De prime abord, c’est du folk-rock, du country-folk, du reggae-folk, de la pop indie. À une différence près, et pas la moindre: Laura Niquay est issue de la Nation Atikamekw – vallée de la rivière Saint-Maurice, périphérie de Trois-Rivières, Shawinigan, Joliette, etc.. Elle s’exprime dans sa langue en péril, confère aux ponts de ses chansons des ornements vocaux traditionnels bien sentis. Retirez la langue et ces ornements vocaux, vous obtenez une création typiquement americana, efficace à n’en point douter, honnête et vérace, sans surprise aucune. Force est de déduire que la fraîcheur se trouve essentiellement dans la fibre autochtone. De prime abord, cet album est une heureuse entreprise de chanson conviviale, inscrite à l’âge d’or de la réémergence culturelle des Premières Nations sur ce continent. Oui, cet enregistrement aurait fort bien pu être imaginé au tournant des années 90, lorsque Kashtin déborda contre toute attente son cadre communautaire innu (région de la Côte-Nord) et imposa ses premiers tubes au nord-est du continent. Alors ? Évitons cette généralisation. Trois décennies plus tard, Kashtin et Florent Vollant ne sont plus l’exception comme le fut auparavant à plus grande échelle Buffy Sainte.Marie, et les variations de la culture americana restent posées sur des fondements relativement stables. Une chose nous échappe, cependant: la qualité de cette poésie exprimée dans une langue que la plupart d’entre nous ne connaissent aucunement, mais bon, le feeling est fort et sincère. À l’heure de la reprise de conscience de ces cultures bafouées depuis les débuts de la colonisation européenne dans le Nouveau Monde, ce qui fait vibrer aujourd’hui les peuples des Premières Nations doit être exprimé, et c’est ici le cas.
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