Voici un album avec pas de rumba traditionnelle. Rafael Zaldivar, assurément l’un de grands musiciens canadiens (et cubains, par ses origines) de sa génération, explorent ici toutes les possibilités du matériau de base qu’est la rumba, un genre musical avec ses propres sous-genres et styles, né dans le melting-pot afro-caribéen de La Havane au 19e siècle. La rumba du musicien montréalais qui enseigne également à l’Université Laval en est une pour écouter et transcender la seule physicalité généralement associée à cet art à la fois musical, vocal et chorégraphique. La rumba est un état d’esprit. Elle est aussi un lien avec ses racines qui justifie le pianiste et compositeur dans son investigation audacieuse de toutes les possibilités savantes qu’il peut en tirer.
Zaldivar s’est assuré la coopérations de pointures du jazz : le guitariste Kurt Rosenwinkel, vient ajouter sa touche aérienne dans une lecture décontractée de plusieurs pièces du musicien québécois. Il semble surfer sur le souffle de la partition, nous aidant à survoler mentalement des paysages lumineux et printaniers, créant une agréable nostalgie au moment où l’automne prend ses quartier dans le nord de l’Amérique.
Ailleurs, c’est la tribalité de la rumba qui ressort, ou encore ses possibilités désaxées et contemporaines. En cela, Zaldivar est aussi aidé par les excellentes Terri Lyne Carrington et Ingrid Jensen. Rumba, c’est un principe, une inspiration, une idée, peut-être même une aventure spirituelle. C’est en tout cas un album de génie qui ajoutera à l’aura qui se construit autour de Rafael Zaldivar sur la planète jazz.