baroque / chant choral / classique moderne / classique occidental / période romantique

UdeM | Des voix lumineuses dans une calme nuit chorale

par Alexandre Villemaire

La nef de l’église Saint-Viateur d’Outremont était garnie d’une constellation de gens de tous âges rassemblés pour venir assister au concert, adéquatement baptisé Nuit d’étoiles, de La Chorale de l’Université de Montréal, dirigé par le chef et professeur invité à la Faculté de musique Matthew Lane, accompagné par Myriam Bernard au piano. Un concert qui était placé sous le thème intemporel de la nuit : une inspiration quasi infinie aux compositeurs et compositrices et est une manne excellente pour n’importe quelle direction musicale d’un ensemble pour sa programmation.

Les oeuvres choisit qui articulaient autour de cette thématique étaient des pièces profanes et religieuses de différentes époques, allant de la Renaissance au romantisme en passant par la musique chorale « contemporaine », soit composée par des compositeurs encore vivants. Le concert s’est ouvert avec la pièce-titre de son évènement : Nuit d’étoiles. Pièce très connue de Claude Debussy, originellement faite pour voix solo, l’ensemble a interprété une version arrangée pour quatre voix efficaces qui traduit assez bien le timbre original de la mélodie. La pièce suivante, O Schöne Nacht de Brahms, poursuit dans le même esprit avec des harmonies tout aussi diaphanes, mais plus conservatrices dans leur traitement. Ces deux pièces nous ont permis de constater d’emblée la qualité et l’homogénéité vocale qui se dégagent de cette chorale. Essentiellement composée d’étudiant·es de la Faculté de musique qui le suivent comme cours dans le cadre de leurs études, la chorale est également ouverte pour les personnes provenant d’autres facultés qui disposent déjà de connaissances musicales de base.

S’ensuivit une portion de chants à portée liturgique, soit deux Ave Mari Stella – où la Vierge symbolise l’étoile de la mer pour les marins – d’Edward Elgar et Tomas Luis da Victoria ainsi que le Stabat Mater du compositeur liechtensteinois Josef Rheinberger. Cette œuvre était la plus contrastante des trois œuvres religieuses et parmi les plus variées au niveau des dynamiques au programme. L’évocation dans ce poème du Moyen-Âge de la douleur de la mère du Christ qui assiste à sa crucifixion a été interprétée avec justesse et témérité, notamment par les voix d’hommes qui ont entonné les premières notes avec une justesse vindicative. Le caractère à la fois tourmenté et lyrique de l’œuvre a porté un nouvel élan dynamique et stylistique au programme qui est demeuré, à l’image de la voûte céleste, pétri de sonorités éthérées et de nuances douces et méditatives. Ainsi, les pièces Anand du compositeur cree Andrew Balfour, Viri Galilæi de Gonzague Monney, Stars de l’Afro-Américain George Walker et The Language of the Stars de Katerina Gimon perpétuaient cet état d’esprit. La pièce de Gimon était une autre pièce qui se démarquait du lot par son esthétique lumineuse accompagnée d’un rythme actif, sautillant et claironnant. La création de la compositrice Caroline Tremblay Empreintes enneigées était intéressante sur le plan du timbre vocal, mais redondante au niveau du développement motivique. L’élément percussif contrastant souhaité, incarné par la podorythmie de Benjamin Tremblay-Carpentier – le « tapeux de pieds » tel qu’écrit dans le programme –, était une idée mal exploitée dont la présence n’était pas totalement impertinente, mais qui, dans son utilisation, n’enrichissait pas le discours. À contrario, la pièce de clôture du concert Stars du compositeur letton Ēriks Ešenvalds faisait intervenir un savant et original mélange d’harmonies vocales combiné aux harmoniques naturelles produites lorsqu’on frotte le buvant de verres à eau. L’effet ainsi produit était tout bonnement céleste.

Les membres de la chorale ne sont peut-être pas tous des chanteurs ou chanteuses d’expérience, mais nous avons pu constater le beau potentiel et la qualité certaine que la chorale de l’UdeM peut produire, notamment par une solide capacité de performance, une écoute et une attention diligente aux nuances et aux dynamiques souhaitées instiguées par le chef.

Au-delà de l’aspect performatif noté dans le cadre d’un cours académique, les éléments sur lesquels Matthew Lane devra se pencher dans le développement de la chorale sont la projection vocale de ses étudiant·es/choristes et l’intelligibilité du texte. Certes, l’acoustique de l’église sert grandement le répertoire choral dans son ensemble, en particulier des œuvres aux harmonies ouvertes et flottantes, mais, malgré les paroles et traductions de celles-ci fournies dans le programme, la compréhension des textes, notamment ceux en français, était hasardeuse. Entendre la chorale dans une plus grande variété de styles et d’esthétiques sera également un beau et plaisant défi autant formateur pour les choristes qu’agréable pour le public.

crédit photo: Tiago Curado

classique occidental / musique contemporaine

Dans le silence de la Nuit, la parole de Molinari

par Alexandre Villemaire

« Sombre, épuré et assuré de nous faire oublier les cantiques traditionnels de Noël. » C’est en ces termes, avec un brin d’ironie et d’humour, que la directrice artistique et premier violon du Quatuor Molinari a dressé l’esthétique du dernier programme de l’ensemble montréalais qui avait lieu à la salle de concert du Conservatoire de musique de Montréal avant les fêtes. Intitulé Nocturnes, ce concert n’était pas « la belle nuit de Noël » dans son sens le plus angélique, mais une évocation du caractère multiforme de la nuit, qui peut être à la fois douce et calme, mais aussi troublée et tourmentée. En introduction, Olga Razenhofer, Antoine Bareil (violons), Frédéric Lambert (alto) et Pierre-Alain Bouvrette (violoncelle) ont interprété deux extraits, soit le troisième et le cinquième mouvement du cycle Aus der Ferne de György Kurtág et Notturno de Luciano Berio. Les quatre comparses musiciens ont livré une interprétation investie avec aplomb et grande musicalité dans un univers musical aux dynamiques contrastantes et introspectives.

