean René, alto ; Vergil Sharkya’, synthétiseur) qui assuraient la réalisation de ces œuvres. Ainsi, plutôt que des partitions entendues au sens traditionnel du terme, la majorité des pièces présentées étaient des tableaux sonores et des œuvres d’arts visuels, plutôt que des œuvres sur partitions traditionnelles. Pour paraphraser les propos d’ouverture de Simon Bertrand, directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), la partition écrite est une œuvre d’art en soi, mais il y a bien d’autres manières de la concevoir.

La première œuvre présentée était de la compositrice Linda Bouchard, intitulée Pandémonium. L’œuvre explore trois concepts traditionnels de la musique avec des éléments visuels qui interagissent avec le jeu des instrumentistes : une voix principale dessinée en blanc, une partie d’accompagnement, dessinée en bleu, et des solos, duos et trios libres, dessinés en rouge. Les musiciens possèdent une partition fixe ainsi que des indications précises concernant le jeu qu’ils doivent exécuter. C’est le résultat du jeu des musiciens qui est projeté sur l’écran. Il en ressort une mosaïque sonore vivante où les formes qui apparaissent, tantôt anguleuses, tantôt linéaires, tantôt éclatées, peignent une toile sous forme de chaos organisé. La pièce de Linda Bouchard devient presque méditative.

La pièce Zero Waste du compositeur Nick Didkovsky utilisait un médium graphique plus traditionnel, avec une partition classique en notation occidentale. La particularité de la pièce réside dans la manière dont celle-ci est construite et évolue dans le temps. Il s’agit d’un duo entre le pianiste Olivier St-Pierre et un ordinateur qui met au défi l’interprète de créer et de lire à vue une nouvelle pièce en direct. Après un faux départ occasionné par un brusque arrêt de la projection, le musicien a pu aller au but de sa performance. S’ensuit un jeu de relai de style « téléphone » où après avoir joué les deux mesures créées par le logiciel, ce dernier en affiche deux nouvelles, interprétées et générées de nouveau, prenant en compte les différentes variations de l’interprétation, de même que les erreurs effectuées par Olivier St-Pierre. À ce mouvement perpétuel instauré au piano dont la partition se dévoile sous nos yeux, les instrumentistes se greffent à la matière musicale pour la complémenter. Il en ressort un caractère obsessif comme un mantra musical.

La vie de l’esprit de Joane Hétu, composé en collaboration avec l’artiste visuelle Manon De Pauw, est une allégorie sur le fonctionnement de l’esprit, des idées et de l’imaginaire. S’ouvrant sur une mélodie originale, on navigue à travers des moments de grandes tensions et d’effervescences chaotiques et des instants de calme. La partition/œuvre d’art de Manon De Pauw qui accompagne la musique sur laquelle Hétu a superposé la musique épouse les coups de pinceaux d’aquarelles, les effacements et les formes aqueuses créées sous nos yeux et qui prennent la forme de cellules ou de synapses.

L’œuvre de Terri Hron Mouth of a River fait également appel à l’eau dans sa constitution thématique et sonore, mais présentée dans un cadre plus stable. Inspiré par un séjour dans l’estuaire du Saint-Laurent, Hron explore ces eaux, ces rochers et ces marées par le biais de montages de photos et de vidéos. Le plan fixe tourné depuis une arche (ou une grotte) donnant sur le fleuve donne d’une bouche ouverte. C’est dans cette embouchure que différentes images et vidéos se superposent, se transforment avec une musique texturée.

Tiroirs bonbon pastels de Nour Symon est venu conclure la soirée avec une explosion de couleurs vives. Le langage de Nour Symon est dense, chargé et chaotique demandant une nécessaire acclimatation avant que l’auditeur et les interprètes trouvent leur vitesse de croisière. Nous en avions fait l’expérience dans un précédent concert avec son œuvre J’ai perdu le désert, un peu plus longue, mais qui s’inscrit dans la même lignée thématique. L’œuvre fait appel à une intensité de jeu marquante de la part des instrumentistes, notamment de Corinne René aux percussions et de Jean Derome. Ce dernier changeait d’instruments pratiquement à chaque seconde, alternant entre saxophones, flûtes, embouchures et divers objets, autant d’éléments qui influaient sur le timbre de la musique.

