Par un soir frisquet de février dernier, Gab Bouchard, jeune vingtenaire décidé, a accouché de l’album Triste pareil. En parcourant vitement les titres, on songe d’abord à la grosse déprime noir nuit (L’hiver se meurt, Yé passé où l’soleil?, La vie c’t’une peine d’amour, Tête vide, C’est triste pareil), puis à Fernand Gignac (Une valse pour toi, Roses). Ensuite, à l’écoute, on reconnaît que, pour un auteur-compositeur-interprète primipare, Gab se dépatouille mauditement bien. En outre, il semble avoir bon moral, on est rassuré.
On n’attend pas mer et monde d’un jeune parolier; du moment qu’il nous émeuve quelque peu, nous fasse sourire, nous imprime au moins un ou deux vers dans le cortex, on est satisfait. Or, Gab Bouchard réussit haut la main chacune de ces épreuves; à preuve, après quelques écoutes, les mots « J’pense qu’le bonheur se câlisse de moi – Se câlisse de toi » persistent dans notre mémoire comme un leitmotiv amer. Le texte de Yé passé où l’soleil contient un indice clé de l’ascendance de Gab Bouchard : lorsqu’il chante « C’est pas des p’tits menés », on pense à un Gros Mené et à un autre musicien Bouchard, Pierre celui-là, batteur de son état, paternel de Gab et comparse de Fred Fortin et Olivier Langevin.
C’est Langevin, de fait, qui a réalisé l’album. Ça sonne solide, d’autant plus que les compos de Gab se tiennent. On ne nage pas ici dans le métal-mélasse à la Gros Mené, mais dans un potage juste assez consistant aux effluves bien nord-américains. Bon, il y a bien quelques éruptions – pour employer le jargon d’Eddie Van Halen – guitaristiques à la fin d’Une valse pour toi, on se dit que ce doit être Olivier qui n’a pu s’empêcher de s’amuser un peu avec ses pédales. L’ubiquiste François Lafontaine gère les claviers et Victor Tremblay-Desrosiers (moitié de l’épatant duo Valery Vaughn) la batterie.
Allez, ne tue pas ce spleen, Gab Bouchard.