Les musicophiles qui aiment le funk néo-rétro délicieusement bizarre de Vulfpeck peuvent se réjouir : voici Here We Go Jack, premier album solo de Jack Stratton, fondateur du groupe. Derrière l’alias Vulfmon, Stratton a créé un mélange éclectique de funk, de R&B, ainsi que de rock classique et indé sombre. En résulte un recueil étonnant, ce qui n’est pas surprenant.
Depuis les débuts de Vulfpeck en 2015, Stratton s’est révélé un compositeur impeccable, notamment grâce à ses arrangements sobres, mais stimulants. Sur le plan instrumental, il a une fois de plus tenu ses promesses. Du groove nostalgique et psychédélique de Boogieman à la belle simplicité de Alone Again, Naturally, Stratton prouve une fois de plus que ses compositions sont inégalables.
Cela dit, il y a quelques ratés sur cet album, que vous soyez habitués ou non à la marque « Vulf ». Let’s Go Let’s Go en est un exemple particulièrement flagrant. La trame pop-rock s’avère remarquable, mais la voix de Mike Viola est grinçante, juvénile et parfois presque insupportable.
On pourrait en faire abstraction en se disant que c’est une question de goût. Or, c’est intentionnellement ennuyeux, comme le prouve la fin de la chanson, malvenue et gratuite : trente secondes entières de Mike Viola qui crie « wou ». Ensuite, le court interlude Bach Pedal pourrait être agréable, s’il ne donnait pas l’impression d’avoir été inclus uniquement pour faire contraste avec le morceau agaçant qui le précède.
En dépit d’un talent apparemment sans limites de Stratton, cette première offrande de Vulfmon démontre l’incapacité de ce créateur à laisser les choses aller. Bien que la plupart de ces chansons se suffisent à elles-mêmes, il flotte sur cet album une impression lancinante de blague d’initiés qui ne pigeront que les fans les plus dévoués.
Les arrangements, excellents, sont dilués par une subversion inutile, qui semble ne servir qu’à rendre l’album moins viable commercialement. Et lorsqu’ils compareront ces pièces aux meilleurs titres de Here We Go Jack, les auditeurs risquent de se demander ce qu’il est advenu de l’excellent album qu’ils avaient commencé à écouter.