Le contrebassiste américain Barre Phillips a débuté sa carrière sur disque en 1963 aux côtés d’Eric Dolphy (Vintage Dolphy, GM Recordings) et en 1968 il faisait paraître ce qui serait le premier enregistrement d’un solo improvisé de contrebasse. 50 ans et plusieurs disques en solo plus tard, il faisait paraître l’album End to End, enregistré en studio pour l’étiquette ECM et présenté comme le « dernier » chapitre d’un étonnant « journal ». Cependant, lorsqu’il l’a invité à participer à la 35e édition du Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville (FIMAV), le directeur du festival, Michel Levasseur, qui dirige aussi les Disques Victo, avait sa petite idée derrière la tête…
Bien qu’End to End marque le point final du journal solo du musicien, peut-être pourrait-on y ajouter, comme une manière d’addendum, l’enregistrement du concert « Beginning to Beginning », présenté le 17 mai 2019, au FIMAV ? Et tant qu’à faire, pourquoi ne pas en profiter pour rééditer le disque Camouflage de 1990, qui témoigne lui aussi d’une performance solo de Phillips, enregistrée au Western Front de Vancouver le 12 mai 1989 ? Le musicien ne pouvait pas refuser cette proposition, qui n’entrait pas en conflit avec ses enregistrements, en studio, parus chez ECM, et qui offre surtout deux beaux portraits du musicien, à 30 ans d’écart (à compléter, sans doute, avec une écoute de Journal Violone, le solo de 1968). On sera peut-être surpris de trouver le Barre Phillips de 1989, d’une manière générale, plus serein, et celui de 2019 plus véhément. Dans les deux cas, l’invention est au rendez-vous, le son de la contrebasse est magnifique et le résultat prouve bien, comme Phillips l’avait compris depuis longtemps, que cette dernière est un instrument parfait pour ce genre de monologue.