Après les volumes 1 et 2, parus dans un album double en 2017, il fallait bien un volume 3, que l’on reçoit avec plaisir. Le chef d’orchestre et arrangeur hors pair Ed Palermo y dirige son big band de 16 musicien-ne-s avec sa précision habituelle pour nous servir un kaléidoscope de mashups dans lequel une kyrielle de hits anglais se tamponnent avec des petits bouts (et des grands) sortis du catalogue de Frank Zappa. Parce que, en effet, on ne se refait pas… Palermo, qui a déjà sorti sept albums contenant des arrangements pour big band de la musique de Zappa, est devenu complètement zinzin et il en met partout (seul son précédent, A Lousy Day In Harlem, n’y touchait pas, pour jouer plutôt Ellington, Gismonti, Coltrane, Monk et ses propres compositions). Cela dit, le fan ne s’en plaint pas, surtout parce que c’est toujours fait avec une très grande justesse, mais aussi parce que si on aime Zappa, on aime forcément le genre de collage qu’affectionne Palermo, même si quelque fois, ça vire un peu au quiz.
Le programme est fortement teinté, après Zappa, par les Beatles, et certainement moins diversifié que les précédents volumes, sur lesquels se croisaient Cream, King Crimson, les Rolling Stones, The Nice et même Radiohead. Ici, Traffic, Jethro Tull et Procol Harum sont de retour, et s’ajoutent The Moody Blues (Nights in White Satin mixée avec Moggio de FZ), The Hollies (Stop Stop Stop, qui surgit de Within You Without You, puis fait du slalom entre Little House I Use To Live In et G-Spot Tornado), et même Thunderclap Newman (une courte Something In The Air).
Certains amalgames donnent presque le tournis, comme celui de Let’s Move To Cleveland, de Zappa, avec Fixing A Hole, des Beatles, d’où sort éventuellement le riff de King Kong, ou Come Together, dont la rythmique sert de base à Chunga’s Revenge, avec une petite dose de Light My Fire des Doors et un soupçon de reprise du thème de G-Spot Tornado… Et c’est sans compter les microcitations que les différents solistes balancent l’un après l’autre dans le mélange. La violoniste Katie Jacoby brille particulièrement à ce chapitre dans Strawberry Fields Forever.
Bref, pour l’amateur, c’est une fête. Du grand Palermo, avec une production léchée, un son d’ensemble exceptionnel et une sélection des plus éclectiques.