Amnesia Prenatal est le nom d’un studio et label de Buenos Aires qui abrite les nombreux projets du compositeur et producteur Lucas Alves de Lima, comme le big band étrangement sophitiqué Helmut Róbot, le folk baroque et excentrique d’Aberratio Ictus et diverses fantaisies rock, métal, électro ainsi que des bandes sonores de films imaginaires, l’une de ses spécialités depuis maintenant vingt ans. Mankas Veslimsky est son pseudonyme pour cet élégant exercice d’écriture pour thriller fantôme.
Sur le plan stylistique, c’est une agréable promenade à travers les décennies, du film noir d’après-guerre aux néo-polars italiens des années 70, saluant au passage les maîtres de la forme – Herrmann et Schifrin, Mancini et Morricone. La pochette signée par le dessinateur de BD Juan Sáenz Valiente – dont le nouveau court-métrage d’animation El olvido a d’ailleurs été mis en musique par Alves de Lima – imite parfaitement les affiches de cinéma percutantes de l’époque. Tout est exécuté avec panache et un grand souci du détail.
Ça commence en lion avec Human Chaos, souple et nerveux, puis c’est une succession trépidante de suspense, d’intrigues, de moments d’angoisses et de blessures corporelles, d’amours maudites et de désirs décadents, avec bien sûr un roulement constant de cigarettes et de verres de whisky pour donner au protagoniste fictif une certaine perspective sur les choses dans un monde devenu fou. La douzaine de morceaux se termine par un Farewell larmoyant à souhait avant qu’un treizième, Dancing With Chemicals Ghosts, fasse brutalement irruption alors que la fête tire à sa fin et balance ses derniers maléfices.