Virtuose autodidacte du oud, Nazih Borish est arrivée de Syrie, comme beaucoup de ses compatriotes, en 2016 et s’est installé à Montréal. Il a rapidement trouvé sa place et s’est fait un nid au Centre des musiciens du Monde, fantastique organisme de la métropole offrant toutes sortes de service aux musiciens d’ici issus de multiples cultures musicales et traditionnelles du monde entier.
L’album présenté ici, Roots of Strings (Racines des cordes) est une sorte de journal personnel dans lequel le scribe qu’est Nazih Borish consigne cette partie de lui-même qu’il ne peut exprimer autrement.
Borish trace ses arabesques comme autant de souvenirs enfouis enfin libérés, exprimés, volant et dansant dans l’air.
La guerre, l’exil, la mémoire aigre-douce des odeurs et de la lumière du pays chéri laissé derrière, Montréal, l’amour, tout et encore plus est transmis avec humilité par ce musicien doué. Certaines pièces sont d’une virtuosité époustouflante (Take Off) et d’autres évocatrices et envoûtantes (Bab Touma). Son univers musical est enraciné dans les cordes du oud traditionnel classique de sa culture mère, mais il est également ouvert sur le monde, avec des inflexions jazz, blues et flamenco saupoudrées avec attention ici et là.
Nazih Borish est accompagné avec doigté par le contrebassiste Roberto Occhipinti et le percussionniste Joseph Khoury.
Il existe une pièce pour piano de Claude Debussy qui s’intitule Les sons et les parfums dansent dans l’air du soir. Ce titre pourrait aussi s’appliquer à la musique de Nazih Borish.