Dans Aus der Ferne – qui signifie « du lointain » en allemand –, les lignes musicales dépouillées et l’esthétique sobre des deux mouvements nous laissent dans un sentiment de suspension dans le temps alors que les sons nous parviennent comme des échos émanant du silence. Aus der ferne III est soutenu par le violoncelle qui martèle une pédale jouée en pizzicato dolce, autour de laquelle s’articule des traits aux cordes dans l’aigu et le médium de l’instrument, créant ainsi un état de flottement. Aus der ferne V porte le sous-titre Alfred Schlee, in memoriam. Composé par Kurtág quelques semaines après la mort de celui qui était le directeur des éditions Universal à Vienne et qui a notamment protégé des mains des nazis plusieurs grandes œuvres, ce court mouvement reprend le même écrin illustré précédemment avec la pulsation du violoncelle que les violons complètent par des interventions déchirantes et tendues avant qu’un fortissimo dissonant entonné par les quatre instrumentistes émerge de ce ton monotone, comme pour représenter le caractère tragique de la mort de Schlee.

Pièce centrale de la première partie, Notturno de Luciano Berio est une œuvre qui joue sur la dynamique du silence.  Berio disait lui-même : « Notturno […] il est silencieux, parce qu’il est fait de non-dits et de discours incomplets. Il est silencieux même lorsqu’il est bruyant, car la forme elle-même est silencieuse et non argumentative. » Ces discours incomplets, ces phrases fragmentées illustrent un discours qui se déploie constamment en allant de l’avant et qui évolue sans cesse. La dimension éclatée du discours musical est apparente et s’articule entre des moments d’une certaine sérénité et des interventions mordantes et dynamiques. Dans sa forme en apparence très ouverte, chaque instrument, chaque son et texture que ceux-ci créent ont leur importance. Et, dans ce qui peut sembler être une désorganisation, tout est calculé à la milliseconde près et rendu avec justesse et précision par les membres de Molinari.

Dernière œuvre du concert, le Quatuor no 6 de Bartók est un des sommets du répertoire du quatuor à cordes. Œuvre poignante composée vers la fin des années 30, alors que l’occupation nazie de la Hongrie commence, son caractère anxiogène et désespéré est palpable. Elle est traversée par un thème triste (Mesto) qui est réitéré sous différentes formes à travers les quatre mouvements telle une idée fixe. Dans le deuxième mouvement, le caractère martial tranche par son ironie avec le caractère sombre du thème principal. Peu à peu, la marche se transforme, se déforme, perd sa stabilité et son identité et entre dans une section rubato où le violoncelle entonne une mélodie folklorique pendant que les trois instruments poursuivent le thème de la marche, imperturbable. Le mouvement suivant reprend le caractère folklorique du précédent par une danse burlesque aux rythmes irréguliers. La pièce se conclut par le retour de la ritournelle qui envahit l’ensemble de l’instrumentarium du quatrième mouvement dans une des pages les plus intimistes du compositeur, où les nuances des instruments sont poussées dans leurs extrêmes douceurs avant de s’évanouir.

Fait rare pour un concert du Molinari, les musiciens ont offert au public un rappel avec humour: la version de Stille Nacht d’Alfred Schnittke, arrangée pour quatuor à cordes par Antoine Bareil. Le caractère ludique de cette prestation parsemé de dissonances savoureuses tranchait avec l’univers dramatique dans lequel nous évoluions depuis le début de la soirée et a apporté une certaine légèreté qui accompagnait la fin de ce programme nocturne magistral.

Au final, il n’y a qu’une seule chose sur laquelle on nous a menti : nous sommes immanquablement repartis en fredonnant « Ô, nuit de paix » !

classique persan

Au Centre des musiciens du monde : ravissement persan avec Kayhan Kalhor

par Frédéric Cardin

Hier soir au Centre des musiciens du monde de Montréal, ce sont près de 90 minutes ininterrompues de musique sublime que nous avons entendues, interprétées par l’un des plus grands musiciens au monde, Kayhan Kalhor, maître du kamancheh. Je ne parle pas ici uniquement de son statut au sein de la musique classique persane, pour laquelle il est certainement LE musicien de son époque, et peut-être même de toutes les époques, mais bien de son génie comme artiste musical, tous genres confondus. Kalhor est un virtuose et interprète dans une classe à part.

Hier, il était sur scène pour donner le dernier concert d’une vaste tournée internationale pour le programme intitulé Chants d’espoir. Il était entouré des Montréalais Kiya Tabassian au setar et Hamin Honari au tombak ainsi que de son compatriote Hadi Hosseini au chant. 

