En l’espace d’un an seulement, la nouvelle sensation krautrock Trees Speak ne semble pas s’arrêter dans son élan créatif et nous offre un quatrième album encore plus ambitieux et élaboré que ses prédécesseurs. Déterminé à explorer les résultats des recherches de ce mysterium magnum, Vertigo of Flaws nous plonge dans un épique voyage cosmique de 90 minutes, découpé en 31 morceaux et rassemblé dans un magnifique double vinyle, où l’on a l’impression de voir défiler à travers nos oreilles une vieille pellicule photographique argentique trouvée par hasard. Le sujet se précise de plus en plus, album après album, et nous permet de découvrir une sorte de mystérieuse enquête faite de trahison, de meurtre et d’espionnage, après avoir découvert un corps en décomposition, resté caché dans un placard fermé à double tour. Cette ambiance inspirée des bandes sonores de films d’espionnage des années 60 et du post-punk angulaire de New-York a donc de quoi nous donner des sueurs froides. Avec son approche analogique et sa pensée développée en arborescence, Trees Speak nous propose d’explorer, entre autres, les rêves cybernétiques d’après-guerre du scientifique américain Norbert Wiener. Ayant travaillé sur l’élaboration du premier ordinateur moderne entre 1920 et 1945, ce visionnaire surveillé par le FBI (tout comme le psychiatre Wilhelm Reich), diagnostiqué maniaco-dépressif dans son temps et maintenant tombé dans l’oubli, n’était en fait rien de moins que le père fondateur de la cybernétique, une science qui traitait des analogies maîtrisées entre organismes et machines. L’analogie est-elle encore réellement maîtrisée aujourd’hui ? Permettez-nous d’en douter … C’est en tout cas ce que semble insinuer ce dernier Trees Speak. Déjà à son époque, Norbert Wiener nous avait pourtant bien prévenu : « la cybernétique est une arme à double tranchant, tôt ou tard elle vous blessera profondément ». Trees Speak nous fait ressentir ce paradoxe en alternant des moments d’extrêmes angoisses alarmantes avec des boucles de synthés faites de douceur, de délicatesse et de raffinement, tout en gardant la présence apaisante du rythme motorik comme fil conducteur au travers de l’album. Mais alors, comment pouvons-nous essayer de retrouver cette analogie, maintenant perdue dans le néant ? Voici peut-être une piste … Alors que nous savons maintenant que les arbres communiquent entre eux, notamment de façon souterraine grâce à des réseaux de mycélium qui stabilisent les atomes de carbone dans la terre, Trees Speak nous laisse imaginer une technologie futuriste qui permettrait de stocker de l’information et des données électromagnétiques dans les plantes et les arbres. Malgré tout ce mystérieux langage onirique, personne ne pourra rester insensible à cet album qui finira forcément, dans un avenir relativement proche, par briller de sa propre lumière dans le noir cosmique.
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