Ce concert a offert au public, cinq voyages visuels et auditifs qui nous amènent sur des chemins hors de notre zone de confort et de nos habitudes d’écoute en venant brasser notre conception, peut-être statique et conventionnelle de la partition écrite et de la manière de faire de la musique. L’éclectisme du concert a donné un vaste aperçu des formes que peut prendre ce type de composition, allant du plus expérimental au plus accessible. Si un des objectifs de ce concert était de présenter la variété de ce type d’écriture, il a été réussi.

chanson keb franco / indie rock / Pop indé

La Marche de l’empereur au Club Soda : Thierry Larose, blesse, Lysandre, P’tit Belliveau et invités

par Rédaction PAN M 360

La Marche de l’empereur, ayoye. Festival d’un soir seulement au Club Soda orchestré par Maison Pingouin. Des chansons sélectionnées HABILEMENT présentées par les artistes eux-mêmes : Thierry Larose, blesse, Lysandre et P’tit Belliveau en plus de plusieurs invités surprises. La cerise sur le sundae : Marianne Boucher à la direction artistique ; capitaine des transitions pour enchaîner les artistes pingouins / artistes invités. DJ Pingouin en ouverture blastera-très-fort du hip-hop approuvé par la vraie culture. Ayoye!

La Marche de l’empereur, ayoye. A one-night-only festival at Club Soda orchestrated by Maison Pingouin. Selected songs HABIALLY presented by the artists themselves: Thierry Larose, blesse, Lysandre and P’tit Belliveau, plus several surprise guests. The icing on the sundae: Marianne Boucher as artistic director; master of transitions to link Penguin artists / guest artists. DJ Pingouin opens with a blaster of hip-hop approved by real culture. Ayoye!

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Ce contenu provient de Simone Records et est adapté par PAN M 360

classique moderne / classique occidental

OSM et Khachatryan | Musique, politique et condition humaine

par Hélène Archambault

Il y a des moments où on se sent privilégiés d’être là où on est. C’était le cas mercredi soir à la Maison symphonique. Je crois que c’était un sentiment partagé, du moins si je me fie au rappel qu’a eu le violoniste Sergey Khachatryan qui a formidablement interprété le Concerto pour violon en ré majeur, op. 35 de Tchaïkovski. 

L’orchestre lui a fourni un écrin dans lequel il a pu exprimer sa sincérité, comme lorsque les flûtes reprennent à la fin de sa cadence, toute personnelle, ou encore, dès les premières mesures, alors que les cordes introduisent le violon solo. 

Le rappel est une pièce de Grigor Narekatsi, poète mystique arménien du 10e siècle, saint de l’Église apostolique arménienne. En 2015, en commémoration du 100e anniversaire du génocide arménien, le pape François a déclaré saint Grégoire de Narek (nom francisé), docteur de l’Église, le 36e, pour ses écrits intemporels. Intemporelle, Havoun, havoun l’est. À plus de 1000 ans d’écart, sa pièce résonne. 

Après l’entracte, Payare et l’OSM attaquent la Symphonie no 11, op. 103 « L’année 1905 » de Chostakovitch. 11 jeunes instrumentistes des écoles de musique de Montréal, Conservatoire, McGill, Université de Montréal, font partie de l’orchestre pour l’occasion. Connaître l’histoire de cette symphonie donne des clés pour l’apprécier pleinement, car ce n’est pas le genre de pièce que l’on écoute en préparant une salade de pois chiches le lundi matin avant d’aller attraper le métro. Les notes de programme sont éclairantes. La Symphonie no 11 est intimement liée à l’histoire de la Russie, puis de l’Union soviétique, tant dans son écriture que dans sa réception par le régime. L’URSS au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ayant décrété la musique de Chostakovitch ennemie des travailleurs, il faut attendre les années 1950 pour de nouvelles compositions. Composée début 1957, Chostakovitch y raconte en musique l’insurrection populaire de 1905 contre l’Empire russe. Le premier mouvement, « La place du palais », s’ouvre sur un tableau hivernal et hostile où se déroule bientôt une répression sanglante. Caisse claire militaire, clairon et illustrations de chants folkloriques sont autant de manifestations sonores de la violence de la répression. Le second mouvement évoque le Dimanche rouge et encore ici, Chostakovitch utilise le matériau musical pour dépeindre l’horreur du massacre et la désolation de la mort. Le troisième mouvement « Mémoire éternelle » rappelle la Marche funèbre des Révolutionnaires. Quant au Finale, « Tocsin », c’est la ferveur révolutionnaire, caractérisée par trompettes et cordes basses, interrompue par une mélodie au cor anglais, et qui se termine aux sons des cymbales et des cloches. Quand la musique cesse, on se demande ce qu’on vient de vivre. J’étais émue, dérangée, jetée à terre. 

