Valentin Silvestrov est l’un des compositeurs post-modernes les plus stimulants sur la scène de la nouvelle musique classique. Il fait une musique à la fois harmoniquement exigeante, rythmiquement simple et extraordinairement envoûtante. Silvestrov est une sorte de croisement entre Arvo Pärt et Anton Webern.
Son style, qui croise minimalisme répétitif et orchestrations dignes d’un Webern étoffé et copieux, transporte tout auditeur.trice qui ose l’expérience dans un monde où le temps semble distendu, comme un immense lac noir et immobile sous le regard d’une lune discrète, où la moindre phrase devient un écho qui ne meurt pas mais reste plutôt en suspens et se marie avec ce qui suit. Chez Silvestrov, le passé est un présent qui annonce l’avenir !
Tranquille, mystérieuse, planante, déroutante, déstabilisante même, mais surtout irrésistiblement fascinante, cette musique est essentielle pour quiconque aime les propositions artistiques, acoustiques ou électroniques, classiques contemporaines ou art-rock, qui défient les notions convenues de temporalité et d’attention dans l’écoute musicale.
Ode to A Nightingale est la pièce qui ressemble le plus à Webern sur le plan de l’orchestration et à Morton Feldman pour la structure répétitive du motif de base.
Le Concertino pour piano et la Symphonie n° 7 constituent mes morceaux préférés du programme. Tous les éléments silvestroviens de base sont là, avec une amplitude orchestrale discrètement mais plus richement déployée.
Ne soyez pas surpris d’entendre ici et là des passages presque mozartiens, saupoudrés avec douceur, à travers certaines partitions. Silvestrov adore créer de courts et subtils repères inattendus comme ceux-ci. Si une trame sonore vibre à l’infini en accompagnant un voyageur cosmique qui traverserait un trou noir pour aller au-delà du temps et de l’espace connu, c’est bien celle-là !