Les amants de la note bleue ont de quoi se réjouir : Sound Prints a repris du service! Other Worlds, la toute chaude troisième galette du quintette bicéphale succède à Live at Monterrey Jazz Festival paru chez Blue Note en 2015 et Scandal publié par Greenleaf – étiquette fondée Dave Douglas – en 2018. Outre les très chevronnés Douglas à la trompette et Joe Lovano au saxophone, la formation compte dans ses rangs Lawrence Fields au piano, Linda May Han Oh à la contrebasse et le bon vieux Joey Baron aux tambours. Initialement, l’objectif du groupe était de rendre hommage à l’esprit du grand Wayne Shorter en jouant ses compositions ou en créant du nouveau matériel s’inspirant de sa manière. Avec Other Worlds, Sound Prints reste fidèle à son idée originelle, mais cette fois-ci, l’album ne comprend que des créations des deux leaders.
Au menu, un jazz complexe qui évolue sur le mince fil qui sépare l’avant-garde et un post-bop plus traditionnel. La part de mystère qui caractérise habituellement la musique de Shorter est également au rendez-vous. Cependant, au fil des ans, Sound Prints s’est mis à arborer avec davantage d’éclat les couleurs personnelles de chacun de ses cinq membres. Douglas joue au funambule avec le brin de folie qu’on lui on a toujours connu. Le souffle de Lovano en impose toujours autant. Fields déploie un jeu qui tient autant du swing que de la musique classique et nous laisse bouche bée lorsqu’il met toute la gomme. Linda May Han Oh conjugue avec une aisance déconcertante souplesse et aplomb. Baron, quant à lui, n’a rien perdu de son étourdissante virtuosité, créant de superbes constellations argentées avec ses cymbales. Au final, tout ce beau monde a su apporter plus de lumière à l’univers généralement crépusculaire de Wayne Shorter.