Au tournant des années 80, le légendaire Brian Eno était à l’apogée de ses recherches musicales en Afrique. En même que David Byrne des Talking Head et lui concoctaient le décoiffant et visionnaire My Life in the Bush of Ghosts, Eno s’attaquait à la production du premier (et hélas dernier) album de l’octuor ghanéen Edikanfo.
The Pace Setters combine l’effervescence de la musique des boîtes de nuit ghanéennes, le highlife, et la vigueur de l’afrobeat du Nigeria voisin, que l’on retrouve dans les refrains fiers et percutants des cuivres et les percussions saccadées. C’était aussi l’époque du disco-funk, particulièrement délicieux ici, avec beaucoup de basses et d’éclairs de faisceaux laser. Un angle éthiopien s’affirme sur Gbenta.
Cette réédition survient près de 40 ans après l’enregistrement, avec une note tragique pour expliquer pourquoi l’aventure d’Edikanfo s’est arrêtée là. L’année de la publication de The Pace Setters s’est terminée pour les Ghanéens par un coup d’État qui a tué toute vie nocturne à Accra aussi radicalement que le coronavirus le fait actuellement dans le monde entier. Le groupe s’est dissout peu après, ne laissant derrière lui que cette fort sympathique galette de vinyle.