Le quatuor Cobalt est un jeune ensemble fondé en 2017. Reflets du temps est son premier album et met en scène des œuvres de trois compositrices, l’Italienne Maddalena Laura Lombardini Sirmen, l’Allemande Fanny Mendelssohn et l’Argentine contemporaine Alicia Terzian. Les ‘’reflets du temps’’ tels que suggérés par le titre sont autant ceux des époques musicales visitées que ceux d’aujourd’hui, dans une perspective sociopolitique de redécouverte de la contribution féminine à la musique savante. Ce n’est pas la première fois que j’entend une œuvre de Sirmen et j’avoue que chaque fois, je suis passablement impressionné par la qualité d’écriture, et par le déploiement à la fois dramatique et rigoureux de l’expression artistique.
La contemporaine de Mozart et Haydn était non seulement compositrice (et reconnue comme telle par ses compatriotes), mais également une violoniste et chanteuse lyrique saluée. Une femme exceptionnelle pour l’époque et dont nous redécouvrons depuis quelques années les talents d’écriture (les autres nous sont évidemment perdus). Son style classique galant est bien trempé dans son époque, mais reflète un savoir faire de haute tenue, et une inspiration mélodique certaine. Le quatuor Cobalt s’approprie cette partition avec conviction et lui permet de s’envoler grâce au souffle vital énergique qu’il lui apporte. Ce Quatuor no 2 en si bémol sera une très belle découverte pour les mélomanes curieux.
Le Quatuor à cordes en mi bémol majeur H.277 de Fanny Mendelssohn est peut-être l’un des rares quatuors féminins à avoir atteint une renommée générale digne de celle de ses équivalents masculins. Sa verve expressive additionnée de thèmes accrocheurs et bien construits lui donne un attrait qui ne se dément pas. Les Cobalt sont attentifs aux menus détails qui en font toute la saveur, et en donnent une lecture dont la couleur principale est un tant soit peu originale en ce sens qu’ils jouent l’œuvre sur instruments d’époque, une rareté. Voici une très belle interprétation, toute en luminosité et en spontanéité.
Les Tres Piezas op. 5 d’Alice Terzian on été écrites en 1954 et s’appuient sur des airs traditionnels arméniens. Chant du soir, Pastorale et variations, puis Danse rustique forment un triptyque de caractère sérieux, baigné dans des harmonies chromatiques qui laissent toutefois place à un espace narratif communicatif.
Le quatuor Cobalt se révèle être un ensemble de haute tenue, avec une excellente qualité de jeu d’ensemble. On surveillera donc avec intérêt carrière de ce jeune groupe.
Quatuor Cobalt :
François Leclerc, violoncelle
Clément Bufferne, alto
Guillaume Villeneuve et Diane Bayard, violons