D’après Rufus Wainwright, Unfollow the Rules marque la fin d’un cycle. C’est effectivement l’impression que l’auditeur familier avec le corpus pop de l’artiste aura dès ses premières écoutes du disque. Pop de chambre, folk baroque, ballades piano-voix, mélodies portant la marque de la Tin Pan Alley, arrangements somptueux influencés par la musique classique… Voilà un bien beau condensé des genres abordés par un chanteur qui semble vouloir clore un chapitre.
Face à un tel tour du propriétaire, on pourrait croire que Wainwright fait du surplace, qu’il ne fait que ressasser des idées déjà éprouvées. Nenni! C’est qu’il a mûri, notre homme. Il n’est plus l’étudiant en amour avec son professeur d’art ou le jeune adulte ayant survécu à tous les excès. Nous sommes en présence d’un amoureux comblé mais lucide, d’un père de famille attentionné et d’un citoyen qui s’inquiète devant l’état des choses en Amérique.
Cette maturité se manifeste également du point de vue musical alors que le chanteur nous démontre qu’il peut faire plus simple et briller sans chercher à épater la galerie à tout prix par son immense savoir-faire et sa culture luxuriante. Cela ne signifie toutefois pas que l’album soit avare de mélodies inventives ou d’arrangements hauts en couleur. En témoignent les splendides interventions des cordes, les teintes électroniques qui illuminent This One’s for the Ladies et la fort ambitieuse Devils and Angels, ainsi que les harmonies vocales dignes de Brian Wilson dont bénéficie Alone Time qui clôt le disque en beauté.
Réalisées de main de maître par le réputé Mitchell Froom et portées par une performance vocale une fois de plus remarquable, les chansons qui composent Unfollow the Rules comptent parmi les plus abouties dans le répertoire de Wainwright. Savourons-les en attendant le prochain cycle!