Il y a dix ans, de chauds fluides hardcore/ punk dégoulinaient de ce jeune groupe danois, contrastant avec son nom éminemment glaciaire. Nous voilà au cinquième album depuis la parution remarquée de l’opus New Brigade, le réchauffement climatique est imminent côté Iceage et son parcours s’avère moins linéaire et unidimensionnel qu’annoncé. À la fureur et la sauvagerie, le quintette mené par Elias Bender Rønnenfelt a pu greffer de l’art avec un grand A, nous convier à différentes réformes et mutations. Sans jamais renier son allégeance rock, Iceage a démontré des aptitudes certaines au raffinement, témoignant d’une culture de plus en plus étoffé côté art rock et rock tout court, du Velvet Underground aux Bad Seeds en passant même par les meilleurs crus des Rolling Stones ou encore l’indolence narcotique des Happy Mondays ou The Jesus & Mary Chain. La maturité acquise par Iceage dépasse largement les attentes initiales et l’attitude punk des œuvres de, bien qu’on se souvienne des premières baffes assénées à l’époque. Pour ce nouveau chapitre parfaitement concluant, le quintette fait appel au chanteur anglais de Spacemen 3 et réalisateur émérite Sonicboom, pseudo de Peter Kember. Puisqu’ils étaient amarrés à un studio de Lisbonne, les Danois se sont adjoints également les services d’un guitariste portugais (Casper Morilla Fernandez), ainsi qu’un ensemble vocal, soit le Lisboa Gospel Collective. Nous ne sommes plus dans les friches punks, nous sommes désormais sur des terres plus nobles, que peu de rockeurs sont capables de cultiver et de fertiliser.
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