Il y a une certaine ironie dans le fait que la monarchie et la royauté défrayent la chronique depuis plusieurs jours, alors que le baryton tchèque Tomáš Král place ces thématiques au cœur de son nouvel opus. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit de sujets riches et inépuisables, sur le plan des intrigues romanesques et des tensions dramatiques. Kings in the North – une référence volontaire à l’univers médiéval de Game of Thrones? – met de l’avant la musique lyrique de compositeurs, souvent originaire des pays du Septentrion, et ayant pris comme inspiration des monarques issus de l’histoire du Vieux Continent ou campés dans celui-ci. Louis le Pieu, Néron et Richard Cœur de Lion se retrouvent dans des extraits d’opéras de Händel et Telemann, mais aussi dans des œuvres de compositeurs moins connus comme Attilio Ariosti, Reinhard Keiser, Georg Caspar Schürmann, Johann David Heinichen ou Johan Helmich Roman.
Král donne vie à ce paysage sonore, soutenu par l’Orchestre baroque de Varsovie que dirige habilement par Jaroslaw Thiel. C’est surtout l’incarnation des divers personnages qui capte notre attention. Le timbre rond et boisé de Král, tantôt plein de rage, tantôt plein de tendresse, est saisissant. Sa performance de l’air Tirannia gli diede il regno – dit Air de Garibaldo, conseiller de l’usurpateur Grimoaldo dans l’opéra Rodelinda – traduit parfaitement la cruauté et la vilenie du personnage qui expose sa vision du pouvoir. De l’autre côté du spectre, le baryton présente dans un registre serein l’air Datti pace, alma reale chanté par le roi Frédéric Ier de Suède et tiré de Festa musicale de Roman. Mêlant airs connus du répertoire et pièces méconnues, l’ensemble de musiciens livre une performance qui inspire la révérence.