Spellling – pseudonyme mal orthographié derrière lequel se cache l’artiste californienne Chrystia Cabral – nous a jusqu’à maintenant offert deux albums parmi les plus déstabilisants à avoir été produits récemment. Synthés glaciaux hérités de la musique dark wave des années quatre-vingts, chant soul tout en profondeur, poésie elliptique et incantatoire… La juxtaposition de ces différents éléments nous faisait entrer de plain-pied dans le royaume de l’étrange. Aujourd’hui, avec la parution The Turning Wheel, Spellling déboussole à nouveau, mais cette fois-ci, c’est en adoptant une approche se trouvant aux antipodes de son travail passé qu’elle nous étonne. Exit les arrangements squelettiques et les textes obscurs, cette nouvelle offrande nous propose une pop orchestrale remplie d’espoir. En plus d’avoir écrit et composé la foisonnante matière de cet opus double, la chanteuse en a assuré la réalisation et signé les arrangements opulents. En fait, madame Cabral a requis les services d’une trentaine de musiciens qu’elle a dirigé à distance. Cordes, cuivres, basson, banjo, harpes et guitares électriques ne sont que quelques-uns des instruments qui viennent étoffer le son de Spellling qui n’a toutefois pas mis les claviers vintage de côté. Ces derniers sont surtout présents sur Below, deuxième moitié du disque de teneure plus sombre que Above, lumineuse première partie de l’œuvre. Ces deux sections s’imbriquent comme le yin et le yang sur le symbole taoïste. L’écoute de la sémillante Little Deer et de l’introspective Boys at School – excellentes pièces d’ouverture de chacun de deux segments du projet – donnera une bonne idée de toute la richesse sonore et émotionnelle dont The Turning Wheel regorge. Évoquant la manière vocale de la jeune Kate Bush, le chant haut perché et théâtral de madame Cabral en rebutera peut-être quelques-uns, mais point de remplissage tout au long de la soixantaine de minutes que dure cet album. Ambitieux à souhait, il se rapproche du magistral Grae que Moses Sumney publiait l’an dernier. Tout comme Sumney, Spellling nous démontre qu’elle est une créatrice complexe qui embrasse toutes ses contradictions et qu’elle peut prendre toutes les directions qu’elle désire, se trouvant rarement là où on l’attendra.
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