Avec les années, le chanteur jazz Kurt Elling gagne en profondeur. En 2018, l’air toxique qui émanait de la Maison-Blanche l’avait poussé à traiter de sujets plus politiques sur The Question. Avec Secrets Are the Best Stories, il va encore plus loin dans cette direction alors qu’il aborde des enjeux tels l’environnement, l’immigration, le racisme et les droits humains en général. Refusant les raisonnements simplistes, c’est par le biais de la poésie et de la philosophie qu’il se mesure à ces thèmes.
Elling dit avoir trouvé en la personne du pianiste panaméen Danilo Pérez un partenaire artistique qui partage sa sensibilité et ses inquiétudes en ce qui concerne l’état du monde. Les chansons que les deux hommes ont créées ensemble prennent le temps de respirer d’un seul souffle. Que ce soit le jeu expressif de Pérez, les interventions inventives du batteur Jonathan Blake ou le chant soyeux d’Elling, chaque détail sonore qui émerge à la surface du silence reluit comme une étoile dans la nuit.
Côté musique, Pérez signe la majorité des compositions. Celles-ci côtoient des morceaux signés Jaco Pastorius, Wayne Shorter et Vince Mendoza sur lesquels Elling a apposé ses propres textes. Ce dernier chante également les mots des auteurs Toni Morrison, Robert Bly et Franz Wright. Deux des pièces de cette impeccable collection ne laisseront pas l’auditeur indemne : Beloved, où Elling s’approprie la parole de la poète abolitionniste Frances E.W. Harper soutenu par un groupe au sommet de son intensité, et Song of the Rio Grande, un réquisitoire contre les politiques frontalières de Donald Trump cadencé par les martellements du piano préparé de Pérez.