Tout d’abord, ça sent la chair. Allons, ces débiles de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs (on tient à être rigoureux, par politesse) poussent nettement le curseur sludge metal plus loin que dans leur précédent album King of Cowards. Les riffs sont comme des bouchers, ils cisaillent, taillent dans le gras, le lard, vaille que vaille, les guitares prennent aux tripes. Ce n’est pas pour rien que l’album s’intitule Viscerals. Ces bons Geordies de Newcastle upon Tyne ont surtout simplifié la donne en recentrant radicalement la composition afin d’y obtenir de nouvelles forces dans les cordes et la batterie.
Pourtant à l’image de Halloween Bolson, Adam Ian Sykes et Sam Grant tentent modestement de nouvelles choses : ils s’essayent au prog-metal sans jamais tomber dans l’écueil noise qui aurait pu alourdir l’efficacité de Viscerals. Les mélodies sont entêtantes comme dans Crazy in Blood; les percussions de Christopher Morley viennent redoubler d’effort sur On Reducer, ponctuées par les fulgurances vocales de Baty sur la basse de Michael Hedley. Parfois épique, souvent infernal, Viscerals rend hommage aux âges sombres et spectaculaires de Black Sabbath, comme dans le titre World Crust.
Quelquefois l’album a tendance à s’acoquiner avec le style des voyous de Sunn O))), sans souffler des inspirations nouvelles au genre metal. Viscerals est un album de l’efficacité, mais qui tend à tourner en rond après plusieurs écoutes. C’est dommage, car les membres de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs ont du talent. Viscerals reste toutefois un album qui vous ficelle comme du gigot d’agneau – emballé, c’est pesé.