Spellling – pseudonyme mal orthographié derrière lequel se cache l’artiste californienne Chrystia Cabral – nous a jusqu’à maintenant offert deux albums parmi les plus déstabilisants à avoir été produits récemment. Synthés glaciaux hérités de la musique dark wave des années quatre-vingts, chant soul tout en profondeur, poésie elliptique et incantatoire… La juxtaposition de ces différents éléments nous faisait entrer de plain-pied dans le royaume de l’étrange. Aujourd’hui, avec la parution The Turning Wheel, Spellling déboussole à nouveau, mais cette fois-ci, c’est en adoptant une approche se trouvant aux antipodes de son travail passé qu’elle nous étonne. Exit les arrangements squelettiques et les textes obscurs, cette nouvelle offrande nous propose une pop orchestrale remplie d’espoir. En plus d’avoir écrit et composé la foisonnante matière de cet opus double, la chanteuse en a assuré la réalisation et signé les arrangements opulents. En fait, madame Cabral a requis les services d’une trentaine de musiciens qu’elle a dirigé à distance. Cordes, cuivres, basson, banjo, harpes et guitares électriques ne sont que quelques-uns des instruments qui viennent étoffer le son de Spellling qui n’a toutefois pas mis les claviers vintage de côté. Ces derniers sont surtout présents sur Below, deuxième moitié du disque de teneure plus sombre que Above, lumineuse première partie de l’œuvre. Ces deux sections s’imbriquent comme le yin et le yang sur le symbole taoïste. L’écoute de la sémillante Little Deer et de l’introspective Boys at School – excellentes pièces d’ouverture de chacun de deux segments du projet – donnera une bonne idée de toute la richesse sonore et émotionnelle dont The Turning Wheel regorge. Évoquant la manière vocale de la jeune Kate Bush, le chant haut perché et théâtral de madame Cabral en rebutera peut-être quelques-uns, mais point de remplissage tout au long de la soixantaine de minutes que dure cet album. Ambitieux à souhait, il se rapproche du magistral Grae que Moses Sumney publiait l’an dernier. Tout comme Sumney, Spellling nous démontre qu’elle est une créatrice complexe qui embrasse toutes ses contradictions et qu’elle peut prendre toutes les directions qu’elle désire, se trouvant rarement là où on l’attendra.
Tout le contenu 360
Interview classique
Festival de Lanaudière | Kent Nagano : l’éternel, et attendu, retour
Par Frédéric Cardin
Interview classique/classique occidental
Festival de Lanaudière | Sol Gabetta et les rencontres fortuites
Par Alexandre Villemaire
Critique d'album dance/soul/R&B/hip-hop 2025
Tyler, the Creator – DON’T TAP THE GLASS
Par Sami Rixhon
Critique de concert électronique
Off Piknic avec Gorgon City, Dennis Ferrer, Riordan et Linska
Par Marc-Antoine Bernier
Critique de concert électronique
Piknic Electronik | DJ Fuckoff met le feu pour le Pep Rally
Par Julius Cesaratto
Interview classique occidental/classique
Orford 2025 | Collectif9 : le folk qui innove et qui groove
Par Frédéric Cardin
Critique de concert Afrique
Nuits d’Afrique 2025 | La prochaine étoile mondiale du blues touareg est née, et elle est à Montréal
Par Frédéric Cardin
Interview classique/classique occidental
Festival de Lanaudière | Les étincelles de Strauss, Schumann et Brahms à Joliette
Par Alexandre Villemaire
Interview classique occidental/classique
Festival de Lanaudière | Franco Fagioli et la voix du bel canto
Par Alexandre Villemaire
Critique de concert Afrique
Nuits d’Afrique | Manamba Kanté, une diva incontestable
Par Sandra Gasana
Critique de concert Afrique/électronique/latino
Nuits d’Afrique | El Gato Negro, un félin pas comme les autres
Par Sandra Gasana
Critique de concert Moyen-Orient / Levant / Maghreb
Nuits d’Afrique 2025 | Un réacteur à fusion gnawa nommé Saïd Mesnaoui
Par Frédéric Cardin
Critique de concert Afrique
Nuits d’Afrique 2025 | Sousou et Maher Cissoko : douceur et complicité
Par Frédéric Cardin
Interview classique occidental/classique
Le féminin est pluriel au Festival d’opéra de Québec
Par Alexandre Villemaire
Critique de concert classique occidental/classique
Festival de Lanaudière | Une soirée chorale réussie pour Akamus
Par Alexis Desrosiers-Michaud
Interview classique/classique occidental
Festival d’art vocal de Montréal | Former la relève en art lyrique, de la voix à la mise en scène
Par Alexandre Villemaire
Critique de concert traditionnel/soul/R&B
Nuits d’Afrique | Soul Bang’s, le roi de l’improvisation
Par Sandra Gasana
Critique de concert Afrique/blues mandingue/soul/R&B
Nuits d’Afrique | Tyrane Mondeny: l’étoile montante est arrivée à destination
Par Sandra Gasana
Interview Hip Hop/jazz/pop
Nuits d’Afrique | El Gato Negro, le son de la pop subtropicale
Par Keithy Antoine
Critique de concert Brésil