Concert de Paris (sans Hadi Hosseini) : 

Un tour de force artistique ou l’improvisation instrumentale côtoie naturellement la poésie classique persane (celle de Saadi, qui a vécu au 13e siècle) rendue avec brio par Hosseini, l’une des voix les plus affirmées et accomplies du chant classique persan. De longues mélopées savamment ornementées ont échangé avec les commentaires des instrumentistes, enchaînant épisodes contemplatifs et introspectifs, avec d’autres plus énergiques et mouvementés. Les airs qui se sont imbriqués les uns dans les autres sans aucune pause, provenaient en partie du répertoire savant mais surtout de la spontanéité des musiciens sur scènes, tous remarquables improvisateurs. Un concert qui affichait complet, investi en grande partie par de nombreux membres de la communauté iranienne, mais pas que. Un public très attentif et respectueux duquel je n’ai entendu aucune sonnerie inopinée de téléphone! Le public de l’OSM et de l’OM devrait en tirer quelques leçons…

Concert au centre des musiciens du Monde à Montréal : 

 

Montréal se doit d’être fière de ce genre d’événement car c’est un peu grâce à elle qu’il peut exister. Kiya Tabassian, de l’ensemble Constantinople, est un ancien élève de Kalhor, qui a lui-même vécu un temps tout près de la métropole (il a d’ailleurs un passeport canadien en plus de l’iranien), et Hamin Honari est déménagé de Vancouver pour pouvoir profiter des opportunités artistiques offertes ici. Et au milieu de tout cela, le Centre des musiciens du monde, qui continue d’impressionner par la qualité de ses projets et l’influence grandissante qu’il exerce sur la scène des musiques savantes non-occidentales, participant activement à construire la réputation de Montréal comme l’une des meilleures villes pour les musiques du monde en Occident, peut-être la meilleure en Amérique. 

DÈS JANVIER AU CENTRE DES MUSICIENS DU MONDE : UNE NOUVELLE SÉRIE DE CONCERTS TRÈS INTIMES, UN MERCREDI PAR MOIS. DÉTAILS À VENIR SUR LE SITE DE L’ORGANISME.

nu-métal / rock

Linkin Park au Centre Bell

par Rédaction PAN M 360

Linkin Park est un groupe de rock américain originaire d’Agoura Hills, en Californie. Depuis sa formation en 1996, le groupe a vendu plus de 100 millions d’albums et a été récompensé par la Recording Academy à deux reprises. Le groupe a connu le succès avec son premier album, Hybrid Theory, qui a été certifié Diamant par la RIAA en 2005.

Linkin Park is an American rock band from Agoura Hills, California. Since its formation in 1996, the band has sold more than 100 million albums and has been awarded by The Recording Academy in two occasions. It achieved mainstream success with its debut album, Hybrid Theory, which was certified Diamond by the RIAA in 2005.

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classique occidental

Prix du violon d’or 2024-2025 | Les finalistes dévoilés

par Alexandre Villemaire

Alors que la pluie, le vent et le froid s’abattaient dans la soirée du 11 décembre, une petite foule s’était amassée, bravant les intempéries pour venir entendre et voir se déployer le jeu instrumental des six demi-finalistes de cette édition du Prix du violon d’or.

Au terme de la ronde de demi-finale, ce sont les violonistes Jueun Lee, Joey Manchin et Justin Saulnier qui ont été recommandés par le jury pour passer à l’ultime ronde qui se déroulera le vendredi 13 décembre.

Leurs performances ont respectivement mis en relief des qualités de jeu, d’interprétation et de maîtrise technique dans des programmes diversifiés aux dynamiques contrastantes. Originaire de la Corée du Sud, Jueun Lee, accompagnée au piano par Itamar Prag, a entraîné l’auditoire dans l’univers étincelant de Mozart avec la Sonate pour violon et piano n22 et dans le monde folklorique d’Edvard Grieg avec la Sonate pour violon no 2 en sol majeur. En plus d’un son clair et d’une articulation précise, c’est la présence scénique et l’énergie de la jeune interprète de même que la complicité apparente avec son pianiste qui a capté l’attention.

Joey Manchin a offert une interprétation sentie et soignée du deuxième mouvement de la Sonate pour piano n2 en la majeur de Beethoven, de la Sonate pour violon seul n2 de Paul Hindemith et des deux premiers mouvements de la Sonate en la majeur de César Franck. Le dialogue intimiste entre le piano et le violon dans l’œuvre de Beethoven a mis en valeur une pureté de son et une clarté des lignes que s’échangent les deux instrumentistes. Plongeant l’auditoire dans une esthétique complètement différente, la sonate de Hindemith était truffée de lignes chromatiques et de différentes techniques de jeu dont Manchin a su faire la démonstration. Dans la sonate de Franck, accompagnée par Veola Sun, il a exprimé dans les sonorités vaporeuses de l’œuvre un contrôle franc des différentes dynamiques, passant de lignes langoureuses à des passages animés et vifs.

Justin Saulnier a quant à lui brillé en mettant de l’avant des lignes pures et un discours musical limpide dans la Sonatine en ré majeur de Schubert, alors que le court Caprice no 17 en mi bémol majeur de Paganini, avec ses traits violonistiques véloces, a mis en valeur sa maîtrise technique. Il a par ailleurs été le seul des demi-finalistes qui proposait dans son programme deux pièces de compositeur·ices contemporain, soit la pièce Chant d’Ana Sokolovic et le troisième de la Sonate pour violon et piano du compositeur et chef d’orchestre Dinuk Wijeratne. La présentation de ce type de répertoire, aux antipodes de la majorité des œuvres que nous avons entendues durant la soirée, a apporté une dose de variété bienvenue en plus de démontrer les capacités de Saulnier dans ce type de langage et de discours musical où il était appuyé par Gaspard Tanguay-Labrosse.

