Intensité, éclectisme et plaisir : c’est en ces termes que l’on pourrait résumer ce nouvel album du violoncelliste Stéphane Tétreault et de la harpiste Valérie Milot, grands amis dans la vie et interprètes de haut vol collaborant depuis une dizaine d’années. Leur énergie contagieuse traverse le médium du disque en présentant, comme l’énonce le titre de l’album, une musique transfigurée, vivante et imaginative aux contours à la fois lyriques, exotiques et explosifs. Constitué d’œuvres de compositeurs et compositrices contemporain·es, tous canadien·nes (à l’exception du Cygne, extrait du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns), l’album rassemble des pièces aux expressions styles et influences riches et variées, dans lesquelles le jeu des instrumentistes brille et à parts égales.
Après une introduction lascive des deux premières Variations sur La Folia d’Alexander Grogg, on est saisi d’entendre le batteur Bernard Riche sur la troisième et dernière variation, dédiée au pianiste américain Ahmad Jamal, où violoncelle, harpe et batterie forment un trio jazz avec des harmonies éclatées. Mentionnons aussi le cycle Close for Couloir de la compositrice Caroline Lizotte, qui lui a été inspiré après un voyage en Écosse. L’influence du folklore est palpable avec ses harmonies ouvertes, ses notes tenues et ses rythmes endiablés que Lizotte agrémente de sonorités uniques, créées par des outils que les interprètes doivent utiliser sur leurs instruments. Autre beau moment, dans un univers sonore tout à fait différent : la pièce Sentiment transfiguré de Marjan Mozetich, une romance au lyrisme puccinien. Autre pierre à l’édifice du décloisonnement des genres et de l’expression stylistique, cet opus coloré et accessible de Valérie Milot et Stéphane Tétreault présente une transformation unique du répertoire. Celui-ci se matérialisera sur scène dans un concert multimédia, à la salle Bourgie de Montréal, les 25 et 26 mai 2022.