Ce concert incarne la condition humaine dans toute sa fragilité.

crédit photo: Antoine Saito 

musique contemporaine

M/NM | Musique à l’âme et à l’encre de Chine

par Frédéric Cardin

Le Festival Montréal Nouvelles Musiques présentait hier un programme inusité, Le son de l’encre, au centre duquel se manifestait la démarche à la fois mécanique et symbolique du trait, du dessin et de l’écriture. Cinq œuvres pour flûtes et diverses additions (vidéo, interface sonore animée par la gestuelle, calligraphie en direct) étaient jouées. L’esprit de la calligraphie asiatique est associé à l’élégance, à l’harmonie et à la minutie. C’est également dans cet état sonore, du moins en général, que la musique proposée s’est épanouie. Bien que ‘’contemporaines’’, les pièces au programme, pour la plupart, étaient enveloppées d’échos plus ou moins explicites de musiques asiatiques, grâce aux harmonies sur gammes pentatoniques. Signées par François Dery, Claire-Melanie Sinnhuber, Tao Yu, Gualtiero Dazzi et François Daudin Clavaud, les oeuvres aux titres évocateurs (Bambous, Fleurs de prunes tombantes, Le son de l’encre, Vent léger, etc.) ont dressé un décor à la fois moderne et intemporel, baigné dans une atmosphère souvent contemplative, voire ritualiste. Quelques pièces étaient plus poignantes que d’autres, comme par exemple La demeure du rêve de Gualtiero Dazzi, superbe construction sonore sur des dessins du Sud-Coréen Kim Yung Gi, l’un des grands illustrateurs de notre époque, décédé à 47 ans en 2022. Les dessins de Gi, quatre au total et admirables de naturel mais aussi de complexité symbolique, se déclinaient en une série de portraits familiaux mis en abîme les uns par rapport aux autres. Un moment profondément touchant. 

La présence du calligraphe de renommée Shanshan Sun était nécessaire pour accompagner quelques œuvres comme Feu, neige, cendres de François Déry. Je n’ai pas été aussi convaincu par la cohérence de la relation entre les gestes live de Sun et la musique. D’autant plus que dans la dernière pièce de la soirée, la coordination a semblé faire défaut, Sun terminant son écriture sur grand papier, pendant que les musiciens avaient fini de jouer. Je dirais que presque une minute s’est déroulée lors de laquelle un simple regard de l’un des flûtistes trahissait sn interrogation, à savoir s’il devait rester encore longtemps avec son instrument levé… 

Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup aimé la polyvalence du Trio d’argent, formé de Michel Boizot, Xavier Saint-Bonnet et François Daudin Clavaud. Trois flûtes ensemble, certains vous diront que c’est du suicide. Les Français ont démontré que cela pouvait très bien se faire, et en plus, sonner magnifiquement bien. La variété des types de flûtes utilisées y était aussi pour beaucoup. Occidentales, orientales, flûtes basses (j’adore!), etc., les couleurs déployées étaient nombreuses et bellement appliquées, dans une perspective contemporaine, certes, mais pas expérimentale. 

Une soirée parfois envoûtante, souvent apaisante, toujours agréable et surprenante. Une fort jolie proposition du Festival Montréal Nouvelles Musiques, dont ce n’est encore que le début. 

Entrevue d’Alain Brunet avec le flûtiste Michel Boizot :

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musique contemporaine / Piano

M/NM : L’insecte de Kafka en métamorphose sous la Satosphère 

par Judith Hamel

Ce lundi soir, une poignée de mélomanes ont bravé les bourrasques glaciales et les montagnes de neige pour s’installer bien confortablement dans les poufs de la Satosphère, au cœur de la Société des arts technologiques (SAT). Tout droit venus de Malte, le compositeur Ruben Zahra et la pianiste Tricia Dawn Williams avaient troqué la douceur méditerranéenne pour le froid montréalais afin de présenter Kafka’s Insect dans le cadre du Festival international Montréal/Nouvelles Musiques (M/NM).