Les trois compétiteurs qui n’ont pas été retenus n’ont pas à rougir de leur performance. L’altiste Alexander Beggs nous a fait forte impression avec un son chaleureux, boisé et d’une grande stabilité. Son programme, composé du Divertimento en ré majeur de Franz Joseph Haydn – dans un arrangement de Gregor Piatigorsky –, et de la Sonate pour alto et piano de Rebecca Clarke, est celui qui était esthétiquement le plus introspectif. Cela a permis de mettre en valeur sa musicalité, mais lui a peut-être desservi au niveau de la virtuosité et des contrastes. La violoniste américano-japonaise Satoka Abo a misé sur un programme où primait la virtuosité technique. Ses prestations de la Sonatensatz de Brahms et de la Carmen-Fantaisie de Franz Waxman ont été des moments de hautes voltiges, mais qui à quelques endroits manquaient de précision. Le pétillant premier mouvement de la Sonate en si bémol majeur de Mozart et la chaleureuse Romance d’Amy Beach ont apporté contrastes et apaisement à son programme explosif. Finalement, le violoncelliste François Lamontagne a offert une performance contrastante avec un extrait de la Sonate pour violoncelle n3 de Beethoven et de la Suite pour violoncelle seul de Gaspar Cassado, qui était d’une belle intensité, mais qui aurait pu être davantage dansante.

La finale du Prix du violon d’or 2024-2025 aura lieu le vendredi 13 décembre à 19h à la salle Tanna Schulich.

ENTRÉE LIBRE

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électronique / house

Dômesicle – Paurro et invité

par Rédaction PAN M 360

On démarre fort la série Dômesicle hivernale avec une soirée explosive entre house et breaks en compagnie de la DJ et productrice mexicaine PAURRO. ¡Vamos!
Fière ambassadrice de la musique électronique mexicaine, PAURRO s’est imposée comme une figure de proue sur la scène internationale, enchantant le public par ses performances dynamiques. Ancrée dans la house, elle trace une ligne fine entre sons organiques et énergétiques, fournis d’inspirations diverses, pour des sets inoubliables.
Un guest spécial sera annoncé plus proche de la date, stay tuned!

We kick off the Dômesicle winter series with an explosive evening of house and breaks with Mexican DJ and producer PAURRO. ¡Vamos!
A proud ambassador of Mexican electronic music, PAURRO has established herself as a leading figure on the international scene, delighting audiences with her dynamic performances. Rooted in house music, she draws a fine line between organic and energetic sounds, drawing on diverse inspirations for unforgettable sets.
A special guest will be announced closer to the date, so stay tuned!

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baroque / classique occidental

Un Noël baroque avec Arion | Quand la vielle à roue réveille l’esprit des fêtes

par Judith Hamel

Dimanche après-midi, l’orchestre baroque Arion se produisait devant une salle bien remplie à la salle Bourgie, proposant un programme consacré aux Noëls français, suisses et allemands. Dans une instrumentation mêlant cordes, clavecin, théorbe et basson, trois solistes — à la flûte, au hautbois et à la vielle à roue — sont venus enrichir ce concert où se succédaient des airs de Noëls baroques, tantôt bien connus, tantôt obscurs.

Le concert s’est ouvert avec l’extrait « Où s’en vont ces gais bergers » de la Simphonie des Noëls de Michel-Richard Delalande, un choix d’air familier qui a donné un ton enjoué au concert. 

Mathieu Lussier a ensuite présenté la première soliste, Tobie Miller, une joueuse de vielle à roue virtuose réputée. Alors qu’il l’annonçait, c’est plutôt le flûtiste Vincent Lauzer qui est entré en scène, déclenchant un rire franc du public. Ce moment léger a été suivi par le Concerto n4 « Noëls suisses » de Michel Corrette, une pièce pour flûte à bec et ensemble qui, dans un mélange d’espièglerie et de virtuosité, a permis à Vincent Lauzer de briller par son expressivité. 

« C’est marrant, ça sonne comme la flûte à bec, la vielle à roue », annonce Mathieu Lussier en référence à sa coquille. Cette fois, Tobie Miller entre véritablement en scène pour interpréter une œuvre de Nicolas Chédeville, le Concerto « Les Plaisirs de la Saint-Martin ». Cette pièce célèbre la Saint-Martin qui autrefois apportait des célébrations presque aussi importantes que la fête du Saint-Nicolas. Bien que l’œuvre soit de Chédeville, celui-ci aurait probablement eu des problèmes de droits d’auteur aujourd’hui puisqu’il emprunte largement ses matériaux de Vivaldi. 

Puis, le troisième soliste, Daniel Lanthier au hautbois, a offert une interprétation du Concerto a 5 con oboe obligato de Bonaventure Gilles. Son jeu habité et expressif donnait envie de se retrouver sur scène à leurs côtés. La musique semblait palpable tant l’énergie du soliste et des musicien·nes était communicative.

Avant l’entracte, l’ensemble a interprété sept airs de Noël de Charpentier, clôturant ainsi la première partie du concert. Mathieu Lussier en a profité pour inviter le public à glisser un disque d’Arion dans leurs bas de Noël cette année. Une suggestion qui donne envie d’opter pour une bande-son baroque pour les festivités de cette année !

