Avec 27 albums référencés sur sa page Bandcamp, la plupart en solo, on peut dire que Thomas Carbou est du genre prolifique. Après huit volumes d’exploration guitaristique lancés depuis 2020 sous le titre Processed Strings, voici Thomas en formule trio, alors qu’il retrouve le percussionniste Patrick Graham et le saxophoniste Erik Hove (aussi à la flûte), pour élaborer des paysages où des bribes de musique du monde colorent un jazz qui fricote avec l’ambient. Il a déjà proposé Directions en 2018 avec ses deux complices, un album qui puisait son inspiration dans les quatre points cardinaux; ici, ce sont les quatre éléments qui servent de base à l’imaginaire du compositeur.
Plus touffu que le premier effort du trio, l’album profite peut-être justement de la série d’exercices en solo qui l’a précédée, parce que le guitariste (qui joue d’un instrument à huit cordes) est passé maître dans la manipulation du son. Bien qu’il soit présent simultanément sur plusieurs chaises (guitare, voix, percussions, électronique), Carbou ne surcharge jamais l’atmosphère, au contraire, chacune de ses interventions, comme celles de ses collègues, reste au service du travail d’équipe. Chacun ajoute sa touche avec une retenue admirable, dans une musique qui respire et qui ne se prive pas d’avoir un sacré groove, quand vient le temps (voir l’excellente Earth). Carbou est aussi à l’enregistrement et à la production (c’est même lui qui a fait la pochette), et il peut se féliciter d’avoir obtenu une sonorité d’ensemble d’une qualité irréprochable. Un solo de sax qui émerge d’entre les cordes, une voix « exotique » qui se glisse dans le rythme, tout arrive au bon moment dans un mix magnifiquement organique.
Concerts :
La Maison musicale, Warwick, le 26 février
Le Baril Roulant, Val-David, le 27 février
Théâtre Petit Champlain, Québec, le 28 février