À travers une performance audiovisuelle immersive, Kafka’s Insect est une relecture du célèbre roman La Métamorphose de Franz Kafka (1915). En une quarantaine de minutes, le récit visuel met en scène des personnages de l’histoire de l’auteur austro-hongrois ainsi qu’un véritable insecte filmé sous divers angles et en mouvement. La narration se construit en fragments et s’appuie sur des événements sonores directement issus du texte de Kafka : le martèlement de la pluie contre les vitres, le fracas d’une fiole de laboratoire s’écrasant au sol ou encore le choc des pommes projetées contre un mur. Ces sons diégétiques se mêlent à la bande sonore jouée en direct par le piano et les synthétiseurs. Vers la fin de l’œuvre, un dialogue s’installe entre un violon enregistré dans le film et le piano joué sur scène. Ces interactions renforcent la cohésion entre l’univers sonore et visuel et rendent l’expérience d’autant plus immersive.

De plus, des éléments mis en boucle nous poussent à interpréter les scènes sonores et visuelles avec différents regards. Ce procédé amplifie l’étrangeté de l’œuvre, rendant hommage à l’absurde qui imprègne le texte de Kafka.

Les projections vidéos – habituellement diffusées sur une sphère gonflable de deux mètres de diamètre placée au centre de la scène – ont été spécialement adaptées pour cet événement, exploitant une large partie de la surface du dôme immersif de la SAT. Le film, tourné en grande partie avec un objectif vintage Daguerreotype Achromat de 1838, affichait une esthétique singulière ; une lumière douce, avec un flou évoquant un imaginaire florissant, à l’image du protagoniste de Kafka. L’image circulaire était ainsi projetée sur le dôme. Les projections du protagoniste représenté en insecte géant étaient ainsi sur écran imposant, créant une atmosphère captivante.

L’intégration des textes projetés, bien qu’elle facilitait la compréhension du récit, rompait parfois l’immersion. En revanche, les moments où les synthétiseurs s’ajoutaient au piano permettaient d’établir une ambiance particulièrement enveloppante. Enfin, la synchronisation impeccable entre la musique en direct et la vidéo, facilitée par un clic dans les écouteurs des interprètes, a été un élément appréciable qui a renforcé la fluidité de la performance.

Ce spectacle marquait le dernier événement du M/NM présenté à la SAT, mais la 12ᵉ édition du festival se poursuit avec encore plusieurs concerts à découvrir dans les prochains jours. Axé cette année sur le dialogue entre musique et image, le MNM propose pas moins de 18 concerts sur 16 jours.

crédit photo: Emma Tranter

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Afrique / autochtone

Mois de l’histoire des Noirs | Une immersion afro-autochtone

par Sandra Gasana

Pour sa troisième édition, Immersion nous a plongés dans une rencontre entre deux femmes artistes africaines, Dalie Dandala, du Congo-Brazzaville, et Lerie Sankofa, de Côte d’Ivoire, et une femme Atikamekw, Laura Niquay. Ensemble, elles nous ont partagé le fruit de leur résidence de création artistique de 21 jours au cours de laquelle elles ont appris à se connaître, elles ont créé ensemble tout en chantant dans les langues respectives de chacune.

L’art de la mise en scène avait toute sa place dans ce spectacle, sous la direction de Fredy Massamba, lui-même artiste de renom. De l’habillement, à la danse, aux nombreux instruments joués par les trois femmes, rien n’était laissé au hasard. Chacune à tour de rôle prenait le temps d’expliquer ses chansons, avec la participation des autres aux chœurs ou à l’aide d’un instrument. Par moments, on ne savait plus s’il s’agissait d’une langue africaine ou autochtone, tellement les frontières étaient poreuses.