Pendant l’entracte, des projections éducatives ont offert des informations sur l’accord des instruments baroques, sur la fabrication des instruments d’époque et sur le répertoire présenté. Un beau moyen pour contextualiser leur démarche artistique et enrichir l’expérience du public.

Au retour, Vincent Lauzer a repris la scène avec le Concerto n° 5 « Noël allemand » de Michel Corrette. Le mouvement lent captait par sa délicatesse, tandis que l’Allegro, avec ses syncopes rythmiques, apportait une touche ludique.

C’est ensuite au tour de Tobie Miller de revenir sur scène. Après nous avoir parlé un peu de l’histoire de la vielle à roue, elle interprète le Concerto « L’Hiver » de Nicolas Chédeville, une œuvre magnifique, notamment pour son Largo, qui place l’instrument soliste à découvert et qui permet d’entendre toutes les subtilités du jeu de la vielle à roue. 

Finalement, l’orchestre a interprété Les Saturnales de François Colin de Blamont, un compositeur peu joué, mais apprécié de l’ensemble. Ce morceau, tiré des Symphonies des Fêtes grecques et romaines, recréait parfaitement l’atmosphère festive de ces célébrations antiques, menant le concert vers sa conclusion. 

Avec un chapeau de Noël sur la volute de la contrebasse et sur la tête de Mathieu Lussier, le concert s’est achevé sur un rappel surprenant : Minuit Chrétien. Ce n’est pas tous les jours qu’un public chante « Peuple debout » accompagné d’une vielle à roue!

alt-folk / électro-minimal / indie pop

Dear Criminals au théâtre Outremont | Rallumer la flamme

par Sami Rixhon

Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu! Comment allez-vous, chers criminels? Le trio électro-minimal Dear Criminals donnait sa première performance d’envergure à Montréal, sa ville d’origine, en cinq ans cette fin de semaine au théâtre Outremont.

C’était au Gesù, en 2019, que Dear Criminals s’était produit pour la dernière fois dans la métropole dans une formule régulière. Il s’est passé beaucoup de choses depuis. On dirait que le monde est devenu un peu plus violent, un peu plus anxiogène. Heureusement qu’il nous reste encore la musique.

Le groupe amorce sa performance avec Visions, Starless et Waste Land, trois morceaux tirés de son album Fatale. Pratiquement tout le projet de 2017 sera interprété ce soir, et ce n’est pas un hasard : les compositions requièrent l’apport d’un quatuor à cordes qui répond présent ce soir (comme un bassiste et un batteur), chose plutôt rare dans les spectacles de Dear Criminals. Pour sa seule performance de l’année à Montréal, autant y aller all in, donc, me disait Frannie en entrevue il y a quelques jours.

Ce qui frappe dans les performances scéniques de Dear Criminals, c’est la capacité du groupe à installer rapidement des ambiances vaporeuses et tendres. Il y a quasiment une tension sensuelle qui flotte dans l’air tant les notes chantées et jouées sont choisies avec soin et parcimonie.

Ce qui frappe également aux oreilles de l’auditeur, encore plus sur scène qu’en studio, c’est à quel point les trois membres de la formation se complètement à merveille. Frannie Holder a une voix cristalline et fragile, Charles Lavoie tricote plutôt dans une sorte de romantisme arrogant alors que Vincent Legault fait vivre le son Dear Criminals de plus belle entouré de ses claviers. Rien ne ressemble à Dear Criminals à Montréal, et c’est tout à leur avantage.

Si la prestation dans son ensemble était fort agréable, on sent tout de même que le groupe se retrouve ce soir plus près du rodage que de la proposition grandiose à laquelle il habitue son public depuis 10 ans déjà. Dear Criminals s’était, au cours de précédents spectacles, notamment attaché les services d’une chorale d’élèves du secondaire (à l’église Saint-Jean-Baptiste, qui plus est), d’effets 3D ou de danseurs contemporains.

La proposition du jour est plus convenue… et ce n’est pas plus mal comme ça. Le trio a besoin de se retrouver avec ses anciennes chansons, il a besoin de rallumer la flamme avant de revenir sur les planches avec un concept encore plus fou. L’année 2025 signera probablement d’ailleurs une nouvelle production scénique ou studio pour le groupe, encore une fois, de source sûre (l’information vient de Frannie Holder, en fait. Il n’y a pas plus fiable).

Dear Criminals clôture le segment régulier de son spectacle avec Stay Tonight, probablement la plus belle chanson que le groupe ait jamais écrite. J’entretiens un rapport un peu particulier avec ce morceau. Je l’avais entendu en mai 2020, alors que la Covid faisait rage, au cabaret Lion d’Or. Le projet s’appelait Lone Ride. J’étais cloîtré derrière trois murs de plexiglas. J’étais seul sur scène, eux, de l’autre côté, étaient trois à jouer et à me regarder. Drôle d’époque, hein. Ça a l’air loin tout d’un coup. Je n’avais eu droit qu’à une chanson, il fallait que je laisse ma place à une autre personne seule ensuite. Tout ça n’a duré que trois, quatre minutes, et pourtant, c’est resté. Je considère encore cet instant comme étant l’une des expériences musicales les plus fortes vécue ces dernières années.

