City pop est le nom donné à un genre musical apparu au Japon à la fin des années 70. Fortement occidentalisée, cette pop contient à peu près toutes les caractéristiques qui ont définies la pop accessible (et parfois ringarde) des années 80 : basse langoureuse et funky, nappes de synthétiseurs, saxophone, production impeccable mais parfois stérile, solos de guitare kitsch, etc. Il faut le préciser, les musiciens ici sont tous compétents et l’exécution est parfaite.
Les pièces réunies sur cette compilation sont demeurées inconnues à l’extérieur du Japon, ce qui semble avoir poussé certains mélomanes (oups ! collectionneurs, devrait-on dire) à lui attribuer beaucoup de valeur. Au-delà de cette rareté, le plus intéressant se joue toutefois peut-être au niveau de cet étrange dialogue s’exerçant entre exotisme et familiarité. La prévisibilité des pièces est ici contrebalancée par la distance temporelle et géographique qui nous en sépare. Une fraîcheur surannée, si une telle chose est possible.
Plus qu’une compilation, les pièces deviennent la trame sonore d’une réussite que l’on imagine avant tout financière. S’asseoir seul devant une paire de hauts-parleurs n’est vraisemblablement pas la meilleure façon d’écouter de la city pop. L’intérieur d’une voiture sport filant sur une voie d’accès métropolitaine est plus indiqué. Les abords d’une piscine creusée ou un restaurant où l’on fait la file pour manger un mets trop cher offrent sans doute aussi les conditions d’écoute idéales.