Le chant, la danse, les instruments et leur agencement s’est fait tout naturellement, permettant aux artistes de se raconter à leur guise. Le ngoma, les percussions, la guitare, le tambour handpan et l’ahoco : tout y était. Chacune des artistes chantait dans sa langue maternelle, en insérant par moments des bouts de phrases en français.
« Nzobi, dans ma langue signifie rituel ou prière, un peu comme le vodou », nous explique Dalie Dandala avant d’entonner sa chanson en nyari. Elle est rejointe par Lerie aux percussions et Laura aux chœurs avant de se mettre à danser, toute vêtue de rouge.

À son tour, Lerie nous partage une chanson en avikam qui parle des femmes et de leur volonté de liberté lorsqu’elles sont maltraitées par leur mari. Dalie et Laura l’accompagnent, l’une à l’ahoco et l’autre à travers une poésie dans la langue Atikamekw, avec un peu de français.

Malgré une corde de sa guitare qui se détache en plein show, cela n’a pas empêché Laura d’en jouer sur le morceau « Stéréotype », qui dénonce les préjugés sur le rôle de la femme, avec Dalie et Lerie aux chœurs et percussions.

Ces femmes ont même fait participer le public sur un morceau, alors que Fredy Massamba ne pouvait plus se retenir de danser. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait à un moment dans la soirée lorsqu’il a rejoint le trio sur scène, rapidement accompagné par Louise Abomba, une artiste visuelle du Cameroun.

Elles ont clôturé le spectacle avec un hommage aux jumeaux, considérés comme une bénédiction dans plusieurs cultures en Afrique, en chant, en musique et en danse. La complicité était plus palpable entre les deux artistes africaines, bien entendu, mais Laura a réussi à se frayer une place tout en leur donnant l’espace de créer un lien plus fort entre elles.

S’en est suivi une période d’échange, qui a permis aux spectateurs de poser quelques questions aux trois artistes. Le thème de la femme était central tout au long du show, le pouvoir qui leur sont conférés, leur rôle dans la société et les préjugés à déconstruire à leur sujet.
À la question « Et après ? » venant du public, nous avons appris que Laura, qui travaille présentement sur un album blues avec un band uniquement composé de femmes, a invité Dalie et Lerie à participer à son projet. Nous allons donc devoir attendre une suite à cette immersion artistique qui aura résulté en une symbiose culturelle entre l’Afrique et un Peuple autochtone du Canada.

baroque / classique

Les Violons du Roy : Bach, les premières cantates et Bernard Labadie

par Sami Rixhon

On s’imagine facilement et même presque exclusivement le grand Johann Sebastian Bach en homme âgé, pétri des plus grands savoirs  musicaux que seuls l’expérience et le temps  apportent. C’est pourtant un tout jeune homme, au début de la vingtaine, qui nous lègue les puissants et parfaits chefs-d’œuvre que sont ses toutes premières cantates. Des œuvres qui ouvrent l’une des plus importantes sommes musicales de tout l’Occident, livrées ici avec La Chapelle de Québec, dans toute leur splendeur.
Bernard Labadie, chef
Myriam Leblanc, soprano
Daniel Moody, contre-ténor
Hugo Hymas, ténor
Stephen Hegedus, baryton-basse
Avec La Chapelle de Québec

It is easy to imagine the great Johann Sebastian Bach almost exclusively as an elderlyman, steeped in the greatest musical knowledge that only time and experience can bring. Yet it was a young man in his early twenties who handed down to us the powerful, true masterpieces that comprise his very first sacred cantatas. These works are the first of one of the most important musical collections in the whole of the western world, delivered in all their splendour here with La Chapelle de Québec.
Bernard Labadie, conductor
Myriam Leblanc, soprano
Daniel Moody, countertenor
Hugo Hymas, tenor
Stephen Hegedus, bass-baritone
With La Chapelle de Québec

Programme

J.S. BACH
Cantate Christ lag in Todes Banden, BWV 4
Cantate Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit, BWV 106
Cantate Aus der Tiefe rufe ich, Herr, zu dir, BWV 131
Cantate Nach dir, Herr, verlanget mich, BWV 150

Program

J.S. BACH
Cantata Christ lag in Todes Banden, BWV 4
Cantata Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit, BWV 106
Cantata Aus der Tiefe rufe ich, Herr, zu dir, BWV 131
Cantata Nach dir, Herr, verlanget mich, BWV 150

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Ce contenu provient des Violons du Roy et est adapté par PAN M 360

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