Je réentendais pour la première fois cette chanson en live. C’était 800 fois moins intime (800 étant le nombre de personnes présentes ce soir), et pourtant, ça m’a fait réaliser le chemin qu’on a tous parcouru depuis.

Ça fait du bien de se retrouver.

LISTE DES CHANSONS AU PROGRAMME

1. Visions
2. Starless
3. Waste Land
4. Little Thief
5. Yet Not the End
6. Mark my Words
7. Nelly
8. Coldwave
9. Gravedigger
10. Song for Elisabeth
11. Lover’s Suicide
12. At Bay
13. Lies in Blue
14. Lala
15. Coco
16. Rose
17. Slowdisco
18. Stay Tonight

Rappel

1. 7
2. Petite mort
3. Where We Started

Crédits photo : @yagubphotography

chanson keb franco / Neo-soul / R&B

Rau_Ze au Club Soda | La voix d’une jeunesse montréalaise

par Sami Rixhon

Braver le froid pour une dose de R&B, une autre de soul. Rau_Ze, projet gravitant autour d’un jeune duo formé par Rose Perron et Félix Paul, s’offrait une supplémentaire du lancement de Virer nos vies au Club Soda, son premier en carrière. En fait, pas vraiment.

Pas vraiment, car la salle de la rue Saint-Laurent avait, il y a un peu plus de deux ans, vu Rau_Ze remporter la 26e édition des Francouvertes. Il y avait en quelque sorte une boucle à boucler là-bas, sur ces planches, avant d’aller atteindre encore de plus hauts sommets.

Talkin’ ’bout my generation

La file devant le Club Soda s’étend sur la moitié du bloc plusieurs dizaines de minutes après l’ouverture des portes. Le vestiaire est plein (littéralement) et on peine à se trouver une place au balcon. La ferveur est bien là, réelle.

Rau_Ze et une demi-douzaine de musiciens accèdent à la scène et ouvrent leur prestation sur la chanson-titre de leur album, Virer nos vies. Tout le monde le répète, tout le monde sait déjà, mais qu’est-ce que Rose Perron a un don pour chanter. Sa personnalité est unique, elle respire l’assurance plus elle se laisse emporter par ses envolées vocales. Perron semble pourtant tout de suite plus timide quand les mots qu’elle prononce ne sont pas agrémentés de notes de musique, quand elle s’adresse d’une manière impromptue à une foule si fidèle entre deux chansons. La musique transforme l’être.

Sumerset, Pas la peine, L’Habitude (surtout L’Habitude) : Rau_Ze peut, à peine six mois après le lancement de son album, déjà s’appuyer sur de vrais hits se trouvant probablement sur nombre de playlists de Montréalais dans le vent. J’ai d’ailleurs vu passer le nom du duo plusieurs fois ces derniers jours dans les rétrospectives Spotify et Apple Music de mes amis. C’est simple : Rau_Ze est le plus grand phénomène musical de la génération Z au Québec depuis Hubert Lenoir, en 2018. Ce n’est pas rien, de remplir complètement le Club Soda après un premier lancement réussi, qui avait eu lieu dans une salle deux fois plus petite, et sans avoir sorti du nouveau matériel depuis.

Rau_Ze joue toutes les pièces de Virer nos vies, s’offre une reprise de Claude Dubois, Femmes de rêve, et clôture le tout avec deux jams déments de free-punk-jazz-psychédélique-expérimental qui laissent place à des pogos au pied du parterre.

Au début de leur vingtaine, les membres de Rau_Ze sont un vrai exemple de réussite et de rigueur pour quiconque de leur âge qui aspire à se surpasser. L’offre est professionnelle et particulièrement mature, et le plafond, déjà très haut, s’élèvera plus le groupe prendra de l’expérience.

Un MTELUS en leur compagnie dans un an ou deux, ce sera diablement plaisant.

Crédits photo : Camille Gladu-Drouin

afrobeat / konpa

Joé Dwèt Filé a enflammé l’Olympia

par Sandra Gasana

C’est une foule immense qui faisait la file sous les températures hivernales pour venir voir à l’Olympia LA star du konpa de l’heure: Joé Dwèt Filé. Les caméras étaient toutes braquées sur la scène, avant même qu’il fasse son apparition. Casquette noire, lunettes fumées, muscles bien en évidence, et muni d’un micro rouge vif, c’est ainsi qu’il apparaît, accompagné de ses cinq musiciens.

« Montréal, comment ça va ce soir ? » répète-t-il à plusieurs reprises durant le concert. D’ailleurs, il a déjà une date de prévue pour le 12 décembre 2025 au Centre Bell, rien de moins. Avec un public majoritairement féminin et jeune, on pouvait tout de même remarquer plusieurs générations dans la salle, avec une prédominance de la communauté haïtienne. « Y a-t-il des femmes célibataires dans la salle ? », demande-t-il. « Beaucoup de femmes souffrent en ce moment et cette chanson est pour elles », annonce-t-il avant les morceaux tirés de ses albums Goumin Terminé, Calypso : Winter Edition ou encore Daddy9. Plusieurs fois durant le concert, la foule, qui connaissait les paroles par cœur, chantait à sa place. Avec ses musiciens, ils alternaient entre afrobeat à la manière de Tayc, et konpa, ce qui plaisait énormément aux amateurs de ce style de musique. Il rajoutait sa fameuse signature « zigizigizigazi » qui venait ponctuer ses chansons, annonçant l’entrée des claviers synthétiques.

