Phillip Golub – LOOP 7

· par Réjean Beaucage


Phillip Golub est un pianiste de la côte ouest américaine qui a d’abord abordé l’instrument par le jazz et qui s’aventure régulièrement du côté des musiques nouvelles.

Pour découvrir la très haute qualité de son travail inspiré du jazz, on pourra écouter l’album de son quintette intitulé Abiding Memory , qu’il faisait paraître en juin dernier (Berthold Records). On pourra aussi écouter  Dream Brigade , son duo avec Lesley Mok à la batterie, qui doit sortir en mars chez Infrequent Seams.

Mais pour l’heure, parlons de LOOP 7. Cet album, qui ne contient qu’une seule pièce, de 28 minutes, s’inscrit dans la suite de « Filters », paru en 2022, aussi chez Greyfade. Celui-ci contenait quatre pièces pour piano solo, les loop 1, 3, 4 et 5. Des pièces qui, comme l’indique bien leur titre, sont formées de courtes mélodies mises en boucle. L’intérêt des boucles de Golub, c’est bien justement qu’il les joue, c’est-à-dire que ce ne sont pas simplement de boucles alignées par une machine, mais bien plutôt interprétées par un humain, avec tout ce que cela peut comporter de variations, involontaires ou pas. Ces premières boucles étaient jouées sur un piano standard. Avec LOOP 7, on est ailleurs.

Le pianiste s’aventure cette fois du côté de la musique microtonale, avec un instrument accordé selon le système 22 TET (tempérament égal à vingt-deux tons). La très grande majorité de la musique que l’on entend chaque jour est accordée selon le système 12 TET (tempérament égal à douze tons). La différence, pour notre oreille inévitablement novice en la matière, donne l’impression d’une musique entendue en rêve, et provoque un certain inconfort, même dans un environnement plus familier – comme la musique techno du britannique Sean Archibald, alias Sevish, qui fait danser les bougalous en 22-TET – voir sa pièce Gleam.

La mélodie de LOOP 7, et bien sûr le procédé répétitif, rappellent Les vexations (1893) d’Érik Satie (qui ne sont cependant pas microtonales). On pourra aussi penser à Jesus’ Blood Never Failed Me Yet de Gavin Bryars, qui sombre lui aussi dans l’abîme (sonore) du rêve. Cette fois-ci, donc, la musique est jouée sur un Disklavier (Yamaha), en deux enregistrements – essentiellement pour une question technique – et le pianiste est accompagné d’une guitare (Ty Citerman), d’un vibraphone microtonal (Aaron Edgcomb) et de traitements électroniques en direct (Joseph Branciforte). L’accompagnement demeure extrêmement discret. Une « musique d’ameublement » qui est néanmoins d’une autre eau que l’aide musicale à mourir que nous servent régulièrement les fabricant-es de tapisserie néo-classique.





5 https://www.youtube.com/watch?v=l9wINwlgxRU

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