Ah! le smooth jazz… Marque de commerce honnie par plusieurs critiques musicaux s’il en est une. Ses pratiquants ont tellement l’habitude de laver plus blanc que blanc que l’on est en droit de se demander si le genre n’a plus de jazz que le nom. Boney James est un de ses représentants les plus révérés. Toutefois, il a beau maintenant avoir seize albums et quelques nominations aux Grammy Awards derrière la cravate, son nom donne toujours des boutons aux puristes.
Tentons alors de faire amende honorable, de mettre tout préjugé de côté et d’appréhender ce Solid sans idées préconçues. Disons-le d’emblée, la tâche est difficile, voire colossale. On a beau se dire que Jairus Mozee a fait du bon travail à la réalisation et que l’album offre une belle variété de styles, dès que James embouche son instrument, notre bonne volonté s’englue dans les vagues de sirop qui nous déferlent dans les oreilles. Certains moments ne sont pas désagréables – The Bottom Line et sa touche bluesy, par exemple – mais pèsent bien peu dans la balance.
À la décharge de monsieur James, disons que ce qu’il nous présente est tout de même plus digeste que ce qu’un certain Kenny G nous propose depuis des lustres. Sa musique est beaucoup moins unidimensionnelle que celle du célèbre saxophoniste permanenté. Son jeu est également un peu plus costaud, plus riche en matière émotive. Les amateurs de sonorités langoureuses y trouveront assurément leur compte. Les autres pourront passer leur chemin.