« Y a-t-il des gens mariés dans la salle ? », demande-t-il avant de chanter Oui. Bref, les histoires d’amour sont au cœur des chansons de ce crooner des temps modernes. Certains morceaux étaient plus courts, permettant un enchaînement plus fluide entre eux.

JDF interagissait souvent avec la foule, notamment lorsqu’il a fait monter deux jeunes femmes sur scène pour chanter le morceau Confiance avec lui. « Attention, vous allez représenter Montréal ce soir », leur dit-il, histoire de leur mettre la pression mais elles ont tout de même relevé le défi, alors qu’une d’entre elles a fondu en larmes après l’exercice. Un moment qu’elles chériront longtemps.

Il termine avec un enchainement de tous ses tubes à succès, Kitem Ale, Abimé, ou encore Merci à mon ex et Jolie madame, sur lequel il fait un featuring avec Ronisia. Pour certaines de ses chansons, il suffisait d’entendre la première note pour que le public se mette à hurler. C’était le cas pour Pozysion, un autre de ses hits. Il prend même le temps de faire un petit concours avec quatre personnes du public qui devaient reconnaître les morceaux le plus rapidement possible. 

Il finit par faire un bain de foule en traversant le parterre de l’Olympia, les cellulaires le suivant à chaque pas, accompagné de son garde du corps, avant de terminer la soirée avec les deux plus gros titres de sa carrière Fem Voyé et bien entendu 4 Kampé, qui en est à 15 millions d’écoute sur Spotify et autant de vues sur YouTube depuis sa sortie il y a quelques semaines.
Seul hic de la soirée, le temps que ça a pris pour sortir de l’Olympia à cause de la longue file pour récupérer les manteaux. Après un show de 90 minutes, il nous a pris presque une heure pour sortir des lieux. Une organisation qui aurait pu être mieux gérée à mon avis.

Crédit Photo: Shadia Uwanje


classique / jazz / pop / pop orchestrale / trad québécois

Scintillante magie de Noël, de l’OM… et d’Antoine Gratton!

par Frédéric Cardin

Loin de moi l’idée, par ce titre, de diminuer la qualité des prestations offertes hier par les artistes invités lors du (désormais) classique concert de Noël éclectique de l’Orchestre métropolitain et Yannick Nézet-Séguin. Mélissa Bédard en impose dans Glory Alleluia et le Minuit, chrétiens. Sa voix de contralto ample et très juste, sans fioritures inutiles, s’est agréablement démarquée. Kim Richardson fait de même avec d’autres classiques comme Noël blanc ou I’ll be Home for Christmas. Et puis la sensation lyrique de l’heure, Élizabeth St-Gelais nous a offert les Anges dans nos campagnes et un Sainte Nuit (en innu) plutôt réussis. Un très beau duo avec Michel Rivard aussi, avec un Gens du pays bien senti. Ce dernier a également offert C’est dans la famille, initialement un peu fragile, mais authentique. 

Taurey Butler, M. Charlie Brown Christmas à Bourgie, avec les excellents Wali Muhammad à la batterie et Morgan Moore à la contrebasse, y est allé de jolies envolées jazz au piano (pas de Charlie Brown, cela dit. C’est réservé pour l’autre salle) dans quelques titres traditionnels du répertoire, et le violoniste trad David Boulanger nous a lancé un très agréable Petit concerto pour Carignan et orchestre d’André Gagnon, avec Oleg Larshin, premier violon de l’OM. Contrastes bien maîtrisés entre les solos ‘’classiques’’ de Larshin et trad de Boulanger, échos modernes de Yehudi Menuhin et de Jean Carignan, pour qui l’œuvre a été composée. Un vrai chef-d’œuvre miniature, qui était accompagné par un autre incontournable de Dédé : un extrait de son album Noël de 1992, la chaleureuse et doucement mélancolique Ronde des bergers. Je n’avais jamais porté attention à ce détail auparavant, mais les solos de cor y sont redoutables! Même le toujours parfait Louis-Philippe Marsolais l’a appris à ses dépens (Oh, à peine un accroc. Mais dans son cas, c’est rarissime). Bien entendu, la finale a été assurée par tout le monde en même temps, communion indispensable qui s’est incarnée par le classique de Beau Dommages/Michel Rivard : 23 décembre. Grande réussite rassembleuse écuménique à l’image du Québec à la fois ‘’de souche’’ et coloré par sa diversité moderne. Bravo. 

Bref, tout le monde était à la hauteur, et plus encore. La bonne humeur régnait, Yannick dirigeait avec son habituel pep, les musiciens de l’OM souriaient amplement, la scène et la Maison symphonique dans son ensemble brillaient de mille couleurs, dans une ambiance molletonnée et invitante. Chapeau bas, donc. Mais, la raison pour laquelle je tenais à inscrire le nom d’Antoine Gratton dans mon titre, c’est que le lien suprême entre tous les morceaux, toutes les prestations, tous les styles musicaux évoqués dans cette messe laïque et musicale, l’unifiant qui a permis de passer presque deux heures, sans entractes et sans véritables longueurs, bien accrochés au déroulement, cet indispensable secret de la réussite, ce sont les arrangements d’Antoine Gratton.

