« Bélin, Beauroy, Canonge, Jurion, Lauras, Privat, Thulle, Vatton »… c’est l’heure de prendre les présences par ordre alphabétique chez les pianistes de jazz antillais. Une vraie flopée de talents. Tous contribuent au mouvement dit « jazz créole ». Tous ont hérité du Martiniquais Marius Cultier et du Guadeloupéen Alain Jean-Marie. Pourtant, la plupart ambitionnent d’aller plus loin encore dans l’ouverture et dans la créativité.
Grégory Privat, l’élève du mois, est peut-être le plus émancipé, le plus contemporain et le plus original de cette classe de maîtres aux claviers, tous des créoles. Vient de paraître : son cinquième album, intitulé Solèy, en trio avec Tilo Bertholo (un batteur à suivre de très près) et Chris Jennings (un contrebassiste étonnant recruté à… Calgary!). Après son album Family Tree signé chez le label ACT en Europe et une aventure musicale comme soliste invité avec Lars Danielsson, ce nouvel opus symbolise l’optimisme, l’énergie, la lumière et la mélodie. GP a laissé sa carrière d’ingénieur pour se consacrer entièrement à l’exploration de son ADN musical. Influencées d’abord par Michel Petrucciani et peut-être aussi par Chick Corea et Rachmaninoff, ses créations sont surtout mues par une grande sincérité, une émotion vraie, une sensibilité à fleur de peau. En témoigne la pièce Seducing The Rain, avec ses vocalises et ses distorsions alors que le compositeur se risque à l’électro. Bravo!