Alabaster DePlume? Derrière ce nom se cache Angus Fairbain, un drôle d’oiseau, saxophoniste et militant. Afin de le faire connaître de ce côté de l’Atlantique, les bonnes gens du label International Anthem ont eu l’idée de rassembler sur cette compilation les pièces instrumentales qui parsemaient ses premiers albums sortis sur de petits labels britanniques. Comme nous n’y entendons pas les mots du compositeur, la dimension politique de son travail en est absente. Concentrons-nous donc sur la musique.
L’iconoclaste personnage puise son inspiration à diverses sources: l’éthio-jazz, les folklores celtiques et nippons, les musiques pour jeux vidéo… Une autre influence mentionnée par DePlume est le travail qu’il a fait dans un centre pour personnes handicapées auprès de Cy et de Lee auxquels le titre de l’album fait référence. Il jouait de la musique avec eux afin de leur permettre de socialiser et de communiquer. Ces sessions ont été enregistrées et ont servi de matériau de base à certains des morceaux de cette collection qui compte également deux nouvelles compositions.
Dès les premières notes de l’album, nous sommes happés par les sons que DePlume sait tirer de son saxophone. Il évoque autant Albert Ayler, pour son vibrato caractéristique, que Charles Lloyd pour son souffle soyeux qui en impose. C’est avec raison que le fameux dj Gilles Peterson et le saxophoniste Shabaka Hutchings (Sons of Kemet, The Comet Is Coming) ont louangé son jeu.
D’un bout à l’autre de l’album, nous progressons très lentement dans un univers duveteux au rythme des cordes, des flûtes et des claviers qui accompagnent judicieusement le saxophone de DePlume. Ses diverses influences se marient tout naturellement et créent une musique sans âge qui réchauffe le cœur.