L’auteur-compositeur-interprète qui s’est un temps fait appeler A Star, est également depuis quelques années un très habile arrangeur pour des concerts pop symphoniques. Hier, il a fait flèche de tout bois grâce à l’originalité des partitions qu’il a réalisées pour l’orchestre et le chœur qui accompagnaient ainsi avec brio les prestations ci-haut mentionnées. Peu importe que les airs soient archi connus, Gratton sait parsemer ses arrangements de multiples surprises pour les oreilles, qu’elles soient harmoniques, coloristiques ou rythmiques. Je prends un exemple parmi d’autres : ce contrepoint entre les clochettes de l’orchestre et les clappements de mains des choristes dans un passage de My Favourite Things. Réjouissant. 

L’arrangeur est trop souvent oublié dans ce genre d’événement, mais il ne le faut pas, et surtout pas dans le cas de ce concert qui aurait pu virer à la litanie de mélodies sirupeuses enchaînées interminablement, s’il eut été d’autres plumes moins créatives. Des milliers de soupers de dinde, de tourtière et d’atocas se ressemblent un peu partout au Québec pendant les fêtes. Mais il y a parfois un.e chef.fe en cuisine, caché.e derrière ses chaudrons, qui réussit à réinventer la sauce et unifier le tout de façon assez originale pour qu’on la remarque. Et cela sans tomber dans une témérité exagérée qui laisserait un goût amer à l’expérience. Dans des cas comme celui-là, invitons cette personne à la table et honorons-la (ce qui a d’ailleurs été fait sur scène hier). 

Ne doutons pas un seul instant qu’il y aura une édition 2025.

classique occidental

Schulich | Horatio Quartet remporte le Concours de musique de chambre 2024-2025

par Judith Hamel

Après quatre vibrantes performances des ensembles finalistes, le Horatio Quartet a remporté le grand prix du concours annuel de musique de chambre d’École de musique Schulich. Les musiciens remportent donc une résidence à l’Université Mozarteum à Salzbourg ainsi qu’une performance au Centre canadien d’architecture dans le cadre de la série Bon-Pasteur de Schulich. 

La finale a eu lieu au Tanna Schulich Hall ainsi qu’en diffusion en direct. Le jury de cette étape était constitué de Catherine Cosbey, Sara Laimon, Jacqueline Leclair et David Stewart. 

C’est l’ensemble Trio At Work, composé d’Abigail Sunde au violon, Conrad Sobieraj au violoncelle et Jisu Yeum au piano, qui a ouvert la soirée avec l’Allegro du Trio pour violon, violoncelle et piano no 3 de Mozart. Leur interprétation, d’une belle légèreté, nous a plongée dans l’élégance et la clarté de Mozart. Dans le Trio pour violon, violoncelle et piano no 1 de Mendelssohn qui a suivi, une certaine rigidité se faisait sentir par moments, privant parfois l’interprétation d’une vulnérabilité, mais les points culminants étaient bien maîtrisés musicalement. Les articulations nettes et les nuances justes ont démontré leur grande maîtrise technique. 

Le deuxième ensemble à se produire, le Lyra Quartet, regroupait Lucy Nemeth et Jessica Tovey aux violons, Hudson Maness à l’alto, et Ellamay Mantie au violoncelle. Dès les premières mesures de l’Allegro du Quatuor à cordes n2 en fa majeur, op. 77 de Haydn, leur cohésion s’est présentée avec évidence. Le placement en demi-cercle propre aux quatuors à cordes certes, favorise une communication visuelle et gestuelle fluide. Tout de même, malgré ce certain avantage, chaque mouvement semblait naturellement amplifié par l’autre, nous donnant l’impression qu’iels respiraient d’un même souffle. Puis, leur performance a culminé avec le Quatuor à cordes no 3 en fa majeur, op. 73 de Chostakovitch. Tour à tour porteurs d’innocence et de gravité, iels ont su exploiter tout le potentiel dynamique de cette œuvre. Leurs phrasés impeccables et leur justesse, tant sur le plan de l’intonation que de l’émotion, ont offert un moment d’une intensité rare, à la fois rigoureux et profondément humain.

Après l’entracte, le Horatio Quartet, composé de Justin Saulnier et Joey Machin aux violons, Alex Beggs à l’alto et Gabriel Vincent au violoncelle, a choisi d’interpréter le Quatuor à cordes en ré majeur no 4, op. 20 de Haydn. Dès les premiers traits, leur précision exemplaire et leur solidité se sont imposées. Le premier violon, porté par Justin Saulnier, a brillamment soutenu son rôle prédominant tout au long de l’œuvre, insufflant un dynamisme constant à l’ensemble. Leur interprétation s’est poursuivie avec le premier mouvement du Quatuor à cordes en sol mineur, op. 10 de Debussy où ils ont fait preuve de sensibilité et de contrastes expressifs. 

La soirée s’est conclue avec le Trio Alexa, composé de Joseph Tsao au violon, Alexander Lewis au violoncelle et Chris Peng au piano. Leur prestation a débuté avec le premier mouvement du Trio pour violon, violoncelle et piano no 1 en ré majeur, op. 70 de Beethoven où le piano a su suggérer une douceur à l’ensemble. Ils ont ensuite interprété le Trio pour violon, violoncelle et piano en sol mineur, op.15 de Smetana, qui s’ouvre avec un solo de violon poignant suivi de l’entrée du piano qui apporte profondeur et nuances. Cette œuvre est remarquablement équilibrée : elle offre à chacun·e une voix individuelle permettant de faire briller son instrument et sa musicalité propre. Leur interprétation respirait, exaltant les émotions intenses et vibrantes de cette œuvre.

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